martedì 6 dicembre 2016

SIMENON SIMENON. SAINT-MESMIN OU LA FIN D'UN CYCLE

Ecriture, jardinage et provisions, couple et trahison… 

SIMENON SIMENON. SAINT-MESMIN O LA FINE DI UN CICLO 
Scrittura, giardinaggio e provviste, coppia e tradimento... 
SIMENON SIMENON. SAINT-MESMIN OR THE END OF A CYCLE 
Writing, gardening and stocking up, couple and betrayal… 


Décembre 1942: Simenon et Tigy rêvent de gagner la zone libre, où les attend Porquerolles. Ils préparent leurs bagages, mais leur plan est contrecarré par l'Histoire: l'armée allemande vient de débarquer au Maroc, et la Méditerranée n'est plus sûre… Comme ils n'ont pas envie de retourner au château de Terre-Neuve, ils décident de chercher ailleurs. Ils trouvent une villa à Saint-Mesmin, en plein bocage vendéen. S'enfoncer dans les terres n'était pas forcément leur but, mais la maison a un jardin, chose précieuse en ces temps de guerre, et, comme l'écrit Tigy dans ses Souvenirsl'endroit est tranquille et le ravitaillement facile. Chose appréciable avec l'hiver qui arrive, la cave est pleine de charbon. Alors, il n'y a plus qu'à attendre la suite des événements. Pendant qu'ils sont "coincés à Saint-Mesmin", comme l'écrit encore Tigy, il s'agit de gérer l'existence quotidienne: entretien du jardin et du verger, et soin aux animaux (volailles, lapins, moutons, abeilles et vaches), tout cela permettant de faire de belles provisions: conserves de fruits et de légumes, charcuterie, beurre et fromage, de quoi ravitailler les amis parisiens qui manquent de tout. Georges a même décidé de faire une plantation de tabac, pour la préparation duquel il engage des filles du village, mais le résultat ne sera pas à la hauteur des espérances… 
Côté vie intime, c'est à Saint-Mesmin que l'irréparable se produit au sein du couple: Georges a l'habitude de faire la sieste dans un local attenant à la maison, et Boule l'y rejoint régulièrement, "ce qui n'est pas, comme l'écrit Simenon dans la Dictée Un homme un autre, sans provoquer tout au moins des caresses". Tigy les y surprend un jour, son mari lui avoue ses relations quasi quotidiennes avec Boule, et si le couple ne se sépare pas, chacun se rend sa liberté sexuelle. Plus tard, Simenon affirmera que Tigy était déjà au courant et qu'elle a accepté assez facilement la situation, mais ce qui transparaît dans ses Souvenirs, c'est plutôt une certaine souffrance… Quoi qu'il en soit, cette situation n'améliore pas l'ambiance, déjà difficile à cause de la guerre.  
Le séjour à Saint-Mesmin aura duré environ une année et demie, pendant laquelle Simenon aura écrit quelques romans, car il faut bien s'échapper de l'atmosphère ambiante pour se réfugier dans l'écriture… C'est ainsi qu'il rédige les deuxième et troisième parties de Pedigree, un dernier Maigret pour Gallimard: L'inspecteur cadavre, puis cinq romans "durs", les derniers du romancier sur sol français avant son départ en Amérique: Le bilan Malétras, L'aîné des Ferchaux, Les noces de Poitiers, La fuite de Monsieur Monde et Le cercle des MahéDans ses Mémoires intimes, Simenon écrit: "Pour la longue période où j'allais jouer consciencieusement les fermiers à Saint-Mesmin-le-Vieux, je peux à peine croire que […] j'ai pu écrire [tous ces livres] dont les personnages, leurs problèmes et leur entourage contrastaient si fort avec nos occupations et l'ambiance qui nous entourait alors"pourtant, en creusant un peu, on retrouve dans les thèmes de ces romans des échos de la vie du romancier: difficultés du couple (Les noces de Poitiers), un homme prisonnier dans un cercle de famille étroit (Le cercle des Mahé) ou recherche désespérée d'une existence différente (La fuite de Monsieur Monde). Quant à L'inspecteur cadavre, il nous montre Maigret enlisé dans le marais vendéen, comme Simenon, peut-être, craint de s'enliser dans le calme de la vie provinciale, lui qui est sans cesse en fuite vers un ailleurs…  
Tel est ce séjour à Saint-Mesmin, traversé d'événements petits et grands, que nous n'avons pas tous racontés ici (on pourra se référer à la biographie d'Assouline pour plus de détails), mais qui marquent une nouvelle étape dans la vie de Simenon: la fin d'un couple, la fin d'un cycle de rédaction, la fin d'une vie sur sol français, avant le grand saut vers l'Amérique… 

Murielle Wenger

lunedì 5 dicembre 2016

SIMENON SIMENON. FROM FRANCE TO THE NEW WORLD

 On the circumstances causing his fleeing to North America. 

SIMENON SIMENON. DE LA FRANCE AU NOUVEAU MONDE 
A propos des circonstances causant sa fuite vers l'Amérique du Nord 
SIMENON SIMENON. DALLA FRANCIA AL NUOVO MONDO
In riferimento alle circostanze che causarono la sua fuga in America del Nord


With all that was going against Simenon in France, is it any wonder he might have been considering leaving the countryDespite the ‘closing of the case’ locally in April of 1945, Simenon’s nightmare continued in Paris where he heard he was still being accused of collusion with the enemy” and he was going to be arrested. Even if it was just a “mistake,” Simenon “judged it revealing of the atmosphere.” Since “journalists and writers” had already “faced the wrath of judicial cleansing” and “others strongly intended to remind of the origin of his [good] fortune,” he saw himself sufficiently “compromised” to be included in that group. Indeed, oMay 30, a worrisome “decree” dealing with the “purifying of “men of letters” was published. “Purifiers” were also targeting filmmakers and publishers. 
That Simenon’s brother Christian, a true collabo on the run from his recent condemnation to death, appeared in Paris about this time could only have stirred the pot bubbling with ideas about what to do. By advising his brother to go off and hide in the Foreign Legion, Georges had “saved the life of a man, his brother when Christian Simenon became Christian Renaud and disappeared in JuneBecause Georges “was thinking about his own fate, about his insecure situation in France” as well, his counseling gesture to his brother may have helped in saving himself. Cynically speaking, he had aided his own case by getting rid of his collabo brother. Without him around, he could concentrate on his own dilemma. 
That his situation was too precarious seemed clear and likely played into a growing idea: “to get to America and settle there.” Not just worried about his personal safety, he was also “disappointed by France. His denunciation had been “way too disgusting.” His house arrest had been “an injustice” and particularly annoying in its forced limitation of his activity. 
If the collaboration charges were the primary driving force in his thinking, there were other contributing factors as well. For example, Simenon “dreamed of raising little Marc” there. Plus he wanted to escape the “Red Peril.” According to his wife, he was influenced by the eventuality of the communists seizing power in France. 
But why did Simenon choose America of all places? Assouline asserts, “It was the writer, more than the family father or the citizen, who made this choice.” The writer wanted to face up with “perhaps the most authentic novelists of the time” on their turf―the United States, where, in his mind, a writer is a star.” 
The Belgian embassy helped Simenon get the necessary all-important visa to Canada, that being easier and quicker to obtain. Indeed, it came just in time because a forthcoming investigation report was “extremely unfavorable in regard to Simenon, stating that his “attitude was clearly contrary to French interests during the German occupation.” It concluded that his “detestable reputation” made him look like a “Germanophile” and an “opportunist.” Assouline added a summarizing epithet of his own: “Simenonian.” In fact, on August 30, the police asked for an “expulsion order against him. But it was too late; he had already left. 

David P Simmons