domenica 7 gennaio 2018












SIMENON SIMENON. PORTRAIT DE MAIGRET 
Maigret vu par Simenon, extraits d'interviews 

Maigret a accompagné pendant plus de quarante ans son créateur, dans sa vie de romancier, et même au delà, lorsque Simenon s'est fait mémorialiste. Le succès aidant, il a été sollicité dans maintes interviews pour donner son point de vue sur son personnage. Sa relation à Maigret a évolué au fil des années, et ce qu'il en a dit aussi. Dans cette nouvelle rubrique, nous vous proposons de découvrir ce que Simenon a raconté sur son commissaire, avec des citations extraites d'interviews. Nous allons suivre la piste dans l'ordre chronologique, afin de déceler cette évolution des relations entre créateur et créature. 

A l'époque du lancement de la collection Maigret, Simenon, dans ses premières interviews, évoque surtout son évolution littéraire; c'est de lui-même qu'il parle, et encore fort peu de son personnage, qu'il voit essentiellement comme une sorte de "rampe de lancement". S'il a eu le génie de fabriquer un détective hors des normes alors en vigueur, il n'en est peut-être pas encore très conscient à ce moment-là.
La première citation que nous avons choisie remonte au mois d'avril 1932, lorsque, dans le journal Paris-Soir, Simenon donne ses impressions à la veille de la première du film La nuit du carrefour. C'est là qu'il raconte une première version de la naissance de son héros. 
"J'étais tourmenté par le désir de créer un policier français, bien français, ne mettant pas son orgueil à réussir des mots croisés ni à bondir par-dessus les meubles, ni à assommer ses plus terribles adversaires d'une chiquenaude. […] Les éditeurs étaient effrayés par ce terrible commissaire qui n'était même pas un jeune premier, ni un devin, ni un colosse, et qui voulait faire une enquête tous les mois." 


SIMENON SIMENON. RITRATTO DI MAIGRET 
Maigret visto da Simenon, estratti da interviste 

Maigret ha accompagnato per più di quarant’anni il suo creatore nella sua vita di romanziere, e anche al di là, quando Simenon è diventato memorialista. In conseguenza del suo successo è stato sollecitato da numerose interviste a dare il suo punto di vista del personaggio. La sua relazione con il personaggio si è evoluta nel corso degli anni, e anche quello che ha detto di lui. In questa nuova rubrica vi proponiamo di scoprire quello che Simenon racconta del suo commissario attraverso delle citazioni estratte da interviste. Seguiremo la pista dell’ordine cronologico, nell’intento di rilevare questa evoluzione di relazioni tra creatore e creatura. 

All’epoca del lancio della collezione Maigret, Simenon nelle sue prime interviste evoca soprattutto la sua evoluzione letteraria, è di sé stesso che parla e ancora molto poco del suo personaggio, che vede come una rampa di lancio. Se ha avuto il genio di costruire un detective fuori dai cliché allora in voga, può darsi che non sia ancora cosciente in quel momento.
La prima citazione che abbiamo scelto risale al mese di aprile 1932, quando nel quotidiano Paris-Soir, Simenon fornisce le sue impressioni alla vigilia del debutto del film La nuit du carrefour. E in quel momento che racconta una prima versione della nascita del suo eroe. 
«Ero tormentato dal desiderio di creare un poliziotto francese, davvero francese, che non metteva il suo «must» nel risolvere cruciverbanè nel saltare sopra i mobili, o ad abbattere i suoi più terribili avversari con una schicchera. […]. Gli edittori erano colpiti da questo terribile commissario che non era comunque un giovanotto, né un indovino, né un colosso, e che voleva fare un’inchiesta tutti i mesi». 


SIMENON SIMENON. MAIGRET'S PORTRAIT 
Maigret seen by Simenon, extracts from interviews 

Maigret had been accompanying his creator for more than forty years, in his novelist life, and even beyond, when Simenon had become a memoirist. Once success being there, he'd been asked in many interviews to give his point of view about his character. His relationship to Maigret had been evolving over time, and also what he'd been saying about him. In this new column we'll propose you to discover what Simenon told about his chief inspector, with quotations extracted from interviews. We'll follow the track in chronological order, so that we can detect this evolution in the relationship between the creator and his creature. 

At the time of the launch of the Maigret collection, Simenon, in his first interviews, talked mostly about his literary evolution; he spoke about himself, and still hardly little about his character, whom he mainly saw as a kind of "launching pad". Even if he had the genius for creating a detective that was outside the then current standards, maybe he wasn't aware of it at that time.
The first quotation we've chosen goes back to April 1922, when Simenon, in the Paris-Soir newspaper, gave his impressions just before the movie premiere of La nuit du carrefour. Thus he told a first version about his hero's birth.  
"I was tormented by the desire to create a French policeman, very French, not putting his pride to make a success of crosswords or to jump up over furniture, nor to knock down his strongest enemies with a flick. […] Publishers were frightened by this terrible chief inspector, who wasn't even a romantic young man, nor a soothsayer, nor a colossus, and who wanted to make an investigation on every month." 

by Simenon Simenon

sabato 6 gennaio 2018

SIMENON SIMENON. MADAME QUATRE ET LES DEUX SŒURS

A propos de deux nouvelles écrites en janvier 1945 

SIMENON SIMENON. "MADAME QUATRE" E LE DUE SORELLE 
Si parla di due racconti scritti nel gennaio 1945 
SIMENON SIMENON. "MADAME QUATRE" AND THE TWO SISTERS 
About two short stories written in January 1945


Dans un billet du 20 septembre 2016, nous évoquions le séjour de Simenon aux Sables-d'Olonne, où il était arrivé en septembre 1944 pour y passer sa convalescence. Nous avions aussi noté que pendant ce séjour, le romancier n'avait écrit que quelques nouvelles, dont Madame Quatre et ses enfants et Le deuil de Fonsine. 
Ces deux nouvelles ont été publiées pour la première fois dans Maigret et les petits cochons sans queue, qui, on se le rappelle, ne contient que deux nouvelles mettant en scène le commissaire (L'homme dans la rue et Vente à la bougie), sur les neuf qui composent le recueil. Ecrites toutes les deux en janvier 1945, les nouvelles Madame Quatre et ses enfants et Le deuil de Fonsine mettent en scène des intrigues fort différentes.  
La première raconte l'histoire d'une locataire de la pension Notre-Dame, aux Sables-d'Olonne, qui est là avec ses deux jeunes garçons, deux insupportables gamins. Les autres pensionnaires ne se privent pas, bien entendu, de faire des commentaires critiques sur la méthode éducative de "Madame Quatre", ainsi que la jeune femme a été surnommée, car elle occupe la chambré numéro 4. Jusqu'au jour où elle doit s'absenter, laissant ses enfants à la pension. C'est alors que l'on découvre, dans le journal, que "Madame Quatre" est partie pour déposer au procès de son mari, un pharmacien qui avait assassiné au moins sept femmes, avant de les emmurer dans la cave de sa maison de campagne… Les "histoires de Barbe-Bleue" sont multiples dans les chroniques judiciaires, et Simenon n'a eu que l'embarras du choix pour inventer cette intrigue. Mais, comme à son habitude, le romancier mêle habilement plusieurs fils de son vécu. Ainsi, ce personnage de "Madame Quatre" lui a été inspiré par une rencontre qu'il a justement faite lors de son séjour aux Sables-d'Olonne, lorsqu'il était pensionnaire à l'hôtel des Roches-Noires: voir l'ouvrage de Michel Carly, Simenon, les années secrètes, qui raconte l'anecdote. 
La deuxième nouvelle met en scène deux sœurs, Fernande et Fonsine Sirouet, qu'une haine tenace l'une pour l'autre anime depuis des dizaines d'années. Une haine qui trouve à sa base une histoire d'héritage. Les deux sœurs partagent la même maison, celle de leurs parents, mais le verbe "partager" est à prendre ici dans son plein sens. En effet, Fernande, restée célibataire, occupe la maison depuis la mort de leurs parents, et Fonsine, qui a fini par se marier, décidé de revenir y vivre lorsqu'elle est devenue veuve. Mais les deux sœurs, qui ne s'entendent pas, divisent la maison en se répartissant les pièces, dressant des cloisons et perçant une seconde entrée. Pendant des années, les sœurs ne savent qu'inventer pour se rendre mutuellement la vie impossible, elles accumulent les procès, jusqu'au jour où Fonsine est emportée par la maladie. Restée seule, Fernande perd sa seule raison de vivre, qui était de se quereller avec FonsineEt moins d'une année plus tard, elle suit sa sœur dans la tombe… Cette "chronique de la haine ordinaire", comme l'a appelée Pierre Assouline, Simenon l'a située dans un endroit qu'il connaissait bien, puisqu'il s'agit de Saint-Mesmin, où il avait son domicile depuis décembre 1942. Le thème de la nouvelle n'est pas sans rappeler celui d'une nouvelle avec Maigret, Les larmes de bougie, où l'on trouve aussi deux sœurs qui partagent la même haine.  
On appréciera, dans ces deux nouvelles, le talent du romancier qui, dans un récit court, parvient à rendre crédibles les personnages et l'intrigue, et à brosser une ambiance avec l'art qu'on lui connaît. On s'étonnera donc d'autant moins que ces deux nouvelles aient été à la base de deux adaptations pour la série Maigret avec Bruno Crémer, tout aussi jubilatoires l'une que l'autre. Les scénaristes ont su garder le fond de la trame, plutôt dramatique (d'un côté ce pharmacien tueur en série et les découvertes macabres des femmes assassinées, de l'autre les querelles assassines entre les deux sœurs Sirouet, dont la haine cache peut-être une forme d'amour), mais en y introduisant des touches d'humour qui allègent le récit, un humour rentré qui ne manquait d'ailleurs pas dans les récits concoctés par Simenon… 

Murielle Wenger 

venerdì 5 gennaio 2018

SIMENON SIMENON JOYCE AITKEN E TERESA SBURELIN. DUE DONNE; DUE FACCE DELL'ULTIMO SIMENON

Da una parte la sua ultima compagna e dall'altra l'insostituibile responsabile del Secretariat Simenon

SIMENON SIMENON. JOYCE AITKEN ET TERESA SBURELIN, DEUX FEMMES, DEUX FACES DE L'ULTIME SIMENON
D'une part sa dernière compagne, et de l'autre l'irremplaçable responsable du Secrétariat Simenon
SIMENON SIMENON. JOYCE AITKEN AND TERESA SBURELIN, TWO WOMEN, TWO FACES OF THE FINAL SIMENON
On one hand, his last companion and, on the other, the irreplaceable manager of the Simenon Secretariat




Siamo negli anni '70. Simenon vive ormai stabilmente a Losanna, nella villetta rosa ad un piano in rue de Figuieres, con il piccolo giardino sovrastato dal grande cedro del Libano. La sua ormai è un'esistenza quieta. Non ha più a tensione creativa dell'état de roman, non ha più rapporti quotidiani con gli editori, non viaggia e non ha quasi più una  vita pubblica.
Ha però al suo fianco due donne che si preoccupano per lui. Una è la sua ultima compagna, Teresa Sburelin che si dedica a lui, quasi più di quanto facesse M.me Maigret con il suo marito commissario. E una persona molto dolce e remissiva alla quale Simenon si affida totalmente e di cui non potrebbe far a meno. La donna è entrata nella sua vita  tramite l'editore italiano dello scrittore, Arnoldo Mondadori. Il romanziere e sua moglie Denyse erano alla ricerca di una nuova femme de chambre e la moglie di Mondadori gliela consigliò. E così Teresa prese servizio in casa Simenon nel 1961 a Echandens. 
A quell'epoca erano già undici anni che Madame Joyce Aitken, all'età di quarant'anni circa, era entrata nella gestione degli affari del Secretariat Simenon. Lei era una svizzera di straordinaria capacità, che gestì per molti anni gli affari dello scrittore in merito ai contratti da rinnovare all'entità delle royalty, dai diritti cinematografici o televisivi alle traduzioni, ma curava addirittura l'ingente patrimonio personale di Georges.  
Teresa era molto più giovane di lui, ventitré anni in meno, ed era un vero e proprio bastone della vecchiaia per Simenon. M.me Joyce lavorò, soprattutto negli anni di Losanna, totalmente autonoma, godeva della massima fiducia da parte dello scrittore e si sobbarcava da sola tutto il notevole lavoro di gestione dell'industria-Simenon.
C'è da chiedersi come avrebbe fatto il nostro senza queste due donne che gli furono a fianco fino alla sua morte e che lo assistettero anche nei periodi più tristi e drammatici come quello in cui la figli Marie-Jo si suicidò.
Va considerato che allora lo scrittore non molto vecchio, ma malato e ormai lontanissimo dal Simenon scrittore vulcanico che era stato fino alla metà degli anni '60. Ora era delicato di salute, molto fragile anche come persona. All'inizio degli anni ottanta  a loro due Simenon aveva addirittura affidato il compito di terminare Mémoires intimes, nel caso lui fosse mancato o non avesse avuto la possibilità di portarlo a termine. Questa è la dimostrazione come le due donne fossero davvero una sorta di angeli custodi che lo vegliavano e lo sorreggevano una per parte.
Entrambe conoscevano la vita e i segreti di Simenon come nessuno e, sia sul piano personale che su quello degli affari, furono entrambe un esempio di riservatezza e di fedeltà alla persona di Simenon. 
Abbiamo prima citato M.me Maigret, in effetti dopo due mogli molto diverse (Tigy e Denyse), Teresa somigliava molto al personaggio che lui aveva creato e che, si dice,  Simenon riteneva avesse le caratteristiche perfette per essere una moglie. Con la Sburelin possiamo dire che il sogno si era finalmente avverato. (m.t.)