lunedì 19 marzo 2018

SIMENON SIMENON. LA CONFIANCE DES MERES

A propos de quelques personnages maternels dans les romans Maigret 

SIMENON SIMENON. LA FIDUCIA DELLE MADRI 
A proposito di alcune figure materne nei romanzi di Maigret 
SIMENON SIMENON. MOTHERS' CONFIDENCE 
About some maternal characters in the Maigret novels 


"Le portrait de la mère abusive, dans les romans de Simenon, relève du règlements de comptes", écrit à juste titre Denise Brahimi dans son ouvrage A la découverte de Simenon romancier. Il n'est plus besoin d'évoquer ici en détails, tant le fait est maintenant connu des simenophiles, les relations conflictuelles que le romancier entretint avec sa mère, Henriette, dont il fit un portrait assez corrosif en l'Elise de Pedigree. Ce n'est que bien plus tard, au soir de sa vie, qu'il parvint à exprimer tout ce que cette relation contenait de non-dit, de sentiments refoulés, dans sa Lettre à ma mère. Qu'Henriette lui ait toujours préféré son cadet est un fait avéré, mais ce qui compte n'est pas tellement de savoir si réellement sa mère a été proche du personnage d'Elise ou non, et si elle s'est vraiment comportée avec son fils comme celui-ci le laisse entendre. Ce qui est important, en réalité, c'est ce que le petit Georges a ressenti et éprouvé, même si son point de vue ne reflétait peut-être pas complètement la réalité. Le motif d'un chagrin d'enfant peut parfois sembler puéril aux yeux d'un adulte, il n'en reste pas moins que le chagrin, lui, est bien réel… 
Ce qui intéresse surtout les lecteurs de Simenon dans cette affaire, c'est ce que le romancier a fait de cette relation conflictuelle mère-fils, comment il l'a utilisée dans sa création littéraire. C'est vrai que l'on trouve beaucoup de ces "mères abusives" dans ses romans, et que les personnages maternels sont plutôt rarement présentés sous un jour positif.  
Dans ce billet d'aujourd'hui, nous allons évoquer quelques-uns de ces portraits de mères dans la saga maigretienne. On en trouve un certain nombre au fil des romans. Parfois leur statut de mère n'est pas de première importance dans l'intrigue, et nous ne parlerons pas de ces personnages-là. Par contre, il faut relever un certain nombre de ces "mères abusives", décrites au vitriol par le romancier, des personnages sur lesquels plane sans aucun doute le fantôme d'Henriette…  
On peut d'abord évoquer Mme Martin dans L'ombre chinoise, avec sa peur de manquer et sa hantise d'assurer ses vieux jours. La relation entre mère et fils ne fait pas l'objet central du récit, mais le seul fait que ce soit les agissements de Mme Martin qui provoquent le suicide de son propre fils en dit long sur le sujet… Un autre personnage de mère qui pense d'abord à sa fortune plutôt qu'à ses sentiments maternels, c'est Mme Serre dans Maigret et la Grande Perche. Une vieille dame "bien sous tous les rapports", apparemment, digne et aux allures de mère supérieure (ce n'est sans doute pas un hasard si Simenon fait cette comparaison empruntée au monde de la religion…), mais en réalité une empoisonneuse, et qui poussera l'avarice jusqu'à tenter de tuer son propre fils. Terrible portrait de l'égoïsme poussé au paroxysme…  
Et puis vient Mme Moncin dans Maigret tend un piège, sans doute l'une des charges les plus lourdes que Simenon ait portée contre les mères abusives… Sous prétexte d'amour maternel, Mme Moncin a surprotégé son Marcel, jusqu'à l'enfoncer dans son enfance, l'empêcher de grandir et de devenir un homme, ayant tenté d'en "faire sa chose", finissant par provoquer, à force de surprotection, un traumatisme chez lui, qui va le pousser à l'aliénation, à la folie meurtrière… 
Au milieu de cette pléthore de "mauvaises mères", apparaissent cependant, mais moins souvent (et on ne s'en étonnera guère…), quelques portraits de mères dessinées d'une plume positive. On pourrait dire que la comtesse de Saint-Fiacre est une image de mère idéale, mais c'est davantage une sorte d'icône immatérielle qui passe dans les souvenirs de Maigret. Rappelons à ce sujet que Simenon a fait de Maigret un orphelin de mère - et ce n'est sans soute pas davantage un hasard -, et que Mme Maigret va en quelque sorte jouer le rôle de substitut maternel (même si, comme nous l'avons déjà souvent écrit, elle est bien davantage que cela…). On pourrait ajouter à Mme Maigret deux personnages qui ont des traits de ressemblance avec elle (embonpoint agréable, blondeur des cheveux, douceur et jovialité d'humeur): d'abord la marinière Hortense Canelle, dans Le charretier de la Providence, puis Mlle Clément, dans Maigret en meublé, qui, toutes deux, comme Mme Maigret, n'ont pas d'enfants mais un comportement maternel et maternant envers leurs proches… 
Enfin, le dernier portrait positif de mère est celui de Justine, la vieille Vaudoise installée rue Mouffetard, la mère d'Honoré Cuendet dans Maigret et le voleur paresseuxSi elle n'est pas le personnage central de l'intrigue, elle y tient néanmoins un rôle important, à cause des liens qu'elle a tissés avec son fils, et que Maigret se plaît à relever comme autant d'éléments qui lui rendent Honoré encore plus sympathique. Justine est simple, compréhensive, elle ne s'est jamais opposée aux activités illicites de son fils, en qui elle a placé – avec raison, tient à souligner l'auteur ! - toute sa confiance. Maigret, d'ailleurs, en bon "raccommodeur de destinées" qu'il est, fera tout pour que Justine ait la récompense de cette confiance, en faisant connaître son existence à la maîtresse d'Honoré. Et une des phrases finales du roman, dite par Justine: "Je connais mon fils… Je suis sûre qu'il ne me laissera pas sans rien…" fait écho, mais a contrario, aux prétentions de la Mme Martin de L'ombre chinoise Et ainsi la boucle est bouclée, depuis le portrait effrayant de la mère abusive jusqu'au portrait réconciliateur de la mère qui "fait confiance", cette confiance dont le manque, de la part de sa mère, a tellement affecté Georges Simenon… 

Murielle Wenger 

Link

SIMENON, LE TENSIONI CON LA MADRE E LA MORTE DEL FRATELLO
http://www.simenon-simenon.com/2011/03/simenon-le-tensioni-con-la-madre-e-la.html

SIMENON, ELLROY E LO SPETTRO MATERNO 

http://www.simenon-simenon.com/2012/02/simenon-ellroy-e-lo-spettro-materno-1.html


SIMENON SIMENON. MOTHER HENRIETTE DEAD
http://www.simenon-simenon.com/2017/09/simenon-simenon-mother-henriette-dead-1.html

SIMENON SIMENON. WORDS FROM HIS “LETTER TO MY MOTHER”
http://www.simenon-simenon.com/2017/10/simenon-simenon-words-from-his-letter.html

SIMENON SIMENON. UNE DOULOUREUSE LETTRE A SA MERE
http://www.simenon-simenon.com/2017/04/simenon-simenon-une-douloureuse-lettre.html


SIMENON SIMENON. “MR. HIRE’S ENGAGEMENT” / 2

Everybody is a voyeur. The primary woman returns the look.

SIMENON SIMENON. “LES FIANCAILLES DE MR. HIRE” / 2 
Chacun est un voyeur. Le principal personnage féminin renvoie le regard.
SIMENON SIMENON. "LE FIDANZATE DI MR.HIRE" / 2
Ognuno è un voyer. Il principale personaggio femminile risponde allo sguardo 


Voyeurism is widespread in the novel. For instance, the commonest French verb meaning to ‘look’ appears 140 times. Yet, the type of ‘looking’ varies: Hire’s is vicarious and Alice’s is opportunistic. Both happen to use a two-way street, in alternation, with Hire staring at Alice from his dark den and her observing him from her darkened bedroom. Alice “saw Mr. Hire’s lighted window. […] She had not lit her lamp.” Another difference is that Hire believes she is unaware, but Alice knows he is watching. “Her look […] reached the window. […] What was she looking at? […] He clearly saw the girl’s fleshy lips half-open in a smile. But for whom? Why?” She knows he is spying on her. “She knew Mr. Hire was there.” 
What is more, her window exchanges gradually evolve in a different way than Hire’s do. At first, hers is a prideful exhibitionism. She is simply showing off: “She pushed the sheets away a bit and stretched while sticking out breasts that ballooned the white silk of her nightgown. He did not move, so she got up, exposing her pink thighs for an instant.” When he is tailing her outside, as he stares, she toys with him. “She was playing her role. She pretended to not see him, to be relaxed, unconcerned. Twice, she powdered her nose and put on lipstick. Twice too, she tugged her skirt down as if she was surprised that Mr. Hire was looking at her knees.” 
But her demonstrations advance into predatory manipulation. Brazen Alice goes to his door in provocation, but timid Hire does not yet dare open it. “She looked down. A moment before, the outline of the keyhole stood lit up, then something intervened between the door and the light. She sensed his eye, pulled back a step to get within his line of sight, and proudly thrust out her exuberant bosom.” Suddenly, “the eye disappeared” because Hire also stepped back, expecting a crisis, holding his breath, staring at the door. “Was he also seeing an eye behind the keyhole?” 
Later on, Alice watches as Hire watches. “From the obscurity of her bedroom, up on her knees on her bed to see better,” Alice observes him “walk up to the keyhole and glue his eye there” before accepting the inevitable police summons. She delivers hers: “She stuck her paper on her windowpane” and “he squinted under his bushy brown eyebrows to read: I absolutely have to talk to you.” A few more window signals precede direct physical seduction. “She pulled him to her. […] Her entire body was writhing, seeming to take possession of the man while she glued her mouth to his.” “He gently disengaged himself but has taken her baitHe proposes they run off together, asking her to “think about it until tomorrow….” Hire heads on, all alone, for he only sees her once again. After “he looked into her empty bedroom with warm nostalgia,” he catches a glimpse of her at work. “He could see, next to the counter, Alice’s pink face, her white apron, her bare arms.” Hurtling down a tragic path, he is always looking for her, but his last vision is purely imaginary: “without daring to look at the dairy bar,” this “did not prevent him from imagining Alice’s bent-over silhouette walking her rag over its threshold.” Alice, however, does see him again: dead! 

David P Simmons 

domenica 18 marzo 2018


SIMENON SIMENON. PORTRAIT DE MAIGRET 
Maigret vu par Simenon, extraits d'interviews 

La dernière étape de cette rubrique nous amène en avril 1986. C'est dans le journal Télé7Jours que Simenon est prié, une fois de plus, de raconter la naissance de son héros. Evidemment, il privilégie la version, devenue "officielle", de Delfzijl… On lui demande aussi quelques mots sur Mme Maigret, "épouse idéale" pour son mari. Quant au commissaire, voici ce que Simenon en dit. 
"Maigret n'est ni un détective, ni un policier. Il n'est pas en train de deviner la solution d'une énigme, en examinant une trace de pas. Il essaie de comprendre l'homme. D'ailleurs, sa devise est «Comprendre et ne pas juger». C'est aussi la mienne." 


SIMENON SIMENON. RITRATTO DI MAIGRET 
Maigret visto da Simenon, estratti da interviste 

L’ultima puntata di questa rubrica ci porta all’aprile del 1986. E’ nel giornale Télé7Jours che Simenon è pregato, per l’ennesima volta, di raccontare la nascita del suo eroe. Evidentemente, continua a privilegiare la versione, divenuta «ufficiale» di Delfzijl… Gli chiedono qualche parola anche sulla signora Maigret, «sposa ideale» per il proprio marito. Quanto al commissario, ecco quello che Simenon disse. 
«Maigret non è né investigatore, né un poliziotto. Non va ad indovinare la soluzione di un mistero esaminando delle tracce dei passi. Lui cerca di comprendere l’uomo. Daltronde il suo motto è ‘Comprendere e non giudicare’. Ed è anche il mio.»  


SIMENON SIMENON. MAIGRET'S PORTRAIT 
Maigret seen by Simenon, extracts from interviews 

The final step of this column brings us in April 1986. In the newspaper Télé7Jours Simenon was once more asked to tell his hero's birth. Of course he would favour the now "official" version of Delfzijl… He was also asked about Mme Maigret, the "ideal wife" for her husband. As for the Chief Inspector, here's what Simenon had to say.
"Maigret isn't a detective, nor a policeman. He's not guessing the solution to an enigma, by examining a footprint. He tries to understand human beings. Moreover his motto is «To understand and not to judge». It's mine too." 

by Simenon Simenon