lunedì 7 gennaio 2019

SIMENON SIMENON. THE VICTIM IN “ACT OF PASSION”

About the woman who, in obeying and submitting to her killer, destroyed the man as well 

SIMENON SIMENON. LA VICTIME DANS “LETTRE A MON JUGE” 
A propos de la femme qui, en obéissant à et soumettant à son assassina détruit l’homme aussi 
SIMENON SIMENON. LA VITTIMA NELLA LETTERA AL MIO GIUDICE"
A proposito della donna che, obbendendo e sottomettendosi al suo assassino, ha comunque distrutto l'uomo 


In contrast to the trio of Clémence, Jeanne, and Armande that influenced the mainstream life of Dr. Charles Alavoine, it was the single character Martine who triggered his rapid decline and downfall. Simply put, Martine finally fulfilled his peculiar psychological and physical needs. Alavoine discovered that, unlike Armande and Clémence in particularMartine was “obedient to him and submissive in most every way. 
Notably, Martine attracted him physically despite being “such an ordinary little being,” but Armande did not attract him at all despite being “such an amazing woman.” Problematical in that appeal, however, was his discovery that sex for Martine was separate from him. “Her desire, in spite of my presence, was a solitary desire.” It was sex “without love whereas for him their sex was elating because “it seemed to be, for the first time in my life, I possessed a woman. Right from the starthe “could not envision the perspective of a life without her, for she “was more close to me than any human being had ever been.” 
Oddly invited by Alavoine into his household the very next day after they met, Martine is oddly accepted by the two other women as well. Although he was ecstatic because he was deceiving them, he felt limitations: I could no longer get enough of her.  […] As soon as she was no longer near me, it was suddenly a total void.” Her absence in any way stimulated terrible jealousy. For example, a harmless but, for Alavoine, threatening rival became yet one more obsession in his disturbed mind. It was not because that man might have become her lover, rather it was because of much smaller things, like him possibly having spokenbefore meto Martine. 
According to Alavoine, sex for Martine was an intolerable anguish, which he explained was because she thought she was “bad” and so she sought deliverance in the arms of others, which she never found. Bragging that he “understood, he decided he could fix her problem. Yet, even after their exile forced by Armande, even when they were free to have intercourse every night, Martine continued to agonize” in her “stiffness.” Inexplicably (to my view, not his), she “at last” achieved “the miracle” of orgasm and thereafter “her flesh quickly became as obedient as her mind.” 
Feeling then “the desire to show myself cruel, Alavoine began to abuse Martine physically. “I was squeezing her to hurt her. I no longer knew if I loved her or hated her.” What’s more, this ensued on top of psychologically berating, criticizing, questioning, and doubting her. Nevertheless, whenever egotistical Alavoine acted like a brute, submissive Martine “accepted it. 
So it was that he “took charge of her life” and concluded crazily he had to beat the bad out of her, to save her, to free her. The end result was the ultimate in abuse: death by strangulation. Alavoine’s choice to fatally clamp his fingers around Martine’s neck connected insanely with his primary complaint that Armande “did not allow me enough play in the leash around my neck.  The gist of his letter to the judge? “Don’t say I’m crazy. […] I freed her. 

David P Simmons 

domenica 6 gennaio 2019

SIMENON SIMENON. PAS DE REGLES POUR LES ROMANS POLICIERS

Comment Simenon envisageait le roman policier, à la lumière de deux articles écrits pour des journaux 

SIMENON SIMENON. NESSUNA REGOLA PER I GIALLI 
Come Simenon concepiva il giallo, alla luce di due articoli scritti per i giornali  
SIMENON SIMENON. NO RULES FOR DETECTIVE NOVELS 
How Simenon considered the detective novel, in the light of two articles written for newspapers 


A la fin des années 1920, notre jeune romancier, qui venait de passer plusieurs années d'apprentissage de son métier en écrivant des dizaines et des dizaines de romans populaires, décida qu'il devait passer à une autre étape: «je me suis dit qu'il était peut-être temps de faire, non pas du roman littéraire, mais ce que j'ai appelé un peu naïvement du roman semi-littéraire. J'avais encore besoin d'un garde-fou. Je ne pouvais pas écrire un roman où tous les personnages étaient en liberté. Il me fallait un meneur de jeu. C'est pourquoi j'ai choisi le roman policier.», raconte Simenon à Roger Stéphane en 1963. Il ne dit pas autre chose en 1977, dans sa dictée Je suis resté un enfant de chœur: «Il n'y a rien de plus facile, en effet, que d'écrire un roman policier. D'abord, il y a au moins un mort, davantage dans les romans policiers américains. Il y a ensuite un inspecteur ou un commissaire qui mène l'enquête et qui a plus ou moins de droit de fouiller le passé et la vie de chacun. […] L'inspecteur ou le commissaire servent en somme de rampe, comme dans un escalier abrupt. On les suit. On partage leurs soupçons et parfois les dangers qu'ils courent.» 
Ainsi, si l'on en croit le romancier, pour les premiers romans où il narra les exploits de Maigret, il s'agissait bien pour lui d'écrire des romans policiers, peut-être dans la veine de ce qu'il avait déjà fait dans les nouvelles rédigées pour le journal Détective. Mais très vite, Simenon se rendit compte que faire de son commissaire un héros semblable aux détectives du whodunit ou aux aventuriers lupinesques, le mènerait dans une impasse. Et même si les dix-neuf romans Maigret publiés par Fayard étaient plus proches du roman policier que ceux de la période des Presses de la Cité, ils s'éloignaient déjà beaucoup des règles du genre. Simenon en était conscient, et s'il avait pris au roman policier quelques ingrédients de base: un enquêteur, des suspects, une intrigue à suspense, pour le reste, il n'avait que faire des normes et des codes. En septembre 1932, Simenon répondait à une enquête sur les films policiers, menée par Paul Bringuier pour l'hebdomadaire Pour Vous. Après avoir raconté comment les premiers romans Maigret qu'il avait écrits avaient été refusés par plusieurs éditeurs, sous le prétexte que les règles du genre n'étaient pas observées, Simenon faisait un parallèle avec les films policiers: «Et voilà que j'entends à nouveau parler des fameuses règles ! Les règles de quoi ? Je n'en sais rien. Il paraît qu'il y a des règles, des règles du genre, que les uns veulent voir transgressées et que les autres défendent avec acharnement. […] D'abord, il n'y a pas de romans, ni de films policiers. Et il n'y a pas de règles du genre, ni même de formule. […] Il y a de bons films et de mauvais films.» 
En 1934, le romancier signait son dernier roman Maigret de la série Fayard. Pour un temps, il s'éloignait du roman policier, et se mettait à écrire des romans «tout court», sans meneur de jeu ni détective, mettant le protagoniste principal directement aux prises avec son inéluctable destin. Cet éloignement provisoire du commissaire à la pipe, on peut le suivre dans un texte paru le 28 novembre 1934 dans l'hebdomadaire Marianne, et intitulé «Les romans qu'on dit policiers». Avec une bonne dose d'humour et d'auto-ironie sur sa propre production, Simenon évoquait le passé, le présent et l'avenir du roman policier.  
«Il y a exactement quatre ans, il suffisait qu'un roman soit policier pour que la critique n'en parlât pas. Aujourd'hui, il suffit au contraire qu'un roman soit policier pour avoir les honneurs de tous les feuilletons.» Et de faire un tableau des variantes du genre: «Il y a trois ans, par exemple, il fallait le policier cérébral ou, si vous préférez, le policier jeu d'échecs […] Le détective de cette époque est collectionneur de bleus de Perse, numismate, cocaïnomane et homme du monde. Puis vient le policier policier, le policier naturaliste, avec gros souliers, demis de bière, bourrades dans les côtes, larme à l'œil et gilet de flanelle. […] Troisième période: le roman policier d'atmosphère. Là-dedans, «faut ce qu'il faut»: de la pluie, des flaques d'eau, des reflets sur les trottoirs mouillés, des bistrots qui sentent l'anis, des chambres à coucher qui sentent la sueur, des servantes aux aisselles humides et des vagabonds aux pieds sales. S'il fait chaud, il fait chaud à en crever. S'il fait froid, il s'agit que le bout du nez vous gèle rien qu'à lire un chapitre.» Le lecteur de la saga maigretienne saluera au passage quelques réminiscences connues… Simenon concluait son article en écrivant: «puisque tous les journaux affirment que le roman policier est à la mode, puisque tous les critiques le décortiquent, c'est que le roman policier est mort. Avouez que c'est bien son tour, à ce bougre qui, depuis tant d'années, ne vit que de cadavres.» 
A lire ceci, on aurait pu penser que Simenon s'était définitivement éloigné des atmosphères maigretiennes… En réalité, parce que petit à petit il en vint à considérer que les romans Maigret n'étaient pas vraiment des romans policiersil reprit son personnage, et les romans de la période des Presses de la Cité tendirent à se rapprocher de plus en plus de l'esprit des romans durs. Point de vue du héros et intrigue différemment racontés, mais thématiques semblables… 

Murielle Wenger