mercoledì 16 settembre 2020

SIMENON SIMENON. LES MAISONS DE SIMENON

 

En février 1974, Simenon s'installe dans sa petite maison rose au 12 de l'avenue des Figuiers, où il finira ses jours en 1989.

Da febbraio 1974, Simenon s'installa nella sua piccola casa rosa al numero 12 dell'avenue Figuiers, dove finirà i suoi giorni nel 1989.

In February 1974, Simenon moved into his little pink house at 12 avenue des Figuiers, where he ended his days in 1989.

martedì 15 settembre 2020

SIMENON SIMENON. QUELQUES SEMAINES À VOUVANT

Août-septembre 1940 : un livre et un événement déterminant  

SIMENON SIMENON. ALCUNE SETTIMANE A VOUVANT

Agosto-settembre 1940: un libro e un evento decisivo

SIMENON SIMENON. SOME WEEKS IN VOUVANT

August-September 1940: a book and a decisive event 


 

À la fin août 1940, les Allemands entrent à La Rochelle. La famille Simenon ne se sent plus en sécurité dans leur maison de Nieul : « Nous sommes partis tous ensemble à la recherche d'un gîte dans la forêt de Vouvant, en Vendée proche, où nous avons trouvé à louer une fermette », raconte le romancier dans ses Mémoires intimes. Malgré la tristesse d'avoir dû quitter Nieul, la première approche de Vouvant est positive : « Cette forêt m'avait enchanté. […] elle était frémissante et colorée avec ses arbres de toutes les essences » (ibid.), et Simenon, qui cherche « du calme, du repos, à l'abri si possible de tout ce qui s'agite et de la guerre » (il y avait quelques semaines à peine qu'il avait terminé sa tâche épuisante au centre d'accueil des réfugiés belges), trouve ce qui lui faut à Vouvant. Un endroit où l'on dort dans des lits « très hauts, avec deux ou trois matelas de plumes dans lesquels on enfonçait », où il peut passer du temps avec son fils Marc, âgé de 16 mois, pour qui il cuisine « des gâteaux secs de toutes sortes », et qu'il emmène au marché du village, à travers la forêt et les prés. 

Dans le grenier de la ferme, le romancier installe sa machine à écrire et y écrit La Vérité sur Bébé Donge, « un roman sans guerre, sans fracas, sinon sans drame, plein de soleil et de jardins harmonieux ». Le roman débute en effet dans un jardin ensoleillé, où guette le drame : une femme tente d'empoisonner son mari, et celui-ci, dans une longue introspection, finit par comprendre qu'elle a agi ainsi parce qu'il n'avait pas compris l'amour qu'elle éprouvait pour lui. Ce sera le seul roman écrit à Vouvant, car au bout de quelques semaines, les Simenon vont s'installer à Fontenay-le-Comte. 

Vouvant est aussi pour Simenon le théâtre d'un événement déterminant. Un jour, alors que Marc et son père sont dans la forêt, l'enfant demande un bâton. Simenon taille une branche, le couteau glisse et le bâton vient lui heurter violemment la poitrine. Il craint de s'être cassé une côte, et comme la douleur persiste, il décide d'aller se faire radiographier à Fontenay. Le radiologue diagnostique un problème cardiaque grave, et conseille à son patient de mener une vie modérée : ne plus boire, ne plus fumer, ne plus écrire, ne plus… Le monde s'effondre pour Simenon ; d'après le médecin, il lui reste deux ans à vivre, et le romancier décide alors d'écrire dans un cahier ses souvenirs d'enfance, afin de pouvoir raconter à Marc l'histoire de sa famille et de ses ancêtres : « En deux ans, j'avais le temps, même si je n'écrivais qu'un quart d'heure par jour » (Mémoires intimes). 

En réalité, le diagnostic du radiologue était erroné, et Simenon consulta un autre médecin, qui le rassura. Les chercheurs simenoniens ont décortiqué cette légende, et on sait aujourd'hui, d'une part que cette période d'angoisse que traversa le romancier dura moins longtemps que ce qu'il prétendit par la suite : « Simenon a bien vécu comme un homme en sursis. Seulement, le doute, l'angoisse, l'attente n'ont pas duré deux ans, comme il le prétend, mais deux semaines. », note Pierre Assouline. D'autre part, Simenon avait déjà en tête auparavant un projet de mémoire sur son enfance. D'ailleurs, il ne commença le cahier de Pedigree qu'en décembre, après son installation à Fontenay : « Sur la première page, j'avais dessiné un arbre robuste et chaque branche portait le nom d'un [des] aïeux Simenon ». 

Quoi qu'il en soit, le souvenir de cet événement s'est mêlé dans l'esprit du romancier à son désir de raconter ses origines, le tout a été noyé dans sa mémoire, comme a été engloutie la fermette de Vouvant lorsqu'on a construit un barrage dans la région… 

 

Murielle Wenger 

lunedì 14 settembre 2020

SIMENON SIMENON "REPORT". A SIMPLICIDADE DE NARRAR EM SIMENON




















DVD Magazine
- 11/09/2020
Eron Duarte FagundesO belga Georges Simenon foi um ficcionista prolífico. E sempre manteve em todos os seus escritos uma estatura elevada da arte de escrever. Tinha no sangue a genética de narrar: as frases lhe fluíam e eram habitualmente orações simples, em construção e sintaxe, como se estivesse conversando na rua, mas sem os plebeísmos constrangedores de algumas ruas. Era uma rua de linguagem muito particular de Simenon.
Maigret e o ladrão preguiçoso (Maigret et le voleur paresseux; 1961) é outro de seus belos textos em que os fatos promanam diretamente do modo de escrever. Escreve como quem brinca e depois pensa. Um crime no famoso Bois de Boulogne, o cenário de vagabundos e meretrizes onde também se passa um filme do francês Robert Bresson, vai surpreender e acordar o inspetor Maigret, que dorme ao lado da esposa. Confunde o barulho do telefone com o barulho dum despertador na infância. “A coisa remontava a um tempo distante, à infância, quando ele era menino de coro e ajudava na missa das seis da manhã.” De questionário para questionário, entrevistando diversas personagens com o olho percuciente dum inspetor de polícia, Maigret tenta chegar ao criminoso e às motivações...>>>

domenica 13 settembre 2020

LES MAXIMES DE MAIGRET - LE MASSIME DI MAIGRET- THE MAXIMS OF MAIGRET

 


Pas de conclusions hâtives ! Et surtout pas de déductions ! » 

(Le Chien Jaune)

"Nessuna conclusione affrettata! E soprattutto nessuna deduzione!" 

(Il Cane Giallo)

No hasty conclusions! And especially no deductions!” 

(The Yellow Dog)

sabato 12 settembre 2020

SIMENON SIMENON REPORT - ENQUÊTE Á PARIS, SUR LES TRACES DU COMMISSAIRE MAIGRET


QUE FARE Á PARIS09/09/2020 - EQUIPEParis s’éveille dans la fraîcheur d’un petit matin blafard. Et la brume qui s’accroche à la Seine voile la silhouette de la « tour pointue » du 36, quai des Orfèvres (1er). Nous avons rendez-vous ici, au siège de la Police judiciaire (PJ), avec l’un de ses illustres pensionnaires : le commissaire Jules Maigret. Au fond de la cour pavée, le vieil escalier en bois est « humide et glacé » (Maigret et le fantôme, 1964). Et c’est un couloir exigu et poussiéreux qui nous conduit au « terrier » du commissaire. Le bureau que l'on trouve est vide, habité seulement par l’odeur de tabac froid et le poêle encore chaud. La fenêtre par laquelle Maigret aime regarder le fleuve est grande ouverte. Un rayon de soleil se fraye un passage parmi les nuages pour venir caresser le pont Saint-Michel (6e), son préféré. Sur sa table, des « demis » vides et des restes de sandwiches témoignent d’une longue nuit, peut-être même d’un interrogatoire qui s’est éternisé. On nous apprend dans la salle des inspecteurs qu’hier soir un corps...>>>

venerdì 11 settembre 2020

SIMENON SIMENON "VINTAGE". FAMILY AGAINST FAMILY, CLASS AGAINST CLASS

A sociological analysis of the novel "Maigret and the old Lady" 

SIMENON SIMENON. FAMIGLIA CONTRO FAMIGLIA, CLASSE CONTRO CLASSE 
Un' analisi sociologica del romanzo "Maigret e la vecchia signora"  
SIMENON SIMENON. FAMILLE CONTRE FAMILLE, CLASSE CONTRE CLASSE 
Une analyse sociologique du roman "Maigret et la vieille dame"

 
In 1950, a reviewer of Maigret et la vieille dame noted ‘the extent to which this novel freezes the image of a lost France testified to in Simenon’s novels, a point of reference in the sentimental geography of France’. While it is true that the notion of a sentimental attachment to childhood memories and the loss of innocence is a strong one in the commissaire’s only Etretat inquiry, I will argue below that the novel also realises another powerful theme, that of class conflict. 
In early September, Maigret receives a visit in his office from a certain Madame Valentine Besson, an engaging and formerly colossally wealthy widow from Etretat, who begs him to come to the town to investigate the death of her maid, Rose, poisoned by a night-time drink intended for her employer. Minutes later, he receives the same request from the head of the police judiciaire who has been approached by the minister on behalf of Charles Besson, Valentine’s step-son and député for the Seine-Inférieure constituency including Fécamp and Etretat. On his arrival in Etretat, Maigret encounters the two other members of the Besson family, a second step-son Théo and Valentine’s daughter Arlette, along with Rose’s family, the Trochus, fishing folk from nearby Yport. Maigret will discover that Valentine is not what she seems and that the Besson family has a number of secrets, although it will take a further death before the case is resolved. 
In addition to the police investigation in the strictest sense of discovering who killed Rose and why, Maigret uncovers the underlying opposition between the Bessons and the Trochus based on the conflict between their respective social classes, the bourgeoisie and the working class. Like another Norman bourgeois, Philippe Deligeard in ‘La Vieille dame de Bayeux’, Théo Besson has failed in his business ventures but is nevertheless ‘the biggest snob in the world’. Charles Besson has also been a failure in business but has somehow ‘been elected by some stroke of luck’ and stands to acquire a substantial sum following the death of his mother-in-law. To Maigret, he is a ‘weakling, ill-adjusted to reality’ who is more concerned by the possibility of a political scandal following the death of Rose than by the fact that a young girl has lost her life, and at the end of the story Maigret seems to take pleasure in telling him ‘You can explain it all to your constituents’. Yet, worst of all the Bessons is Valentine who despite (or perhaps because of?) her own humble origins will stop at nothing, including murder, to preserve what remains of her fortune. 
In direct opposition to the Bessons, is Rose’s family, the Trochus: the two older brothers are both crewhands in the Fécamp herring fishing fleet, as had been their father before turning to inshore fishing, a sister works in a café in Le Havre and Rose had become Madame Besson’s servant at the age of fifteen. While the Bessons typify bourgeois dog-eat-dog individualism, with each family member looking out for his or her own interests and not hesitating to make scathing remarks each about the other, the Trochus present a united front of working class solidarity, first at Rose’s funeral, then when questioned by Inspector Castaing and finally during Maigret’s visit to their home. This solidarity is an expression of a certain class consciousness, although this is never verbalised in explicitly political comments. Henri, the eldest brother, refuses to shake Madame Besson’s hand at Rose’s funeral before turning his back on her and the family are united in their belief that the main motivation of the police is to protect the bourgeois Bessons rather than discover who has killed Rose. Despite Maigret’s best efforts to convince them otherwise, when he ends his interview with the Trochus, although he may no longer be an ‘enemy’, he is still, because of the difference in social class, an ‘outsider’. 
This class-consciousness of the Trochus is a realisation of political developments in a post-war France in which the working class had entered onto the political scene in a way not seen since the factory occupations and popular front government of 1936, a phenomenon which extended from the traditional socialist and communist heartlands of the big cities and industrial areas to even the small towns of the Normandy coast, pitting working class fishing communities against the more bourgeois holiday resorts. As Castaing observes after Rose’s funeral: ‘In the villages, mainly those around the châteaux, you still find respectful, humble people who speak of “the master”. There are another sort who put on a tougher air, suspicious, sometimes cantankerous folk.’ Maigret may have been informed that ‘they adore her [Valentine] at Etretat’, but, as Castaing recognises, ‘Yport is not Etretat and Rose […] is dead’. 
So, the antagonism between the two families is less a matter of differing individual personalities than of conflicting social classes, nowhere symbolised more clearly than in the contrast between the vintage calvados in a cut-glass decanter proffered by Valentine to Maigret when he visits her and the home-made cider which Monsieur Trochu grudgingly offers towards the end of the commissaire’s trip to Yport. Finally, Maigret realises what has happened and is forced to take a side: he ‘grabbed [the decanter of calvados] roughly from her hands and threw it violently on the floor’. Justice is done and Madame Besson is arrested but at a terrible price to the Trochus who, in the space of a few days, have lost two children to the avarice and manipulation of Valentine and Théo Besson. 

William Alder

giovedì 10 settembre 2020

SIMENON SIMENON. LUCA BAVASSANO VIAGGIA TRA SIMENON E ALFIERI

Un itinerario insolito tra i due scrittori in scena sabato al teatro di Asti

SIMENON SIMENON. LUCA BAVASSANO VOYAGE ENTRE SIMENON ET ALFIERI
Un itinéraire insolite entre les deux écrivains sur scène samedi au théâtre d'Asti
SIMENON SIMENON. LUCA BAVASSANO TRAVELS BETWEEN SIMENON AND ALFIERI
An unusual itinerary between the two writers on stage on Saturday at the theater in Asti

Paolo Genta, darà voce ai testi di Simenon, e l’attore Alessio Bertoli, interpreterà quelli alfieriani.
Ma questa è un'idea e una performance che vede dietro e davanti alla quinte Luca Bavassano, simenonologo ben conosciuto dai lettori del nostro blog per i suoi interessanti post.
Il tutto si terrà sabato 12 settembre alle 16 al Teatro Alfieri e s'intitola “Sì viaggiare! Alfieri, Simenon: un incontro improbabile”, un testo di prossima pubblicazione che illustra i rapporti tra l'atipica coppia "Alfieri-Simenon", entrambe grandi scrittori, anche se non poco differenti, ma tutti e due grandi viaggiatori. 
Secondo Bavassano: “Proprio con il tema del viaggio, e del suo rapporto con la creatività, mi è parso offrire una prospettiva interessante, capace di rivelare insospettabili parentele, come anche peraltro di rimarcare distanze irriducibili. Quando ci lavoravo non potevo allora immaginare che da lì a poco questo tema avrebbe assunto una drammatica attualità, e che non solo il viaggiare si sarebbe dimostrato impraticabile, ma anche lo stesso uscire di casa, che per mesi gli unici viaggi consentiti sarebbero stati quelli intorno alle nostre camere. Credo però che l’urgenza della cronaca possa gettare una luce almeno in parte diversa su quanto sono venuto scrivendo: se è vero che il viaggio è la fonte originaria della narrazione (il racconto nasce come affabulazione da parte di chi, tornato a casa, affascina il proprio uditorio con la rievocazione di luoghi remoti, fantastici o meno), è altrettanto vero che i libri rappresentano da sempre una possibilità illimitata di viaggiare, soprattutto per chi è costretto a restarsene a casa”.
Luca Bavassano ha concentrato i suoi interessi letterari sull’opera di Georges Simenon, relativamente alla quale, oltre a diverse collaborazioni sul web, ha pubblicato “Maigret e il cibo, ovvero il metodo del torpore” (incluso nella raccolta “Racconti a tavola”, Historica Edizioni). Sempre per Historica Edizioni ha pubblicato recentemente “Una partita a bocce, o della sprezzatura secondo Simenon” (incluso nella raccolta “Racconti sportivi”). Un grande  in bocca al lupo a Luca da tutto lo staff di Simenon-Simenon, con l'invito agli appassionati simenoniani di Asti e dintorni di non farsi scappare questa chicca.

by Simenon-Simenon

mercoledì 9 settembre 2020

SIMENON SIMENON. LES MAISONS DE SIMENON



En décembre 1963, Simenon s'installe dans sa villa d'Epalinges, où il habitera jusqu'en 1972.

Nel dicembre 1963, Simenon si sistema nella sua villa d'Epalinges, dove abiterà fino al 1972

 In December 1963, Simenon moved to his villa in Epalinges, where he lived until 1972.


martedì 8 settembre 2020

SIMENON SIMENON. UNE PERIODE CRUCIALE

Que se passait-il pour Simenon en septembre 1930? 

SIMENON SIMENONUN PERIODO CRUCIALE

Cosa stava succedendo per Simenon nel settembre 1930?

SIMENON SIMENONA CRUCIAL PERIOD

What was happening for Simenon in September 1930? 



Septembre 1930. Les aviateurs français Costes et Bellonte ont réussi la première traversée de l'Atlantique Nord sans escale. En Allemagne, lors des élections, le parti d'un certain Adolf Hitler remporte 107 sièges au Reichstag. Aux USA naît Raymond Charles Robinson, qui deviendra Ray Charles pour la musique. Une tempête d'équinoxe dévaste les côtes de Bretagne et de la Manche. Parution en album de Tintin au pays des Soviets. L'ingénieur Richard Drew invente le Scotch tape. Éruption du Stromboli. L’hebdomadaire La Jeunesse illustrée publie en feuilleton Le Document violet, d'un certain Georges Sim. 

Pendant ce temps, Simenon, lui, est amarré à Morsang depuis le printemps. Il a écrit Le Charretier de la « Providence » et Monsieur Gallet, décédé, deux romans qu'il va présenter à Fayard pour mieux le convaincre de l'intérêt de son héros commissaire, après lui avoir fait lire Pietr le Letton, qui, en ce mois de septembre, paraît en feuilleton depuis deux mois dans Ric et Rac. 

En date du 24 septembre, le romancier signe avec son éditeur un contrat pour au moins quatre romans, dont les titres sont L’Écurie (titre pour Le Charretier de la « Providence »), La Chasse à l'ombre (pour Monsieur Gallet, décédé), L’Épave et Fièvre ; les deux derniers ne paraîtront qu'en 1932, et dans Fièvre apparaît un commissaire Torrence, qui n'a qu'une lointaine ressemblance avec l'inspecteur qui travaille avec Maigret dans Pietr le Letton. Durant l'automne, Simenon va écrire aussi Le Passager du « Polarlys », qui paraîtra d'abord en feuilleton dès novembre, sous le titre Un crime à bord, dans le journal L'Œuvre, mais sous la signature Georges Sim, tout comme La Maison de l'inquiétude, publié quelques mois plus tôt dans le même journal, et qui voyait la première apparition « publique » du commissaire Maigret. 

En ce début d'automne 1930, Simenon était au four et au moulin, fournissant encore des romans populaires, mais expérimentant déjà de nouvelles configurations. Il cherchait sa voie, qu'il avait ouverte une année plus tôt, en septembre 1929, quand, aux confins de la Hollande, il avait vu se dresser devant lui la silhouette d'un personnage massif, vêtu d'un imperméable et fumant la pipe, et dont il pensa qu'il pourrait s'en servir pour passer à une nouvelle étape dans sa carrière de romancier. 

Comment faut-il imaginer Simenon à ce moment-là ? Plein d'assurance, comme il savait parfois se montrer ? Confiant en sa bonne étoile et en ses capacités de bâtir un monde en romancier ? Ou au contraire plein de doutes et d'hésitations, surtout après avoir dû âprement discuter avec Fayard des conditions pour pouvoir lancer une collection policière ? 

Régine, sa femme, connaît bien son Georges, dont elle campe un portrait plein de vérité dans son livre de Souvenirs ; pour l'année 1930, elle note à propos de son mari : « En pleine forme pour livrer sa première bataille littéraire […] Il est plein de confiance et d'ambition. Tout serait parfait. Mais pourquoi est-il si nerveux et angoissé. » 

Simenon lui-même a évoqué plusieurs fois cette période, dans des interviews et dans ses textes autobiographiques. Mais en romancier, sans doute en déformant quelque peu la réalité des faits et des événements. Pour bien le « sentir » en ce mois de septembre 1930, le voir vivre cette période cruciale pour son avenir littéraire, il faudrait pouvoir lire sa correspondance de l'époque, où probablement il se livre avec le plus de vérité… Nous espérons vivement qu'un jour cette correspondance puisse être publiée (nous savons à quel point c'est un travail de longue haleine), non pas pour nous en emparer en voyeurs, mais parce qu'elle nous permettrait de mieux cerner l'homme et le romancier… 

 

Murielle Wenger