martedì 17 novembre 2020

SIMENON SIMENON. L'IMPELLENZA DI RACCONTARE...

 Simenon Story 

L'IMPELLENZA DI RACCONTARE...

Il mestiere dello scrittore e il bisogno di raccontare storie e raccontare sé stesso

SIMENON SIMENON. LE BESOIN IMPERIEUX DE RACONTER...
Le métier de l'écrivain et le besoin de raconter des histoires et de se raconter lui-même
SIMENON SIMENON. THE COMPELLING NEED TO RECOUNT…
The writer’s occupation and need to tell stories and talk about himself



18 ottobre 2017 - Raccontare e raccontarsi. Questo in sintesi il bisogno di quasi tutti gli scrittori, che in genere, narrano delle storie ma poi finiscono (chi più chi menoanche per raccontare sé stessi. Nel titolo, riferendoci a Simenon, abbiamo definito quello suo "un'impellenza", cioè un bisogno urgente non solo testimoniato dalla mole di romanzi, novelle, romanzi brevi che ci ha lasciato, non solo per il ritmo con cui scriveva, ma anche perché, ricordiamolo, il primo scritto Au pont des Arches, in forma di romanzo, Simenon lo terminò a soli diciassette anni, quand'era ancora a Liegi. Era il 1920 e l'anno dopo fu dato alle stampe a spese dello stesso autore (ma sembra che avesse trovato circa trecento acquirenti prima di stamparlo). 
Come sappiamo tutti l'arco della sua attività di romanziere si esaurisce nel 1972 con Monsieur Charles, un'inchiesta del commissario Maigret. Fanno 52 anni di attività, certo con qualche pausa, soprattutto agli inizi con alti e bassi, ma con una produzione che ci racconta molto di lui. Al di là di quelli che vengono identificati come i romanzi specificamente autobiografici, come ad esempio Pedigree, Quand j'étais vieux, per non parlare di Lettre à ma mère o di Mémoires Intimes... nei suo romanzi troviamo sempre dei riflessi delle sue esperienze. Che siano viaggi esotici, che siano stressanti situazioni familiari, che siano sue esperienze sentimentali e sessuali, che siano persone, ognuna di queste trova posto nei romanzi e, se si conosce un po' la biografia di Simenon, non è difficile leggere tra le righe anche le sue convinzioni, il suo modo di essere, le sue propensioni, le sue paure e le sue aspirazioni. 
D'altronde pure quando scrive i Maigret, i ricordi dell'infanzia, le tracce di una gioventù lontana, hanno un'eco di un certo rilievo. 
Il bisogno di raccontarsi lo ritroviamo non solo nella sua letteratura, ma ad esempio nella sua buona disposizione a farsi intervistare. E sono interviste  sincere,  Simenon non gioca a mascherarsi, non crea un personaggio da dare in pasto ai media. Abbiamo detto più volte che aveva un'innata capacità di intuire qual era il modo migliore per vendere i propri titoli, come lanciare un personaggio, inconsapevolmente fece ante-litteram il marketing di sé stesso. Ma questo non intacca la spontaneità e la disponibilità di mettersi a nudo... a volta addirittura "...sur le gril". Ci riferiamo alla famosa intervista cui si sottopose nel '68 con cinque medici e psicologi di Medicine et  Hygiène che lo tennero per un certo lasso di tempo per quella che, più che un'intervista, potremmo definire una seduta psicanalitica.
Anche in quella occasione, almeno a detta dei medici, Simenon fu quasi del tutto sincero, di fronte a domande che scavavano nel profondo e che avrebbero potuto far scattare delle barriere di difesa. Invece il romanziere si lasciò andare, forse per raccontarsi meglio ai propri lettori, tramite le domande di quegli specialisti, che magari sperava avrebbero tirato fuori delle cose che nemmeno lui stesso avrebbe saputo esternare.
E ancora. C'é la questione delle fotografie. Simenon è stato ritratto in quasi tutte le età, nei più disparati contesti, in compagnia dei familiari, delle persone più, vicine, e quelle frequentate professionalmente. E non solo. Anche diversi eventi importanti per la sua vita sono stati immortalati dall'obbiettivo. Se le mettessimo tutte in file, ordinate cronologicamente, queste istantanee costituirebbero un'altro romanzo autobiografico, costruito senza parole, ma non per questo meno efficace delle sue migliori performance letterarie.  
E ancora nel '75 iniziò a raccontarsi registrando ad un magnetofono. Non erano storie, ma pensieri  sparsi, riferiti a lui, alle persone che aveva conosciuto, riflessioni su fatti del presente e ricordi di quelli del passato (poi rilegati in libri da Presses de la Cité e intitolati "Dictées")... un racconto di sè che andò avanti fino al 1979 per un totale di una ventina di volumi.
E poi non sarà davvero un caso che questa sua impellenza di raccontarsi generasse l'ultima sua opera che fu davvero la più biografica e la più estesa raccolta di ricordi che il romanziere avesse mai scritto: Mémoires intimes. (m.t.)

lunedì 16 novembre 2020

SIMENON SIMENON. JULES SIMENON ET GEORGES MAIGRET

 post storici / billets historiques / historical posts 

JULES SIMENON ET GEORGES MAIGRET

Evocation des rapports entre le romancier et son personnage 

SIMENON SIMENON. JULES SIMENON E GEORGES MAIGRET 
Evocazione del rapporto tra lo scrittore e il suo personaggio  
SIMENON SIMENON. JULES SIMENON AND GEORGES MAIGRET 
Evocation of the relationship between the novelist and his character 

13 maggio 2017 - Simenon l'a dit et répété à plusieurs reprises: il n'était pas Maigret, et Maigret n'était pas Simenon...
Cependant, on peut trouver des rapports entre le créateur et sa créature, des rapports qui dépassent ceux d'une simple relation d'un auteur à l'un de ses personnages.
Simenon, sans aucun doute, ne se prenait pas pour Maigret; il lui a donné des habitudes, un mode de vie, un caractère, qui étaient bien loin des siensmais il l'a aussi doté, au fil du temps, dparticularités qui l'ont petit à petit rapproché de lui-même. Car c'est cela qui frappe le plus, lorsqu'on examine cette relation entre l'auteur et son héros: une évolution dans leurs rapports.  
Au temps des premiers romans Maigret, ceux de la période Fayard, on a affaire à un jeune romancier plein d'ambition, qui crée un personnage pour des fins en quelque sorte utilitaires: sur la voie qui doit le mener à la "vraie" littérature, Simenon a besoin d'un "meneur de jeu", un personnage qui, de par son métier de policier, a accès à toutes les couches sociales que le romancier voudrait décrire. Le roman policier lui permet aussi d'avoir un fil rouge: une enquête qu'il faut suivre jusqu'à son dénouement, avec la découverte de décors, de protagonistes que le commissaire va interroger dans leur milieu de vie.  
Dans ces années 1930 qui voient fleurir la première série de la saga maigretienne, Simenon est un auteur d'à peine trente ans qui imagine un personnage qui, lui, a dépassé la quarantaine, et il a probablement en tête la vision d'un policier avec une certaine maturité; cet écart entre l'âge du romancier et celui de son héros a pour conséquence qu'il en fait, parfois, une sorte de caricature: une silhouette massive, presque monstrueuse, "pachydermique""il avait l'air presque bovin", comme le dit Simenon dans l'interview qu'il accorde à Roger Stéphane. Ce qui, bien entendu, ne l'empêche pas de lui donner ce qui en fera sa "marque de fabrique": cette manière de s'imprégner d'une atmosphère, de se mettre dans la peau des gens"c'est un intuitif", dit encore Simenon à Roger Stéphane. 
Cette relation du jeune romancier à un héros mature ("à cette époque-là, il avait tendance à me considérer comme un homme mûr et même, au fond de lui, comme un homme déjà vieux" raconte Maigret dans ses Mémoires) va petit à petit évoluer, et une deuxième étape est franchie à l'aube des années 1950, lorsque le romancier, installé aux USA, transcende sa nostalgie parisienne et comprend que son personnage lui est devenu nécessaire, à la fois pour se replonger dans le monde de la capitale telle qu'il a connue vingt ans auparavant, et à la fois parce qu'écrire un Maigret lui est utile, aussi bien pour se "délasser" de la rédaction des romans durs, que pour aborder dans un roman policier un thème qu'il n'a pas encore réussi à cerner dans un autre roman. De plus, Simenon a rejoint l'âge de son personnage, et il en a forcément acquis un autre regard sur lui. Sa propre expérience de la vie lui a appris à voir le monde différemment qu'avec le regard de sa prime jeunesse, et il commence à doter son personnage de quelques-uns de ses propres souvenirs (voir par exemple la nouvelle Le témoignage de l'enfant de chœur, dans laquelle Simenon met en Maigret ses souvenirs de son enfance liégeoise), mais aussi de ses propres sensations, de sa propre façon "d'être au monde", d'appréhender gens et choses.  
Et le rapprochement va se faire encore plus étroit, lorsque, au lendemain de son installation en Suisse, Simenon va commencer à poser ses interrogations sur les grands thèmes qui le hantent: la responsabilité des criminels et de l'Homme en général. S'il ne fait pas de son héros son "porte-parole" à proprement parler, il n'y a pas de doute que les questionnements de Maigret sur le fonctionnement de l'appareil judiciaire, sur les limites de la folie (voir par exemple Maigret aux Assises, Une confidence de Maigret ou Maigret hésite) reflètent les questionnements de Simenon lui-même. 
Une dernière étape dans la relation entre le créateur et son héros est atteinte lorsque Simenon cesse son métier de romancier, pour égrener ses souvenirs dans ses Dictées. Il est frappant de constater que dans ses textes autobiographiques, Simenon ne parle qu'extrêmement rarement des personnages qu'il créés. A mesure qu'il avance en âge, petit à petit une coupure se fait entre lui et ses romans, mais un seul personnage reste présent à sa mémoire: c'est Maigret, qu'il évoque souvent dans ses Dictées, l'imaginant coulant une paisible retraite, qu'il compare à la sienne. Alors que les rares fois où il parle d'un autre de ses personnages, c'est pour l'évoquer dans le contexte d'un roman où il est apparu, avec Maigret, c'est différent: il en parle presque comme de quelqu'un qu'il aurait pu connaître dans la réalité, établissant des comparaisons entre son personnage et lui-même: mêmes goûts culinaires, même désir de comprendre les hommes. Dans ses Mémoires intimes, il ira jusqu'à écrire que Maigret est un "personnage qui a fini par devenir mon ami". Et il ajoute, dans une sorte de réconciliation finale avec ce personnage qu'il avait pu trouver encombrant et dont il avait essayé en vain de se débarrasser à plusieurs reprises: "Je lui dois beaucoup de reconnaissance puisque c'est grâce à lui que j'ai cessé d'être un amateur et que je suis devenu pour longtemps un romancier."  
Non, Simenon n'est pas Maigret, mais peut-être, au fil des années, a-t-il mis en lui plusieurs des choses auxquelles lui-même aspirait sans y arriver; cet éternel inquiet que fut le romancier, qui disait ne pas s'aimer lui-même, et qui tentait de se fuir en se mettant pour quelque temps dans la peau de ses personnages, n'a-t-il pas envié son commissaire, qui, en dépit des affres qu'il vivait à travers ses enquêtes souvent difficiles, avait réussi à atteindre cette "introuvable sérénité", selon le mot d'Assouline, que Simenon lui-même ne parvint jamais à rejoindre… 

Murielle Wenger 

domenica 15 novembre 2020

SIMENON SIMENON. QUAND MAIGRET S'EMBARQUE DANS UN TRAIN DE NUIT…

  Maigret raccontato da Simenon-Simenon/ Maigret raconté par Simenon-Simenon/ Maigret related by Simenon-Simenon  

QUAND MAIGRET S'EMBARQUE DANS UN TRAIN DE NUIT…

Et qu'il arrive à la maison de l'inquiétude; quelques considérations à propos de deux "proto-Maigret" 

SIMENON SIMENON. QUANDO MAIGRET SI IMBARCA IN UNO TRENO DI NOTTE… 
E arriva alla casa dell'inquietudine; alcune considerazioni a proposito di due "proto-Maigret" 
SIMENON SIMENON. WHEN MAIGRET EMBARKS ON A NIGHT TRAIN... 
And he arrives at the house of anxiety; some thoughts about two "proto-Maigrets" 


20 maggio 2017 - Avant d'écrire Pietr le Letton, premier roman "officiel" de la saga maigretienneSimenon avait déjà mis en scène son héros dans quatre romans sous pseudonymes, ceux qu'on appelle les "proto-Maigret", dans lesquels 's'ébauche la silhouette du commissaire à la pipe. Ces romans ont probablement été écrits pendant l'automne 1929, et l'ordre de rédaction présumé est le suivant: Train de nuit, La figurante, La femme rousse, La maison de l'inquiétude. Plusieurs simenologues sont d'avis que le roman écrit à Delfzijl par Simenon pourrait être Train de nuit, ou La maison de l'inquiétude, plutôt que Pietr le Letton, mais, comme nous l'avons déjà souvent écrit, en l'absence de preuves, l'énigme reste non résolue… 
Nous avons déjà parlé, dans des billets précédents, de La figurante et de La femme rousse, et aujourd'hui, nous aimerions nous pencher sur les deux autres "proto-Maigret". C'est donc dans Train de nuit qu'apparaît pour la première fois le commissaire Maigret en tant que tel. En effet, des esquisses de policiers qui lui ressemblent peu ou prou ont déjà été dessinées par Simenon dans plusieurs de ses romans populaires, mais c'est dans ce roman-ci que pour la première fois, le nom "Maigret" est associé à un commissaire de police. Il s'agit d'une arrivée "furtive", comme l'écrit Francis Lacassin, car le personnage n'apparaît qu'au chapitre 6, et encore n'est-ce que par la mention de son nom dans une coupure de journal. De plus, il appartient, non pas à la PJ parisienne, mais à la brigade mobile de Marseille. Et c'est seulement dans le troisième chapitre de la troisième partie qu'il s'anime enfin sous les yeux du lecteur, dans une très sommaire description, celle d'une "une large silhouette". Il a cependant en germe plusieurs caractéristiques de ce qui fera plus tard l'essentiel du personnage. Pour avoir davantage de détails sur ce roman, vous pouvez lire ici l'analyse que j'en avais faite. Reste que ce Train de nuit est le premier roman de Maigret publié en volume, puisque Fayard a accepté de le faire paraître, sous la signature de Christian Brulls, en septembre 1930… non comme un roman policier, mais dans la collection "Les maîtres du roman populaire", ce qui en dit long sur ce qu'est réellement le roman… Et il est peu probable que les lecteurs d'alors se soient rendus compte qu'ils découvraient pour la première fois un policier très particulier dans un livre imprimé, tant ce héros avait encore besoin d'être apprivoisé par son créateur pour devenir une créature vraiment originale… Le roman a probablement dû n'être pas considéré différemment que les autres livres parus à la même époque sous les signatures de Christian Brulls, Jean du Perry et autre Georges Sim… 
Le romancier, de son côté, peaufine sa création, retouche son tableau et lui ajoute quelques détails dans les deux romans suivants, La figurante et La femme rousse, puis il en arrive à un quatrième essai, La maison de l'inquiétude. C'est un essai quasiment transformé, tant on y trouve presque tout ce qui fait l'essence d'un roman de la saga (voir mon analyse ici: www.trussel.com/maig/mominq.htm#French). Et on peut imaginer que c'est peut-être ce roman-là que Simenon aurait présenté à Fayard lors de la fameuse entrevue racontée tant de fois par notre romancier (voir notre billet du 16 juillet 2016), ce qui expliquerait aussi les réticences de l'éditeur, et pourquoi Simenon lui-même a raconté par ailleurs que ce premier "vrai" roman avait été refusé par plusieurs éditeurs… Car il est vrai que Fayard n'a pas voulu de La maison de l'inquiétude, qui ne sera finalement publié, sous le pseudonyme de Georges Sim, qu'en 1932, et par Tallandier, dans la collection "Criminels et policiers". Ce qui n'empêche pas ce roman d'être cependant le tout premier texte dans lequel le public découvrit Maigret, puisqu'il parut, en préoriginale, dans le journal L'Œuvre, du 1er mars au 4 avril 1930. Mais qui se serait douté, alors, qu'un genre inédit de roman policier était en train de connaître sa gestation ?...  
Car c'est comme cela qu'il faut imaginer la chronologie de l'arrivée de Maigret dans le monde de la littérature: d'abord deux apparitions en feuilleton, en mars 1930 pour La maison de l'inquiétude, et en juillet de la même année pour Pietr le Letton dans Ric et Rac; puis une première publication en volume pour Train de nuit en septembre 1930. Et, pendant ce temps, Simenon est en train d'inventer de nouvelles aventures pour son héros, préparant l'entrée en force médiatique de Monsieur Gallet, décédé et Le pendu de Saint-Pholien. Mais, en cet automne 1930, le Bal anthropométrique de février 1931 est bien loin, et rien n'est encore gagné… 

Murielle Wenger