martedì 16 giugno 2020

SIMENON SIMENON. SIMENON, MAIGRET ET LE MYTHE DU MEDECIN

Quelques déclarations du romancier à propos de la médecine et la part médicale chez Maigret 

SIMENON SIMENON. SIMENON, MAIGRET E IL MITO DEL MEDICO 
Alcune dichiarazioni del romanziere sulla medicina e la parte medica in Maigret
SIMENON SIMENON. SIMENON, MAIGRET AND THE MYTH OF THE DOCTOR 
Some statements by the novelist about medicine and the medical part in Maigret


Dans sa dictée Un homme comme un autreSimenon disait : « Dans chaque ville où j’ai vécu, c’est dans un petit groupe de médecins que je me suis inséré, encore que je ne connaisse rien à la médecine. Je me suis demandé pourquoi. Je crois avoir trouvé la réponse : la plupart des médecins s’interrogent sur l’homme. » Ce sont ces interrogations sur la destinée humaine, que Simenon attribue comme qualité presque essentielle aux médecins, qui font que le romancier se sentait de l’attirance pour le monde de la médecine. Il aimait converser avec des médecins, qu’il invitait souvent chez lui, ainsi qu’il s’en souvient dans ses Mémoires intimes, à propos de l’année 1967 : « Je reprends l’habitude des « dîners » de toubibs, à peu près mensuels, que j’ai commencés depuis deux ou trois ans. J’invite cinq ou six de mes amis médecins accompagnés de leur femme. A Paris aussi, boulevard Richard-Wallace, nous réunissions le dimanche quelques médecins de nos amis […]. A Lakeville, nous avons réuni des praticiens à notre table. C’est pour moi une très vieille tradition. » 
Dans Quand j’étais vieux, Simenon écrit : « Maigret voulait être médecin. Et moi ? Je n’y ai pas pensé étant jeune. Plus tard, oui. Mais sans regret ». En 1968, le romancier était mis sur le grill par un groupe de médecins, pour une longue interview publiée dans la revue Médecine et Hygiène. Cette interview se concluait par ces mots adressés par les intervieweurs à Simenon : « C’est grâce à vous que nous avons compris ce qui pouvait se passer dans la tête d’un criminel. Mieux qu’aucun traité de psychiatrie, qu’aucune expérience vécue n’a jamais pu nous le montrer, c’est la relation Maigret-malade du médecin avec son patient que nous avons pu transposer, c’est ce qui nous permet de vous dire que le personnage du médecin dans votre œuvre, c’est Maigret. » La déclaration a, bien entendu, un petit côté flatteur, mais ce qu’on peut en retenir, c’est que ces médecins ont remarqué que Maigret, dans sa façon d’enquêter, travaille comme un « médecin des âmes », et que sa relation à un suspect ou à un coupable est bien autre chose que celle d’un policier traquant un gibier. 
Dans la même interview, Simenon expliquait que pour que Maigret puisse jouer ce rôle de « médecin des âmes », il fallait que son héros ait « une petite part d'esprit médical en lui. » Il avait donc imaginé que le commissaire, avant d’entrer dans la police, avait commencé des études de médecine, interrompues à la mort de son père. Le romancier, au fil du temps, a confié nombre de ses interrogations à son personnage, et on trouve bien des similitudes entre le créateur et sa créature. Si certaines sont plus ou moins voulues de la part de Simenon (la pipe, les goûts culinaires), une bonne part d’entre elles est sans doute inconsciente. En 1962, le romancier donnait une conférence lors d’un congrès de la fédération internationale des associations d’écrivains-médecins ; la conférence débutait par la narration de faits souvent ressassés par Simenon : les étudiants en médecine en pension chez sa mère à Liège, son rêve d’une « sorte de médecine des corps et des âmes qui ne chercherait pas seulement à dépister la maladie et à la guérir, […] mais encore à redresser les destinées accidentellement faussées. » Ceci sonne incontestablement maigretien 
Simenon a-t-il fait de Maigret un aspirant à la médecine parce que lui-même l’était aussi ? Ou s’est-il attribué après coup cette aspiration, qu’il reprend à son compte ? Nous avons mentionné plus haut cette affirmation, dans Quand j’étais vieux, qu’il n’avait pas pensé, étant jeune, à devenir médecin. Dans la conférence de 1962, Simenon dit encore : « Que serait-il arrivé si la mort de mon père n’avait pas mis fin à mes études ? Aurais-je choisi la carrière médicale ? » Grâce aux recherches menées par les biographes du romancier, on sait aujourd’hui que la mort de Désiré n’a pas été la véritable cause qui a fait que le jeune Georges a interrompu ses études… Ne mêle-t-il pas dans ses déclarations un peu de ce qu’il avait écrit à propos de Maigret ? 
Retenons cependant de cette conférence ces mots de Simenon qui devaient être sincères : « médecins et romanciers, nous avons les uns et les autres, vis-à-vis de l’homme, […] un même angle de prise de vue et nous cherchons en lui la même petite lueur de vérité. » 

Murielle Wenger 

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