martedì 31 gennaio 2017

SIMENON SIMENON. LE PICRATT A BUDAPEST

Un mini-reportage sur le tournage de "Maigret in Montmartre", quatrième épisode de la série avec Rowan Atkinson

SIMENON SIMENON. IL PICRATT A BUDAPEST
Un "mini-reportage" sulla ripresa di "Maigret a Montmartre", quarto episodio della serie con Rowan Atkinson
SIMENON SIMENON. THE PICRATT AT BUDAPEST
A "mini-report" on the set of "Maigret in Montmartre", fourth episode of the series with Rowan Atkinson



Sur le plateau de tournage, les figurants (ce sont des gens du cru) écoutent patiemment les explications des assistants de plateau (photo MW)

A gauche, l'entrée d'une cour (image google), à droite, sa transformation pour en faire l'entrée au Picratt (photo MW)


Grâce à John Simenon, j'ai eu la chance de pouvoir assister à un moment de tournage d'un épisode de la nouvelle série Maigret avec Rowan Atkinson dans le rôle du commissaire à la pipe. Je vous propose un mini-reportage sur mes impressions, avec des photos que j'ai prises sur le plateau de tournage.
Après Maigret sets a trap (Maigret tend un piège), Maigret's dead man (Maigret et son mort), Maigret at the crossroads (La nuit du carrefour), voici donc Maigret in Montmartre, une adaptation de Maigret au Picratt's, dont le tournage a débuté le 9 janvier.
Le magasin d'articles folkloriques (image google),
transformé en "cabaret bleu nuit" dans le film: voir à droite
 
  
Le tournage (sur 5 semaines) se déroule entièrement à Budapest et dans les environs, y compris pour les intérieurs. Pourquoi le choix de la Hongrie (on se rappellera peut-être que pour la série avec Bruno Crémer, une bonne partie des épisodes ont été tournés en Tchéquie) ? Outre les contraintes budgétaires, John Simenon m'a expliqué qu'on trouve en Hongrie de très bons techniciens, capables de recréer des décors et des ambiances parisiennes et campagnardes des années 1950.
L'équipe de tournage a ses bureaux à Budapest même, et pour les extérieurs, on dispose d'un "camp de base", qui s'occupe de la "logistique", et d'où l'on peut se rendre sur le plateau de tournage. En l'occurrence, le jour de ma visite, on tournait une scène de nuit, qui devait se passer devant l'entrée du Picratt. C'est dans la ville de Szentendre, située à une vingtaine de kilomètres de Budapest, que se trouve le plateau de tournage. Cette ville, réputée pour son décor, est une destination prisée des touristes, mais elle abrite aussi de nombreux artistes. C'est dans ses ruelles étroites et pavées que l'équipe de tournage s'ingénie à recréer une ambiance montmartroise. En effet, dans le roman, l'essentiel de l'action se déroule dans un périmètre délimité par quelques rues et places dont les noms sont familiers au lecteur des Maigret: la rue Fontaine, la rue Lepic, la place Blanche, la place Constantin-Pecqueur, la rue Notre-Dame de Lorette, la rue de Douai, la rue Tholozé, la rue Victor-Massé, la place du Tertre, la rue Caulaincourt.


A gauche, les escaliers qui vont servir d'escaliers 
montmartrois (image google); à droite, le même 
coin de rue, les plaques avec les noms des rues 
ont été remplacées par les noms de deux 
rues de l'action Rue Lepic 
et rue Tholozé) (photo MW)
Ainsi, les décorateurs et techniciens ont-ils investi les rues de Szentendre, et les ont-ils transformées pour en faire un décor parisien, ou du moins quelque chose qui s'en rapproche autant que possible. Ci-dessous, quelques exemples de leurs réalisations.
Après notre arrivée à l'aéroport, un chauffeur envoyé par la production (merci pour l'organisation parfaite des déplacements) nous emmène jusqu'aux bureaux où sont installées l'équipe de production, ainsi que l'équipe qui s'occupe des décors. Un accent tout particulier est mis sur ceux-ci, dans le but de recréer une ambiance d'époque aussi crédible que possible. Au milieu d'une équipe affairée à son travail, j'ai eu l'occasion d'échanger quelques mots avec une jeune Française, Jannick Guillou, qui est "Key Graphic Designer" (c'est le titre officiel de sa fonction en anglais); autrement dit, elle s'occupe de faire les recherches sur les détails des décors, de trouver des objets qui correspondent à ceux qu'on pourrait voir dans le Paris des années '50, et au besoin de les recréer de toutes pièces. Lorsqu'on regarde un téléfilm de ce genre, on ne fait pas forcément attention à tous ces détails, et c'est pourtant leur ensemble qui peut
Même les affiches sont "authentiquement
d'époque" ! (photos MW)

nous donner l'impression d'être plongé dans une telle ambiance, et on n'imagine pas forcément la somme de travail qu'il y a à l'arrière-plan, ni les difficultés qu'il y a rendre ces décors réalistes, et évocateurs ! Il faut tout vérifier, jusqu'aux moindres détails, qui doivent "faire vrai"; les noms sur les affiches, avec des titres "bien français", les menus sur les vitrines des cafés, etc… Mais j'ai pu me rendre compte, sur le plateau de tournage, à quel point ces détails sont soignés, depuis les enseignes de cabarets jusqu'aux voitures, en passant par les vitrines des cafés où sont inscrits les menus du jour.
Il fait froid, et nous arrivons sur le plateau au moment où on est en train de répéter une scène qui se passe devant le Picratt. De grands projecteurs illuminent le plateau. On transporte un matériel conséquent; la caméra, placée sur rail, avance et recule devant la scène. Cela grouille de techniciens, cameramen et perchman, figurants et assistants de plateaux, tandis que le metteur en scène (Thaddeus O’Sullivan) donne ses instructions aux
Passé le porche d'entrée qui donne accès
au Picratt, deux enseignes sur les murs
du couloir (photos MW)
 
  
deux acteurs: Rowan Atkinson (Maigret) doit échanger ses répliques avec
Simon Gregor, qui joue le rôle de la Sauterelle, l'homme qui a pour tâche de rabattre les clients au cabaret. Malgré les conditions hivernales, les figurants attendent patiemment, et ils sont d'autant plus courageux qu'ils sont revêtus de costumes d'époque, moins chauds que les doudounes dont s'emmitouflent les membres de l'équipe technique ! J'admire en particulier les figurantes, avec leurs jupes qui découvrent leurs mollets gainés de bas légers….
Pour nous réchauffer un tant soit peu, nous nous rendons dans une salle un peu plus loin, où sont installés des ordinateurs, sur lesquels on peut repasser les "rushes" de la scène qui vient d'être tournée. C'est un va-et-vient incessant, et il ne faut pas oublier qu'en plus des techniciens, il y a tout un personnel lié à l'organisation générale: des surveillants qui ferment le passage aux badauds non autorisés sur le plateau, des personnes qui s'occupent du ravitaillement, etc.
On retourne sur le plateau, où les figurants et les techniciens, quasiment transis, profitent de petites pauses pour aller se réchauffer dans un café voisin. Pendant ce temps, Rowan Atkinson et son partenaire ont repris la même scène. Rowan, impavide,
Une chouette voiture… (photo MW)

professionnel et concentré, supporte stoïquement le froid dans son costume trois-pièces, car non seulement il a dû tourner la scène plusieurs fois avec son pardessus et coiffé de son chapeau, mais il a aussi dû faire des essais sans le pardessus, juste en veston, car la scène veut qu'il soit censé sortir du Picratt's. On tourne et retourne la même scène, avec et sans les figurants; les acteurs disent et redisent leur texte, modifiant intonations, gestes, mouvements et déplacements devant la caméra. Et la scène est reprise, une fois, deux fois, plusieurs fois, tandis que Rowan essaie d'être au plus juste dans son jeu, et tout cela dans une ambiance glaciale… météorologiquement parlant, s'entend, car l'ambiance de travail, elle, est au contraire animée et très sérieuse.

Devant l'entrée du Picratt, sous le porche,
Rowan Atkinson discute de détails avec
le metteur en scène (photo MW)
Quand nous avons quitté le plateau, la scène suivante, toujours devant le Picratt, était au début
de son tournage; il faisait toujours aussi froid, même davantage, avec les heures de la nuit qui s'annonçaient, car le tournage allait se prolonger jusqu'après minuit…

En conclusion, je dirais que d'avoir assisté à ce tournage me fera probablement regarder l'épisode d'un autre œil, en pensant à tout le travail qu'il y a derrière (sans parler de ce qui a précédé: écriture du scénario, repérages des lieux, choix des acteurs, etc., et de toute la post-production), et qu'on ne soupçonne pas en voyant la scène finale, qui ne durera que quelques minutes, alors que son tournage a pris autant de temps…
J'aimerais remercier ici la production qui m'a offert le voyage jusqu'à Budapest, et tout particulièrement John Simenon qui a œuvré afin que je puisse vivre ce moment inoubliable…

Murielle Wenger

lunedì 30 gennaio 2017

SIMENON SIMENON. SEALS, PALM TREES, AND RATTLESNAKES /5

Some Travel Notes appended to "Simenon’s America by Car"

SIMENON SIMENON. DES PHOQUES, DES COCOTIERS ET DES SERPENTS A SONNETTE / 5 
Des Notes de voyage en annexe de "L’Amérique en auto de Simenon" 
SIMENON SIMENON. FOCHE, PAPPAGALLI E SERPENTI A SONAGLI /5
Da Note di viaggio a margine de "L'America in auto di Simenon"


67 years after Simenon’s rambling travelogue, a few charming, succinct but telling vignettes appeared at the end of the 2013 book edition. In order to permit inclusion in a short post, two edited and abridged translations without commentary follow: 

1) From Simenon’s 1952 The Police in Arizona 
My Dear Chief, 
Do you mind if I send you what is neither a report nor a fairy tale? Sending items to police officials, ones I permit myself to call friends, would seem stiff and formal. And what arrogance it would be to offer such things to men who live every day with the most gripping human stories! This is merely a letter addressed to you for them, a sort of unpretentious postcard, but I confess with the after-thought that, if my cross-country babbling interests or amuses them, I will do it again willingly. Today’s is just an anecdote. In Arizona, where I lived for three years, life still resembles a cowboy movie. Away from the big centers, the county sheriff is the police. You’ve seen him at the cinema: broad-brimmed hat, tight pants, leather belt decorated with two big revolvers and a row of cartridges, and don’t forget the big silver star on the left chest. 
Every sheriff has the right to call upon helpers. Like most ranchers, I’ve been one of them. It’s often a stolen car, for instance. The procedure was and still is almost invariable: the sheriff calls one of his ranchers. ‘Look out! A car’s been stolen. The man’s armed. A dangerous character.’ The rancher pins his star on his shirt, loads his Colt .45, and jumps into his car or onto his horse. 
Hence, some time and some miles across the desert. No anger. No hate. A man has broken the law. He’s become a threat. It’s a question of stopping him. 
The stolen car skids and rolls over in a ditch. You rush up to it. If he’s hurt, you take care of him and it’s rare that a pint of whisky doesn’t come out of some pocket for his benefit. ‘Take it easy. The sheriff’s on his way. An ambulance, too.’ 
Afterwards, you chat a little. You down a shot. Back on your horse or in your car. At home, the wife asks, ‘Did you get him?’ You nod ‘yes’ and tend the livestock. 
You see, my dear Chief, this isn’t a crime novel. Just a small scribbled sketch. 
Consider me your respectful and friendly servant, 
Georges Simenon 

2) From Simenon’s 1952 Two Snapshots of American Life 
“A final memory. One evening, I reached Monterey. Tired from driving, I left my car beside the sidewalk without noticing the curbstone was painted yellow. When I came back, I found a paper under my windshield wiper. A ticket? Not exactly. The pre-printed card in effect said: You are a stranger in our town (They learned this from my license plate) and we welcome you, hoping you will like it here. We suggest you visit… (Here came a listing of local tourist attractions). We inform you, however, that parking where you did is forbidden, and in the case of a recurrence, we would have to make out a ticket.’ The chief of police signed it. That was all.” 

David P Simmons.