Un mini-reportage
sur le tournage de "Maigret in Montmartre", quatrième épisode de la
série avec Rowan Atkinson
SIMENON SIMENON. IL PICRATT A BUDAPEST
Un
"mini-reportage" sulla ripresa di "Maigret a Montmartre",
quarto episodio della serie con Rowan Atkinson
SIMENON SIMENON. THE PICRATT AT BUDAPEST
A
"mini-report" on the set of "Maigret in Montmartre", fourth
episode of the series with Rowan Atkinson
Sur le plateau de tournage, les
figurants (ce sont des gens du cru) écoutent patiemment les explications des
assistants de plateau (photo MW)
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A gauche, l'entrée d'une cour
(image google), à droite, sa transformation pour en faire l'entrée au Picratt
(photo MW)
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Grâce à John
Simenon, j'ai eu la chance de pouvoir assister à un moment de tournage d'un
épisode de la nouvelle série Maigret avec Rowan Atkinson dans le rôle du
commissaire à la pipe. Je vous propose un mini-reportage sur mes impressions,
avec des photos que j'ai prises sur le plateau de tournage.
Après Maigret sets a trap (Maigret tend un piège), Maigret's dead man (Maigret et son mort), Maigret at the crossroads (La
nuit du carrefour), voici donc Maigret
in Montmartre, une adaptation de Maigret
au Picratt's, dont le tournage a débuté le 9 janvier.
Le
magasin d'articles folkloriques (image google), transformé en "cabaret bleu nuit" dans le film: voir à droite |
Le tournage (sur
5 semaines) se déroule entièrement à Budapest et dans les environs, y compris
pour les intérieurs. Pourquoi le choix de la Hongrie (on se rappellera
peut-être que pour la série avec Bruno Crémer, une bonne partie des épisodes
ont été tournés en Tchéquie) ? Outre les contraintes budgétaires, John Simenon
m'a expliqué qu'on trouve en Hongrie de très bons techniciens, capables de
recréer des décors et des ambiances parisiennes et campagnardes des années
1950.
L'équipe de
tournage a ses bureaux à Budapest même, et pour les extérieurs, on dispose d'un
"camp de base", qui s'occupe de la "logistique", et d'où
l'on peut se rendre sur le plateau de tournage. En l'occurrence, le jour de ma
visite, on tournait une scène de nuit, qui devait se passer devant l'entrée du Picratt.
C'est dans la ville de Szentendre, située à une vingtaine de kilomètres de
Budapest, que se trouve le plateau de tournage. Cette ville, réputée pour son
décor, est une destination prisée des touristes, mais elle abrite aussi de
nombreux artistes. C'est dans ses ruelles étroites et pavées que l'équipe de
tournage s'ingénie à recréer une ambiance montmartroise. En effet, dans le
roman, l'essentiel de l'action se déroule dans un périmètre délimité par
quelques rues et places dont les noms sont familiers au lecteur des Maigret: la rue Fontaine, la rue Lepic, la
place Blanche, la place Constantin-Pecqueur, la rue Notre-Dame de Lorette, la
rue de Douai, la rue Tholozé, la rue Victor-Massé, la place du Tertre, la rue
Caulaincourt.
Ainsi, les
décorateurs et techniciens ont-ils investi les rues de Szentendre, et les ont-ils
transformées pour en faire un décor parisien, ou du moins quelque chose qui
s'en rapproche autant que possible. Ci-dessous, quelques exemples de leurs
réalisations.
Après notre arrivée à l'aéroport, un chauffeur envoyé par la production (merci pour l'organisation parfaite des déplacements) nous emmène jusqu'aux bureaux où sont installées l'équipe de production, ainsi que l'équipe qui s'occupe des décors. Un accent tout particulier est mis sur ceux-ci, dans le but de recréer une
ambiance d'époque aussi crédible que possible. Au milieu d'une équipe affairée
à son travail, j'ai eu l'occasion d'échanger quelques mots avec une jeune
Française, Jannick Guillou, qui est "Key Graphic
Designer" (c'est le titre officiel de sa fonction en anglais); autrement
dit, elle s'occupe de faire les recherches sur les détails des décors, de
trouver des objets qui correspondent à ceux qu'on pourrait voir dans le Paris
des années '50, et au besoin de les recréer de toutes pièces. Lorsqu'on regarde
un téléfilm de ce genre, on ne fait pas forcément attention à tous ces détails,
et c'est pourtant leur ensemble qui peut
nous donner l'impression d'être plongé
dans une telle ambiance, et on n'imagine pas forcément la somme de travail
qu'il y a à l'arrière-plan, ni les difficultés qu'il y a rendre ces décors
réalistes, et évocateurs ! Il faut tout vérifier, jusqu'aux moindres détails,
qui doivent "faire vrai"; les noms sur les affiches, avec des titres
"bien français", les menus sur les vitrines des cafés, etc… Mais j'ai
pu me rendre compte, sur le plateau de tournage, à quel point ces détails sont
soignés, depuis les enseignes de cabarets jusqu'aux voitures, en passant par
les vitrines des cafés où sont inscrits les menus du jour.
Même les affiches sont "authentiquement d'époque" ! (photos MW) |
Il fait froid, et
nous arrivons sur le plateau au moment où on est en train de répéter une scène
qui se passe devant le Picratt. De grands projecteurs illuminent le plateau. On
transporte un matériel conséquent; la caméra, placée sur rail, avance et recule
devant la scène. Cela grouille de techniciens, cameramen et perchman, figurants
et assistants de plateaux, tandis que le metteur en scène (Thaddeus O’Sullivan)
donne ses instructions aux
deux acteurs: Rowan Atkinson (Maigret) doit échanger
ses répliques avec Simon Gregor, qui joue le rôle de la
Sauterelle, l'homme qui a pour tâche de rabattre les clients au cabaret. Malgré
les conditions hivernales, les figurants attendent patiemment, et ils sont
d'autant plus courageux qu'ils sont revêtus de costumes d'époque, moins chauds
que les doudounes dont s'emmitouflent les membres de l'équipe technique !
J'admire en particulier les figurantes, avec leurs jupes qui découvrent leurs
mollets gainés de bas légers….
Passé
le porche d'entrée qui donne accès au Picratt, deux enseignes sur les murs du couloir (photos MW) |
Pour nous
réchauffer un tant soit peu, nous nous rendons dans une salle un peu plus loin,
où sont installés des ordinateurs, sur lesquels on peut repasser les
"rushes" de la scène qui vient d'être tournée. C'est un va-et-vient
incessant, et il ne faut pas oublier qu'en plus des techniciens, il y a tout un
personnel lié à l'organisation générale: des surveillants qui ferment le
passage aux badauds non autorisés sur le plateau, des personnes qui s'occupent
du ravitaillement, etc.
On retourne sur le
plateau, où les figurants et les techniciens, quasiment transis, profitent de
petites pauses pour aller se réchauffer dans un café voisin. Pendant ce temps,
Rowan Atkinson et son partenaire ont repris la même scène. Rowan, impavide,
professionnel et concentré, supporte stoïquement le froid dans son costume
trois-pièces, car non seulement il a dû tourner la scène plusieurs fois avec son
pardessus et coiffé de son chapeau, mais il a aussi dû faire des essais sans le
pardessus, juste en veston, car la scène veut qu'il soit censé sortir du
Picratt's. On
tourne et retourne la même scène, avec et sans les figurants; les acteurs
disent et redisent leur texte, modifiant intonations, gestes, mouvements et
déplacements devant la caméra. Et la scène est reprise, une fois, deux fois,
plusieurs fois, tandis que Rowan essaie d'être au plus juste
dans son jeu, et tout cela dans une ambiance glaciale… météorologiquement
parlant, s'entend, car l'ambiance de travail, elle, est au contraire animée et
très sérieuse.
Une chouette voiture… (photo MW) |
Devant l'entrée du Picratt, sous le porche, Rowan Atkinson discute de détails avec le metteur en scène (photo MW) |
de son tournage; il faisait toujours aussi froid, même davantage, avec les heures de la nuit qui s'annonçaient, car le tournage allait se prolonger jusqu'après minuit…
En conclusion, je
dirais que d'avoir assisté à ce tournage me fera probablement regarder
l'épisode d'un autre œil, en pensant à tout le travail qu'il y a derrière (sans
parler de ce qui a précédé: écriture du scénario, repérages des lieux, choix
des acteurs, etc., et de toute la post-production), et qu'on ne soupçonne pas
en voyant la scène finale, qui ne durera que quelques minutes, alors que son
tournage a pris autant de temps…
J'aimerais
remercier ici la production qui m'a offert le voyage jusqu'à Budapest, et tout
particulièrement John Simenon qui a œuvré afin que je puisse vivre ce moment
inoubliable…
Murielle Wenger