sabato 10 novembre 2018

SIMENON SIMENON, "LA PATIENCE DE MAIGRET", ENTRE HUMOUR ET TRAGEDIE

Quelques données sur le contexte de rédaction du roman, et petite comparaison entre le texte et ses adaptations à la télévision 

SIMENON SIMENON. "LA PAZIENZA DI MAIGRET", TRA UMORISMO E TRAGEDIA 
Alcuni dati sul contesto di scrittura del romanzo, e un piccolo confronto tra il testo e i suoi adattamenti in televisione 
SIMENON SIMENON. "MAIGRET'S PATIENCE", BETWEEN HUMOR AND TRAGEDY 
Some data on the writing context of the novel, and a small comparison between the text and its adaptations on television 


Lorsque Simenon mit un point final au roman Maigret se défendcertains personnages semblaient avoir été laissés en plan, sans que l'on sache ce qu'il advenait d'eux. Nous voulons parler de Manuel Palmari et Aline Bauche. Cependant, le romancier laissait entendre, dans les dernières lignes du texte, que l'enquête de Maigret pourrait peut-être trouver une suite dans un autre roman. Il est tout à fait inhabituel de retrouver d'un roman à l'autre de la saga maigretienne les mêmes personnages, exception faite naturellement des protagonistes habituels de l'univers du commissairesa femme, ses collaborateurs et ses amis proches. Le diptyque que forment Maigret se défend et La Patience de Maigret est donc un fait exceptionnel.  
Mais La Patience de Maigret a encore un autre aspect inaccoutumé. En effet, Simenon dut interrompre la rédaction de ce roman parce qu'il se retrouva alité par une grippe. En principe, ainsi qu'il l'expliquait à André Parinaud, si une interruption intervenait au cours de l'écriture, le romancier abandonnait son texte, et il ne pouvait que «jeter le manuscrit au panier et ne jamais reprendre le sujet.» Cela lui était arrivé quelquefois. Or, ici, rien de tel. Simenon commença d'écrire La Patience de Maigret le 25 février 1965, continua jusqu'au 1er mars, puis il dut «interrompre au cinquième chapitre. C'est le seul de mes romans que j'ai pu continuer et achever après une cassure de quelques jours», raconte-t-il dans ses Mémoires intimes. Il reprit et termina son roman du 8 au 9 mars.  
Nous ne savons pas où en était Simenon, lorsqu'il s'interrompit au cinquième chapitre (il faudrait pour cela consulter le manuscrit, qui doit bien donner quelque indication…), mais on peut constater combien le ton du roman change justement entre le cinquième et le sixième chapitre. Jusque-là, on avait eu affaire à une histoire racontée sur un ton plutôt gai (mise à part le meurtre de Palmari), avec des notations parfois pleines d'humour (voir la concierge de l'immeuble, la visite des locataires, ou le déjeuner avec le juge Ancelin); la tonalité devient dramatique au chapitre 5dès qu'apparaissent les réflexions de Maigret sur la peur, puis vont suivre la découverte du meurtre de Claes, le récit du bombardement de Douai, et enfin le «combat de fauves» entre Aline et Barillard. 
Il est intéressant de voir comment les adaptations télévisées qui en ont été faites prennent en compte ce double mode. On peut confronter quatre versions: l'italienne avec Gino Cervi, les deux françaises avec Jean Richard et Bruno Crémer, et l'anglaise avec Michael Gambon. Premier point à remarquer: dans les séries italienne et anglaise, l'épisode adapté de La Patience de Maigret a été tourné avant celui de Maigret se défend, ce qui nécessite une modification dans le scénariocar les spectateurs ayant assisté à la mort de Palmari dans La Patience de Maigret auraient pu s'étonner de retrouver celui-ci quelques épisodes plus tard dans Maigret se défend. Ce qui a obligé les scénaristes à inventer, pour Maigret se défendune «histoire parallèle», dans laquelle le couple Manuel-Aline est remplacé par un autre couple, qui fait toujours partie du Milieu, mais qui n'est plus lié à l'histoire des vols de bijoux. Le personnage qui remplace Palmari n'est plus un infirme en chaise roulante. Tandis que les deux versions françaises font de cet épisode une suite de Maigret se défend, avec reprise des mêmes acteurs pour les principaux protagonistes. Cependant, de même que les deux romans peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre, de même les épisodes adaptés de La Patience de Maigret peuvent être regardés sans tenir compte de ceux adaptés de Maigret se défend 
Dans la mesure où le changement de ton intervient en cours de roman, les scènes dramatiques apparaissent dans la deuxième partie, ce qui permet de présenter, dans l'épisode, une montée en puissance vers le drame, une bonne façon de tenir en haleine le téléspectateur… Les quatre versions vont donc proposer une première partie qui privilégie les aspects plus légers, puis une seconde partie qui est beaucoup plus sérieuse. Le ton général des épisodes, jusqu'au basculement vers le drame, présente de nombreuses touches d'humour, et c'est particulièrement le cas pour l'épisode avec Jean Richard et celui avec Michael Gambon. L'épisode avec Gino Cervi commence aussi sur un ton léger, garde quelques touches d'humour, mais la fin est plus dramatique, contrairement aux deux précédents, qui se terminent sur une note plus légère. L'épisode avec Bruno Crémer est, dans son ensemble, nettement plus sombre, et on a gardé beaucoup moins de touches d'humour.  
D'autres points de comparaison sur le traitement de l'intrigue pourraient être relevés (par exemple, la façon dont est présenté le récit du bombardement de Douai, ou la description de la relation qui s'établit entre Maigret et Aline), mais nous nous en tiendrons là pour respecter les normes de longueur en vigueur sur ce blog… 

Murielle Wenger

venerdì 9 novembre 2018

SIMENON SIMENON. L'AUTORE FECE FARE A MAIGRET "IL GRAN RIFIUTO".

Un personaggio che rifiuta addirittura il ruolo di Direttore della Polizia Giudiziaria. E' verosimile ?

SIMENON SIMENON. L'AUTEUR FAIT FAIRE À MAIGRET "LE GRAND REFUS"
Un personnage qui va jusqu'à refuser le poste de Directeur de la Police judiciaire, est-ce vraisemblable ?
SIMENON SIMENON. THE AUTHOR HAS MAIGRET MAKE “THE GREAT REFUSAL”
A character who goes so far as to refuse the post as Director of the Judicial Police. Is this credible?



"Colui che fece per viltade il gran rifiuto". I lettori ci perdoneranno la citazione dotta.... addirittura dalla Divina Commedia, quando Dante Alighieri incontra papa Celestino V che appunto rifiutò il papato dopo due mesi e mezzo dall'investitura. 
Qui chi dice "no" è il commissario Maigret. Succede nell'ultimo titolo della serie, Maigret et monsieur Charles, uscito nel 1972. Simenon ci racconta che il commissario è ormai a tre anni dalla pensione (ma a causa dell'inesistente cronologia dei titoli della serie, questo avviene spesso). Bene,  Simenon spiega il perché  di questo rifiuto:
 "...teme di finire la propria carriera dietro ad una scrivania, chiuso in un ufficio - argomenta Simenon nel romanzoMaigret aveva bisogno di contatti, che gli procuravano le sue inchieste e per le quali spesso lo avevano rimproverato di non dirigerle dal suo ufficio, ma di parteciparvi attivamente, accollandosi compiti che abitualmente sarebbero stati di competenza dei suoi ispettori...".
E fin qui non fa una grinza, combacia perfettamente con il personaggio che Simenon aveva costruito. Non amava la notorietà che derivava dalle prime pagine che i giornali quotidiani riservavano alle sue indagini più clamorose. Gli dava un po' fastidio quando in giro per un'indagine lo riconoscevano e lo additavano. E soprattutto amava la sua libertà,  entrare e uscire dal suo ufficio, di disporre a piacimento dei suoi ispettori, ma soprattutto essere lontano dai lavori d'ufficio e dalle noiose ed estenuanti riunioni dove non partecipavano solo gli alti funzionari della polizia, ma a volte addirittura i politici.... per lui sarebbe stato davvero troppo.
"...aveva bisogno di scappare dal suo ufficio - scrive ancora Simenon - di respirare l'aria aperta, di scoprire ad ogni inchiesta dei mondi differenti. Aveva bisogno dei bistrot, dove gli capitava spesso di trovarsi, davanti ad un bancone di zinco, bevendo un mezzo bianco, o un calvados a seconda dei casi...." .
E' il commissario cui ci ha abituato Simenon, quello che teme di entrare nelle "alte sfere", che non ama i ricevimenti, che evita le cerimonie ufficiali, cose cui come  Direttore della Polizia Giudiziaria non avrebbe potuto sottrarsi. La sua vita era sulla strada, a contatto con la gente semplice, concedendosi, mentre indagava, non solo di dare una sniffatina agli odori che venivano dalla cucina di una appartamento o di una portineria, ma di andare a vedere quello che bolliva in pentola, azzardandosi talvolta a sbirciare sotto i coperchi. Ma già questo non si confaceva ad un Commissario Divisionale della Brigata Omicidi di Parigi, figuriamoci se fosse stato nominato Direttore! Figurarsi, gli piaceva prendere l'autobus con la piattaforma aperta e farsi un bella pipata... E le rimpatriate con i suoi ispettori alla Brasserie Dauphine... addio anche a quelle? 
Il no di Maigret è assolutamente in linea con il personaggio. Certo sarebbe andato in pensione come Direttore, certamente con una retribuzione che forse gli avrebbe consentito di permettersi più della sua casetta a Meung-sur-Loire.
Ma siamo sicuri che non ci avrebbe rinunciato per nulla al mondo. Sua moglie e lui se l'erano preparata da tempo e già la usavano mentre Maigret era ancora in servizio, nei weekend, d'estate... No. Non da co punto di vista c'erano vantaggi ad accettare quella pur prestigiosa carica... e poi sarebbe in qualche modo passato dalla parte di Comelieu, un salto della barricata che non avrebbe fatto neanche con un pistola puntata alla testa. (m.t.) 

giovedì 8 novembre 2018

SIMENON SIMENON. IS THERE JUSTICE AT THE END OF THE INVESTIGATION?

Does Maigret act as an auxiliary to the judicial system, or as an avenger? 

SIMENON SIMENON. ALLA FINE DELL'INCHIESTA, C'È GIUSTIZIA? 
Maigret agisce come ausiliario del sistema giudiziario o come vendicatore? 
SIMENON SIMENON. A LA FIN DE L'ENQUETE, LA JUSTICE ? 
Maigret agit-il en auxiliaire du système judiciaire, ou en justicier ?

Maigret's role, as a policeman, is first of all an investigator's role, seeking for the truth. Yet his job has to lead to the arrest of a culprit and his condemnation by the justice of men. This last part of the Chief Inspector's task is for him the most unpleasant side, and that's why we can often find cases in the saga where he tries to divert the situation so that this last act of condemnation doesn't take place. And when he can't avoid it, he's often very uncomfortable with this obligation to deliver a culprit to justice. 
There are several novels in which Maigret – and Simenon too… – finds a way to avoid the culprit's condemnation; for example, the novels in which the culprit does justice himself by committing suicide: Any in A Crime in HollandJean-Charles Gaillard in Maigret Loses his Temper, or Ernest Grandmaison in The Misty HarbourThere are also culprits who find a kind of redemption in death, such as Darchambaux in The Carter of La Providence, whose death avoids Maigret to bring before the court a man for whom he felt much compassion. 
Sometimes Maigret goes even further: after having obtained a confession, and thus discovered the truth in search of which he has persevered, he lets the culprits continue their life without delivering them to justice we can think of the " compagnons de l'Apocalypse" in The Hanged Man of Saint-Pholien, Anna Peeters in The Flemish House or Jaja in Liberty Bar. 
In most of the novels, however, Maigret will have to lead his investigation to the end, and deliver the culprit into the judges' hands. The Chief Inspector cannot escape this part of his work, and he has to perform, even reluctantly, his duty as a policeman, and complete the work for which he was commissioned as a performer of the law. All along his investigation, Maigret suffered the same torments as the suspect did, he identified with him, and when he convinced him to confess, it was in a way to set him free from himself, and not to deliver him to a justice to which the Chief Inspector can hardly believe himself... We can note that the more we advance in the saga, the more Maigret is reluctant in front of justice, of courts, and thus he's his creator's spokesman… 
We can however find some cases where Maigret doesn't seem to feel reluctant to condemnation: it's when he has to do with "crooks" or hired killers, "last minute culprits" in the novel, such as Guido Ferrari in The Night at the Crossroads or Justin from Toulon in Signed, Picpus. Sometimes Maigret delivers a culprit to justice while feeling a sense of achievement: these are cases where the culprit committed a sordid crime, often by financial interest, and in those cases the Chief Inspector felt empathy not for the culprit, but for the victim or a presumed guilty who turned out to be innocent; we can cite Ramuel in The Cellars of the Majestic, Dandurand in Cecile is DeadValentine Besson in Maigret and the Old Lady, Mme Serre in Maigret and the Tall Woman 
But in a large part of the cases for which Maigret went to the end of his duty, he made it with much hesitation and scruples, and sometimes with the hope that the culprit would not be condemned. We can think of James in The Two-Penny Bar, where the Chief Inspector, after heaving heard the culprit's pathetic confession, literally fled to join the consoling Mme Maigret in Alsace; of Julien Foucrier in Maigret Takes a Room, whom Maigret arrested because "he had to", as he said; or of Louis Pélardeau in Maigret in Vichy, for whose acquittal Maigret hoped 
Constrained by necessity to carry out his investigation to a term which, to be contrary to his moral principles, is nonetheless rendered indispensable by his judicial function, Maigret is sometimes forced to pose as an avenger, and his professional conscience doesn't prevent him to feel scruples, which makes him much more humane to us than many other paper heroes ... 

by Simenon-Simenon