martedì 13 giugno 2017

SIMENON SIMENON. DEUX ANS EN ARIZONA

Vivre et écrire à Tucson et à Tumacacori 

SIMENON SIMENON. DUE ANNI IN ARIZONA 
Vivere e scrivere a Tucson e a Tumacacori 
SIMENON SIMENON. TWO YEARS IN ARIZONA 
Living and writing in Tucson and Tumacacori 


Septembre 1947. Après la Floride, l'Arizona. Simenon vient de traverser, en voiture, l'Amérique d'est en ouest. Le voici arrivé au pays des cow-boys, pour un séjour qui durera deux ans, en trois étapes: de septembre 1947 à mai 1948, il habite à Tucson; de juin 1948 à mai 1949, il s'installe à Tumacacori; et de juin 1949 à octobre 1949, il revient à Tucson. Il va écrire, au cours de ces deux années, onze romans (dont cinq Maigret) et une nouvelle.  
Cet Ouest mythique, Simenon va l'apprivoiser, se couler dans le monde du western comme il sait s'intégrer dans un nouveau milieu, se comporter en rancher comme ailleurs il s'est fait fermier, mais tout en gardant cette distance du regard du romancier, qui amasse dans sa mémoire des décors qui lui resserviront dans de futurs romans. Pleinement ancré dans le paysage, mais jamais définitivement, parce que soumis à cette fuite éternelle qui le fait quitter, à plus ou moins longue échéance, un endroit où il avait construit son nid… 
La première demeure, à Tucson, est une "hacienda", une vaste maison sans étage, aux murs blancs, où le romancier s'installe avec plaisiril loge avec Denyse et Marc, et vont bientôt les rejoindre Tigy et Boule. La cohabitation ne va pas sans heurts, et Simenon se réfugie dans l'écriture. Et, contrairement à ce qui est son habitude, le premier roman qu'il écrit, La Jument Perdue, voit son action se dérouler sur les lieux mêmes de la rédaction. Pour le roman suivant, il va retrouver son héros commissaire, à qui il offre des Vacances, dernière étape avant la remise en activité "officielle" dans Maigret et son mort, prochain roman rédigé à Tucson, après avoir écrit une nouvelle, Le petit restaurant des Ternes, un "conte de Noël pour grandes personnes", dans lequel on rencontre l'inspecteur Lognon.
En mars 1948, le dernier roman écrit à Tucson est l'un des plus importants dans l'œuvre simenonienne, La neige était saleAu mois de juin, c'est le départ pour Tumacacori, à deux pas du Mexique. Cette fois, on loue deux maisons, l'une pour Tigy, Marc et Boule, et l'autre pour Georges et Denyse. Entre deux virées à cheval, le romancier s'est remis à écrire. Son premier roman, Le fond de la bouteilledont l'intrigue se déroule à Tumacacori même, raconte l'histoire de deux frères, dont l'un se sacrifie pour l'autre. L'ombre de Christian, dont Simenon a appris la mort quelques mois plus tôt, plane sur le texte… 
Mais Tumacacori verra aussi l'écriture de romans moins noirs. A côté d'un roman dur, Les fantômes du chapelierdont l'action se déroule dans un lieu cher au romancier, La Rochelle, verront le jour La première enquête de Maigret et Mon ami Maigret. En effet, Simenon a compris qu'avec le retour de son commissaire sur la scène parisienne, il devait l'ancrer encore davantage dans une réalité biographique, et non seulement le doter de souvenirs d'enfance comme il l'avait fait dans L'affaire Saint-Fiacre, mais encore raconter ses premières armes dans la police. Puis, rien de tel que de lui offrir un séjour dans un autre endroit apprécié du romancier, à Porquerolles. On a un peu l'impression que le romancier, depuis sa lointaine Amérique, passe en revue tous les lieux du Vieux Continent où il a laissé des souvenirs…  
Le séjour à Tumacacori s'achève déjà. Simenon y a aimé le désert de sable et les cactus, les virées canailles à Nogalès; mais Tumacacori a aussi abrité des querelles entre Tigy et lui. L'harmonie dont il rêvait entre ses trois femmes est bien loin d'être une réalité… Et puis, comme l'écrit Michel Carly (dans son ouvrage Sur les routes américaines avec Simenon), "la donne a changé". En effet, Denyse est enceinte, et la situation se complique, en particulier pour Tigy. Le divorce est évoqué. Tigy part avec Boule pour la Californie. Georges et Denyse retournent à Tucson.  
En juillet, Simenon écrit deux romans, d'abord Les quatre jours du pauvre homme, roman qui se passe à Paris, puis, après avoir assisté à un procès à Tucson, l'idée lui vient d'y faire assister à son tour son commissaire: Maigret va donc se rendre chez le coroner. Le prétexte ? Le commissaire fait un "voyage d'études" aux USA. Derrière l'anecdote du procès, Simenon, comme l'écrit encore Carly, en profite pour "décaper le vernis de la société américaine".  
La fin du séjour à Tucson est marquée par deux événements; l'un malheureux: la condamnation du romancier, à Paris, par le Comité d'épuration des gens de lettres, suite à ses activités, pendant la guerre, avec la société cinématographique Continental; l'autre heureux: la naissance, le 29 septembre, de John, son deuxième fils; un mois plus tard, il signe un roman dont le sujet n'a rien à voir avec cette nouvelle paternité, mais dont le titre est bien symbolique: Un nouveau dans la ville…  
Entre temps, Tigy a trouvé un nouvel endroit pour s'installer: Carmel, en Californie. Simenon doit la rejoindre. Si ce n'est pas lui qui a choisi ce nouveau port, il le rejoint quand même sans trop de réticences: d'abord parce qu'il veut être auprès de son autre fils, Marc; mais aussi parce que la Californie, c'est la proximité de Hollywood: le mirage cinématographique est aussi une cible pour le romancier dans sa bataille américaine… 

Murielle Wenger 

lunedì 12 giugno 2017

SIMENON SIMENON. A SWITCH IN STYLE

On how the writing in "The Little Saint" differs from some other works 

SIMENON SIMENON.  UN CHANGEMENT DE STYLE 
Comment l’écriture dans "Le Petit Saint" diffère de celle d’autres œuvres 
SIMENON SIMENON. UN CAMBIAMENTO DI STILE
Come la scrittura ne "L'Angioletto" é diverso da quello di altre opere

Although Simenon wrote The Little Saint in his typical time frame (nine days), his writing style is atypical. I visualize the author exercising his pencil (not his typewriter in this case), in a desire to showcase an ability to write a prose poem. This might explain whyas biographer Fenton Bressler attests, it was Simenon’s favorite book.
The writer’s descriptions of scenes, objects, and people are impressive. They are mostly light and bright. “The sun was aloftThe windowpanes were shining. The pinks were pinker, the reds redder, the blues bluer.” And “one got used to the new gas lighting, less intimate than the oil lamp. In place of a confined circle of light surrounded by a zone of shadows, the corners of the room greeted a white brightness….”
Yet, just as the text is lyrical, it is also crude at pointsThe Little Saint and the readers have to deal with pretty shocking sexual material that other roman durs and especially the Maigrets tend to present in more oblique and muted ways. An example is the described incestuous juvenile sexual assault with “a big carrot.” And, during the Little Saint’s physical for the military draft, the talk is frankly dirty. “He will yank on your balls and if he doesn’t like you, he’ll ram his finger up your ass.” 
To be fair, when Simenon does juxtapose good and evil, the effect is often dramatic: The Little Saint’s mother lounges around nude and has intercourse in front of her children. StillGabrielle turns out to be, in fact, a pretty moral woman who does her best to care for and bring up her children properly. 
Pubic hair―reddish, blond, and black―is at once colorful and threateningFor example, the latter black version destroys the Little Saint’s first foray into intercourse. Yethis subsequent dreams, with their images of brown nipples ringed by pink areolae and long black hairs on belly and inner thighs, trigger his “very much more important” foray into the world of art. 
Later on, the Little Saint’s first successful intercourse is almost romantic. “He wondered if he was not going to like it. The penetration was an experience he had not imagined in this way, very gentle, in which he felt well-being throughout his entire body.” The penetration sounds rather harsh, but it is not really surprising since Simenon likened his first sexual experience to a circumcision. 
The Little Saint’s unwed pregnant teenage sister bluntly makes her little boy brother a sounding board as she contemplates an abortion. However, in response to her certainty that having a child would spoil her life, the incredulous Little Saint innocently asks, “Why would a child spoil your life?” 
Another example stems from the Little Saint’s transference of his sexual desires from within his head onto his paintings. After imagining a depiction of nude soldiers parading through an Arc de Triomphe looming as a large vagina atop spread legs, the moral Little Saint hesitates at first, but overcomes his shame and paints the scene. 
Isn’t odd that what is perhaps Simenon’s most poetic novel is perhaps his most explicit work? 

David P Simmons