martedì 20 giugno 2017

SIMENON SIMENON. QUAND GEORGES SIGNAIT CARAMAN

A propos de quelques reportages de Simenon écrits en 1933 

SIMENON SIMENON. QUANDO GEORGES FIRMAVA CARAMAN 
A proposito di alcuni reportage di Simenon scritti nel 1933 
SIMENON SIMENON. WHEN GEORGES WAS SIGNING CARAMAN 
About some reports written by Simenon in 1933 

Nous en avions déjà parlé dans un billet précédent (http://www.simenon-simenon.com/2016/07/simenon-simenon-la-decouverte-de-la-pj.html), l'éditeur Ferenczi fonda en 1933 le magazine Police et Reportage, sur le modèle de Détective, publié par Gallimard. Police et Reportage n'eut qu'une courte vie, puisque son premier numéro sortit en avril, et qu'il disparut à l'automne de la même année. Outre les six reportages signés Georges Caraman, pseudonyme derrière lequel oeuvrait Simenon, on publia, dans le deuxième numéro, un roman policier par Georges Sim, Nox l'insaisissable (en réalité, une réédition du roman, paru en 1926 chez Ferenczi, sous la signature Christian Brulls). Le premier reportage, L'Afrique qu'on dit mystérieuse, reprenait, sur un ton moins virulent et moins polémique que celui de L'heure du nègre paru en 1932 dans Voilàquelques mêmes idées de fond, comme le fait que le pittoresque n'existe pas, et que les images de l'Afrique qu'on peut voir au cinéma comportent bien des trucages – pour ne pas dire des tricheries – par rapport à la réalité du continent noir… Nous avons déjà parlé du troisième reportage, consacré à la Police judiciaire, et comment celui-ci a pu être utilisé par Simenon pour ses descriptions des lieux dans les Maigret. Le quatrième reportage, Cargaisons humainesdécrit les voyageurs de "quatrième classe" à bord des bateaux, émigrants ou travailleurs qu'on transporte par "troupeaux", et que le journaliste met en contraste avec le luxe des "première classe". Deux autres reportages, qui n'ont jamais paru, évoquaient, l'un la Laponie (Pays du froid) et l'autre la Turquie (Les gangsters du Bosphore). Ces textes avaient été inspirés à Simenon par ses récents voyages, celui de 1932 en Afrique, et celui de 1933 pour un tour de l'Europe. Il se servira aussi de ses impressions pour divers romans futurs, et on retrouve dans ces reportages des détails qu'on relira plus tard dans ses œuvres.  
Le deuxième reportage, Les grands palaces européens, semble, à première vue, moins receler d'éléments qu'on trouverait dans ses romans rédigés à la même époque. Cependant, à y regarder de plus près, on croit reconnaître quelques indices qui inspireront le romancier quelques années plus tard, à plus ou moins longue échéance. D'abord, on trouve dans le reportage une description du portier de palace, "un monsieur qui parle six ou sept langues", et qui préfigure le M. Louis de la nouvelle L'improbable monsieur Owen. Puis c'est un aventurier, au sourire séduisant, laveur de chèques, qui hésite entre l'Oswald Oppenheim de Pietr le Letton et le Commodore, escroc international qu'on voit traverser plusieurs récits de la saga maigretienne.  
Le début du reportage contient d'ailleurs de nombreux détails qui nous font penser que les souvenirs de Simenon, lorsqu'il écrit ce texte, remontent à une période plus ancienne que celle de ses récents voyages. En effet, le reportage s'ouvre sur une scène que le lecteur a l'impression d'avoir déjà vue lorsqu'il a lu Pietr le Letton: arrivée en Gare du Nord d'un train international, bagagistes des grands palaces, et même des policiers chargés de repérer de potentiels "clients", car, dit le texte, "on a reçu un câble de Berlin annonçant qu'un des plus célèbres escrocs internationaux s'est embarqué dans le Varsovie-Paris"… 
Toute une partie du reportage raconte l'histoire de divers clients, comme cette princesse divorcée qui a fait feu sur son amant, et on ne peut s'empêcher de penser, à lire les description de certains de ces personnages, que le romancier a gardé ces "choses vues" en réserve pour bien longtemps, car on retrouvera des ambiances semblables dans Les caves du Majestic, et bien plus tard dans Maigret voyage, lorsque le romancier, ayant connu la notoriété et la richesse, sera devenu à son tour un client de ces palaces, et par-là même encore davantage en mesure d'observer de l'intérieur cette "jet-set" qui les fréquente. 
"En un mot, que ce soit au Caire, à Belgrade, à Londres ou à Deauville, la vie doit être belle, toujours, en dépit de tout, pour la poignée d'individus de luxe que chaque matin les sleepings déposent au bout d'un quai de gare." (conclusion de Les grands palaces européens)"Combien étaient-ils, de par le monde, à aller d'un endroit à un autre, sûrs de retrouver partout la même ambiance […] Petit à petit, Maigret se sentait moins sévère à leur égard. On aurait dit qu'ils avaient peur de quelque chose, peur d'eux-mêmes, de la réalité, de la solitude. Ils tournaient en rond dans un petit nombre d'endroits, où ils étaient sûrs de recevoir les mêmes soins et les mêmes égards" (chapitre 7 dans Maigret voyage).  
On trouve, entre le reporter de 1933 et le romancier de 1957, bien des similitudes dans l'analyse de cette société, une analyse que Simenon a su affiner avec l'expérience de la vie… 

Murielle Wenger 

lunedì 19 giugno 2017

SIMENON SIMENON. WAS THE LITTLE SAINT A SIMENON WANNABE?

On why Louis, the protagonist, is not Georges, the writer

SIMENON SIMENON. LE PETIT SAINT ETAIT-IL UN PSEUDO-SIMENON ? 
Pourquoi Louis, le protagoniste, n’est pas Georges, l‘écrivain  
SIMENON SIMENON. "L'ANGIOLETTO ERA UNO PSEUDONIMO?
Perché Louis, il protagonista non é Georges , lo scrittore

Some identify autobiographical elements in The Little Saint novel. Pierre Assouline, for example, links little Louis with little Georges when he states, “Things have come full circle.” However, in my view, the Little Saint is not Little Georges (or Older Georges) by at all. Their circumstances are strongly contrasting, and the two are more different than they are alike.
Here’s a listing: Louis grows up in a Paris neighborhood “where the basic concern everyday was to find something to eat and, for those with little ones, to nourish them, but Georges grew up in Liège where survival was not a major concern. Importantly, Louis has five siblings and Georges had one. 
Louis doesn’t even try to speculate about who his father might have been. The question to him that asks, “Do you know what country your father is from? gets a simple, sad, but unequivocal response: “I don’t have one.” In contrast, Georges had a father in their home for 18 years. 
Louis and his mother love one another unconditionally. Even though he stops living with his mother eventually, the “umbilical cord had never been broken.” People call him the Little Saint as much for this filial devotion as his tendency to turn the other cheek to others. In contrast, Georges and his mother hated one another unrelentingly. This difference in mother-son bonding effectively destroys autobiographical linkage between Georges and Louis to my mind. 
And there are more differences: young Louis regularly watches open sexual promiscuity that young Georges never witnessed. The first opportunity for sexual intercourse seems akin for both, but their reactions are opposites: Georges participates and Louis flees. Georges switched schools promptly just to be with that first girl because he was so eager to do it again, but Louis “would not try that again for a long time because he was afraid of discovering he was impotent.” The grown-up Louis “often had women around him, but he connects primarily with his mother and never marriesin total contrast to the man of 10,000 women and two marriages. 
Both quit school to work, but Georges moved directly and permanently to writing whereas Louis slowly climbs up the journeyman rungs in a wholesale market until, much later on, he suddenly jumps into building himself into a ‘self-employed’ artist. One follows Louis into his 70s, but his life is never what Simenon’s was into his 80sLouis lived in just three places in just one country, but Georges’ residences numbered in the 30s in five countries. Louis ultimately sells enough paintings to be “not poor, nor rich” whereas Georges rapidly became way more than rich. 
According to his report, Simenon did want to be a homeless person. My true temptation […] was to end up homeless. So, this may have autobiographically spawned the Little Saint. At least, the author does have his character live on the edge of homelessness and eat out of trashcans for a while. Nevertheless, that afore-mentioned overriding difference, which separates the two men from birth on, persists to the end: Louis always has the mother Georges could only have wished for. 

David P Simmons