martedì 18 dicembre 2018

SIMENON SIMENON. UN MAIGRET DES TROPIQUES ?

A propos de la nouvelle de Simenon "Un crime au Gabon" 

SIMENON SIMENON. UN MAIGRET DEI TROPICI? 
A proposito del racconto di Simenon "Un crime au Gabon" 
SIMENON SIMENON. A MAIGRET OF THE TROPICS? 
About the short story "Un crime au Gabon" 


Un crime au Gabon est une nouvelle de Simenon relativement peu connue : paru initialement en 1938 dans Police-Roman, ce texte est édité, avec d’autres nouvelles exotiques, en 1944 dans le volume Signé Picpus. Il sera ensuite repris dans le tome VI des Œuvres complètes des éditions Rencontre, et enfin dans Tout Simenon, tome 24. Notons cependant qu’Un crime au Gabon a fait l’objet en 1994 d’une édition commentée destinée aux jeunes Allemands qui apprennent le français.
Voici l’argument de cette nouvelle. Dans les années trente au Gabon, M. Stil, un riche colon de Libreville, se plaint au commissaire de police local de plusieurs tentatives de meurtre sur sa personne. La réussite de M. Stil semble attirer beaucoup de jalousies et les soupçons se portent vers les colons qui lui doivent de l’argenten particulier Grand Louis, un coupeur de bois. Cependant, on raconte que la jeune épouse de M. Stil a des amants parmi les notables de Libreville : le juge d’instruction, un avocat, le docteur Chauvin … Bien des hommes de la colonie pourraient avoir envie de voir disparaître Stil …
Cette nouvelle est digne d’intérêt d’abord parce qu’elle ménage le suspense tout au long de cinq brefs chapitres. Mais au-delà de l’histoire policière assez classique, il y a les personnages et en particulier le commissaire Bédavent, qui est une sorte de Maigret colonial. L’homme est massif, fume la pipe et boit de grosses quantités de bière… Le lecteur est frappé par la douceur du commissaire, peut-être son ironie, qui s’oppose à la colère et à l’agitation de M. Stil d’abord, puis du docteur Chauvin. Celui-ci «n’avait pas trente ans. Il était mince, nerveux, avec, dans les yeux, des traces de fatigue ou de fièvre.». Nous retrouvons un type de personnage qui ressemble beaucoup au héros du Coup de lune, Joseph Timar : comme ce dernier, qui se perdra en devenant l’amant d’Adèle, Chauvin est sur la mauvaise pente et Bédavent tente de le lui faire comprendre.  
Ce qui rapproche le commissaire Bédavent de Maigret, c’est aussi l’intelligence du personnage et sa façon d’enquêter : le policier a compris très vite et a décidé, non sans risque, de tendre un piège pour confondre un criminel potentiel. Ensuite, il se révèle presque paternel envers le jeune homme, lui suggérant même de partir par le premier bateau, et pourquoi pas en compagnie de Mme Stil.  
Simenon nous montre un policier intègre et bienveillant, alors que dans ses romans africains, les membres de la colonie sont toujours présentés comme des êtres incapables et corrompus, souvent minés par l’alcool ou la drogue. En revanche, Un crime au Gabon se focalise sur deux personnages qui semblent pouvoir échapper à l’attraction morbide de l’Afrique bien présente dans Le Coup de lune, Le Blanc à lunettes ou 45° à l’ombre : le policier résiste et s’en tire en buvant un peu trop de bière, tandis que le jeune homme ne trouvera son salut que dans le retour en métropole. Un crime au Gabon est donc une nouvelle à découvrir ou à redécouvrir, dans laquelle de nombreux thèmes simenoniens sont présents : l’inadaptation des Blancs en Afrique, la critique du colonialisme, la justice, le racisme, la sexualité effrénée, etc.…  
Une adaptation de cette nouvelle a été faite pour la télévision en 1995 sous le titre Le Crime de Monsieur Stil. La réalisatrice Claire Devers a construit, avec l’aide du scénariste Alain Adijes, une fiction prenante comme un roman. La tâche n’était pas facile, tout d’abord parce que l’adaptation d’une nouvelle demande d’étoffer l’histoire, d’ajouter souvent des personnages et de travailler sur la psychologie de ces derniers. Claire Devers et son scénariste n’ont pas hésité à faire des choix importants pour construire un scénario à la fois habile et crédible, tout en restant fidèle à l’esprit de la nouvelle. La réalisatrice a d’abord choisi de situer l’action de son film, non pas dans les années trente comme chez Simenon, mais en 1958, au moment où la France traverse une crise grave et où l’Afrique espère tirer profit de la décolonisation annoncée. C’est dire que Claire Devers apporte une toile de fond politique réelle au récit de Simenon, alors que ce dernier s’est contenté de critiques assez superficielles sur la société coloniale. Le film nous montre des personnages très vite piégés par des sentiments auxquels ils pensaient échapper : l’amour, la jalousie viennent troubler un jeu qui devait être axé uniquement sur l’intérêt et le pouvoir. Le Crime de monsieur Stil est un drame à la gestation lente et le spectateur se laisse prendre à ce suspense habile. On pourra reprocher à Claire Devers d’avoir transformé l’histoire de Simenon, mais certainement pas de l’avoir trahie. La réalisatrice semble donc avoir puisé la matière manquante dans l’œuvre de Simenon, ce qui donne une certaine crédibilité à son film. Lors de sa diffusion à la télévision, les critiques ont bien accueilli dans l’ensemble cette œuvre personnelle, servie par des acteurs convaincants et notamment Bernard Verley (M. Stil) et Jeanne Balibar (Charlotte). La réalisatrice reste fidèle à Simenon parce qu’elle respecte la connaissance des êtres humains qui transparaît à la lecture des romans, rejoignant ainsi la conception de Claude Chabrol dans ses adaptations des Fantômes du chapelier et de Betty. Après la lecture ou la relecture d’Un crime au Gabon, on ne peut que conseiller de regarder le téléfilm de Claire Devers à l’occasion d’une rediffusion sur une chaîne de télévision.  

Bernard Alavoine 

lunedì 17 dicembre 2018

SIMENON SIMENON. A TRUE MISOGYNIST?

Does the portrait of Aunt Jeanne reflect misogyny or not? 

SIMENON SIMENON. UN VRAI MISOGYNE ? 
Le portrait de Tante Jeanne reflète-t-il de la misogynie ou non ? 
SIMENON SIMENON. UN VERO MISOGINO?
Il ritratto di Zia Jeanne, riflette o no delle misoginia?

Apparently, in an interview with biographer Fenton Bresler, Simenon offered up his character Aunt Jeanne as a sort of personal character reference in response to the oft-repeated accusation that he was a misogynist. Assuredly, the female protagonist in Aunt Jeanne plays a positive heroic role in the novel, but numerous descriptions of her at least sound misogynistic. 
On the very first page, Simenon presents her as “an old beast.” A 57-year-old woman who had deliberately separated from her family to live the past 40+ years abroad, Jeanne arrives at her birthplace to live out her final days. An agonizing lump in her chest that is “certainly as big as one of her breasts” provokes acute respiratory distress. Worn-out, in pain, and handicapped, the poor woman can barely walk and she “believes she would most certainly die.” We quickly discover her “fat breast” is a symbol of her disabling corpulence, a recurring theme throughout the novel. 
Simenon goes on to detail how Jeanne is “fat, monstrously fat, plus she has to carry and move all this soft flesh which disgusts her, which she does not recognize as hers. And, as if this portrayal were not already adequate, the author underscores Jeanne’s current fatness by introducing her former schoolmate Désirée, who had been “the fattest girl in her class and afflicted with “sausage arms” and “enormous legs. Now, she becomes a striking foil, serving as a “skinny” physical aide to Jeanne, who is deteriorating bodily. In other negative imagery, Simenon turns Jeanne into “an old clown” who chugs cognac for breakfastStair climbing, walking and even standing is difficult due to her misshapen legs, one more than the other, a fact that spawns a tragicomic explanation for ordering and downing a second glassful“One doesn’t walk on one leg. 
Gradually, Simenon has Jeanne unveil her life story, replete with many unsavory features, such as having been a madam in a whore house, a criminal trafficker, a heavy drinker, and so on. In short, Jeanne was no angelmaking her present transition to angelic behavior more dramatic. Derogatory references to her obesity continue. For example, she recalls feeling “monstrously fat as an adolescentfat enough to fill her bedroom with her mass, and the most agonizing memory is that she was spongy matter comparable to a mushroom’s flesh, so insubstantial she could have floated around in space.” Although Simenon does progressively build Jeanne into a heroic figure, he still presents her as a “fat, loony returnee,” at least in the opinion of one particularly nasty detractorWhat’s more, at the very end of the novel, Simenon puts Jeanne to bed with massively swollen legsliterally on her last legs—awaiting transfer to the hospital to treat her life-threatening heart failure. The final focus in the very last lines? Her stretcher-bearers, both “strapping fellows, have to calculate how to handle the task of transporting her weight…. 
I find this female portrait brutally realistic but not blatantly misogynistic. The opinion from a roman dur review by Tim Morris states it well: “I don’t think that Simenon is essentially misogynist […] But Simenon certainly liked representing misogyny.” 

David P Simmons