A propos de la nouvelle de Simenon "Un crime au Gabon"
SIMENON SIMENON. UN MAIGRET DEI TROPICI?
A proposito del racconto di Simenon "Un crime au Gabon"
SIMENON SIMENON. A MAIGRET OF THE TROPICS?
About the short story "Un crime au Gabon"
Un crime au Gabon est une nouvelle de Simenon relativement peu connue : paru initialement en 1938 dans Police-Roman, ce texte est édité, avec d’autres nouvelles exotiques, en 1944 dans le volume Signé Picpus. Il sera ensuite repris dans le tome VI des Œuvres complètes des éditions Rencontre, et enfin dans Tout Simenon, tome 24. Notons cependant qu’Un crime au Gabon a fait l’objet en 1994 d’une édition commentée destinée aux jeunes Allemands qui apprennent le français.
Voici l’argument de cette nouvelle. Dans les années trente au Gabon, M. Stil, un riche colon de Libreville, se plaint au commissaire de police local de plusieurs tentatives de meurtre sur sa personne. La réussite de M. Stil semble attirer beaucoup de jalousies et les soupçons se portent vers les colons qui lui doivent de l’argent, en particulier Grand Louis, un coupeur de bois. Cependant, on raconte que la jeune épouse de M. Stil a des amants parmi les notables de Libreville : le juge d’instruction, un avocat, le docteur Chauvin … Bien des hommes de la colonie pourraient avoir envie de voir disparaître Stil …
Cette nouvelle est digne d’intérêt d’abord parce qu’elle ménage le suspense tout au long de cinq brefs chapitres. Mais au-delà de l’histoire policière assez classique, il y a les personnages et en particulier le commissaire Bédavent, qui est une sorte de Maigret colonial. L’homme est massif, fume la pipe et boit de grosses quantités de bière… Le lecteur est frappé par la douceur du commissaire, peut-être son ironie, qui s’oppose à la colère et à l’agitation de M. Stil d’abord, puis du docteur Chauvin. Celui-ci « n’avait pas trente ans. Il était mince, nerveux, avec, dans les yeux, des traces de fatigue ou de fièvre. ». Nous retrouvons un type de personnage qui ressemble beaucoup au héros du Coup de lune, Joseph Timar : comme ce dernier, qui se perdra en devenant l’amant d’Adèle, Chauvin est sur la mauvaise pente et Bédavent tente de le lui faire comprendre.
Ce qui rapproche le commissaire Bédavent de Maigret, c’est aussi l’intelligence du personnage et sa façon d’enquêter : le policier a compris très vite et a décidé, non sans risque, de tendre un piège pour confondre un criminel potentiel. Ensuite, il se révèle presque paternel envers le jeune homme, lui suggérant même de partir par le premier bateau, et pourquoi pas en compagnie de Mme Stil.
Simenon nous montre un policier intègre et bienveillant, alors que dans ses romans africains, les membres de la colonie sont toujours présentés comme des êtres incapables et corrompus, souvent minés par l’alcool ou la drogue. En revanche, Un crime au Gabon se focalise sur deux personnages qui semblent pouvoir échapper à l’attraction morbide de l’Afrique bien présente dans Le Coup de lune, Le Blanc à lunettes ou 45° à l’ombre : le policier résiste et s’en tire en buvant un peu trop de bière, tandis que le jeune homme ne trouvera son salut que dans le retour en métropole. Un crime au Gabon est donc une nouvelle à découvrir ou à redécouvrir, dans laquelle de nombreux thèmes simenoniens sont présents : l’inadaptation des Blancs en Afrique, la critique du colonialisme, la justice, le racisme, la sexualité effrénée, etc.…

Bernard Alavoine
Questo commento è stato eliminato dall'autore.
RispondiEliminaIn italiano il racconto si trova nella raccolta "sosta a panama"edita da Mondadori nel 1961
RispondiElimina