martedì 25 agosto 2020

SIMENON SIMENON. COMMENT ON ECRIT UN ROMAN

Dans une interview donnée en 1964, Simenon explique le processus de création 

 

SIMENON SIMENON. COME SI SCRIVE UN ROMANZO

In un'intervista rilasciata nel 1964, Simenon spiega il processo creativo

SIMENON SIMENON. HOW TO WRITE A NOVEL

In an interview given in 1964, Simenon explained the creative process 




Henri-Charles Tauxe est un écrivain et journaliste suisse, qui a interviewé Simenon à plusieurs reprises. C'est lui qui recueillit les déclarations du romancier en 1973, lorsque celui-ci fit connaître sa décision de ne plus écrire de romans. Dans la Gazette de Lausanne du 25 juillet 1964 était publié un article consacré à Simenon, écrit par Henri-Charles Tauxe à partir d'un entretien entre les deux hommes. Dans cet entretien, le romancier revenait sur plusieurs aspects de sa création littéraire, et pour le billet d'aujourd'hui, nous vous proposons quelques extraits de cet article. 

D'abord, Simenon donne quelques considérations générales sur le roman et la raison pour laquelle il écrit. « Je ne mets jamais d'opinions personnelles définitives dans mes livres […]. Il y a toujours autant de romans que de lecteurs, un livre peut contenir ce que chacun y voit. » ; « Un vrai roman doit partir d'êtres vivants ; si vous partez d'une idée, d'un schéma abstrait, vous ferez un mauvais roman. […] Pour moi, le roman doit sortir de l'intuition, plus que du sens critique ou de l'intelligence. J'irais même jusqu'à dire que le romancier ne doit pas être trop intelligent ! » ; « On écrit, à mon sens, lorsqu'on est mal dans sa peau, lorsqu'on n'est pas en équilibre parfait, par besoin de s'extérioriser. […] en écrivant, je réponds à un besoin profond, un besoin de communication, de comprendre les autres. » 

Invité à s'exprimer sur le choix de ses personnages, il dit : « prenez des vies que l'on s'accorde à considérer comme réussies ; qu'est-ce que cela signifie ? Quand, dans quelles conditions peut-on dire qu'un homme a réussi ? À cinquante ans, tel homme occupe une position brillante dans la société ; mais comment réagira-t-il devant la maladie, la mort ? […] je n'ai jamais rencontré d'hommes complets ; chez tous, vous découvrez une faille, plus ou moins cachée. L'homme cherche à s'habiller de titres, de décorations, parce qu'il a peur de lui-même, il veut se rassurer. Au-delà de cette surface, vous trouvez ce que j'aime à appeler l'homme nu. Et c'est celui-là qui m'intéresse ; j'essaie d'écrire le roman de l'homme nu. » 

Puis Tauxe lui demande comment il entre dans une période de création : « Je tiens d'abord à préciser que je ne suis pas un homme de lettres, au sens strict du terme ; à part les périodes où je suis « en roman », je n'ai aucune vie littéraire, je n'écris aucun article, je vis comme n'importe qui. En ce qui concerne mon « entrée en roman », les choses se passent presque toujours de la même manière : au départ, je ressens comme un malaise, je suis mal dans ma peau […]. Alors je me mets à marcher, dans la campagne, assez souvent une odeur s'associe à un souvenir ; il se fait dès lors un travail inconscient, un paysage ancien s'anime, des personnages commencent à naître, je me représente le lieu de leur existence de façon très nette ; s'il s'agit d'une maison, j'en ai une représentation précise, je fais même des plans. En possession de cette matière de base, je me pose la question suivante : qu'est-ce qui va obliger ces personnages à aller jusqu'au bout d'eux-mêmes ? » 

Enfin, le romancier développe le processus d'écriture : « Je n'ai aucune idée de l'évolution de mes personnages lorsque j'écris le premier chapitre ; la fin m'est complètement inconnue. J'apprends à connaître mes personnages pendant les 10 ou 12 jours que dure la rédaction d'un roman. […] il est extrêmement épuisant de vivre longtemps dans un personnage ; je n'écris que quelques heures par jour, mais je vis nuit et jour avec mes personnages. Cette tension ne peut durer indéfiniment ; il faut qu'au bout de quelques jours je sois débarrassé de mes personnages. [Après la révision], j'oublie le roman. L'écho du roman ne me parvient que trois ou quatre ans plus tard. Je ne me souviens d'ailleurs jamais du détail de l'intrigue […], mais des personnages, de la ligne mélodique. » 

 

Murielle Wenger  

domenica 23 agosto 2020

SIMENON SIMENON. LES MAXIMES DE MAIGRET - LE MASSIME DI MAIGRET- THE MAXIMS OF MAIGRET

 

• Maigret possède un calepin couvert de toile noir, aux feuilles quadrillées, sur lesquelles il lui arrive de noter des renseignements qu’il a glanés. Pour cette nouvelle rubrique, nous allons imaginer qu’il a aussi écrit dans ce calepin quelques maximes sur sa façon de mener ses enquêtes.

• Maigret possiede un taccuino con la copertina in di tela nera, con i fogli a quadretti, sui quali gli capita di annotare delle informazioni che ha raccolto. Per questa nuova rubrica, immaginiamo che egli abbia scritto in questo taccuino anche qualche massima sul modo di condurre le sue inchieste.

• Maigret had a notebook covered with black canvas, with checkered sheets, on which he sometimes wrote down information he gleaned. For this new column, we’ll imagine that in this notebook, he also wrote down some maxims about his way of leading his investigations.

venerdì 21 agosto 2020

SIMENON SIMENON REPORT "VINTAGE". GEORGES SIMENON, QUELL'INCONTRO SOTTO UN CIELO TRISTE



Corriere della Sera - 19/05/1985 - Giulio Nascimbeni - Simenon succhia la pipa e m’informa che sta leggendo le biografie di Beethoven e di Mozart. Ha da poco compiuto ottantadue anni. Lo scorso dicembre, è stato operato alla testa per un tumore benigno: sette ore d’intervento. Del mondo di Maigret, di quel perenne nord assediato dalle brume e quasi privo di luce, sembra essere rimasto soltanto il simbolo delle pipe: ne conto venti, allineate in ordine sulla mensola del caminetto. Per la verità, le cose non stanno così. Simenon ha deciso di chiudere con il commissario nel febbraio 1972: scrisse le ultime righe di Maigret e Monsieur Charles e da quel momento Maigret sparì. Ma i personaggi, come insegna la letteratura, hanno destini imprevedibili, durano oltre la volontà dei loro creatori, continuano il cammino anche dopo i rifiuti e le morti apparenti (...) Ma è Simenon stesso a dimostrarmi che non ha dimenticato. Si alza dalla poltrona e va a stappare una bottiglia di fresco vino bianco...>>>

giovedì 20 agosto 2020

SIMENON SIMENON. A COUNTERFLOW CHARACTER

About the creation of Maigret in the 30s 

 

SIMENON SIMENON. UN PERSONAGIIO CONTROCORRENTE

Sulla creazione di Maigret negli anni '30

SIMENON SIMENON. UN PERSONNAGE À CONTRE-COURANT

propos de la création de Maigret dans les années 1930 



The good fortune of some characters in serial literature obviously resides in the complex of their temperemental, psychological and physical components. From Sherlock Holmes to Sam Spade and to Montalbano, from Great Britain in the late 1800s, to the USA in the middle 1900s and to Europe in the 2000s. Epochs, cultures and sensibilities are various, but, above all in the detective novel, the formula proves successful and not only in the country of origin, because the characters we mentioned have become famous all around the world and, each one in his way, an icon of the multifaceted aspects of this genre. 

Simenon surely knew that, just like writers as Conan Doyle, Agatha Christie, Dashiell Hammet, Raymond Chandler (Philip Marlowe), Rex Stout (Nero Wolfe), Erle Stanley Gardner (Perry Mason). Each of them had followed his own way, finding a narrative mode and building characters so typical that they had a great hold in the public. 

When it was time for young Simenon to move from popular literature, written on order, to semi-literature, he was aware of the fact that this literary genre was of great appeal to the public, as long as one knew how to master the characters, their psychology, the setting, the plot. And in all these years during which he had written popular literature, he had accumulated experience and developed a craft that were superimposed on innate qualities. 

Thus creating a character who, especially for those early 30s was going against the current, must have required some time but, knowing his creative talent, it must not have cost him such much effort. His skill consisted in creating a completely flat character, far away from stereotypes that would have made him slip into a series B narrative. 

Maigret is a middle-aged judicial police officer who shuns blatant actions and extravagant attitudes; he is often taciturn and sometimes even (apparently) trivial, with simple tastes, in short a grey employee rather than a brilliant and seducing detective. How could such a character attract readers? This was precisely the question that his publisher Fayard was asking himself, and he was not at all convinced that this character was the right one to be launched. And then long discussions broke out whether to publish or not the investigations of Chief Inspector Maigret. But Fayard had not reckoned with the character’s double face, who on one side created an immediate identification with common people, not prone to reckless attitudes and dangerous actions. On the other side, Maigret’s strength was psychology, his own psychology and the one he used during his investigations. 

In fact he was a character which, in the course of his countless enquiries, took on an increasingly complex personality, rich of sometimes even contradictory facets. His famous “adjusting destinies” was, after all, in deep conflict with his investigative role that obviously did not foresee that he could decide whether someone could or not escape justice. Psychology was the most effective weapon he used. He always wanted to understand the reason and for that he needed to know the mentality of the ambiance in which the crime had matured. Which were the interpersonal relationships between people in the place? What did go through the mind of the persons he interrogated or he simply observed? When he succeeded in understanding all of this, then he was able to retrace the stages of the tragedy, he understood why everything had occurred, he felt the actions and reactions of people and, having become one of them, he came to solve the case. 

 

by Simenon-Simenon

mercoledì 19 agosto 2020

SIMENON SIMENON. LES MAISONS DE SIMENON



D'octobre 1949 à juin 1950, Simenon vit à Carmel-by-the Sea (Californie).

Da ottobre 1949 a giugno 1950, Simenon vive a Carmel-by-the Sea (California).


From October 1949 to June 1950, Simenon lived in Carmel-by-the Sea (California).


martedì 18 agosto 2020

SIMENON SIMENON. J'AI PERDU UN AMI…

Steve Trussel nous a quittés il y a quelques semaines  

SIMENON SIMENON. HO PERSO UN AMICO...

Steve Trussel scomparso qualche settimana fa

SIMENON SIMENON. I HAVE LOST A FRIEND…

Steve Trussel passed away some weeks ago 

 


Il y a quelques semaines, juste au moment où nous fermions le blog pour les vacances, nous est parvenue (un peu tard…) la triste nouvelle : Steve Trussel était parti pour un monde qu'on espère meilleur. 

Avec lui je perds un ami maigretphile, quelqu'un avec qui j'ai travaillé pendant plus de quinze ans sur l’œuvre simenonienne. En 1997, Steve avait créé un site anglophone sur Maigret : http://www.trussel.com/f_maig.htm, qui reste aujourd'hui LE grand site de référence en ce qui concerne l'univers du commissaire à la pipe. Sur ce site incontournable, Steve proposait plusieurs rubriques de grand renom : un forum où tous les amateurs de Maigret étaient conviés à échanger les informations ; une encyclopédie sur Maigret, qui recense d'innombrables noms de personnages, de lieux, de thèmes, qu'on trouve dans les romans de la saga, et qui, grâce aux prouesses informatiques, permet de trouver tous les renseignements qu'on désire ; un outil indispensable quand on fait des recherches maigretiennes… Steve avait aussi eu l'idée géniale de créer une rubrique intitulée Maigret of the month, où tous les romans de la saga étaient analysés et commentés par ceux qui voulaient participer. Il avait aussi mis en ligne un grand nombre de textes, études, articles de journaux et de revues, autre source précieuse d'informations. Parlons aussi de la filmographie complète des adaptations des romans Maigret, au cinéma et à la télévision, la plus fiable que l'on puisse trouver. Mais aussi des listes bibliophiliques, de traductions, d'adaptations radiophoniques, etc. 

Steve avait de nombreux autres intérêts, une chose bien reflétée par le titre générique de son site, EclectiCityoù les amateurs pouvaient trouver, entre autres, des renseignements sur le judo, le banjo, les romans de fiction préhistorique, la philatélie et les langues d'Océanie. Il s'était d'ailleurs fait une spécialité dans l'étude de la langue hawaïenne, et jusqu'à ses derniers jours, il travaillait à de nombreux dictionnaires consacrés à cette langue ; puissent ses collaborateurs continuer à mener à bien tous ses projets... 

Pour ma part, je suis entrée en contact avec Steve pour la première fois en 2005, lorsque je faisais mes premiers pas dans le monde de l'internet, et que j'étais tombée, un peu par hasard, sur son site consacré à Maigret. Steve avait été un des premiers, sinon le premier, à consacrer un site à Maigret, et rapidement son site était devenu le point de contact où tous les maigretphiles se rencontraient. Je me suis retrouvée bien vite à collaborer à la rubrique Maigret of the month, puis, me prenant au jeu, j'ai commencé à mener de petites études sur toutes sortes de thématiques maigretiennes, que j'envoyais à Steve, qui, avec constance et patience, prenait le temps de traduire mes textes pour les proposer en français et en anglais. 

Puis, quelque dix ans plus tard, voyant la somme que représentaient tous les textes que j'avais écrits, Steve eut l'idée que tout cela pourrait constituer la matière pour un ouvrage de référence. Naturellement, je le suivis avec enthousiasme dans ce projet, pour lequel nous eûmes des échanges fournis. Après de nombreux aléas, qui nous obligèrent à abandonner une version bilingue de l'ouvrage, telle que Steve la rêvait, nous eûmes enfin la joie de voir la publication de notre Maigret's World. Et plus tard, une version française, pour laquelle Steve me laissa la gestion complète, vit le jour avec Jules Maigret. Enquête sur le commissaire à la pipe. Steve m'a écrit un jour qu'il était heureux d'avoir contribué à faire connaître mes travaux sur Maigret. Aujourd'hui encore, j'ai les larmes aux yeux à la pensée de tout ce que je dois à Steve. 

Thanksmy dear friend, for all you have done to make Maigret's world better known. 

 

Aloha Steve, for ever…. 

 

Murielle Wenger 

lunedì 17 agosto 2020

SIMENON SIMENON "REPORT" - "APOSTROPHES" AVEC GEORGES SIMENON, LE PÈRE DE MAIGRET FACE À LUI MÊME



















Le Nouvel Obs - 08/08/2020 - Anne Sogno - En 1981, lorsque Bernard Pivot le rencontre dans sa maison en banlieue de Lausanne, Georges Simenon a cessé d’écrire des romans. Dévasté par le suicide de sa fille, fragile, brillante et possessive, l’écrivain n’a repris la plume que pour rédiger ses Mémoires qu’il accompagne des textes, des chansons et des poèmes de Marie-Jo. Au cours de l’entretien et avec son accord, Bernard Pivot lui fait écouter la voix de la disparue. La caméra filme alors, en un long plan-séquence de plusieurs minutes, le visage de ce père, rendu mondialement célèbre par ses « Maigret », seul face à la douleur. Pipe à la main, chemise blanche et cravate-lacet élégamment nouée, Simenon baisse les yeux et semble partir ailleurs.
Contacté par Patrick Cohen à propos de cet « Apostrophes » qui a fait date dans l’histoire de l’émission, Bernard Pivot se souvient :« C’était terrible...>>>