Les articles d'un jeune reporter dans les années '20
SIMENON SIMENON. SIMENON E NOSS' PERON
Gli articoli di un giovane reporter negli anni '20
SIMENON SIMENON. SIMENON AND NOSS' PERON
The articles of a young reporter in the '20s
Jeune reporter, Georges Simenon n’a pas écrit que pour la «Gazette de Liège». Il existait dans les années 1920 une autre publication, typiquement Liégeoise, à savoir: «Noss’ Pèron». Ce media était non seulement «wallon», mais définitivement «wallingant». Preuves en sont ses titre et sous-titre, tous deux en dialecte local. «Noss Pèron» se réfère au monument le Perron qui se trouve Place du Marché à Liège, et le sous-titre «Gazète des Tièsses di Hoye» se traduit par «Gazette des Têtes de Houille», car les Liégeois sont à la fois des frondeurs et des habitants d’un pays charbonneux. En outre, plusieurs articles de cette publication paraissent en dialecte wallon. La première année, la publication est bimensuelle, mais vu son succès elle devient hebdomadaire dès la seconde année.
Que vient faire Simenon dans cette galère? Avant tout, pouvoir placer des articles, c’est son gagne-pain après tout. Le fait que le bimensuel soit wallingant ne le dérange pas plus que cela. Simenon est liégeois et fier de l’être, et il le restera toute sa vie, puisque lors de ses derniers interviews, il n’hésite pas à entamer une petite chanson en wallon. Liégeois oui, mais wallingant pas, comme on le verra un peu plus tard.
La contribution de Simenon, sous le pseudonyme Georges Sim, à ce media fut de courte durée. En effet, le premier article, sur un total de sept, paraît le 24 octobre 1920 et le dernier le 19 février 1921, soit quatre mois de collaboration. Pendant l'année 1920, la participation de Sim se limite à cinq articles intitulés tous cinq: «Lettre à une petite bourgeoise». Ils paraissent les 24 octobre, 7 novembre, 21 novembre, 5 décembre et 19 décembre. Dans ces articles, Sim s’adresse à une maman en lui conseillant gentiment d’apprendre à son enfant de bien saisir toutes les beautés de la ville de Liège. Sim y exprime également son attachement à la Wallonie et dit être fier de parler le Wallon. Le 15 janvier de l’année suivante, Sim publie un premier conte: «Histoire véridique de Célestin Noël…»; c’est l’histoire d’un enfant recueilli par le bedeau du village, et qui deviendra un bon organiste. Le 12 février, on trouve dans «Noss’ Pèron» un petit article annonçant la parution du roman «Au pont des Arches», et le 19 du même mois on y retrouve le deuxième conte, qui est la dernière collaboration de Sim à ce média. Ce conte porte le titre: «Par les rues». Il s’agit d’un texte aux accents sensibles décrivant l’atmosphère des rues de Liège par temps de pluie.
Le 15 septembre 1921, l’hebdomadaire met fin à la collaboration de Georges Sim et une lettre ouverte, qui lui est adressée, paraît dans le média. En fait une loi, dite «Loi Von Bissing», promulguée lors de l’occupation allemande, instaurait un régime bilingue, français – flamand, dans l’administration belge. Cette loi causa la colère des Wallingants, mais Georges Simenon, lui, prit parti en faveur de cette loi, ce qui prouve que finalement il n’était pas si wallingant que cela. Noss’ Pèron lui en voulut terriblement pour cette prise de position, et mit fin à leur collaboration. La lettre ouverte qui lui était adressée disait en substance: «Vous avez été des nôtres, notre collaboration n’aura été qu’éphémère. A l’avenir, que vous le vouliez ou non, les colonnes de Noss’ Pèron vous seront fermées.». Il est vrai que Simenon avait accusé Noss’ Pèron d’être «wallingant et séparatiste» dans un article paru dans «La Gazette de Liège». Il est clair que journalisme et politique ne font pas obligatoirement bon ménage.
Philippe Proost