sabato 16 luglio 2016

SIMENON SIMENON. COMMENT NAÎT LA LÉGENDE

Comment Simenon a raconté les débuts de Maigret chez Fayard 

SIMENON SIMENON. COME NASCE LA LEGGENDA 
Come Simenon ha raccontato gli inizi di Maigret da Fayard 
SIMENON SIMENON. HOW THE LEGEND IS BORN 
How Simenon told stories about Maigret's beginnings at Fayard 

Nous avons déjà évoqué plusieurs fois sur ce blog l'épopée du lancement des premiers Maigret, le bal anthropométrique, le choix de deux romans au détriment de Pietr le Letton, etc.… Aujourd'hui, nous aimerions revenir sur les démêlés entre Simenon et Arthème Fayard, lorsque le premier proposa au second de publier les enquêtes du commissaire à la pipe. Ce qui va nous intéresser cette fois, c'est de comparer les différentes versions que Simenon a données de cet événement, de voir comment ces versions ont évolué au fil du temps, jusqu'à devenir assez épiques pour former une de ces trames mythiques dont le romancier avait le secret, lorsque légende et réalité se mêlent de façon bien inextricable... 
Imaginons que Simenon, dans les premières années qui ont suivi le lancement de la collection, bien trop heureux de savourer le succès de son héros, et de profiter de la manne qu'il lui rapportait, s'est probablement gardé de mettre en cause son éditeur, qui, finalement, lui avait permis d'arriver à ses fins, bien qu'il ne lui ait jamais pardonné les conditions draconiennes qu'il lui avait imposées, une des raisons pour lesquelles il l'abandonnera pour passer chez Gallimard. 
Remontons donc à 1937, lorsque, dans le journal Confessions, Simenon rend hommage au commissaire Guillaume, qui vient de partir à la retraite. Il raconte comment il s'est inspiré de ce policier pour créer Maigret, et il écrit: "Pourquoi je m'étais mis en tête d'écrire des romans policiers ? Je n'en sais rien. Peut-être simplement parce que mon éditeur me réclamait des romans cosmopolites « genre » Dekobra". Notons qu'ici, Simenon donne une version assez différente de ce qu'il dira plus tard: ce serait son éditeur lui-même qui lui aurait proposé ce type de roman…  
En 1945, Simenon est invité à prononcer une conférence à l'Institut français de New York. Evoquant ses débuts, il raconte ainsi son entrevue avec Fayard: "- Je veux, désormais, vous écrire des romans policiers à raison d'un par mois. - Qu'est-ce qui me garantit que vous êtes capable de soutenir ce rythme ? – En voilà six qui ont été écrits en trois mois. Fayard les lut. Huit jours plus tard, il me disait: - Je vous édite !" Voilà qui semble accréditer une victoire facile du romancier, ce qui est assez loin des versions qu'il donnera par la suite… 
En 1958, Simenon, interviewé pour le journal Le Soir illustré, évoque les réticences de Fayard: lorsque le romancier lui eut apporté son premier Maigret, "l'accueil fut plutôt glacial", mais, ajoute-t-il, "six mois plus tard, très content, il m'annonçait cependant que le roman accepté par simple gentillesse, s'avérait un grand succès."  On soulignera ce "simple gentillesse", qui va se transformer dans les versions ultérieures en d'âpres négociations… 
C'est ce qui apparaît dans les souvenirs plus tardifs de Simenon; ainsi en 1973, dans la première de ses Dictées, Un homme comme un autre, il raconte comment, une fois ses premiers Maigret rédigés, il les montre à Fayard, qui lui dit: "Nous allons perdre beaucoup d'argent, mais je veux tenter l'expérience. Envoyez-moi six autres romans. Lorsque nous en aurons une provision, nous commencerons à les publier à raison de un par mois." Cette nouvelle version nous présente l'affaire sous un jour un peu différent: d'abord, Simenon aurait remis plusieurs romans à son éditeur, et ensuite sont mentionnées les conditions exigées par Fayard (écrire d'autres romans pour obtenir une cadence de publication mensuelle). Cinq ans plus tard, en 1977, dans la dictée Je suis resté un enfant de chœur, Simenon revient à la version du manuscrit unique, qu'il envoie à Fayard. Celui-ci le convoque par télégramme à Paris, et lui demande d'écrire "un roman de la même veine par mois". En février 1979, dans une interview donnée au journal suisse 24 heures à l'occasion des 50 ans de Maigret, Simenon raconte au journaliste qu'il a envoyé trois manuscrits à Fayard, lequel l'a fait venir à Paris, pour lui demander d'en écrire encore douze. A peu près à la même époque, Simenon, dans un autre interview, cette fois pour la RTBF, présente la chose encore différemment: "Je ne croyais en écrire qu'un et voir s'il marchait. Je l'ai envoyé à Fayard [qui] m'a dit: écrivez-en deux ou trois que je puisse juger." Simenon s'exécute, et Fayard lui demande de le rejoindre à Paris pour en discuter. Après avoir affirmé au jeune romancier que "ça ne marchera pas", il lui propose néanmoins de signer un contrat pour douze romans, mais il les veut dans les douze mois qui viennent. Enfin, dans d'autres versions rapportées par Pierre Assouline dans sa biographie (lequel souligne combien il est difficile de faire une synthèse cohérente des dires de Simenon, souvent contradictoires sur le sujet), le romancier aurait donné le chiffre de six romans exigés par Fayard, mais avec en plus un certain nombre de romans populaires qui lui étaient dus… 
On le voit, il est bien difficile de faire le tri dans toutes ces informations, et comme les témoins de la scène ont disparu depuis fort longtemps, on ne saura probablement jamais le fin mot de l'histoire. Il ne nous reste donc qu'à retenir une seule chose: que Fayard ait été ou non immédiatement convaincu, ou que Simenon ait dû le forcer, le romancier avait raison au moins sur un point: son nouveau personnage était taillé pour rencontrer le succès… 

Murielle Wenger 

venerdì 15 luglio 2016

SIMENON SIMENON. L'UMILTA' DELL'UOMO E DELLO SCRITTORE


Una qualità del carattere e un elemento importante nella scrittura del romanziere

SIMENON SIMENON. L'HUMILITE DE L'HOMME ET DE L'ECRIVAIN
Une qualité, dans le caractère du romancier, est un élément important dans son écriture
SIMENON SIMENON. HUMILITY IN THE MAN AND THE WRITER
A quality in the novelist’s character that is an important element in his writing
Tocchiamo oggi un tema molto delicato e sul quale il giudizio non è concorde, anche perché lo stesso Simenon non ha parlato molto approfonditamente.
In tal senso c'è una sua affermazione (rilasciata a Paris Match del '67) "... ho conservato fin dalla mia infanzia un umiltà istintiva. Per esempio se qualcuno mi urta per la strada, la mia reazione non è di infastidirmi, ma di domandare scusa...".
Da piccolo Georges aveva quindi un atteggiamento umile nei confronti degli altri. Questo è comprensibile quale che fosse l'inclinazione del suo carattere. Non bisogna scordare la presenza di una madre come Henriette che condizionava marito e figli. A tal proposito va considerato quel senso d'inferiorità che le veniva dal fatto di non essere benestante. Lei non lavorava e suo marito era un semplice impiegato di un'assicurazione, per di più senza nessuna velleità di fare carriera (rifiutò anche delle proposte in tal senso) e quindi con un stipendio che consentiva alla famiglia non più della semplice sopravvivenza. Al decoro, al giudizio degli altri ci pensava Henriette che, facendo economie e industriandosi in vari modi, cercava di mantenere una facciata che fosse la più dignitosa possibile, mostrando una situazione comunque migliore di quella che era in realtà. E per esempio, quando si trasferirono in una casa più grande, affittò subito delle stanza a degli studenti stranieri pur di incrementare il reddito familiare e migliorare quella facciata di rispettabilità cui tanto teneva.
Questo sicuramente si riverberava soprattutto sui bambini e non paia strano che Simenon avesse un atteggiamento umile.
Una volta, durante un'intervista con Roger Stéphane parlava dell'atteggiamento che si ha nei confronti delle persone e lo faceva riferendosi al personaggio di Maigret "... che é figlio di un amministratore, è nato all'ombra di un castello, secondo me per lui il castello è rimasto il castello e il castellano è rimasto il castellano... Ci sono delle relazioni umane e delle abitudini sociali da cui non si può uscire - sosteneva nel '63 il romanziere - Si possono superare molte cose, ma non questo, non un certo atteggiamento di umiltà davanti a certe persone...".
Lo scrittore parlava di Maigret, ma si potrebbe pensare che, per quanto abbiamo esposto sopra, in qualche modo si riferisse anche a sè stesso.
Ma un certo tipo di umiltà la ritroviamo anche nel suo rapporto con la scrittura. Sappiamo che considerava il suo lavoro come quello di un artigiano. Simenon non si è mai dato arie da intellettuale. Anzi gli piaceva pensare che il suo lavoro si faceva con le mani e che gli costava anche della fatica fisica. Soprattuttuo nel periodo della letteratura popolare, riceveva le ordinazioni, confezionava prima possibile il suo prodotto e poi c'era il momento delle consegne, come lo chiamava lui stesso. Proprio come un artigiano che a sera, finiti i suoi lavori, fa il giro per consegnare i manufatti ai suoi clienti.
E così Simenon faceva il suo giro dai suoi editori con racconti, romanzi brevi, storie a puntate...
E se vogliamo scavare ancora un po', ricordiamo anche il suo atteggiamento umile nei confronti della scrittura. L'utilizzo di soli (affermava lui) duemila vocaboli (per altro parole semplici e concrete... le famose "mot-matière"), qualcosa che ci fa capire come usasse con una parsimonia quasi umile non tutti termini della lingua, ma solo un certo numero. Certo questa era anche una magistrale lezione di come si potesse creare un prosa di quel livello e una narrativa così complessa con una terminologia così ridotta.
Ma di tutto questo non si è mai vantato, Anzi sappiamo che non aveva affatto piacere di frequentare il mondo degli scrittori, i circoli, le manifestazioni, i premi... forse anche qui una certa umiltà che si confondeva con quel pudore (lo chiamava il pudore-Simenon perchè gli veniva dall'atteggiamento del padre) che lo aveva accompagnato in tutta la sua vita di scrittore, quando anche al massimo della fama e della cosiderazione della critica, aveva sempre un atteggiamento un po' di ritrosia a vedere il suo nome a fianco a quello di romanzieri che lui aveva ammirato
"... mi sento un po' vergognoso quando mi si paragona a dei veri grandi scrittori - afferma Simenon in un Dicté del '76, "La main dans la main"- scrittori che io ammiro spesso con passione. I critici che mi preoccupano non sono quelli che mi denigrano, ma quelli che in qualche modo mi portano alle stelle...".
E non è umiltà questa?  E d'altronde stiamo parlando di un uomo e di uno scrittore che voleva essere un uomo come gli altri, al punto tale da titolare proprio così il suo primo Dicté "Un homme come un autre".(m.t)

giovedì 14 luglio 2016

SIMENON SIMENON. PIERRE ASSOULINE’S BIOGRAPHY: “SIMENON”

About a plan to share some insights into a complex personality. 

SIMENON SIMENON. LA BIOGRAPHIE DE PIERRE ASSOULINE: “SIMENON” 
Un plan pour partager des aperçus sur une personnalité complexe. 
SIMENON SIMENON. LA BIOGRAFIA DI PIERRE ASSOULINE: “SIMENON” 
Un programma per condividere degli approfondimenti su una personalità complessa

I just started reading an extensive biography about Georges Simenon ― a task avoided for years out of fear I wouldn’t like the man anywhere as much as I liked his works. However, since I am now presuming to write about Simenon for his fans, practicing or merely potential, it behooves me to know much more about him. Whether interpreting or merely introducing his works, both efforts require that the writer be informed. 
Among biographical options for such a project, Pierre Assouline’s Simenon seems the most attractive for two reasons in particular: its reputed thoroughness and accuracy. That the official Simenon website (http://simenon.com/#) is using it to develop a timeline of his life supports this choice. In fact, the book’s epigraph quoting Simenon on biography sets a high bar for Assouline’s own scholarship: “When one writes a biography, either one really tells the truth or else one really makes the biography wrong.” 
My plan is to work through Gallimard’s 1996 edition of a 1000+ pages in French, step by step, sifting out tidbits that might guide Anglophones to better understanding the author and his works. I’m not thinking exhaustive or authoritative. I’m simply thinking informational ― and sometimes quizzical. 
Below, listed alphabetically by subject, are some issues to explore, already commented upon by others: 
Alcoholism: Georges Simenon had the not very enviable distinction of being both a French-type and an American-type alcoholic, switching from the former to the latter in middle age.Donald W. Goodwin, MD 
Carnality: Somehow, as well as churning out 393 novels during a highly successful 53-year career, the Belgian author also found the time to make 10,000 sexual conquests. ―Wendy Leigh and Emily Fairbairn 
Collaboration: Some thought Simenon was a collaborator, and he spent a number of years in the United States as an indirect result. ―Bill Alder 
Egotism: Simenon portrays himself as more sinned against than sinning. ―Ann Arensberg 
Exaggeration: Simenon was a relentless self-mythologizer.Richard Rayner 
Greed: Nevertheless, the widely held view that he wrote primarily for money infuriated Simenon.Joan Acocella 
Homophobia: To know more, Gide cornered him during a cocktail party. Homophobe, Simenon detested that. ―Sorin Raphaël 
Misogyny: His second wife, Denyse Ouimet, suggested that “he had contempt for women,” [but] Simenon refuted charges of misogyny. ―John McIntyre 
Racism: He is also an unqualified antisemite. ―Norman Lebrecht 
Religion: It’s not that he rejects religious belief: he doesn’t even consider it. ―John Gray 
Sanity: He wrote from a compulsion bordering on psychosis. ―Phillip Kay 
I will be looking to Pierre Assouline for the truth! 

David P. Simmons

mercoledì 13 luglio 2016

SIMENON SIMENON. ASCOLTATE... ASCOLTATE IL COMMISSARIO MAIGRET!

Usciranno domani in Italia due audiolibri con le inchieste del celebre commissario con l'incomparabile voce di Battistoni


SIMENON SIMENON. DÈS DEMAIN DEUX NOUVEAUX LIVRES AUDIO SUR MAIGRET
La voix incomparable de Battiston nous raconte deux nouvelles enquêtes du commissaire simenonien
SIMENON SIMENON. TWO NEW MAIGRET AUDIOBOOKS AS OF TOMORROW
Two new Simenon Chief Inspector investigations told to us in Battison’s incomparable voice


Ci sono moltissime situazioni in cui non potendo leggere un libro, potremmo optare per un audiolibro. L'esempio più banale è quello della guida dell'auto. Perchè invece di ascoltare musica oppure programmi radiofonici, non ascoltiamo mai la lettura di un libro? Soprattutto in uno di quei viaggi lunghi quando si parte alle prime luci dell'alba e il rosso del tramonto ci coglie ancora con le mani sul volante. 
Ma potremmo fare mille altri esempi: mentre si fa giardinaggio, mentre si disegna, quando si cucina, mentre si è impegnati in lavori noiosi e ripetitivi, quando ci rigiriamo pigramente sul divano incerti se addormentarci o accendere la tv... Ascoltare un romanzo, o meglio ascoltare qualcuno che ci legge un romanzo é uno di quei piaceri cui noi italiani non siamo molto abituati. Ci sono diverse attività che potremmo svolgere impegnando il corpo (e non solo) ascoltando temporaneamente la lettura di un testo narrativo
Comunque, un po' lentamente, ma la cultura dell'ascoltare i libri sta crescendo anche in da noi. E una buona parte di questa spinta la dà la Emons che da 2007 ha deciso di battere questa strada non facile, ma che ora è divenuta una realtà di mercato, con i suoi primi affezionati fans.
Noi ne parliamo perché uno dei pilastri (dal nostro parziale punto di vista) sono le inchieste del commissario Maigret di cui la Emons  ha già pubblicato una decina di titoli.
Il destino ha voluto poi che l'abbinamento tra i Maigret e la voce narrante fosse particolarmente felice. Stiamo parlando dell'attore Giuseppe Battistoni, che ormai é "la voce" di Maigret, come negli anni sessanta Gino Cervi fu la faccia di Maigret.
Da domani in libreria usciranno due nuove inchieste di Maigret in audiolibrio Emons, lette ovviamente da Battiston: Le vacanze di Maigret e Il caso Saint-Fiacre
E sono dodici.
I due titoli saranno come al solito disponibili in CD MP3. Sembrerà strano ma in questo caso non si può parlare di pagine ma di durata: 4 ore e 46 minuti il primo e 3 ore e 42 minuti il secondo.
L'accoppiata Battiston-Maigret sta diventando un classico dell'audiolibro e, a nostro avviso, è un fenomeno  cui va dato il giusto risalto. E tra la lettura de  Il Passeggero del Polarlys  e l'ascolto de Il Caso Saint-Fiacre e Le vacanze di Maigret, questa estate per gli appassionati simenoniani non dovrebbe essere poi tanto male! (m.t)

martedì 12 luglio 2016

SIMENON SIMENON. ECHANDENS, AU MILIEU DE NULLE PART ?

Six ans de vie et d'écriture dans un château vaudois 

SIMENON SIMENON. ECHANDENS, NEL MEZZO DEL NULLA ? 
Sei anni di vita e di scrittura in un castello del canton de Vaud
SIMENON SIMENON. ECHANDENS, IN THE MIDDLE OF NOWHERE? 
Six years living and writing in a Vaud canton chateau 
En 1955, à son retour d'Amérique, Simenon s'installe dans le sud de la France. Il y reste deux ans, mais il est à la recherche d'un endroit plus calme, loin des fastes de la Côte d'Azur. En août 1956, il passe des vacances en famille à Villars-sur-Ollon, dans les Alpes vaudoises, où il s'adonne à l'une de ses passions, le golf. Le reporter d'un hebdomadaire suisse, Pour Tous, en profite pour l'interviewer, et le romancier lui confie quelques petits secrets: il a un faible pour la viande séchée des Grisons et pour le "petit vin blanc qui n'a l'air de rien…" (soit dit en passant, une année plus tard, lorsqu'il écrira Maigret voyage, il lui fera goûter le même plat et le commissaire appréciera aussi le vin blanc vaudois…), il adore les marchés, celui de Lausanne et celui de Vevey, et surtout, il aimerait trouver, dit-il, "une maison du XVIIIe siècle, dans l'une des petites rues tranquilles de Vevey, ou encore une belle propriété, pas trop loin du lac". 
En janvier 1957, Simenon vient faire un nouveau séjour en Suisse avec sa famille (ils s'installent au Lausanne-Palace), et commence à prospecter plus activement à la recherche d'une villa dans les environs de Lausanne. Il finit par louer le château d'Echandens, une commune proche de Lausanne, à quelques kilomètres du lac. Simenon déclare, en mai 1957, au journaliste de la Tribune de Lausanne: "Lausanne représente le juste milieu. Pas trop grande ville mais ville quand même. Il y a des librairies chez qui on a envie d'entrer, une université, des médecins réputés (ça peut toujours servir), des cinémas et des théâtres […] Et puis il y a le lac. C'est agréable. Et on est près de tout, de Paris, de Milan, de la Côte d'Azur.".  
Après quelques travaux d'aménagement, les Simenon s'installent au château en juillet 1957. Ils y resteront six ans. Simenon va y écrire 12 Maigret et 13 "romans durs", y rédiger les carnets de Quand j'étais vieux, y accueillir son quatrième enfant, et y vivre les premiers graves déchirements de son couple… 
Les relations de Simenon avec cette demeure ont été à l'image de toute sa vie: une première période où il s'installe, aménage, jusqu'à ce que le "démon de la fuite" le pousse à aller chercher un ailleurs, et les excuses qu'il trouve pour déménager ne sont pas toujours limpides… Simenon appréciait Echandens quand il y vivait, témoin ce qu'il en écrivait dans Quand j'étais vieux: "Echandens s'est arrangé autour de nous en fonction de nous et de chacun. Je m'y sens bien."; "depuis trois ans, je m'évertue à ce que chaque pièce soit parfaite, chaque mur beau à voir, chaque meuble une petite merveille". Mais plus tard, dans ses Dictées, il donnait une autre version: "Je me suis installé enfin en Suisse et ma première demeure a été un vieux château du XVIe siècle, sans beauté, où des meubles modernes n'auraient pas eu leur place. […] Tout était vieillot, désuet. J'ai pourtant vécu six ans dans ce décor…" Paroles contradictoires, à la mesure des contradictions de l'homme… Peut-être la période Echandens peut-elle se sumer comme Simenon l'a fait dans ses Mémoires intimes: "En somme, j'y menais à la fois plusieurs vies. D'abord celle, intime et chaude, exaltante, avec mes jeunes enfants dont je garde des images réconfortantes et savoureuses. […] La seconde concernait évidemment mes rapports avec D., que je sentais se dégrader toujours un peu plus, avec des orages inattendus, des éclaircies, des périodes de grisaille chargées d'une source menace. […] Ma troisième vie découlait du métier choisi, encore adolescent, sans me douter que s'il m'apportait la joie d'écrire, il comportait aussi ce que j'ai considéré comme des devoirs. […]  Ce succès qui m'a été donné a entraîné pour moi des obligations et des devoirs. Je suis devenu, à mon insu, un homme public […]. Entre deux romans, les journalistes se succédaient à un rythme de souvent deux ou trois par semaine; les équipes de télévision, venues de partout, prenaient possession du château avec leur matériel encombrant et leurs équipes de six à dix techniciens." 
Est-ce parce qu'il n'est pas arrivé à concilier vraiment ces "trois vies", que Simenon a menées en parallèle dans ce château, qu'il s'y est senti "au milieu de nulle part", et qu'il a daté tous les romans écrits à cette époque, non pas d'Echandens, mais de "Noland" ?... 

Murielle Wenger