martedì 15 novembre 2016

SIMENON SIMENON. UN ARTISAN AU CLAVIER

Simenon, son style et sa machine à écrire 

SIMENON SIMENON. UN ARTIGIANO ALLA TASTIERA 
Simenon, il suo stile e la sua macchina da scrivere 
SIMENON SIMENON. A CRAFTSMAN AT THE KEYBOARD 
Simenon, his style and his typewriter 


Simenon l'a dit et répété souvent: il se considérait non comme un homme de lettres, mais comme un romancier, dans le sens où il envisageait son métier comme celui d'un artisan. C'est pourquoi la période où il écrivait sous pseudonymes lui a été nécessaire, parce qu'elle lui permis d'apprendre à écrire, comme un ouvrier commence par apprendre à maîtriser ses outils. Les outils de Simenon, c'est la langue, un style qu'il apprend à faire sien, mais aussi son clavier de machine à écrire. Et ce n'est sans doute pas pour rien qu'une grande partie de ses romans ont été écrits sur un clavier et pas sur papier. Parce que le rythme de la frappe lui permet de donner un rythme aussi au récit. Il s'en est expliqué à plusieurs reprises. Par exemple, dans la conférence qu'il a donnée le 20 novembre 1945 à l'Institut français de New York, Le Romancier. Voici d'abord ce qu'il dit sur le métier du romancier: "il existe ce que j'appellerais le romancier pur, l'homme qui bâtit des romans comme d'autres sculptent la pierre ou peignent des tableaux"; "je ne suis qu'un ouvrier des lettres"; "raconter une histoire […] avec l'application de l'ébéniste à son établi"; puis il explique comment il écrit un roman, il détaille les étapes, telles qu'il les a décrites plusieurs fois: se mettre en état de grâce, "une sorte de fuite de la vie réelle", se mettre en transe, retrouver un souvenir, jusqu'à que le déclic se produise, puis mettre des personnages "dans une situation telle qu'ils soient forcés d'aller jusqu'au bout d'eux-mêmes", puis "laisser vivre ces personnages" selon leur logique propre; quelques noms jetés sur un bout de papier, l'âge des personnages, un plan des lieux de l'action; enfin, avant de se jeter dans la rédaction proprement dite, il fait un dernier préparatif: "Il reste une formalité, un travail plutôt auquel je vais me livrer avec amour: nettoyer ma machine à écrire jusque dans ses plus petits rouages, la huiler, l'orner d'un ruban neuf, la faire belle et rapide comme pour une compétition."  
Comme nous l'avons dit plus haut, la majorité de ses romans ont été écrits à la machine: la production sous pseudonymes d'abord, puis tous les Maigret. Pour les "romans durs", Simenon a d'abord commencé par la machine. Son premier texte important rédigé à la main est un récit autobiographique, Je me souviens, qui est à la base de PedigreeLe premier roman autographe est Trois chambres à Manhattan, peut-être écrit à la main parce qu'il évoque des faits très proches du vécu de l'auteur, et qu'il sentait qu'il devait abolir la distance que le clavier donne par rapport au crayon… Lettre à mon juge, dont l'écriture fut "douloureuse", selon ses biographes (le roman comporte bien des thèmes qui évoquent le vécu du romancier à ce moment-là), est aussi écrit à la main. Il faut attendre ensuite 1948 pour que Simenon s'essaie à une nouvelle méthode: écrire un chapitre au crayon d'abord, puis le lendemain, le retaper à la machine. Il utilisera cette technique de 1948 à 1965. On ne sait pas trop ce qui l'a poussé à cette façon de faire, ses explications sur le sujet n'étant pas toujours très claires…  
Ce qui est sûr, c'est qu'il abandonne définitivement cette méthode double, revenant à la machine pour ses romans (il écrira bien plus tard ses Mémoires intimes à la main), comme s'il avait besoin de retrouver le rythme de la machine, si différent de celui de l'écriture au crayon. Sentait-il que la frappe sur le clavier s'harmonisait mieux avec sa façon d'écrire, avec son style d'écriture ? Comme il le déclare à André Parinaud: "J'ai besoin d'un contact matériel. Je suis un artisan. J'ai la sensation, devant ma machine, de peindre ou de sculpter. Si je pouvais graver mes romans dans la pierre ou l'acier, je serais encore plus heureux. […] J'ai besoin de la machine pour sentir s'il y a vie ou non. […] Lorsque j'écrivais à la main, à mes débuts, j'ai toujours considéré, comme disait Colette, que je faisais "trop littéraire". […] On a forcément tendance à être littéraire, et, à cause d'un trop grand souci de la forme, à perdre le rythme. C'est ça qui est grave, car j'attache une grande importance au rythme. Lorsque votre machine est en route, elle vous entraîne. Vous êtes obligé de suivre. Vous ne pouvez pas vous arrêter pour relire la dernière phrase, pour raturer, et vous allez de l'avant, quitte à faire plus tard les corrections indispensables." 
On voit bien là comment l'artisan des lettres fait naître le roman en forgeant le texte à coup de frappes sur les touches de son clavier…  

Murielle Wenger 

lunedì 14 novembre 2016

SIMENON SIMENON. COLLABORATOR OR ANTAGONIST II

More on Simenon’s two hats during the Occupation 

SIMENON SIMENON. COLLABORATEUR OU ANTAGONISTE II 
Davantage sur les deux casquettes de Simenon pendant l’Occupation 
SIMENON SIMENON. COLLABORAZIONISTA O ANTAGONISTA II
Ancora sulle due posizioni di Simenon durante l'Occupazione

The case for, at least, the look of collaboration by Georges Simenon during the Occupation builds on events like these: in January 1942, uniformed Werhmacht officers were well represented at one of Simenon’s film premiers. After the showing, he held a cocktail party “in the company of the German headquarters general and some of his collaborators.” 
As well, a German company produced many (most? all?)  of the nine movies adapted from Simenon“the novelist whose works were the most solicited and “the writer the most adapted into movies during the Occupation. Funded by two Berlin firms and the German Occupation budget, this company considered Simenon “one of its crown jewels.” Working in “close and fruitful collaboration” with its German director, Simenon achieved his heyday in cinema.” That he made more money in 1941 than he had made in any year since 1925 and half of it came from the movies enabled him to compound this collaborative image. Another notable blemish stemmed from his signed contract in March 1942 that exclusively ceded Maigret, his central and sustaining character, to the German company for three years. 
What is more, when Simenon filled out the questionnaire the Germans required for newspaper writinghe blatantly emphasized his Aryan, German, and Catholic roots―not the ploy “of a committed man, but that of an opportunist. 
Clever Simenon also “had the prudence not to publish anything that offended the dominant sensitivity [of the German censors].” He was less careful about a look of collaboration when he was away from the Parisian literary world in his home on the Atlantic coast. 
Obtaining travel passes more often than was his fair share” was “sufficient enough to make him appear suspect to the local Resistance.” In reaction, he tried buying off the resistance fighters with food and wine. BBC broadcasts incriminated him. An underground newspaper placed him on a pro-German “black list.” The “local purifiers” eventually put out an arrest warrant, took away his identity pass, blocked his bank account, and sequestered him. The anonymous detractors who pinned the “mask of a collabo on him made enough accusations that “his police file” charged him with being “a notorious propagandist, a danger to State security….” 
To prove his innocence, Simenon claimed he helped invading British paratroopers by informing them in his home and lending them his car for “a good number of raids.” He described how he evaded Germans coming after him at his house, except for “one small difference.” It had been the Resistance at the door. Judging his file to be “fuzzy, the Belgian embassy took up his defense, but others considered it “serious,” so he faced interrogation once againFeeling “the Resistance, police, and French justice system were in cahoots,” he “envisioned the worst: prison.” But, at last, the government investigators found nothing “serious: [just] lots of gossip and envy.” His publications were not “political” and there wasn’t “any specific fact of collaboration.” Since “they had nothing against him,” his house arrest was stopped and his funds freed upYes, “the case was closed,” but the wondering did not cease. 

David P Simmons