martedì 22 novembre 2016

SIMENON SIMENON. SVEN NIELSEN, UN AMI ET UN PARTENAIRE D'EDITION

En novembre 1944, Simenon signe une préface pour le roman Traqué, et inaugure ainsi son amitié avec Sven Nielsen 

SIMENON SIMENON. SVEN NIELSEN, UN AMICO E UN SOCIO D'EDIZIONE 
Nel novembre 1944 Simenon firma una prefazione per il romanzo Traqué e quindi inaugura la sua amicizia con Sven Nielsen 
SIMENON SIMENON. SVEN NIELSEN, A FRIEND AND A PUBLISHING PARTNER 
In November, 1944 Simenon signs a preface for the novel Traqué, and thus inaugurates his friendship with Sven Nielsen 


Simenon chez Fayard: dix-neuf romans Maigret et une petite dizaine de "romans durs"; Simenon chez Gallimard: six romans Maigret et plus de quarante "romans durs"; Simenon aux Presses de la Cité: cinquante romans Maigret et une soixantaine de "romans durs". Cechiffres sont une bonne illustration des rapports que le romancier entretenait avec ces trois maisons d'édition. Si nous souscrivons entièrement aux propos de Pierre Assouline quand il dit que l'influence de l'éditeur était nulle sur le style de Simenon, et que l'évolution dans son écriture n'est imputable en rien au changement de maison d'édition, il n'en reste pas moins qu'il faut relever ce rapport entre Maigret et "romans durs", et comment celui s'est modifié au fil du temps. Fayard, c'est avant tout l'éditeur des romans policiers, celui avec lequel Sim devient Simenon, et chez qui le romancier réussit à placer ses premiers romans hors de la saga maigretienne, mais ceci toujours avec une certaine réluctance de la part de l'éditeur. Raison pour laquelle Simenon décide de passer une nouvelle ligne éditoriale en entrant à la NRF de Gallimard. Cet éditeur-ci est pour Simenon celui qui permet le véritable passage à la "littérature tout court", et le rapport entre romans Maigret et "romans durs" est plus que significatif: c'est l'époque où le romancier a choisi de se passer de son commissaire, qu'il ne retrouve qu'épisodiquement, en partie pour des besoins "alimentaires". Mais les rapports entre Gallimard et Simenon étant loin d'être simples, ce dernier va s'éloigner du milieu des "gens de lettres" pour trouver sa propre voie. Et c'est avec Sven Nielsen qu'il va pouvoir établir une autre relation. Comme l'écrit encore Assouline, Nielsen, en plus d'être éditeur, se révèle aussi un ami et un partenaire pour Simenon.  
En novembre 1944, Simenon, qui réside aux Sables-d'Olonne, reçoit une lettre d'un éditeur encore inconnu, Sven Nielsen, qui veut lancer sa propre maison, et qui lui adresse le manuscrit d'un auteur norvégien, Arthur Omre, portant le titre Traqué, et pour lequel il lui demande d'écrire une préface. Simenon n'a pas trop l'habitude de ce genre d'exercice, mais il lit le manuscrit d'Omre, et, convaincu, rédige une préface: "les êtres créés par Omre […] je les ai reconnus tout de suite […] Auparavant, j'avais plutôt une sensation d'isolement; je peinais, seul dans mon coin, à animer un monde tel que je le concevais […]. C'est alors que des hasards successifs, des traductions […] m'ont appris qu'ici et là, séparés par des milliers de kilomètres, sans contact entre eux, des isolés comme moi poursuivaient, chacun dans son coin, une tâche parallèle. […] c'est une nouvelle façon de regarder l'homme. Et, par le fait, c'est le roman d'aujourd'hui, de demain […] qui se cherche, qui tâtonne, mais qui naît".  
Simenon ayant refusé d'être payé pour cette préface, Nielsen lui offre une pipe et du tabac, un geste qui consacre une amitié. Dès que le romancier peut se rendre à Paris, il rencontre Nielsen, et il se rend compte que leurs idées sur l'édition se rejoignent. Un premier contrat est signé en juillet 1945, dans l'optique d'un "win-win", comme on dit aujourd'hui: Simenon conserve le copyright et les droits de traduction et d'adaptation, et Nielsen gagne le renom d'un romancier qui va lui permettre de lancer les Presses de la Cité avec un succès assuré. Si Simenon traite "d'égal à égal", toujours selon les mots d'Assouline, avec Nielsen, celui-ci réussit le tour de force de convaincre le romancier d'alterner la parution des Maigret et des "romans durs", étoffant ainsi le catalogue de publication. Et c'est ainsi que pendant plus de 35 ans, les Presses de la Cité vont éditer toute l'œuvre de Simenon d'après-guerre, romans, nouvelles et récits autobiographiques, tandis que les deux hommes approfondissent leur amitié. "J'ai pour Sven Nielsen une affection profonde car je crois le comprendre", écrit Simenon dans Quand j'étais vieux. Nielsen, lui, gardera toute sa vie la fierté d'avoir réussi à attirer Simenon dans sa maison d'édition.  
Les deux hommes étaient faits pour s'entendre"l'usine Simenon" rejoignant "l'usine Nielsen": celui-ci a su bâtir un empire d'édition grâce à ses qualitéscomme l'écrit Edmond Dubois dans le journal Feuille d'Avis de Lausanne en date du 11 mai 1965, "le flair, le goût du risque mesuré, l'adaptation aux besoins du jour. Editer des livres à des prix abordables, présentés sous jaquettes attractives et multiplier les points de vente". Ne peut-on voir un écho de ce que voulait Simenon avec ses premiers Maigret, lorsqu'il proposa à Fayard des couvertures photographiques et une bonne publicité ? Le 31 décembre 1976, au lendemain de la mort de Nielsen, Simenon, dans sa dictée Au-delà de ma porte-fenêtre, évoque cette disparition: "tout ce que je peux faire, c'est de lui redire quel ami j'ai perdu et combien il me manquera".  
Quant à nous, nous lançons une fois de plus l'appel: à quand la publication de la correspondance entre ces deux hommes, qui pourrait éclairer le romancier autant que l'ont fait d'autres correspondances déjà éditées  

Murielle Wenger

lunedì 21 novembre 2016

SIMENON SIMENON. COLLABORATOR OR ANTAGONIST/3

Some after-the-war opinions on Simenon’s two hats 

SIMENON SIMENON. COLLABORATEUR OU ANTAGONISTE/3 
Quelques opinions d'après-guerre sur ces deux casquettes de Simenon 
SIMENON SIMENON. COLLABORAZIONISTA O ANTAGONISTA/3
Qualche opinione del dopo-guerra su queste due facce di Simenon



18 months into WWII, while Simenon was donating money to destitute military families, sending his books to prisoners of war, and donating many for wartime charity sales, he wrote his mother: “For my part, I have confidence in the [German] offensive, and I hope the English will not hold out much longer.” If not the words of a potential collaborator, they sound at least like those of a sympathizer. 
Although Paris was liberated in August 1944, fighting in France continued into the early months of 1945. Charles de Gaulle announced the end of World War II in France on May 8, 1945, 18 days after Simenon was cleared of the collaboration charges against him. However, he was destined to dance on coals heating the controversy for years and years to come.
For example, on the first day of her 2002 murder trial, Dr. Geneviève Simenon testified that her great-uncle Georges had collaborated during the war and she had the documents to prove it. (To my knowledge, they were never produced.) More recently, Patrick Roegiers - inaccurately and inappropriately, according to his critics - fanned the almost extinguished coals in his 2014 book, L’autre Simenon. That the work is a novel suggests a defense.
My take on the collabo matter at this point, just over halfway through Pierre Assouline’s biography Simenon, is that Simenon did not cooperate traitorously with the enemy, rather he profited nicely from the wartime situation.
But what do the experts think? For starters, Assouline states that Simenon was “neither really collaborative nor completely resistant, even if he flirted successively with both tendencies between the start and the end of the Occupation.” His opinion seems to be that “Simenon remained Simenon: an opportunist above all.” 
And the following is what Mr. Google, my good friend, told me: 
Fenton Bresler (1983)Two reviewers of his biography seem to concur that, although Bresler apparently referred to Simenon’s “tunnel vision” regarding the realities of the war, he “avoided the subject of collaboration.” 
Patrick Marnham (1992):  one reviewer’s summary says, Simenon weathered World WarIInicely in his rural home, performing some minimal civic functions which were later (and probably not quite justifiably) construed as collaboration with the Vichy regime.” Another indicates, “The novel explores the fine line artists sometimes trod when it came to collaboration with the Nazis. 
Michel Carly (2005): after his published investigation in response to Assouline’s “certain ambiguity, he comments, If I had found tangible proof of collaboration with the enemy, I would certainly have published it. But the investigation testimonies clearly show that ‘Simenon the collaborator’ simply never existed.” 
Stephen Knight (2012): in a Simenon book forward, he states, “It is much more likely that, as Maigret does in the novels, Simenon kept his head down, did the right thing at close quarters, and, like many French, waited for the storm to pass…. and so could be picked on afterwards by enemies. 

David P Simmons