sabato 3 dicembre 2016

SIMENON SIMENON. DE VIGNEAU A YANTCHEVSKY, ROMANS EN PHOTOS

A propos des couvertures photographiques des romans de Simenon

SIMENON SIMENON. DA VIGNEAU A YANTCHEVSKY, ROMANZI IN FOTO
A proposito delle copertine fotografiche dei romanzi di Simenon
SIMENON SIMENON. FROM VIGNEAU TO YANTCHEVSKY, NOVELS IN PHOTOS
About the photographic covers of Simenon's novels


Lorsque Simenon lança sa nouvelle collection de romans policiers, il ne se contenta pas de l'inaugurer par une opération inédite de publicité en conviant le tout-Paris à son Bal anthropométrique de février 1931, mais il eut aussi une idée de marketing originale: il voulut que ses Maigret soient présentés sous une couverture photographique. Il se renseigna sur les coûts, puis montra à Fayard les calculs qu'il avait faits, et l'éditeur remarqua: "- Je ne vois pas pourquoi vous prévoyez cinq cents francs pour les couvertures. Un bon dessinateur vous en fera pour cent francs, un dessinateur moyen pour cinquante. D'ailleurs, je n'ai pas encore vu de livres à couvertures photographiques." Et Simenon répliqua: "C'est pourquoi j'ai choisi cette formule." C'est comme cela que le romancier présente les choses dans ses Mémoires intimes, racontant aussi qu'il avait passé du temps à regarder les devantures des librairies, et qu'il s'était rendu compte qu'il y avait deux façons de présenter un roman: soit une couverture unie, le plus souvent jaune, et qui "faisait sérieux", ou alors blanche pour la prestigieuse NRF; soit une couverture "bariolée ou dessinée", pour les romans populaires. Le choix de Simenon semblait donc logique: les Maigret étant à mi-chemin entre la littérature populaire et la littérature "tout court", il leur fallait une couverture différente, d'où l'idée de la photographie, plus "chic" que le dessin bon marché, mais moins "classieux" que la couverture unicolore. Et, comme l'écrit encore Simenon, "les Maigret ont été les premiers livres enrobés d'une photographie qui recouvrait non seulement une face, mais s'étendait sur les deux en passant par le dos." A personnage original, couverture inédite…
Une fois cette décision prise, il s'agissait de trouver le photographe capable de réaliser le travail, et un travail de qualité, car Simenon était exigeant en la matière, et avait des idées bien arrêtées sur ce qu'il voulait. Heureusement, il connaissait le photographe André Vigneau, qui travaillait déjà sur les photos publicitaires et les couvertures de magazines. Vigneau était directeur artistique de l'imprimerie Lecram, celle qui faisait le travail d'impression pour Fayard, raison pour laquelle c'est ce nom qui apparaît au crédit photographique des premiers Maigret. Les deux hommes s'entendirent bien, Simenon faisant suggestions et propositions, et Vigneau réalisant les photographies selon ces suggestions. D'après les recherches de Michel Carly (voir son essai Les secrets des «Maigret», édité par les Amis de Georges Simenon), Vigneau a réalisé les couvertures de Pietr le Letton, Le charretier de la Providence, La tête d'un homme, Le chien jaune, Le pendu de Saint-Pholien. Pour Le charretier de la Providence,  c'est Simenon lui-même qui était aller dénicher un clochard pour l'emmener au studio, où on l'avait photographié aux côtés d'un cheval blanc pommelé… Vigneau engagea par la suite d'autres photographes,  qui deviendront célèbres: Robert Doisneau et Man Ray. Le second, d'après Simenon dans ses Mémoires intimes, aurait réalisé la couverture de Un crime en Hollande, "à l'aide d'un bateau et d'un moulin à vent en papier". Quant à Doisneau, on ne sait pas exactement quelles couvertures il illustra pour les premières éditions des Maigret, mais par contre, il signa plusieurs couvertures de la série rééditée dans les années 1950 (voir www.enquetes-de-maigret.com/bibliofayard1.htm): La danseuse du Gai-Moulin, Liberty Bar, L'écluse no 1, mais aussi celle pour Les treize coupables.
Après l'étape chez Gallimard, où les romans de Simenon parurent sous une couverture sobre, ce fut le passage aux Presses de la Cité. Les premiers romans publiés chez cet éditeur avaient des jaquettes illustrées, puis, dès 1950, on revint à des couvertures photographiques, ce qui, sans doute, ne devait pas déplaire à Simenon. Les recherches de Michel Carly et de Pierre Assouline montrent que le romancier était particulièrement attentif à ces couvertures, et les deux biographes citent plusieurs extraits de lettres que Simenon échangeait avec Nielsen sur ce sujet. Entre 1950 et 1957, les Maigret et les romans durs furent édités avec une couverture photographique en noir et blanc, où le nom de l'auteur apparaissait en blanc pour les Maigret, le nom du commissaire étant aux couleurs de l'arc-en-ciel, tandis que pour les "romans durs", le nom de l'auteur était en rouge. Cette très belle série est l'œuvre de Nicolas Yantchevsky, dont la Bibliothèque Nationale de France vient de présenter le travail dans une exposition qui ferme ses portes demain. Vous trouverez quelques informations à ce sujet sur cette page: www.enquetes-de-maigret.com/yantchev.htm. Simenon, très attentif à la bienfacture de ces couvertures, se réservait le choix final, et en cela aussi, il montra combien il avait compris l'importance du marketing dans la vente d'un livre. En effet, le lecteur ne se laisse pas guider uniquement par le titre ou le nom de l'auteur, mais l'aspect du livre lui-même, et en particulier l'image de la couverture, a aussi son importance.
Et ne peut-on dire que, mis à part les dessinateurs de talent qui exécutèrent des couvertures pour ces romans, tels Ferenc Pinter pour l'Italie, ou Dick Bruna pour les Pays-Bas, les couvertures photographiques se prêtent très bien pour les romans Maigret, et leur donnent un charme qui joint le plaisir du collectionneur compulsif à celui de retrouver, dans les illustrations, les détails bien connus des lecteurs ? On en veut pour preuve la dernière série en date, publiée au Livre de Poche: que l'on aime ou non ces illustrations, on peut au moins leur reconnaître le mérite d'une certaine recherche artistique… 

Murielle Wenger

venerdì 2 dicembre 2016

SIMENON SIMENON. MA PERCHE' MAIGRET SUL GRANDE SCHERMO NON HA (QUASI) MAI "SFONDATO"?

Gabin a parte, nessun successo per il commissario al cinema

SIMENON SIMENON. MAIS POURQUOI MAIGRET N'A (PRESQUE) JAMAIS "PERCE" SUR LE GRAND ECRAN ?
A part Gabin, aucun succès pour le commissaire au cinéma
SIMENON SIMENON. BUT WHY DIDN’T MAIGRET (ALMOST) EVER  “MAKE IT” ON THE BIG SCREEN?
Except for Gabin, no success in the movies for the chief inspector


Chi ha letto il post di domenica scorsa sul Magazine Maigret sapeva che ci eravamo posti il problema e che avevamo in animo di trattarlo in uno spazio più congruo.
Iniziamo dalla domanda che ci siamo sempre fatti. Simenon, ormai si sa, è stato uno scrittore molto amato dal mondo cinematografico. Non è un caso infatti che una sessantina di film siano stati tratti dai suoi romanzi, a partire dal primo nel 1932 (La nuit du carrefour - Jean Renoir) fino all'ultimo nel 2014 (La chambre bleu - di e con Mathieu Amalric). Se li andiamo ad analizzare ci accorgiamo che solo una quindicina sono quelli tratti dalle inchieste dei commissario Maigret, mentre la stragrande maggioranza sono basati sui romans durs.
Eppure i Maigret erano e sono i più conosciuti e sono anche stati i più venduti. E allora? Come mai il cinema non ne è stato attratto, o perlomeno in misura assai minore dei romans durs
Eppure il personaggio è molto popolare, ha una sua fisionomia originale, vanta un certo appeal, le sue inchieste non sono troppo lunghe o troppo intricate per essere sceneggiate per il cinema, oltre al meccanismo giallo ci sono temi e argomenti che potrebbero essere congeniali ad una versione cinematografica. Questo non significa che sia stato ignorato. 
La figura del commissario simenoniano è stata infatti portata sul grande schermo da registi come il citato Jean Renoir, da Julien Duviver, da Jean Delannoy... e tra gli interpreti di Maigret ci sono stati fior di attori, da Jean Gabin ("attore simenoniano" anche per i film tratti dai romans durs), ad altri come Charles Laughton, Gino Cervi, Michel Simon...
Insomma i presupposti c'erano tutti, ma... ma il grande successo che ci si poteva aspettare non arrivò mai. Perché?
Intanto crediamo che il personaggio di Maigret sia ben più complesso di come appare con i suoi modi burberi e la sua stazza massiccia. Maigret non è solo pipa, calvados, panini e birra della Brasserie Dauphine. Si tratta di un personaggio che presenta un suo spessore psicologico, una certa profondità, ma anche contraddizioni, chiaro-scuri che rendono il personaggio più problematico di quanto sembri. Quindi la sua trasposizione cinematografica o è stata superficiale o ha da subito presentato delle difficoltà che probabilmente hanno dissuaso registi e sceneggiatori (quelli che pensavano ad una produzione facile e leggera) a misurarsi con tali complessità.
Nei serial, letterari e televisivi, un certo numero di episodi e di puntate permettono di costruire il personaggio gradualmente. Ma nei circa 100 minuti di un'opera cinematografica, diventa più difficile profilare il protagonista con le dovute sfumature. 
D'altra parte attori con un carriera alle spalle ed una fama consolidata, come il citato Jean Gabin, finivano per sovrapporre la loro immagine e la loro recitazione al profilo e alla figura del commissario. Anche per Gino Cervi poteva essere un po' la stessa cosa: grande carriera al teatro, al cinema e in televisione prima di approdare ad interpretare il commissario. Anche Cervi un personaggio famoso, ma... ma nel suo caso c'era alle spalle il notevole successo della serie televisiva sul commissario e quindi un lavoro di 
identificazione con il personaggio simenoniano. Eppure anche il suo Maigret a Pigalle cinematografico non funzionò. Qui furono altri i motivi, probabilmente l'esigenza di adattarlo ai ritmi e alle trame del giallo cinematografico in voga all'epoca.
Forse nel caso specifico fu fatto lo stesso tipo di errore che Fayard fece quando Simenon gli presentò il personaggio di Maigret. Ricordate? Disse che era destinato al fallimento, non era un brillante, non era un detective d'azione, non aveva storie con belle donne... insomma non rispettava i canoni del giallo di successo degli anni '30. 
Anche nei film, pur senza generalizzare, visto che Maigret era un personaggio da grande pubblico, forse si pensò che anche al cinema dovesse rivolgersi a platee più che numerose e quindi il tipo di film che andava proposto doveva seguire gli stili della cinematografia gialla e poliziesca della seconda metà degli anni sessanta (ma non ancora sessantottina). 
Ma così non funzionava. Dobbiamo qui ricordare che Maigret era stato una rivoluzione nel giallo letterario degli anni '30 e questa fu la forza del suo successo. Un taciturno funzionario dello stato, non un loquace detective privato. Un commissario che non correva appresso alle giovani donne, ma a casa a gustare il pranzo di sua moglie. Un pantofolaio e non un frequentatore del jet-set o di locali alla moda. Un investigatore che risolveva i casi "sentendo" le situazioni, osservando gli ambienti e con lunghi interrogatori, invece di tuffarsi in inseguimenti in auto, in sparatorie e in scazzottate. 
Forse l'errore del cinema è stato questo: voler snaturare il personaggio nella speranza di farlo piacere ad un pubblico più vasto possibile. Al contrario della televisione che con i suoi tempi più lunghi, grazie agli sceneggiati in varie puntate, poteva essere più fedele alla cadenza della versione letteraria, al personaggio e alle suo modo d'indagare. 
Insomma forse se al cinema ci fosse stato un Maigret con meno "giallo" e con più "Simenon", avrebbe funzionato di più e meglio.
Probabilmente ci sarebbero altri elementi da prendere in considerazione  per spiegare il "non-successo" di Maigret al cinema, ma forse questo può essere un buon inizio e sicuramente é già abbastanza per gli spazi di un post di un blog come il nostro. (m.t.

giovedì 1 dicembre 2016

SIMENON SIMENON. “MAIGRET AND THE TALL WOMAN": INSPECTOR MAIGRET COMES OUT ON DECEMBER 1

Some details about the next Penguin translation for Anglophones. 

SIMENON SIMENON. “MAIGRET ET LA GRANDE PERCHE” EN ANGLAIS ARRIVE LE 1 DECEMBRE 
Des détails sur la prochaine traduction de Penguin pour les anglophones 
SIMENON SIMENON. "MAIGRET E LA GRANDE PERCHE" IN INGLESE ESCE IL 1° DICEMBRE
Alcune informazioni sulla prossima edizione della Penguin per gli anglofoni

Maigret and the Tall Woman, Penguin’s English translation of Simenon’s Maigret et la grande perche, will be available through Amazon.uk as of December 1, 2016. Both paperback and Kindle editions are expected. Preorder options already exist, so one does not have to wait to get onboard.
The opportunity for delivery to the USA and Canada will appeal to some because neither the paperback nor the Kindle editions will be available through either country’s Amazon facility until July 4, 2017.
In contrast, December 1, 2016 is the release date for the following other Amazon sources: Australia Kindle; France Kindle; Germany Kindle; Italy paperback and Kindle; Netherlands Kindle; Spain Kindle.
Unfortunately, the later July 4, 2017 release date pertains to these remaining Amazon sources: Brazil Kindle; China paperback; France paperback; Germany paperback; India Kindle; Japan paperback and Kindle; Mexico paperback and Kindle; Spain Kindle.
Be aware the ISBN-13 for this new edition is 978-0241277386, which should facilitate searching for the book from various other sources. 
An audio version from Audible.com is not yet visible on the horizon. 
Maigret et la grande perche originally appeared in 1951, but the English translation Maigret and the Burglar’s Wife did not first appear until 1955. Its translator was J. Maclaren-Ross then, and now the translator is David Watson.
This work was the 66th in Simenon’s original order of publication and is the 38th in Penguin’s modern series of translations. 
This book appealed to me for these features in particular: the reported bloody body that triggers the investigation is missing when the police show up. Shooting and poisoning issues affect seven characters in one way or another. Maigret deals with four potential liars. Maigret displays his medical knowledge. Justice rules. 

David P Simmons 

martedì 29 novembre 2016

SIMENON SIMENON. IL ROMANZIERE E LA GESTIONE DEI DIRITTI

I (pochi) collaboratori che affiancarono Simenon

SIMENON SIMENON. LE ROMANCIER ET LA GESTION DES DROITS

Les (quelques) collaborateurs aux côtés de Simenon
SIMENON SIMENON. THE NOVELIST AND COPYRIGHTS MANAGEMENT
The (few) collaborators at Simenon's side 


Madame Joyce Aitken
Sin dagli anni venti Simenon iniziò a contrattare in prima persona la vendita dei diritti e   la gestione dei proventi delle sue opere senza volersi avvalere dell'ausilio di intermediari.
In alcuni momenti della sua carriera, però, decise di servirsene; i risultati ,tuttavia, non furono esaltanti. 
Nel 1938 affidò la gestione dei suoi diritti cinematografici a Denise Batcheff-Tial ma non rimase soddisfatto di questa collaborazione.
Ci riprovò nel 1945 : allorchè parti' per gli Stati Uniti lasciò ad un procuratore la gestione dei suoi affari. Questa persona si rivelò ben presto essere però un truffatore. Nel '51 quando si trattò della cessione dei diritti dell'adattamento cinematografico de “Le témoignage de l'enfant de choeur” incaricò della gestione Georges Robert specificando che questi doveva solo ricevere le somme pattuite senza avere ad alcun titolo la gestione dei diritti. Non fu tuttavia una collaborazione che durò nel tempo. La pellicola uscì l'anno successivo con l'adattamento curato da Jacques Companeez nel film a episodi "Brelan d'as" di Henri Verneuil come terzo anello del film che comprendeva due realizzazioni tratte da opere dello scrittore belga Stanislas-André Steeman e di Peter Cheney. Più avanti, quando cioè si era già trasferito in Svizzera da qualche tempo (metà degli anni sessanta circa), Simenon si affidò per un ventennio alla quarantenne Joyce Aitken che divenne la sua segretaria e portavoce: possiamo affermare che questa fu l'unica collaborazione veramente soddisfacente e proficua per lo scrittore e che scomparve nel 2004. 

Andrea Franco

SIMENON SIMENON. SEPT JEUNES FILLES, DE CAEN A FONTENAY

A propos du roman "La maison des sept jeunes filles" et son adaptation au cinéma 

SIMENON SIMENON. SETTE RAGAZZE, DI CAEN A FONTENAY 
Si tratta del romanzo "La maison des sept jeunes filles" e il suo adattamento al cinema 
SIMENON SIMENON. SEVEN GIRLS FROM CAEN TO FONTENAY 
About the novel "La maison des sept jeunes filles" and its adaptation to cinema 


Rédigé au début novembre 1937 à Neuilly, entre deux escapades de Simenon (Port-en-Bessin où il écrit La Marie du port  et Saint-Thibault-sur-Loire où il rédige Les sœurs Lacroix), La maison des sept jeunes filles est un roman moins connu de l'auteur, sans doute parce qu'on ne peut pas le classer parmi ses chefs-d'œuvre. Ce n'est pas véritablement un "roman dur", le sujet est plutôt léger, et si certaines scènes tendent vers le dramatique, le tout est assez superficiel, mais il n'en reste pas moins agréable à lireAu départ, le roman devait paraître dans la "Collection du Bonheur" (ou "romans pour jeunes filles") de Gallimard, ce qui en dit long sur son genre… Assouline, qui trouve ce livre "assez niais, pour ne pas dire pire", raconte que Simenon y était attaché, mais qu'il reconnaissait l'avoir écrit pour "des raisons budgétaires", et qu'il ne le plaçait pas au même rang que ses autres romans.  
La trame porte sur un professeur d'histoire à Caen, qui a sept filles, âgées de seize à vingt-sept ans, et qui, à cause d'ennuis financiers, se voit contraint de marier une de ses filles à son créancier, âgé de soixante ans. Autour des filles tourne aussi un jeune homme riche mais plutôt timide, qui n'arrive pas à se décider. C'est finalement Colette, la plus jeune des filles, mais aussi la plus entreprenante et celle qui montre le plus de personnalité, qui réussit à faire avouer à Gérard que c'est d'elle qu'il est vraiment amoureux. Et, comme dans les bons romans à l'eau de rose, tout est bien qui finit bien: Gérard épouse Colette, ce qui permet de rembourser le créancier.  
Le roman est publié en préoriginale en 1938 dans le journal "Votre Bonheur", et peut-être n'aurait-il pas connu d'autre fortune si le cinéma ne s'en était emparé… En effet, un producteur achète immédiatement les droits du roman, dans le but de confier le rôle principal à Danielle Darrieux, une des grandes vedettes du moment. Mais l'arrivée de la guerre va retarder le projet, et ce n'est qu'en octobre 1941 que le tournage commence vraiment, sous la direction du metteur en scène Albert Valentin. A l'affiche, plus de Darrieux, mais on veut donner leur chance à sept actrices débutantes. Parmi celles-ci, le rôle principal (Colette) est confié à Jacqueline Bouvier, future épouse de Marcel Pagnol, ami de Simenon. Jacqueline Pagnol sera plus tard la marraine de Marie-Jo Simenon.  
L'histoire du cinéma ne retient pas grand-chose de ce film, qui est à l'image du roman: un divertissement bienvenu en ce temps de guerre. Ce qui nous intéresse ici, c'est le rapport entre ce film et la biographie de Simenon. En effet, en janvier 1942, Simenon, qui joue au châtelain à Fontenay-le-Comte, réussit un de ses "coups de pub" dont il a le secret: il a pu avoir une copie du film en avant-première (le film ne sortira qu'en février à Paris). Au Ciné-Palace, rue de la République, le tout-Fontenay se presseles vedettes du film sont également présentes, et Simenon fait une entrée remarquée, avec à son bras la "célébrité locale", une poissonnière surnommée Titine, "pittoresque, plantureuse et truculente", comme la décrit Assouline. La projection est suivie d'une fête de charité au profit des prisonniers de guerre, avec vente aux enchères, puis d'un cocktail en présence des autorités allemandes, et enfin d'un dîner au château de Terre-Neuve pour les amis parisiens de Simenon. Bien sûr, il s'en trouvera pour estimer que cette "manifestation" était, au mieux, ridicule, et au pire, suspecte sur les relations du romancier avec les autorités en place… Quant au film, après sa sortie à Paris, il s'attira quelques critiques, plus ou moins positives: "L'histoire est soigneuse, honnête, un peu lourde, avec des départs qui retombent" écrivait le chroniqueur du journal Comoedia. 
Entre temps, le roman lui-même avait été publié, et on l'accueillait lui aussi comme un bonne distraction: dans un article du même journal, un critique écrivait: "c'est léger et pétillant comme une coupe de mousseux. Jamais Simenon n'a fait preuve de tant de fraîcheur." C'est probablement ce qu'on demandait en cette année 1942, de la fraîcheur plutôt que la noirceur d'un "roman dur", le temps étant à la recherche de l'oubli du pénible quotidien… 

Murielle Wenger