martedì 15 maggio 2018

SIMENON SIMENON. CINQ ETAPES POUR UN BAR

Quelques anecdotes à propos du roman "Liberty Bar" 

SIMENON SIMENON. CINQUE PASSI PER UN BAR 
Alcuni aneddoti sul romanzo "Liberty Bar" 
SIMENON SIMENON. FIVE STEPS FOR A BAR 
Some anecdotes about the novel "Liberty Bar" 

Au printemps 1932, Simenon s'installe à Marsilly, dans le domaine de La Richardière. Au mois de mai, le premier roman qu'il y rédige est Liberty Bar. On pourrait dire de ce roman qu'il clôt en quelque sorte un cycle rédactionnel. En effet, peu après, le romancier va partir explorer l'Afrique, et ce n'est qu'à son retour, en automne, qu'il reprendra l'écriture de romans, sans le commissaire. Puis nouveau départ pour un tour d'Europe, et quand il revient à Marsilly au printemps 1933, il retrouve Maigret; mais cet intervalle de découvertes lui a fait prendre une certaine distance par rapport à son personnage, et il a décidé de franchir une nouvelle étape: c'est en effet dans L'écluse no 1, rédigé en avril 1933, qu'est abordé le thème de la retraite proche du commissaire. Du point de vue éditorial, on peut aussi remarquer que Liberty Bar est le dernier roman de la collection Maigret à être publié sous couverture photographique, en juillet 1932. Un mois auparavant avait été édité Le passager du Polarlys, et suivront encore, toujours sous couverture photographique, trois recueils de nouvelles policières (Les 13 coupables, Les 13 énigmes, Les 13 mystères), des nouvelles écrites bien auparavant, et que Fayard a dû vouloir publier en recueil pour pouvoir continuer cette série photographique. Un signe clair qu'on allait vers un tournant, puisque Simenon allait convaincre Fayard de publier ensuite une série de romans sans Maigret et sans énigme policière, sous une couverture illustrée d'un dessin et non plus d'une photographie. 
On peut donc dire que Liberty Bar marque une étape du point de vue rédactionnel et éditorial, mais il se trouve que ce roman a aussi notifié d'autres étapes. D'abord, c'est le premier roman de la saga dans lequel Maigret est amené à enquêter au bord de la Méditerranée. Jusque-là, les lecteurs avaient été habitués à voir le commissaire patauger plutôt dans les brumes et les crachins du Nord, même si le romancier lui avait déjà fait amorcer une descente vers le sud dans Le fou de Bergerac. Comme nous l'avons déjà évoqué dans un précédent billet, celui du 14 mai 2016, le fait que Simenon envoie Maigret à Antibes n'est pas dû au hasard, puisque aussi bien le romancier, avant d'arriver à Marsilly, avait passé l'hiver 1931-1932 sur la Côte d'Azur. Et donc rien d'étonnant à ce qu'il fasse découvrir à son héros les sensations vacancières du climat méridional… 
On pourra aussi noter que c'est une des premières fois, dans ce roman, que Simenon montre Maigret tentant de s'identifier, de se mettre dans la peau d'une victime, une "technique" qu'il développera souvent dans la suite de la saga. Dans un article paru dans Les Cahiers de Radio-Paris le 15 octobre 1932, intitulé Le roman policier, le critique René Lalou notait ceci: "Simenon a inventé un détective, le commissaire Maigret, dont le génie consiste à s'imprégner de ces atmosphères, à changer l'envoûtement en familiarité pour découvrir les secrets qui s'y cachaient. Dans […] Liberty Bar, Maigret ne commence à voir clair dans l'assassinat de William Brown que lorsqu'il a trouvé ce bar de Jaja où le passé se reconstitue en lui, par une sorte d'osmose." 
Outre la description de l'atmosphère méditerranéenne ("Il y a rendu d'une façon étonnante le ciel et l'odeur de la Côte d'Azur", disait Claude Aveline dans une interview des Nouvelles Littéraires en octobre 1932)il faut retenir de ce roman la truculence des personnages, en particulier des protagonistes féminines, et, comme une bonne part de l'intrigue se passe entre les murs du bar de Jaja, en une sorte de "huis clos", il n'y a finalement rien d'étonnant à ce que ce roman ait aussi été le premier à être adapté au théâtre. C'est en effet en octobre 1955 qu'était créée la pièce inspirée du roman. Frédéric Valmain en avait signé l'adaptation, et il interprétait aussi le rôle de Harry Brown. Le rôle du commissaire avait été confié à Jean Morel. Dans la revue Paris-Théâtre, qui publia le texte de la pièce à l'occasion de sa création, Simenon écrivit une brève préface, intitulée "Maigret vient au théâtre", dans laquelle il disait: "Il existe, dans la vie des enfants, un certain nombre d'étapes qui ne manquent pas d'émouvoir les parents […]. En vingt-cinq ans, Maigret m'aura donné autant d'émotions et, demain, il m'en donnera une nouvelle en montant pour la première fois sur les planches." Après avoir énuméré les acteurs qui avaient interprété le commissaire au cinéma et sur les ondes, Simenon ajoutait: "il lui restait à affronter les feux de la rampe sous l'aspect, cette fois, de Jean Morel, qui a sa carrure et sa démarche. Comment mon brave vieux commissaire va-t-il se comporter et quel accueil va-t-il recevoir ? […] J'attendrai, non sans émotion, que les journaux me disent, le lendemain, comment il s'en sera tiré." 
Enfin, on peut signaler undernière étape marquée par ce roman. Sept ans avant la diffusion, à la télévision française, du premier épisode de la série des "Enquêtes du commissaire Maigret", avec Jean Richard, Liberty Bar avait déjà connu les honneurs du petit écran. En effet, en 1960, c'est Louis Arbessier qui enfilait le pardessus de Maigret pour une adaptation du roman, dans une réalisation signée Jean-Marie Coldefy. Les extérieurs furent tournés à Cannes, donc en partie sur les lieux mêmes de l'action du roman. Coldefy, qui connaissait bien l'univers de Simenon (il avait réalisé en 1958 le documentaire "A la recherche de Maigret", dans lequel Simenon apparaissait en personne), déclara qu'il avait choisi d'adapter Liberty Bar parce que "l'opposition de ce sombre drame et du décor ensoleillé où il se situe, ainsi que le milieu renfermé du «Liberty Bar», constituent des éléments propres à restituer l'incomparable atmosphère créée par le célèbre romancier".  

Murielle Wenger 

lunedì 14 maggio 2018

SIMENON SIMENON. “THE 13 CULPRITS”

On how the author packed these very short stories. 

SIMENON SIMENON. LES 13 COUPABLES 
Comment l’auteur a emballé ces très courtes histoires. 
SIMENON SIMENON. "IL TREDICI COLPEVOLI"
Come l'autore ha confezionato questi racconti molto brevi


The short stories making up The 13 Culprits collection are tasty little snacks. Despite the outright revelation of the guilty party by their titles, these imaginative riddles challenge the reader to figure out the why and wherefore of each case. Although very short, averaging just fewer than 8 pages, they are nevertheless packed with information necessary to present the mystery and the clues needed to arrive at the solution. Simenon achieves this by drawing on the fact that his protagonist is an ‘armchair’ detective, a juge d’instruction, an official who directs investigations, interrogates persons of interest, and prepares charges, but not one who is out on the street, gathering evidence and collaring suspects. Thus, Froget utilizes various written documents that typically condense details, limit descriptive phrases, and omit digressive commentary. The result is the stories are short.
The author’s primary device is his investigator’s ever-present “notebook.” Although Simenon has Froget introduce his ‘method’ to the reader by “ticking points off on his fingers” in the first case, in 11 of the 12 subsequent cases, he presents the investigator’s “notes” with pertinent “presumptions” and “proofs,” etc. Froget relies on “small, calm and precise writing” that “borders on an obsession” to list this vital information in an abbreviated, concise form. (By way of contrast, one only occasionally finds Chief Inspector Maigret making notes. And we know how he hates writing reports.) As well, the author employs numerous other devices, such as police reports, newspaper articles, radio transmissions, and telegrams to provide information. Below are some representative truncated texts from Froget’s all-important, ‘telegraphic’ notebook as examples of Simenon’s technique. 

Emblematic is the simple note “Motive: land.” This conclusion appears “in miniscule chicken scratch on the margin of his notebook” at the end of an imposter case. 

“Presumptions: Concierge’s deposition. Traces of blood. Cut on his hand.” These facts combine to solve a murder case. 

“Proof: Mower lost his right eye in prison. Smitt denies seeing him after prison, but she mentions seeing the missing eye.” This fact implicates a murderer. 

“Notes: Murder. Clothing change. Sulfuric Acid. The dead woman will seem to be Madame Joly.” This explains a facial disfigurement case. 

“Proof: Left for Bordeaux Saturday. Returned the day after the drama. […] Presumptions: Chose where one could sound an alarm. Gun not loaded. Did not need money. Did not frequent that bar.” These details expose a double-murderer. 

“Specifics: insults during the argument about women; blows; attempted theft.” This accounts for a bizarre assault. 

“Presumption # 3: She acted and answered questions as if she wanted to be accused.” This incriminates a robber. 

“Proof: Philippe’s guilt. Pure water in the vial where the poison had been stockpiled.” This traps a poisoner. 

Thus, in a few words, Simenon tells a lot… 13 stories in 100 pages…. 

David P Simmons

domenica 13 maggio 2018



SIMENON SIMENON. NOUVEAU PORTRAIT DE MAIGRET 
Maigret vu par les autres; critiques littéraires et essayistes 

Les années '80 marquent l'essor de la critique simenonienne. Dans cette décennie vont paraître toute une série d'ouvrages consacrés au romancier, et les décennies suivantes ne seront pas moins riches en études et analyses. En 1980 les éditions l'Age d'Homme font paraître un ouvrage collectif, Simenon, où l'on trouve une interview du romancier, des documents divers, et quelques textes critiques, dont celui de Jules Bedner qui consacre son analyse à la manière dont Simenon a renouvelé le genre policier, en particulier par la création d'un nouveau type de détective. 
"Dans la longue série des successeurs de Sherlock Holmes, Maigret est sans doute un des personnages les plus complets. [Il] a des parents, une femme, des amis, un appartement à Paris, une maison de campagne, bref, une vie privée […] Ce n'est pas que ces éléments familiers occupent une place très importante dans la plupart des romans, mais, répétés assez régulièrement tout le long de la série, ils se fixent avec plus de netteté dans la mémoire que les mille complications des enquêtes. […] Maigret reste essentiellement le héros d'une série, non d'un roman isolé." 
    

SIMENON SIMENON. NUOVO RITRATTO DI MAIGRET 
Maigret visto da altri; critici e saggisti letterari 

Gli anni ’80 segnano un aumento della critica simenoniana. In questo decennio sono state pubblicate tutta una serie di opere dedicate al romanziere, e i decenni seguenti non saranno meno ricchi di studi e analisi. Nel 1980 le edizioni l’Age d'Homme pubblicano un’opera collettiva, Simenon, dove si trova un’intervista al romanziere, diversi documenti, e qualche testo critico, tra cui quello di Jules Bedner che dedica la sua analisi al modo in cui Simenon ha rinnovato il genere poliziesco, in particolare con la creazione di un nuovo tipo di detective. 
«Nella lunga serie dei successori di Sherlock Holmes, Maigret è senza dubbio uno dei personaggi più completi. [Egliha dei genitori, una moglie, degli amici, un appartamento a Parigi, una casa di campagna, in breve una vita privata […] Non che questi elementi occupino una parte di particolare rilevanza nella maggior parte dei romanzi, ma ripetuti abbastanza regolarmente durante tutto l’insieme della serie, si fissano con più chiarezza nella memoria che le mille complicazione delle indagini. […] Maigret resta essenzialmente un eroe di una serie, non di un romanzo isolato.» 

 SIMENON SIMENON. MAIGRET'S NEW PORTRAIT 
Maigret seen by others; literary critics and essayists 

The 80s marked the rise of the simenonian criticism. In this decade a whole series of books devoted to the novelist were published, and the following decades would also be rich in studies and analyzes. In 1980 the l'Age d'Homme editions published a collective work entitled Simenon, where we could find an interview of the novelist, various documents, and some critical texts, including that of Jules Bedner, who devoted his analysis to the way Simenon renewed the detective novel, particularly by creating a new type of detective.  
"Among the long series of Sherlock Holmes's successors, Maigret is no doubt one of the most complete characters. [He] has parents, a wife, friends, an apartment in Paris, a country house, in short a private life […]. These familiar elements don't really occupy a very important place in most of the novels, but, as they are regularly repeated throughout the series, they fix themselves in memory more sharply than the thousand complications of the investigations. […] Maigret essentially remains the hero of a series, not of a sole novel." 

by Simenon Simenon