lunedì 14 maggio 2018

SIMENON SIMENON. “THE 13 CULPRITS”

On how the author packed these very short stories. 

SIMENON SIMENON. LES 13 COUPABLES 
Comment l’auteur a emballé ces très courtes histoires. 
SIMENON SIMENON. "IL TREDICI COLPEVOLI"
Come l'autore ha confezionato questi racconti molto brevi


The short stories making up The 13 Culprits collection are tasty little snacks. Despite the outright revelation of the guilty party by their titles, these imaginative riddles challenge the reader to figure out the why and wherefore of each case. Although very short, averaging just fewer than 8 pages, they are nevertheless packed with information necessary to present the mystery and the clues needed to arrive at the solution. Simenon achieves this by drawing on the fact that his protagonist is an ‘armchair’ detective, a juge d’instruction, an official who directs investigations, interrogates persons of interest, and prepares charges, but not one who is out on the street, gathering evidence and collaring suspects. Thus, Froget utilizes various written documents that typically condense details, limit descriptive phrases, and omit digressive commentary. The result is the stories are short.
The author’s primary device is his investigator’s ever-present “notebook.” Although Simenon has Froget introduce his ‘method’ to the reader by “ticking points off on his fingers” in the first case, in 11 of the 12 subsequent cases, he presents the investigator’s “notes” with pertinent “presumptions” and “proofs,” etc. Froget relies on “small, calm and precise writing” that “borders on an obsession” to list this vital information in an abbreviated, concise form. (By way of contrast, one only occasionally finds Chief Inspector Maigret making notes. And we know how he hates writing reports.) As well, the author employs numerous other devices, such as police reports, newspaper articles, radio transmissions, and telegrams to provide information. Below are some representative truncated texts from Froget’s all-important, ‘telegraphic’ notebook as examples of Simenon’s technique. 

Emblematic is the simple note “Motive: land.” This conclusion appears “in miniscule chicken scratch on the margin of his notebook” at the end of an imposter case. 

“Presumptions: Concierge’s deposition. Traces of blood. Cut on his hand.” These facts combine to solve a murder case. 

“Proof: Mower lost his right eye in prison. Smitt denies seeing him after prison, but she mentions seeing the missing eye.” This fact implicates a murderer. 

“Notes: Murder. Clothing change. Sulfuric Acid. The dead woman will seem to be Madame Joly.” This explains a facial disfigurement case. 

“Proof: Left for Bordeaux Saturday. Returned the day after the drama. […] Presumptions: Chose where one could sound an alarm. Gun not loaded. Did not need money. Did not frequent that bar.” These details expose a double-murderer. 

“Specifics: insults during the argument about women; blows; attempted theft.” This accounts for a bizarre assault. 

“Presumption # 3: She acted and answered questions as if she wanted to be accused.” This incriminates a robber. 

“Proof: Philippe’s guilt. Pure water in the vial where the poison had been stockpiled.” This traps a poisoner. 

Thus, in a few words, Simenon tells a lot… 13 stories in 100 pages…. 

David P Simmons

domenica 13 maggio 2018



SIMENON SIMENON. NOUVEAU PORTRAIT DE MAIGRET 
Maigret vu par les autres; critiques littéraires et essayistes 

Les années '80 marquent l'essor de la critique simenonienne. Dans cette décennie vont paraître toute une série d'ouvrages consacrés au romancier, et les décennies suivantes ne seront pas moins riches en études et analyses. En 1980 les éditions l'Age d'Homme font paraître un ouvrage collectif, Simenon, où l'on trouve une interview du romancier, des documents divers, et quelques textes critiques, dont celui de Jules Bedner qui consacre son analyse à la manière dont Simenon a renouvelé le genre policier, en particulier par la création d'un nouveau type de détective. 
"Dans la longue série des successeurs de Sherlock Holmes, Maigret est sans doute un des personnages les plus complets. [Il] a des parents, une femme, des amis, un appartement à Paris, une maison de campagne, bref, une vie privée […] Ce n'est pas que ces éléments familiers occupent une place très importante dans la plupart des romans, mais, répétés assez régulièrement tout le long de la série, ils se fixent avec plus de netteté dans la mémoire que les mille complications des enquêtes. […] Maigret reste essentiellement le héros d'une série, non d'un roman isolé." 
    

SIMENON SIMENON. NUOVO RITRATTO DI MAIGRET 
Maigret visto da altri; critici e saggisti letterari 

Gli anni ’80 segnano un aumento della critica simenoniana. In questo decennio sono state pubblicate tutta una serie di opere dedicate al romanziere, e i decenni seguenti non saranno meno ricchi di studi e analisi. Nel 1980 le edizioni l’Age d'Homme pubblicano un’opera collettiva, Simenon, dove si trova un’intervista al romanziere, diversi documenti, e qualche testo critico, tra cui quello di Jules Bedner che dedica la sua analisi al modo in cui Simenon ha rinnovato il genere poliziesco, in particolare con la creazione di un nuovo tipo di detective. 
«Nella lunga serie dei successori di Sherlock Holmes, Maigret è senza dubbio uno dei personaggi più completi. [Egliha dei genitori, una moglie, degli amici, un appartamento a Parigi, una casa di campagna, in breve una vita privata […] Non che questi elementi occupino una parte di particolare rilevanza nella maggior parte dei romanzi, ma ripetuti abbastanza regolarmente durante tutto l’insieme della serie, si fissano con più chiarezza nella memoria che le mille complicazione delle indagini. […] Maigret resta essenzialmente un eroe di una serie, non di un romanzo isolato.» 

 SIMENON SIMENON. MAIGRET'S NEW PORTRAIT 
Maigret seen by others; literary critics and essayists 

The 80s marked the rise of the simenonian criticism. In this decade a whole series of books devoted to the novelist were published, and the following decades would also be rich in studies and analyzes. In 1980 the l'Age d'Homme editions published a collective work entitled Simenon, where we could find an interview of the novelist, various documents, and some critical texts, including that of Jules Bedner, who devoted his analysis to the way Simenon renewed the detective novel, particularly by creating a new type of detective.  
"Among the long series of Sherlock Holmes's successors, Maigret is no doubt one of the most complete characters. [He] has parents, a wife, friends, an apartment in Paris, a country house, in short a private life […]. These familiar elements don't really occupy a very important place in most of the novels, but, as they are regularly repeated throughout the series, they fix themselves in memory more sharply than the thousand complications of the investigations. […] Maigret essentially remains the hero of a series, not of a sole novel." 

by Simenon Simenon

sabato 12 maggio 2018

SIMENON SIMENON. ADELE, SYLVIE, ARLETTE ET LES AUTRES…

Maigret et les filles de la nuit: des prénoms évocateurs 

SIMENON SIMENON. ADELE, SYLVIE, ARLETTE E LE ALTRE... 
Maigret e le ragazze della notte: primi nomi evocativi 
SIMENON SIMENON. ADELE, SYLVIE, ARLETTE AND THE OTHERS 
Maigret and the "girls of the night": evocative first names


Parmi tous les personnages féminins que le commissaire croise au cours de ses enquêtes, il en est certains qui sont typiques du monde simenonien tel que le romancier l'a peuplé. On pourrait citer les incontournables concierges, mais aussi les femmes de ménage acariâtres ou les jeunes infirmières potelées. Cette fois, nous allons nous intéresser aux "filles de la nuit", qui peuplent tant de virées noctambules de Maigret, au coin des trottoirs baignés de pluie ou derrière les tentures rouges des cabarets. Les prostituées, danseuses et autres strip-teaseuses, Simenon les croque d'une plume d'autant plus authentique que ce sont des personnages qu'il a rencontrés souvent lui-même au cours de ses propres nuits agitées, au point d'en faire parfois les protagonistes centraux d'un roman (que l'on pense à Strip-tease, pour le plus évident).  
Femmes vivant plus ou moins de leur corps, "filles en carte", garçonnes des années '30 ou femmes libres se donnant à ceux qu'elles veulent, la galerie est fort diverse dans l'œuvre du romancier, et nous nous arrêterons ici à quelques-uns de ces personnages rencontrés par Maigret dans le cadre de ses enquêtes.  
Michel Carly, dans son ouvrage Simenon et les femmes, évoque la rencontre, à Liège, entre le jeune Simenon d'à peine vingt ans et une certaine Silvie Noirhomme. Celle-ci n'exerce pas officiellement le métier de la prostitution, mais elle a un amant qui l'entretient, et Simenon lui-même va l'installer dans une garçonnière. Ce qui nous intéresse ici n'est pas tant le fait que cette Silvie sera une "initiatrice" (selon le mot de Michel Carly, qui en parle à nouveau dans l'ouvrage La Belgique de Simenon) pour le romancier, mais que cette Silvie va être à l'origine de nombreux personnages féminins dans son œuvre. Carly en énumère plusieurs, la première étant la provocante Adèle dans Au rendez-vous des Terre-Neuvas, qui porte le même patronyme que Silvie. Carly énumère ensuite une série de "Sylvie" dont le romancier parsème son œuvre, dans plusieurs romans durs, mais aussi dans Liberty Bar. On ne sera donc pas étonné d'apprendre que deux autres Sylvie apparaissent dans la saga maigretienne, et que toutes les deux sont elles aussi des filles de la nuit (l'une, dont seul le prénom est évoqué, se trouve dans Maigret, Lognon et les gangsters; l'autre, dans Maigret et le client du samedi, se nomme en réalité Antoinette, mais elle se fait appeler Sylvie).  
Au moment où Maigret rencontre Adèle Noirhomme, dans Au rendez-vous des Terre-Neuvas, celle-ci n'exerce plus à proprement parler la prostitution, même si cinq ans auparavant, elle a été enregistrée comme "fille soumise" à Strasbourg. On retiendra ici que cette "belle garce, frôleuse, gourmande", comme la décrit le texte, va provoquer le drame à l'origine de l'intrigue du roman. Mais surtout, que dans le roman suivant, La danseuse du Gai-Moulin, on retrouvera une autre Adèle, l'entraîneuse du cabaret liégeois. Si, physiquement, elle n'a pas les formes provocantes d'Adèle Noirhomme, elle symbolise tout de même cette attirance du monde de la nuit, et le Gai-Moulin annonce déjà le Picratt's d'un roman plus tardif (dans lequel évolue cette autre fille de la nuit qu'est Arlette), et tous les cabarets dans lesquels Maigret mène sa dernière enquête, selon la chronologie rédactionnelle de la sagaMaigret et Monsieur Charles. J'ignore si les érudits simenoniens ont repéré dans la biographie du romancier une autre "initiatrice" qui aurait porté le prénom d'Adèle, mais par contre, on peut constater que dans la saga maigretienne, on trouve une troisième fille portant ce prénom, et cette fois encore, il s'agit d'une fille de la nuit (Adèle est la maîtresse du meurtrier de Lapie dans Félicie est là)… 
De la provocante Adèle, en passant par la danseuse du Gai-Moulin, on arrive à la strip-teaseuse du Picratt's. Celle-ci se fait appeler Arlette, et comme une autre Arlette qui l'a précédée de quelques romans (Arlette Sudre dans Maigret et la vieille dame), c'est une femme qui connaît de nombreuses rencontres avec les hommes. De là à prénommer Arlette des "professionnelles du sexe", il n'y a qu'un pas, qui est franchi dans deux autres romans de la saga: on trouve en effet une Arlette dans la "pension" de Mariette Gibon (Maigret et l'homme du banc) et une autre dont le nom est juste évoqué dans Maigret tend un piège (c'est une "fille publique", la première victime du tueur en série).  
Certes, d'autres filles de la nuit apparaissent dans la saga maigretienne, avec d'autres prénoms, mais on notera tout de même cette constance sur ces trois prénoms-là (Sylvie, Adèle et Arlette), qui, à chaque fois, sont ceux de personnages féminins que Maigret croise dans un contexte bien précis… 

Murielle Wenger