sabato 12 maggio 2018

SIMENON SIMENON. ADELE, SYLVIE, ARLETTE ET LES AUTRES…

Maigret et les filles de la nuit: des prénoms évocateurs 

SIMENON SIMENON. ADELE, SYLVIE, ARLETTE E LE ALTRE... 
Maigret e le ragazze della notte: primi nomi evocativi 
SIMENON SIMENON. ADELE, SYLVIE, ARLETTE AND THE OTHERS 
Maigret and the "girls of the night": evocative first names


Parmi tous les personnages féminins que le commissaire croise au cours de ses enquêtes, il en est certains qui sont typiques du monde simenonien tel que le romancier l'a peuplé. On pourrait citer les incontournables concierges, mais aussi les femmes de ménage acariâtres ou les jeunes infirmières potelées. Cette fois, nous allons nous intéresser aux "filles de la nuit", qui peuplent tant de virées noctambules de Maigret, au coin des trottoirs baignés de pluie ou derrière les tentures rouges des cabarets. Les prostituées, danseuses et autres strip-teaseuses, Simenon les croque d'une plume d'autant plus authentique que ce sont des personnages qu'il a rencontrés souvent lui-même au cours de ses propres nuits agitées, au point d'en faire parfois les protagonistes centraux d'un roman (que l'on pense à Strip-tease, pour le plus évident).  
Femmes vivant plus ou moins de leur corps, "filles en carte", garçonnes des années '30 ou femmes libres se donnant à ceux qu'elles veulent, la galerie est fort diverse dans l'œuvre du romancier, et nous nous arrêterons ici à quelques-uns de ces personnages rencontrés par Maigret dans le cadre de ses enquêtes.  
Michel Carly, dans son ouvrage Simenon et les femmes, évoque la rencontre, à Liège, entre le jeune Simenon d'à peine vingt ans et une certaine Silvie Noirhomme. Celle-ci n'exerce pas officiellement le métier de la prostitution, mais elle a un amant qui l'entretient, et Simenon lui-même va l'installer dans une garçonnière. Ce qui nous intéresse ici n'est pas tant le fait que cette Silvie sera une "initiatrice" (selon le mot de Michel Carly, qui en parle à nouveau dans l'ouvrage La Belgique de Simenon) pour le romancier, mais que cette Silvie va être à l'origine de nombreux personnages féminins dans son œuvre. Carly en énumère plusieurs, la première étant la provocante Adèle dans Au rendez-vous des Terre-Neuvas, qui porte le même patronyme que Silvie. Carly énumère ensuite une série de "Sylvie" dont le romancier parsème son œuvre, dans plusieurs romans durs, mais aussi dans Liberty Bar. On ne sera donc pas étonné d'apprendre que deux autres Sylvie apparaissent dans la saga maigretienne, et que toutes les deux sont elles aussi des filles de la nuit (l'une, dont seul le prénom est évoqué, se trouve dans Maigret, Lognon et les gangsters; l'autre, dans Maigret et le client du samedi, se nomme en réalité Antoinette, mais elle se fait appeler Sylvie).  
Au moment où Maigret rencontre Adèle Noirhomme, dans Au rendez-vous des Terre-Neuvas, celle-ci n'exerce plus à proprement parler la prostitution, même si cinq ans auparavant, elle a été enregistrée comme "fille soumise" à Strasbourg. On retiendra ici que cette "belle garce, frôleuse, gourmande", comme la décrit le texte, va provoquer le drame à l'origine de l'intrigue du roman. Mais surtout, que dans le roman suivant, La danseuse du Gai-Moulin, on retrouvera une autre Adèle, l'entraîneuse du cabaret liégeois. Si, physiquement, elle n'a pas les formes provocantes d'Adèle Noirhomme, elle symbolise tout de même cette attirance du monde de la nuit, et le Gai-Moulin annonce déjà le Picratt's d'un roman plus tardif (dans lequel évolue cette autre fille de la nuit qu'est Arlette), et tous les cabarets dans lesquels Maigret mène sa dernière enquête, selon la chronologie rédactionnelle de la sagaMaigret et Monsieur Charles. J'ignore si les érudits simenoniens ont repéré dans la biographie du romancier une autre "initiatrice" qui aurait porté le prénom d'Adèle, mais par contre, on peut constater que dans la saga maigretienne, on trouve une troisième fille portant ce prénom, et cette fois encore, il s'agit d'une fille de la nuit (Adèle est la maîtresse du meurtrier de Lapie dans Félicie est là)… 
De la provocante Adèle, en passant par la danseuse du Gai-Moulin, on arrive à la strip-teaseuse du Picratt's. Celle-ci se fait appeler Arlette, et comme une autre Arlette qui l'a précédée de quelques romans (Arlette Sudre dans Maigret et la vieille dame), c'est une femme qui connaît de nombreuses rencontres avec les hommes. De là à prénommer Arlette des "professionnelles du sexe", il n'y a qu'un pas, qui est franchi dans deux autres romans de la saga: on trouve en effet une Arlette dans la "pension" de Mariette Gibon (Maigret et l'homme du banc) et une autre dont le nom est juste évoqué dans Maigret tend un piège (c'est une "fille publique", la première victime du tueur en série).  
Certes, d'autres filles de la nuit apparaissent dans la saga maigretienne, avec d'autres prénoms, mais on notera tout de même cette constance sur ces trois prénoms-là (Sylvie, Adèle et Arlette), qui, à chaque fois, sont ceux de personnages féminins que Maigret croise dans un contexte bien précis… 

Murielle Wenger 

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