mercoledì 26 dicembre 2018

SIMENON SIMENON. THE RATIONALE IN “ACT OF PASSION”

On a good presentation of a poor attempt by a killer to be understood 

SIMENON SIMENON. LA JUSTIFICATION DANS “LETTRE A MON JUGE” 
Une bonne présentation de la pauvre tentative d’un meurtrier pour être compris 
SIMENON SIMENON.LA GIUSTIFICAZIONE IN "LETTERA A MIA MADRE"
Una buona raffigurazione del povero tentativo di un assassino per essere compreso

Act of Passion presents a unique letter written to the examining magistrate by Dr.Charles Alavoine after his conviction for the fatal strangulation of his mistress. His words expose an inhibited, frustrated man who exploded and disintegrated. Egotism, sexuality, and insanity provoked the end results. His egotism was and is rampant. The letter rambles on about wanting, without trying to “justify” himself, “just one man” to “understand.” Alavoine boasts of his “immense advantage over you [the magistrate] because “I killed.” Claiming he was “sort of a criminal by chance but a man who could not have acted otherwise, he dismisses his trial as a “comedy” with “little relationship to reality.” Bizarrely, he counters the magistrates stated opinionI firmly believe […] his action was not premeditated—with the confession that “I had difficulty with that.” He then announces, “I am persisting in order to prove I did act with premeditation in full knowledge of the facts.” He expects his exposition to be convincing since it is not “a letter from a madman” although it certainly is.
Alavoine’s sexuality was the catalyst for his downfall. Admitting to an “appetite for women. I do not mean for love, rather for women, the man “haunted by desire was conflicted: he “never saw a woman applying lipstick without thinking […] about the penis of an aroused male dog. Intercourse with a pick-up brought him to tears “of happiness and despair all together when he was 20, but only now does he realize he “has been searching” for a girl like that for more than 20 years without knowing it.” He expanded his sexual misbehaviors under the noses of his mother and wife by having intercourse with their teenage maid every morning in the kitchen and molesting another teenage patient in his medical office. Yet he resisted intercourse with another teenage patient (for a few months only) because he preferred fantasizing about the actThis weird behavior continued until newcomer Martine captured and consumed him because not having sex with her was a “wrenching void. 
Alavoine’s insanity eventually took over, and the letter confirms his ongoing warped thinking: he was searching for his shadowImagine the anguish of wandering about, all alone without a shadow, in a world where everyone else has theirs?” For a desireI was missing something and I did not know what.” For satisfactionI was hungry” but “hungry for what?” A future deranged answer is hinted at in his early odd fixation on Martine’s neck as “the principal human thing I discovered about her. Perceiving a “bad Martine,” he felt a “heavy responsibility” to deliver her from her past and hence “took charge” to “purge her.” But jealousy interfered “ferociously.” After punching her with his clenched fist, intending to “release” the “real Martine before the bastards dirtied her, the physical abuse escalated. Even more bizarre mentation followed the “miracle” of her achieving orgasm at lastAnd to think one day I will have to kill you. No sooner does he boast, “I had made her happy. […] I had cured her of her fears,” than he complains about his personal “ghosts” and “suffering.” So, bamhe strangled her. Two late declarations—“I killed her so she could live” and “I am not crazy—offer a choice in deciding what to believe about the man in the end. 

David P Simmons 

domenica 23 dicembre 2018

SIMENON SIMENON. UN FAMEUX INTERROGATOIRE…

A propos de l'affaire Mestorino, souvent évoquée dans les romans de la saga 

SIMENON SIMENON. UN FAMOSO INTERROGATORIO… 
A proposito del caso Mestorino, spesso menzionato nei romanzi della serie 
SIMENON SIMENON. A FAMOUS INTERROGATION… 
About the Mestorino case, often mentioned in the Maigret novels 

«Pourquoi, ce soir-là, pensait-il au plus long, au plus dur de tous ces interrogatoires, devenu presque classique dans les annales de la Police judiciaire, celui de Mestorino, qui n'avait pas duré moins de vingt-six heures ?» (Maigret à New York) 

L'affaire Mestorino est évoquée à plusieurs reprises dans la saga maigretienne, mais ce que le romancier en a surtout retenu est ce fameux et très long interrogatoire qui mobilisa un grand nombre de policiers. Ce qui donne de la force à cette évocation, c'est que cette affaire et cet interrogatoire ont réellement existé, et qu'ils ne sont pas nés de l'imagination de Simenon. 
C'est le commissaire Guillaume – l'un des modèles de Maigret – qui mena l'interrogatoire final de Mestorino. Guillaume, dans ses mémoires, publiées sous le titre Mes grandes enquêtes criminelles, raconte lui-même l'affaire Mestorino. Son récit nous servira de base pour retracer cette affaire en quelques lignes. 
Le mercredi 29 février 1928, on découvrait, dans une forêt d'Ile-de-France, un corps humain ficelé dans un sac et carbonisé. On identifia le cadavre comme celui de Gaston Truphème, un courtier en bijoux, dont une parente avait signalé la disparition deux jours auparavant. Elle avait indiqué qu'au moment de son départ, Truphème avait sur lui pour cent trente mille francs de bijoux, ainsi qu'une traite de trente mille francs au nom de Charles Mestorino. Interrogé, celui-ci affirma qu'il avait payé la traite à Truphème le lundi matin. 
Après l'enterrement de Truphème, Mestorino fut convoqué à la PJ en tant que témoin au sujet de l'assassinat. Manifestant beaucoup de chagrin suite au décès de son ami, Mestorino expliqua aux policiers que Truphème avait eu un rendez-vous le lundi avec des individus mystérieux, et qu'il s'était peut-être agi d'un guet-apens. Les policiers avaient laissé Mestorino partir, mais Guillaume n'était pas satisfait: «Il y avait tout dans la déposition de Mestorino: le pathétique, l'émotion, la tristesse, tout sauf la sincérité.» Guillaume continua son enquête, interrogea nombre de témoins, et découvrit que Mestorino connaissait des difficultés financières. Le commissaire décida de le convoquer à nouveau à son bureau. 

On était le 14 mars. Guillaume était assisté, entre autres, de l'inspecteur Février et de son secrétaire Massu. Les policiers réussirent d'abord à faire admettre à Mestorino qu'il avait menti au sujet de la traite payée à Truphème: il affirma qu'il avait proposé à son ami de lui régler son dû le lundi soir, mais comme Truphème n'était pas revenu, il avait gardé l'argent. Mais cela ne suffisait pas à Guillaume, qui était persuadé que Mestorino avait assassiné Truphème. Le harcèlement continua, et, à un moment donné, se passa la scène que Simenon a raconté plusieurs fois dans ses romans; Guillaume écrit: «Tandis que [Mestorino] essayait de nous braver, la peur atroce qui lui tordait les entrailles venait de le trahir. Ce désordre pathologique était – si l'on peut dire – la signature du crime. On le conduisit aux lavabos.» Mais Mestorino continua à nier, puis, poussé à bout, il finit par avouer: Truphème était passé à son bureau le matin, et Mestorino lui avait demandé de revenir l'après-midi. Mais quand il était revenu, comme Mestorino ne pouvait pas le payer; une bagarre avait suivi, et Truphème en était mort. Mestorino fut condamné au bagne, où il mourut en 1930. 

Simenon a-t-il eu des détails sur l'affaire de la bouche même de Guillaume ? C'est possible, dans la mesure où c'est dans ces années-là que le romancier fit la connaissance du commissaire, à l'invitation de Xavier Guichard, après la parution des premiers Maigret. En tout cas, lorsqu'en 1934, le romancier écrivit une série de reportages pour le journal Paris-Soir, intitulés En marge de l'affaire Stavisky: les coulisses de la police, il en consacra un à cette histoire: Un interrogatoire «à la chansonnette» ou comment le commissaire Guillaume fit avouer Mestorino. Il y détaillait la technique de l'interrogatoire, et la scène où Mestorino s'oubliait dans son pantalon ne manquait pas non plus. 
Dans cet article, Simenon écrit que l'interrogatoire a duré dix-huit heures. Cette information de première main, si l'on peut dire, et très proche temporellement des événements, est plus véridique que les plus de vingt-quatre heures qui sont évoquées souvent dans la saga. Mais donner à cet interrogatoire une durée plus longue devait sans doute frapper davantage l'esprit des lecteurs… 
Quant à Maigret, on le voit penser plusieurs fois à cet interrogatoire lors de ses enquêtes, car, bien entendu, d'après Simenon, le commissaire avait aussi été de la partie, quoi qu'il eût tenu à rétablir une certaine vérité dans ses Mémoires: «je pourrais me mettre sur les rangs, moi aussi, car une affaire de ce genre requiert la collaboration de tous les services. Quant à l'interrogatoire final, ce fameux interrogatoire de vingt-huit [sic!] heures qu'on cite aujourd'hui en exemple, nous avons été, non quatre, mais six au moins à nous relayer, à reprendre les questions une à une, de toutes les façons imaginables, gagnant chaque fois un petit bout de terrain. Bien malin, dans ces conditions, celui qui dirait lequel d'entre nous, à un moment donné, a poussé le déclic qui a amené les aveux.» 

Murielle Wenger