domenica 24 febbraio 2019

LES ADVERSAIRES DE MAIGRET

Portraits de quelques criminels dans la saga 

SIMENON SIMENON. GLI AVVERSARI DI MAIGRET 
Ritratti di alcuni criminali nella saga 
SIMENON SIMENON. MAIGRET'S OPPONENTS 
Portraits of some criminals in the saga 


Maigret et le psychopathe

Maigret a eu affaire à tous les types de criminels au cours de sa carrière; petits délinquants qui ont tué pour voler, truands qui ont éliminé un rival, mais aussi tous ces «meurtriers d'occasion», qui, poussés par les circonstances, ont franchi la ligne, guidés par leur peur de manquer ou de perdre leur pouvoir. Presque à chaque fois, le commissaire s'est efforcé de comprendre le mécanisme qui les a fait agir, et en se «mettant à leur place», il a fini par découvrir leur vérité. Mais parfois, il a eu beaucoup plus de difficultés à établir le contact entre lui et le meurtrier. C'est le cas avec Marcel Moncin dans Maigret tend un piège.
Lors des interrogatoires qu'il a menés, Maigret a senti sans cesse une barrière entre lui et ce tueur psychopathe, et il faudra un dernier meurtre, encore plus inutile que les autres, pour que le commissaire finisse par aller jusqu'au bout de sa quête de vérité. Moncin est devenu un meurtrier parce qu'il a trouvé cette seule issue pour se révolter contre une mère et une femme qui ont étouffé sa personnalité, l'ont maintenu dans un état terrible de dépendance et l'ont empêché de devenir un adulte. Si le commissaire n'excuse pas pour autant le comportement meurtrier de Moncin, du moins il a enfin réussi à le comprendre… 


Maigret e lo psicopatico

Maigret ha avuto a che fare con tutti i tipi di criminali nel corso dela sua carriera; piccoli delinquenti che hanno assassinato per rubare, teppisti che hanno eliminato un rivale, ma anche tutti quegli «assassini occasionali», che spinti dalle circostanze, hanno passato la linea, guidati dalla loro paura di mancare o di perdere il loro potere. Quasi ogni volta il commissario si sforza di comprendere il meccanismo che li fa agire, e, «mettendosi al loro posto» finisce per scoprire la loro verità. Ma a volte, ci sono non poche difficoltà a stabilire il contatto tra lui e l’assassino. E’ il caso di Marcel Moncin in La trappola di Maigret. Aldilà degli interrogatori che ha condotto, Maigret ha sentito senza fine questa divisione tra lui e questo omicida psicopatico e occorrerà che si verifichi un ultimo omicidio, ancora più inutile degli altri, affinché il commissario possa arrivare all’obbiettivo, la sua ricerca della verità. Moncin é diventato un omicida perché ha trovato questa sola via d’uscita per rivoltarsi contro una madre e una moglie che hanno soffocato la sua personalità, l’hanno costretto in uno stato terribile di dipendenza e gli hanno impedito di diventare adulto. Se il commissario non può scusare certo il comportamente omicida di Moncin, perlomeno è riuscito infine a comprendere… 

Maigret and the psychopath 


Maigret had to deal with every type of criminals throughout his career; minor offenders who killed for stealing, crooks who eliminated a rival, and also all these "murderers on occasion" who, pushed by circumstances, crossed the line, guided by their fear to run out of money or to lose their power. Almost every time the Chief Inspector strove to understand the mechanism that made them act, and by "putting himself in their shoes", he ended up by finding out the truth. Yet sometimes he had hard times to establish a contact between himself and the murderer. It's the case with Marcel Moncin in Maigret Sets a Trap.
During the interrogations he led, Maigret constantly felt a barrier between himself and this psychopathic killer, and it would take a second murder, even more useless than the other ones, for the Chief Inspector to go to the end of his quest of truth. Moncin became a murderer because he found this only way to rebel against his mother and his wife, who smothered his personality, maintained him in an awful state of dependency and prevented him to become an adult person. If the Chief Inspector didn’t excuse for all Moncin's murderous behaviour, at least he succeeded in finally understanding him… 

Murielle Wenger

sabato 23 febbraio 2019

SIMENON SIMENON. AU LENDEMAIN DU BAL…

Quelques réflexions à partir des comptes-rendus des journaux de l'époque 

SIMENON SIMENON. ALL'INDOMANI DEL BALLO… 
Alcuni pensieri a proposito dei resoconti nei giornali del tempo 
SIMENON SIMENON. THE DAYS AFTER THE BALL… 
Some thoughts about newspaper reports of the time 



Tous s'accordent à le dire, le Bal anthropométrique fut une façon plus qu'originale d'annoncer la publication de la nouvelle collection des romans Maigret. Cependant, lorsqu'on lit les échos parus dans les journaux au lendemain du bal, on constate qu'ils mentionnent surtout la liste des invités, les excentricités qui s'y étaient déroulées, et rares étaient ceux à donner ne serait-ce que les deux titres de cette nouvelle collection… Que dut penser Fayard, lui qui avait finalement accepté d'avancer les fonds pour cette entreprise ? Que c'était de l'argent gaspillé pour rien ? Probablement attendait-il de voir si les deux romans auraient vraiment du succès en librairie, et peut-être se félicitait-il d'avoir exigé de Simenon une certaine quantité de romans d'avance pour parer à toute éventualité… 
Et Simenon lui-même, quel pouvait être son état d'esprit ? On peut l'imaginer, les jours suivant le bal, se jeter avidement sur les journaux, lire fébrilement les critiques, et peut-être constater avec une certaine satisfaction qu'en tout cas on avait parlé partout de cette fête tapageuse… Mais il devait être assez honnête avec lui-même pour se rendre compte que cela ne suffisait pas encore pour asseoir le succès de son personnage. 
S'il avait lu, par exemple, le journal Figaro, il devait se dire que rien n'était encore gagné. En effet, dans le compte-rendu du 23 février à propos du Bal, le journaliste évoquait le Tout-Paris, nommait quelques invités, donnait les noms de ceux qui avaient décoré la salle, et, bien qu'il précisait tout de même qu'il «s'agissait surtout de lancer deux romans policiers», il n'en mentionnait ni les titres, ni le nom de l'auteur… Est-ce la raison pour laquelle, le lendemain 24 février, paraissait un entrefilet publicitaire (c'est celui qui figure sur l'illustration de ce billet), dans lequel on précisait le but de ce bal, le patronyme du romancier et le titre de ses deux romans ? Est-ce Fayard, ou Simenon lui-même qui avait pensé à faire publier cet encart ? Nous n'en savons rien, mais il serait intéressant de pouvoir consulter la correspondance qu'ont peut-être échangée les deux hommes à ce sujet… 
Quoi qu'il en soit, si Simenon a lu l'édition du Figaro qui a paru deux jours plus tard, soit le 26 février, il a dû penser qu'il avait encore du pain sur la planche. En effet, ce jour-là parut ce qui dut être une des premières critiques publiées sur les romans eux-mêmes, et le moins que l'on puisse en dire, c'est qu'elle n'était pas très positive…: «Lisez, nous a-t-on dit, ces deux romans policiers. Un lancement rare: tapage, affiches, bal anthropométrique, etc.… […] Nous préférons le bridge, mais nous [les] avons lus, et nous sommes restés sur notre appétit; ces deux rébus sont d'invention bien frêle.» 
Certes, Simenon aurait encore bien du chemin à faire pour imposer son héros atypique, et ce qu'il confia par la suite à son ami Carlo Rim devait bien refléter son état d'esprit en cette période décisive; d'abord, cette question que le romancier se posait: «Est-ce que mes Maigret seraient parus comme ça sans le Bal anthropométrique ?», mais aussi la croyance en les potentialités de son commissaire, et l'espoir qui l'animait lorsqu'il noircissait rageusement les pages des romans populaires que Fayard avait exigés en garantie: «Maigret vivait en moi, je le voyais comme un personnage de chair […] Pendant que je turbinais, il était là qui fumait sa pipe, en attendant. Nous avions confiance tous les deux.» 
Des années plus tard, les heures d'angoisse à trimer sur ces derniers romans populaires avaient quelque peu été effacées de la mémoire du romancier; et Simenon, dans une interview de février 1979, répondit, au journaliste qui lui demandait, à propos du Bal anthropométrique, si le succès des Maigret n'avait pas été plutôt rapide, que le «phénomène Maigret [avait] démarré en vingt-quatre heures.» Une version un peu triomphale qu'on pardonnera au romancier, parce que, après tout, il avait eu bien raison… 

Murielle Wenger 

venerdì 22 febbraio 2019

SIMENON SIMENON. "NON PENSO NIENTE" DICE MAIGRET

Al contrario di altri detective il cui cervello gira a mille, il commissario ha i suoi tempi... che poi si rivelano quelli giusti

SIMENON SIMENON. "JE NE PENSE RIEN", DIT MAIGRET
Au contraire des autres détectives dont le cerveau tourne à plein régime, le commissaire a son propre rythme… qui se révèle être le plus adéquat
SIMENON SIMENON. "I DON”T THINK ANYTHING,” MAIGRET SAYS
Contrary to other detectives whose brains run at full speed, the Chief Inspector has his own rhythm… which shows itself to be most adequate





Si potrebbe dire che per un poliziotto la frase non sia una delle più felici.
Soprattutto per il fatto che la pronunciasse in momenti davvero particolari. Il commissario, infatti, usava queste parole sul luogo dell’omicidio, per rispondere a coloro che gli chiedevano quale idea si fosse fatto della situazione e se avesse già qualche sospetto su chi potesse essere il colpevole.
Maigret spesso passeggiava su e giù, intabarrato in quel suo pesante cappotto di velluto, avvolto in una grossa sciarpa di lana. Il suo passo cadenzato e pesante si alternava alle lunghe e intense pipate e il conseguente sbuffo di fumo.
Le palpebre impercettibilmente scese e uno sguardo che non si posava su nulla di particolare. Era lì, ma sembrava non ci fosse. Poteva apparire assente. Ma, come ci spiega l’autore, il commissario si stava ”impregnando”. 
Come se fosse una spugna? Sì, come una spugna.
Era lì, sentiva quello che la gente diceva, annusava gli odori, ma soprattutto assorbiva l’atmosfera, respirava l’aria del posto e faceva di tutto per immaginarsi come uno di loro. Cercava di intuire la mentalità che vigeva in quel posto, le dinamiche relazionali tra quelle persone.
E se ne stava zitto, mentre intorno a lui si inscenava il solito frenetico balletto di poliziotti, ispettori, medici legali, conoscenti della vittima e curiosi di passaggio: una rappresentazione che si verificava invariabilmente in ogni scena del crimine.
Chi avesse potuto osservare il commissario avrebbe potuto avere, magari la sensazione che fosse estraneo a quello che succedeva… e tutti i torti in fondo non li avrebbe avuti.
Maigret infatti sembrava davvero estraniarsi. Quell’operazione di “impregnarsi” gli imponeva quella maschera, sotto la quale faceva invece fermentare le sue intuizioni.
Lo diceva Simenon. “Maigret non è intelligente, è intuitivo”.
Ma la scintilla dell’intuizione poteva scoccare solo quando il commissario riusciva a comprendere quello che girava intorno a lui, a quel caso, le dinamiche psicologiche tra i sospettati, i valori che vigevano in quell’ambiente, la mentalità e le abitudini tipiche di quello spaccato di umanità.
Questo, da una parte, ci spiega come i Maigret non fossero quei romanzetti gialli così diversi dai “romans durs”, che certi critici, soprattutto all’inizio, andavano sostenendo. Ma, d’altro canto, porta Maigret al livello di una persona qualsiasi. Di uno di noi che sul luogo di un omicidio non saprebbe che pesci prendere.
Anche Maigret in quei primi momenti non sapeva quali dei pesci, con cui aveva a che fare, dovesse tirar su, ma sapeva che, una volta entrato nelle teste di quelli là e ragionando come loro, sarebbe arrivato comprendere i fatti in modo naturale, senza contare su una rara memoria eidetica o macchinosi “palazzi della memoria”, o tracce impercettibili di DNA.
A noi personalmente è sempre piaciuto molto questo specie di orso, tratteggiato da Simenon, imponente, avvolto da una cortina di fumo di tabacco, il quale tra pipa, sciarpa e chapeau-melon osservava tutto e tutti con l’aria di non farlo, misurando il terreno con il suo passo pachidermico e con l’espressione un po’ addormentata.
Forse, ma questo Simenon non lo dice anche se a noi piace crederlo, Maigret si prendeva un po’ gioco di tutti.
“Cosa ne pensa?”
“Non penso niente”
Ma qualche cosa gli frullava già nel cervello, e in fondo in fondo si divertiva a fare credere a tutti che un commissario, capo della brigata criminale, non avesse uno straccio di opinione sul caso in questione.
Un comportamento del genere non era poi così estraneo al carattere di quel Jules, che quando era a casa malato quasi giocava a fare il bambino, per farsi coccolare dalla moglie Louise. Fingeva dolori e malanni che secondo lui avrebbero dovuto spingere la consorte a prendersi cura di lui, quasi come una mamma del suo figliolo. Anche se poi il gioco era scoperto dato che M.me Maigret non vedeva l’ora di coccolarselo un po’, per quel poco che l’aveva in casa.
E poi, se devo dire tutta la verità (che a molti di voi non interesserà minimamente), anche io quando leggo un Maigret “non penso a niente”. Mi lascio trascinare dal commissario nelle sue fumate, nelle sue bevute, nei suoi interrogatori e anche io finisco per impregnarmi di quella vicenda. E quando mia moglie, che mi vede leggere e mi sorprende a fare delle strane espressioni, mi chiede “Ma cosa stai pensando?”. Io rispondo “Niente. Non penso niente”. (m.t.)