mercoledì 4 novembre 2020

SIMENON SIMENON. SE UNA PIPA SPUNTA NELLA NEBBIA...

  Maigret raccontato da Simenon-Simenon/ Maigret raconté par Simenon-Simenon/ Maigret related by Simenon-Simenon  


SE UNA PIPA SPUNTA NELLA NEBBIA...

Nebbia, elemento magico nella letteratura di Simenon e nelle inchieste di Maigret

SIMENON SIMENON. IF A PIPE APPEAR IN THE FOG ...
Fog, magical element in the Simenon's literature and in the Maigret's investigations
SIMENON SIMENON. SI UNE PIPE APPARAISSANT DANS LE BROUILLARD ...
Brouillard, élément magique dans la littérature de Simenon et dans les enquêtes de Maigret 
10 aprile 2016 - Nebbia. In fancese "brouillard". E' un vocabolo che Simenon utilizza spesso raccontando le  vicende nei propri romanzi, sia che si svolgano in un contesto parigino oppure che abbiano luogo nella provincia campagnola.
Brouillard è un termine che forse più di quello italiano rende bene questo fenomeno atmosferico che sparge il proprio alone biancastro inghiottendo paesaggi, persone e cose in quei miliardi di goccioline d'acqua o di ghiaccio sospese nell'aria. E ancor meglio "brume", cioè la foschia che, meno spessa della nebbia, sfuma il contorno delle cose, ne attenua i colori, non fa sparire le case, le persone gli alberi, le auto, ma conferisce loro una consistenza diafana, come se ci trovassimo in un mondo diverso, dove tutto è più delicato, ma anche più indefinito, E a Simenon piaceva.
Infatti, non solo ne ha fatto un elemento dei suoi romanzi, ma lui stesso conferma esplicitamente questo suo  gradimento.
"...Tutta la mia vita ho amato la nebbia  - scrive in uno dei suoi Dictées (Le prix d'un homme - dicembre '73) - per il mistero con cui avvolge, la città o la campagna, i fiumi o il mare... Amo la nebbia perché trasforma la realtà tanto da conferirle un'altra dimensione e un'altra poesia...".
Ma vogliamo spingerci un po' più in la della semplice influenza del fenomeno metereologico sulla letteratura del romanziere.
La nebbia è anche uno stato dell'anima... i battellieri simenoniani che vivono nelle chiatte sui canali sono tutt'uno con essa, si alzano la mattina presto e vanno a coricarsi con questa cappa che non di rado tiene loro compagnia tutta la giornata. E la nebbia porta ad isolarsi, a parlare poco ad avere una visione della vita tutta particolare. Ma anche in contesti meno estremi, come quello cittadino, la nebbia induce a muoversi più lentamente, a riflettere di più, a percepire il mondo sotto un altro aspetto.
E le difese contro la nebbia? Un bel cappottone, magari con il collo di velluto, certo. Ma anche un cappello... un chapeau-melon? Sicuramente efficace anche qualche bicchierino, perché no (?) di calvados E poi una bella pipa, dal fornello capiente, quasi un piccolo braciere dove il tabacco che brucia scalda le mani, e che, quando è tra i denti, sembra quasi uno strumento per fendere la nebbia
Ma così esce fuori il personaggio di Maigret, o almeno alcune sue caratteristiche basilari?
Certo, non si può sostenere che senza la nebbia non esisterebbe Maigret, ma certo l'esperienza diretta di Simenon in fatto di nebbia è stata una delle matrici che hanno dato  un certo imprinting al commissario.
"...la nebbia durante i miei anni passati a Liegi - ricorda lo scrittore sempre ne "Le prix d'un homme" -  era mia amica. Per esempio, quando tornavo dalla mia visita quotidiana a Tigy, alle dieci di sera, dovevo traversare tutta la città in bicicletta e succedeva che la luce dei lampioni a gas fosse così fioca da vedersi solo a venti metri e si procedeva molto cautamente, quasi alla ventura. A volte passava una carrozza e, se pur si sentivano i passi del cavallo, la si vedeva solamente per qualche secondo, nonostante i lampioni accesi...".
Abbiamo parlato della nebbia come uno stato dell'anima. Ma possiamo interpretarla anche come una metafora delle situazioni maigrettiane, Quell'indistinto caos in cui il commissario si trova quando inizia un'indagine, potrebbe essere paragonato alla nebbia. Una condizione su cui lui non può influire, nella quale non percepisce bene le cose, le persone, i fatti non riesce a far niente, nemmemo a pensare (sul luogo del delitto c'è sempre qualcuno che gli chiede "Commissario, cosa ne pensa?" E lui invariabilmente risponde "Non penso niente"). Può solo rimanere lì ad impregnarsi dell'ambiente, come dentro la nebbia si è immersi in un'umidità  che arriva fin dentro le ossa.
E la pipa in quei momenti è un'àncora di salvezza. Permette perlomeno di essere occupato a fare qualcosa, ad accenderla, a pigiare il tabacco, a far lunghe tirate di fumo caldo, a cambiarle di posto, dalla mano alla bocca alla tasca...   
E infine, anche sul piano linguistico pipa e nebbia sembrano, almeno in francese, essere accomunate onomatopeicamente: infatti "brouillard" è la nebbia e "bruyère" è la radica con cui è fatta la pipa. 
Une bruyère dans la brouillard... e l'atmosfera simenoniana (o maigrettiana, se preferite) e bell'e fatta. (m.t.)

martedì 3 novembre 2020

SIMENON SIMENON. LE PLAISIR DE L'HISTORIOGRAPHE

  post storici / billets historiques / historical posts 


LE PLAISIR DE L'HISTORIOGRAPHE
Pourquoi Simenon n'a jamais abandonné Maigret ? Quelques réponses dans des interviews du romancier 

SIMENON SIMENON. IL PIACERE DELLO STORIOGRAFO 
Perchè Simenon non ha mai abbandonato Maigret ? Alcune risposte nelle interviste del romanziere  
SIMENON SIMENON. THE HISTORIOGRAPHER'S PLEASURE 
Why did Simenon never abandon Maigret? Some answers in the novelist's interviews 



14 ottobre 2017 - Après les romans de la période Fayard, pour lesquels le jeune trentenaire Simenon avait imaginé un commissaire de 45 ans, bourru, bougon et massif, un personnage qu'il considérait comme un auxiliaire nécessaire à son ascension littéraire, et après l'intermède chez Gallimard, pendant lequel Simenon reprit son héros pour des raisons pécuniaires, mais aussi pour le plaisir de suivre son Maigret d'un œil amusé, arriva le temps des Presses de la Cité. L'exil américain, sublimant la mémoire parisienne du romancier, fit que Simenon se rendit compte qu'il ne pourrait plus abandonner Maigret. Il avait bien tenté à plusieurs reprises de le mettre à la retraite, mais chaque fois le commissaire se rappelait à son bon souvenir, et il se décida donc à poursuivre le récit de ses enquêtes, aussi longtemps que lui-même écrivit des romans…  
Dans une interview pour la radio suisse en 1958, discutant avec son interlocuteur sur le fait qu'il continuait d'écrire des romans Maigret, au journaliste qui lui disait que ce n'était plus Maigret qui le servait, Simenon répondait, sur un ton enjoué: "non, c'est moi qui le sers, je suis devenu son domestique, son historiographe !". Simenon aurait pourtant pu s'arrêter, puisque ses "romans durs" l'avaient fait accéder à la "vraie" littérature et à la notoriété… Et il faut croire que ce n'était pas seulement les appels incessants des lecteurs, qui ne voulaient pas voir disparaître leur héros, qui fit que le romancier n'abandonna pas son commissaire. En effet, Maigret devint peu à peu le personnage qu'il dota de ses propres interrogations sur le monde, et la différence entre les romans Maigret et les "romans durs" alla en s'estompant. 
Bien sûr, il continuait à considérer les romans Maigret comme un "mode mineur", "mineur" étant entendu dans le sens musical du terme. En 1955, à André Parinaud, qui lui demandait quelle différence il faisait entre ses romans "commerciaux" et les "romans durs", Simenon répondit: "Ce sont les Maigret que vous appelez les romans commerciaux ? Je ne les écris pas d'un point de vue commercial, mais pour mon plaisir. Ils se font dans une sorte d'enjouement. C'est une joie, un repos. Je suis un peu comme un musicien qui commencerait à jouer des ritournelles pour s'amuser." Dans l'interview de 1958 citée plus haut, Simenon expliquait qu'après avoir laissé tomber Maigret au bout de deux ans, à la fin de la période Fayard, il avait reçu de nombreuses lettres de lecteurs déçus, et il s'était dit qu'après tout, c'était Maigret qui lui avait donné son gagne-pain, que c'était grâce à lui qu'il était devenu connu, et que ce serait lâche de le laisser tomber… Il avait donc décidé d'écrire au moins un Maigret par an, parce que cela lui faisait plaisir, cela le reposait, "comme un musicien qui fait ses gammes", et qu'il lui arrivait d'essayer "un petit truc différent", une atmosphère, d'abord dans un Maigret. C'était toujours la même idée qu'il exprimait dans ses cahiers Quand j'étais vieux, en 1960: "J'espère écrire un roman en janvier, peut-être un Maigret afin de me refaire la main. Certainement pas un roman fabriqué. (Il faudra que j'explique un jour pourquoi je ne considère pas les Maigret, qui sont des œuvres mineures, comme de la fabrication)." 
Cependant, comme les Maigret rejoignaient les "romans durs" dans leurs thèmes, les enquêtes du commissaire allaient aussi devenir une façon, pour le romancier, de "faire des gammes", dans le sens où il lui arrivait d'écrire un Maigret comme un banc d'essai pour un thème qu'il reprendrait plus tard dans un roman dur. Comme Simenon le disait à Roger Stéphane: " Il m'arrive donc de traiter [un thème] légèrement dans un Maigret et puis, deux mois ou deux ans après, de le reprendre dans un autre roman… […] Au fond, dans Maigret, vous savez, on traite les mêmes tragédies que dans les autres romans, mais sur un mode plus léger." A nouveau dans Quand j'étais vieux, il notait: "il m'arrive, dans les Maigret, de toucher à des sujets parfois plus graves que dans mes autres livres. Mais sur un mode badin ou, en tout cas, avec l'équilibre de mon commissaire pour faire contrepoids."  
Voilà sans doute la raison qui a fait que Simenon n'a jamais laissé tomber Maigret: celui-ci lui servait d'amusement, dans le sens noble du terme: "C'était un délassement pour moi de m'installer devant ma machine à écrire, de retrouver mon brave commissaire sans en savoir plus que lui, avant le dernier chapitre, sur la conclusion de son enquête." (in Mémoires intimes). Mais ce personnage assurait aussi une certaine stabilité de l'œuvre dans son entier. Maigret a probablement représenté, pour le romancier, cette "sérénité tranquille" auquel il aspirait lui-même sans jamais pouvoir l'atteindre…

Murielle Wenger

lunedì 2 novembre 2020

SIMENON SIMENON. QUANTE SONO LE SUE SCRITTURE?

 Simenon Story 

QUANTE SONO LE SUE SCRITTURE?

I periodi della sua vita legati alla storia della sua scrittura o delle sue scritture?

SIMENON SIMENON. QUEL EST LE NOMBRE DE SES ECRITURES ?
Les périodes de sa vie liées à l'histoire de son écriture ou de ses écrits?
SIMENON SIMENON. WHAT IS THE NUMBER OF HIS WRITINGS?
The periods of his life linked to the history of his writing or to his writings?




24 maggio 2019 - Si può parlare di differenti scritture di Simenon? E' quel che vedremo. E' fin troppo ovvio che il modo di scrivere dei 25 anni non poteva essere lo stesso dei 50. Ma qui non vogliamo porci un quesito in merito ad un’evoluzione dovuta all’età. Ma se invece possono essere individuati degli altri elementi che abbiano influenzato il suo stile, la costruzione del suoi modelli narrativi, la sua lingua scritta. 
E’ inevitabile pensare subito alle tre fasi della sua vita da scrittore. Il primo appena arrivato a Parigi, nel 1922 con quei racconti, quei romanzi e romanzi brevi che gli venivano commissionati dagli editori della stampa popolare. Lì quello che comandava era la velocità di scrittura, ma anche la capacità di entrare ed uscire dal genere rosa a quello poliziesco, da quello avventuroso a quello licenzioso, arrivando a scrivere addirittura 80 pagine al giorno per poter produrre di più e guadagnare di più. Generi diversi  e quindi scritture diverse, che si rivolgevano a persone differenti tra loro. Ma non contento di queste difficoltà, Simenon, che allora ancora pubblicava sempre sotto pseudonimo, nei suoi romanzi, (che lui chiamava alimentari perché gli davano la possibilità di fare tre pasti al giorno, vivere in una casa decente e condurre una vita praticamente normale), a volte inseriva un paragrafo o un addirittura un capitolo diciamo "non commerciale". 
“Invece di limitarmi a scrivere la storia - spiega lo stesso Simenon - in quel capitolo tentavo di dare una terza dimensione, non necessariamente a tutto il capitolo, magari a una stanza, a una sedia, a qualche oggetto….”. 
La sua seconda fase fu quella di una letteratura pur sempre popolare, ma nobilitata dal fatto che era lui stesso a scegliere liberamente temi, trame, personaggi, stili. Finalmente erano opere che firmava con il suo vero nome. Ora ci metteva la faccia, e il problema della velocità non si poneva più.
Ora le priorità erano altre. 
Ad esempio la costruzione di un personaggio originale, con un suo spessore psicologico, la creazione di una compagine di personaggi, di vicende sempre diverse, luoghi differenti. Ovviamente tutto questo richiedeva uno stile diverso, che però ora rispondeva solo alla sua sensibilità e non a quello che richiedeva l’editoria che gli pubblicava opere di letteratura popolare. 
Questa semi-letteratura, (definita però ancora semi-alimentare) si traduceva nella creazione delle inchieste del commissario Maigret. Un grande successo, anche per il cambio di registro proprio nella scrrittura. Cosa che forse non tutti i critici notarono (ma d’altronde chi era Georges Simenon? Chi lo conosceva fuori del cerchio dei suoi editori? Pubblicava con oltre venti pseudonomi... qualcuno arrivò addirittura a dire che Georges Sim avesse pubblicato utilizzando lo pseudonimo di Georges Simenon!). La scrittura, abbiamo detto, cambia, diventa più essenziale, più asciutta, si avvale di dialoghi estremamente efficaci.
Ma lo scrittore brucia le tappe. Già nel ’34 Simenon inizia la terza fase, quella dei romans durs, dove non c’erano più nemmeno i paletti del genere poliziesco e della letteratura seriale. E qui, la creatività giungeva da una trance creativa che forse non lo lasciava così libero. L’état de roman teneva lo scrittore sotto la sua cappa, lo portava in luoghi e vicende che lui asseriva di non conoscere e conduceva i suoi romanzi a finali che lui diceva di non immaginare nemmeno. E la scrittura? Anche lei era così condizionata da questo état de roman
Forse no. Intanto riscontriamo che qualche legame con quella dei Maigret c’é, anche se lo stesso autore agli inizi lo negava. Immaginiamo, e lo diciamo per aver letto quasi per intero l’opera omnia dei romanzi, che lo stile rimanesse un settore i cui l’état de roman non aveva influenza o ne aveva pochissima. La sua scrittura diventa una sorta di paradigma. Frasi brevi, lineari, piane. Termini semplici, concreti (le famose mot- matière). 
Proprio a questo proposito Simenon affermava in un incontro con Deligny e Lemoine “…Io stesso cerco di realizzare frasi più semplici possibile con le parole più semplici. Io scrivo con delle parole-materia, la parola vento, la parola caldo, la parola freddo. Le parole-materia sono l'equivalente dei colori puri.... La parola amore la utilizzo assai poco. Ha talmente tanti significati che non si sa mai quale scegliere. Cerco una verità più semplice, più naturale, una verità materiale, biologica. Prendete ad esempio la parola concime. E' una formidabile parola-materia. C'è nell'odore del concime tutta la fermentazione della materia animale che è la base della biologia. Qui odora con piacere il concime, non ha paura della morte... Con una parola-materia abbiamo completato un percorso biologico e filosofico…". 
Insomma è assolutamente confermata l’aspirazione ad una scrittura basica negli elementi utilizzati, ma estremamente sofisticata nella costruzione, capace di rendere ambienti, situazioni, personaggi con poche parole, molto parsimoniosa negli aggettivi e negli avverbi, ma in grado di creare pagine coinvolgenti e a tratti affascinanti. Ma questo fu possibile anche grazie al lungo apprendistato, alla pratica giornaliera e assidua, alla ricerca di parole che avessero una presenza definita, netta (in qualche, modo, dirà lo scrittore, simili all’effetto dei quadri impressionisti
Continua poi nella sua spiegazione a Deligny e a Lemoine: “…Si dice che io sia uno scrittore realista. E’ assolutamente falso, se io fossi realista descriverei le cose esattamente per come sono. Mentre occorre deformarle per permettere loro di essere davvero veritiere…
E oltre lo spazio, il tempo.
D’altronde come fanno notare i due studiosi simenoniani “… L’indagatore, desideroso di capire la pretesa povertà della scrittura simenoniana, si renderà ben presto conto come il romanziere maneggi con facilità le strutture temporali della narrazione, con le sue anticipazioni, con l'emergere di un passato vincolante che condiziona il presente… ".
Un'altra capacità di Simenon di giocare con il tempo assegnando alla sua funzione talora la massima importanza e altre volte un'inutilità totale (vedi, ad esempio l'assoluta mancanza di ordine cronologico nella sequenza dei romanzi della serie di Maigret)   
Insomma basico nella terminologia e nella sintassi. Complesso e sottile nella costruzione delle vicende. Capace sempre di fornire quella terza dimensione di cose, persone e ambienti che è quello stesso spessore psicologico che invade il campo sia della trama che quello della scrittura. 
Scrittura che invece di differenziarsi va sempre più coincidendo. I Maigret e i romans durs dagli anni ’50 in poi sono un esempio di questa progressiva sovrapposizione e non certo solo per il linguaggio e lo stile narrativo.
Potremmo anche parlare della sua scrittura giornalistica, oppure di quella dei suoi romanzi biografici, o dei suoi saggi, ma anche della sua concezione della scrittura come un’attività manuale. A Simenon piaceva pensarla come un'attività artigianale che richiedeva anche uno sforzo fisico. Non a caso faceva pesare i propri indumenti prima e dopo la seduta di scrittura. Risultato, dopo pesavano circa 500 grammi in più. Era tutto sudore che moltiplicato per undici o dodici giorni di scrittura erano i circa sei chilogrammi che testimoniavano come per lui la scrittura fosse anche un’attività fisica e una fatica proprio come quella che provava un artigiano. (m.t.)

domenica 1 novembre 2020

SIMENON SIMENON. LA CORRECTRICE ET SON ROMANCIER

 post storici / billets historiques / historical posts 

LA CORRECTRICE ET SON ROMANCIER

Quelques informations sur Doringe 

SIMENON SIMENON. LA CORRETTRICE E IL SUO ROMANZIERE 
Alcune informazioni su Doringe 
SIMENON SIMENON. THE PROOFREADER AND HER NOVELIST 
Some information on Doringe 


10 dicembre 2016 - "Depuis quinze ans qu'il est mon meilleur, mon plus sûr, mon plus cher ami, j'ai appris à connaître Georges Simenon avec tous ses défauts […], avec toutes ses qualités […], avec toutes ses caractéristiques apparemment contradictoires, effectivement complémentaires." 
"Doringe […] a l'âge de ma mère et pourtant, c'est mon amie. Très intelligente, très cultivée, très avertie de tout, et d'un goût très sûr, elle a un tel sens de l'amitié qu'elle y mêle de la jalousie." 
Nous avons souvent évoqué sur ce blog les femmes qui ont compté dans la vie de Simenon: sa mère, sa première femme Tigy, sa seconde épouse Denise, Teresa la compagne de ses vieux jours, sans oublier sa fille Marie-Jo et sa fidèle Boule, auxquelles on pourrait ajouter sa secrétaire Joyce Aitken. Mais il est aussi une autre femme qui a tenu une place dans les affections de Georges, et dont on parle moins, parce que les renseignements que l'on possède sur elle sont parcimonieux et assez difficiles à trouver. Il s'agit de celle qui signait "Doringe".  
Pour l'essentiel, on peut se référer à la biographie d'Assouline, qui évoque à quelques reprises cette "correctrice attitrée" de Simenon. Une autre source de renseignements est la brochure éditée par Les Amis de Georges Simenon en 2015, "Premières lectures de Georges Simenon", qui rassemble les textes que Doringe a consacrés à Simenon. C'est de cette brochure que sont extraites les deux citations du début de ce billet. La première provient d'un article de Doringe sur Simenon, publié en 1946 dans le journal Le Face à main, et la seconde est reprise d'une lettre de Simenon, citée dans l'Autodictionnaire Simenon d'Assouline. Pour compléter mes renseignements, je me suis servie aussi des archives de la Bibliothèque Nationale de France (gallica.bnf.fr), où j'ai trouvé quelques informations supplémentaires dans des journaux anciens. 
Que sait-on de cette Doringe ? Tout d'abord, il faut apporter une correction: il est parfois mentionné que son prénom était Françoise, alors qu'en réalité elle s'appelait Henriette… D'une vingtaine d'années plus âgée que Simenon, il semble, d'après l'extrait de l'article cité plus haut, qu'elle ait connu Simenon dans les années 1930. Depuis quand est-elle la correctrice de Simenon ? Je l'ignore, mais, ce qui est sûr, c'est que son nom va être associé à celui de Simenon dès que le romancier publie ses premiers romans aux Presses de la Cité, puisque c'est là qu'apparaissent, en quatrième de couverture, des textes de présentation des ouvrages, signés souvent D. et parfois Doringe. Ces textes sont rassemblés dans la brochure mentionnée ci-dessus, et, pour les romans Maigreton les trouve aussi ici: www.enquetes-de-maigret.com/doringe.htm 
Belge d'origine, Doringe a été professeur d'anglais, puis "journaliste tous terrains", comme l'écrit Assouline:  elle était en particulier chroniqueuse de cinéma, et elle a interviewé, entre autres, Jean Gabin; en 1912, elle avait fondé un hebdomadaire, la Tribune des bêtes, un journal qui défendait la cause des animaux. La même année, elle avait épousé un journaliste, André Blot. Mais elle a été aussi traductrice de romanciers américainsSlaughter en particulier. D'après Assouline, Simenon jugeait son amitié un peu envahissante, mais indispensable. Leurs échanges épistolaires portent souvent sur le style du romancier. Comme l'écrit encore le biographe, Doringe est "la seule personne avec laquelle il accepte de discuter du bien-fondé de ses choix, qu'il s'agisse de grammaire, de syntaxe ou encore d'orthographe." Simenon a sa propre vision de son style, et il n'est pas toujours d'accord avec les corrections proposées par Doringe, mais il ne peut se passer d'elle. Et Assouline de raconter cette émouvante anecdote: en 1964, alors qu'elle souffre d'un cancer généralisé, Doringe tient à finir la correction du dernier manuscrit de Simenon, Maigret se défend. Elle est alitée, n'a plus de force. Alors elle fait venir le curé, non pour se confesser, mais pour qu'il l'aide à terminer la correction du texte… 
On aimerait en savoir plus sur la vie de cette femme au caractère bien trempé, et peut-être se trouvera-t-il un jour quelqu'un pour faire quelques recherches supplémentaires. En attendant, nous verrions bien la publication de sa correspondance avec Simenon. Pas par indiscrétion, mais parce que, comme la correspondance de Simenon avec ses éditeurs, elle éclairerait certainement le personnage et la personnalité du romancier… 

Murielle Wenger