sabato 15 dicembre 2018

SIMENON SIMENON. MAIGRET ET LE FROID

Quelles sont les méthodes utilisées par Maigret pour lutter contre les basses températures 

SIMENON SIMENON. MAIGRET E IL FREDDO 
Quali sono i metodi usati da Maigret per combattere le basse temperature 
SIMENON SIMENON. MAIGRET AND COLD WEATHER 
Which are the methods used by Maigret to fight against low temperatures


«Il aimait tous les temps. Il aimait surtout les temps extrêmes, dont on parle le lendemain dans les journaux, les pluies diluviennes, les tornades, les grands froids ou les chaleurs torrides.» (Maigret au Picratt's)  
Souvent, dans les romans de la saga maigretienne, l'enquête débute par un «bulletin météorologique», qui plonge immédiatement le lecteur dans une certaine ambiance. Maigret lui-même s'intéresse au temps qu'il fait, y accorde souvent ses humeurs, et ce temps peut avoir une influence sur la façon dont il va mener son enquête, luttant contre la paresse qui l'envahit lorsque la température est trop élevée, ou, au contraire, s'emmitouflant dans son lourd pardessus pour se protéger tant soit peu des pluies d'arrière-saison ou des froids glaçants de l'hiver.  
Lorsqu'il pleut dans une enquête, le romancier nous présente souvent le commissaire évoluant dans des vêtements détrempés, les semelles de ses chaussures gorgées d'eau, le chapeau dégoulinant et déformé par la pluie, car, malgré les recommandations de Mme Maigret, son mari néglige souvent d'emporter un parapluie. Mais, comme nous le laisse entendre la citation ci-dessus, peut-être qu'après tout, Maigret aime se sentir imbibé de cette pluie, et cette lutte contre les éléments lui est probablement nécessaire pour se sentir davantage imprégné par l'ambiance. Certes, dans ses Mémoires, il se plaint un peu des longues factions qu'il a dû faire sous les tempêtes diluviennes, mais, dans nombre de romans, on le découvre aussi patauger avec un certain plaisir sur les trottoirs mouillés. Ne le voit-on pas, dans Maigret et l'inspecteur Malgracieux, soupirer parce qu'il ne peut prendre la place de Lognon pour courir les rues: «Mais cette pluie, qui tombait maintenant toute fine, avec l'air de ne jamais vouloir s'arrêter, lui donnait envie d'être dehors.» ? 
Si son historiographe assure que Maigret aime les «chaleurs torrides», il n'empêche quplus d'une fois, lorsqu'il enquête en plein été, le commissaire transpire et imagine avec gourmandise un verre de bière bien frais ou un verre de vin blanc gouleyant. Pas sûr donc qu'il apprécie vraiment de travailler dans les ambiances surchauffées… Mais qu'en est-il des grands froids ? Peut-être qu'il les goûte davantage, parce qu'il lui est plus facile de s'en protéger par divers moyens. 
Tout d'abord, il a son pardessus, dans lequel il se calfeutre, le col relevé, les mains enfoncées dans les poches. Parfois, il y ajoute une écharpe bien chaude, de préférence celle que Mme Maigret lui a tricotée. Il ne la met d'ailleurs pas toujours, parce que cette écharpe peut se révéler étouffante, surtout lorsque le commissaire se retrouve dans une loge de concierge surchauffée. Alors il a trop chaud, et lorsqu'il se retrouve dehors, le contraste avec le froid lui fait attraper un rhume. Il faut dire que Maigret est plutôt sensible des voies respiratoires, et qu'il se retrouve facilement avec un début de grippe.  
C'est alors qu'il utilise un deuxième moyen pour lutter contre le froid: un grog bien tassé. Combattre le froid par l'alcool, une méthode souvent employée par le commissaire, est cependant peu recommandé par le corps médical. Ce qui n'empêche pas Maigret d'avoir recours au grog, parce que sinon, il n'a plus d'autre choix que d'avaler les tisanes préparées par Mme Maigret, et ça, il va faire tout son possible pour y échapper… 
Pour ne pas en arriver à cette extrémité, il s'agit donc de trouver d'autres méthodes de lutte contre le froid. Alors, utilisons la pipe. Le tabac qui brûle et réchauffe le fourneau, les doigts collés contre l'instrument, la fumée odorante qui vous auréole de son odeur, et voilà que l'on se sent déjà mieux. La pipe, cet appendice naturel du commissaire, en plus de ses nombreux emplois, peut aussi servir à braver la froidure des petits matins d'hiver. 
Mais l'objet par excellence qui permet de combattre efficacement le froid, c'est le poêle du bureau de Maigret (un poêle dont le commissaire cherche d'ailleurs souvent l'équivalent dans les lieux où il se rend pour enquêter): une bonne pelletée de charbon, un bon coup de tison pour faire rougeoyer les braises, et voilà notre commissaire qui peut tendre ses mains au-dessus du poêle, au besoin faire sécher tout près son pardessus détrempé, et puis, le dos presque appuyé contre le tuyau qui ronfle à plein régime, on se laisse envahir par une sensation de chaleur et de bien-être, d'autant plus appréciée que l'on a vaguement conscience que dehors règnent le froid et l'humidité… 

Murielle Wenger 

venerdì 14 dicembre 2018

SIMENON SIMENON. L'ULTIMO ARTICOLO DI "MONSIEUR LECOQ"

Georges lascia il Belgio e la Gazette de Liège e diventa un... corrispondente da Parigi

SIMENON SIMENON, LE DERNIER ARTICLE DE "MONSIEUR LECOQ"
Georges quitte la Belgique et la Gazette de Liège et devient… correspondant de Paris
SIMENON SIMENON, THE LAST ARTICLE BY "MONSIEUR LECOQ"
Georges leaves Belgium and the Liège Gazette and becomes… a Paris correspondent




Proprio il 14 dicembre del 1922 Simenon è impegnato a scrivere il suo ultimo articolo, o meglio l'ultima e ottocentesima(!) puntata della sua rubrica "Hors du poulailler", quello spazio satirico che gli aveva concesso il direttore De Marteau, nel quale il giovanissimo reporter Simenon, sotto lo pseudonimo di Monsieur LeCoq", prendeva in giro usi e costumi soprattutto della Liegi bene.
Il "billet"  sarebbe come di consueto apparso il giorno seguente, ma quelle righe furono le ultime che Georges scrisse per La Gazette de Liège, le ultime scritte in Belgio, le ultime scritte come redattore interno di un giornale.
Il suo futuro era Parigi, geograficamente parlando, ma Parigi era un tramite... Monsieur le Coq dalla metropoli francese sembrava un piccolo personaggio di provincia, Il giovane Georges aveva in mente orizzonti più ampi e aperti. La grande letteratura, la libertà d'espressione che questa consentiva, la scrittura vera... il tutto in un'atmosfera effervescente e stimolante come quella di Parigi anni '20, che accoglieva scrittori, pittori, poeti, danzatori, filosofi, aggrovigliati in una creatività culturale spesso rivoluzionaria o che apriva strade ed espressioni assolutamente innovative, mischiata con una scatenata voglia di trasgredire e di divertirsi trasgredendo.
Quella atmosfera era l'ideale per stimolare la creatività e come tutti gli artisti che arrivavano nella città anche Simenon lo sapeva bene.
Ma torniamo al giornalista Simenon che a Parigi, intanto che le cose prendessero il loro corso, aveva iniziato a fare il corrispondente. Scriveva infatti degli articoli riguardanti personalità famose per Revue Sincère. Era un modo di tenere il legame con la sua città? Oppure una passerella per ricordare a tutti che lui ormai era a Parigi?
Simenon è cosciente, comunque, che una cosa era scrivere articoli, resoconti di cronaca e pezzi di costume, altro era fare letteratura. Anche quella bassa, quella popolare, quella che veniva commissionata con tanto di tipologie di personaggi, di trame e di finali. Ma quella era l'apprendistato. Certo Georges aveva un'innata tendenza per la scrittura, ma la narrativa, il racconto, il romanzo richiedevano un periodo di ingranaggio. Occorreva conoscere i meccanismi, acquisire il giusto ritmo, acquisire uno stile... Ma per questo occorreva tempo e prove e la letteratura che gli veniva commissionata nei primi tempi era l'ideale per imparare tutto questo. Ma già sapeva che questo non sarebbe bastato. Era appena sbarcato a Parigi, ma la consapevolezza che avrebbe avuto un ulteriore periodo di prova era già radicata in lui. Ovviamente allora Maigret era lontano mille miglia dai suoi pensieri, ma nella sua programmazione già esisteva l'idea di un periodo intermedio  quando avrebbe dovuto riprendersi la sua libertà creativa, una fase intermedia in cui fare un vero rodaggio prima di poter partire con i romans durs. 
Tutto questo, magari inconsapevolmente, eppure era in nuce nell'animo del giovanissimo Georges, che a Parigi intanto abitava nei sottotetti delle pensioni più economiche, economizzava sul cibo e aveva come priorità quello di "piazzare" il suo primo racconto (m.t.) 

giovedì 13 dicembre 2018

SIMENON SIMENON. PARIS FOR EVER...

Did socio-historical evolution in the city influence the Maigret novels? 

SIMENON SIMENON. PARIGI PER SEMPRE... 
L'evoluzione socio-storica della città ha influenzato i romanzi di Maigret? 
SIMENON SIMENON. PARIS POUR TOUJOURS... 
L'évolution socio-historique de la ville a-t-elle influencé les romans Maigret ? 


Paris in the 30's. No doubt it's in the city of those times that we imagine Maigret moving around, even if for example the English TV series with Rupert Davies and the Italian one with Gino Cervi presented a setting in a time contemporaneous to that of the filming. The series with Davies and Cervi had begun in the 60's, when Simenon was still in full literary activity.  
Yet the novelist wrote his last Maigret novel in 1972, thus the Parisian setting in which Maigret was living began in the 30's, with the platform buses (where the Chief Inspector could luckily smoke his pipe…) and went up to the 70's, where TV entered Maigret's apartment and his car was parked in boulevard Richard-Lenoir (well, Mme Maigret was to drive the car, of course…). So Simenon, during these forty years of writing, adopted a number of changes, maybe the same he and his readers were experiencing. He couldn’t and wouldn’t stay fixed in an era… The sole thing that somewhat irritated him was that the Chief Inspector was aging, but much more slowly than the novelist himself was.  
In 1930 the first traffic lights were installed in Paris. The metro had already been in function for thirty yearsBy then Paris was a metropolis with about five millions inhabitants, and in the 70's there were eight millions. It was the city in which a tennis stadium, Roland-Garros, has just been built in the 30's, and in the 70's they demolished the famous market of Les Halles. In fact life has much changed and moreover meanwhile there had been Second World War, with Nazism horrors, then immigration from colonies…  
On the contrary Maigret and his stories all in all didn’t so much change, or maybe they did, yet you couldn’t really notice it.  
During these forty years the world had revolutionized, scientific techniques of investigation had refined and means to fight against underworld and to solve cases were much more sophisticated. Yet Maigret kept on with his methods, even at the risk of looking old-fashioned, outdated, and now just good for retirement. And the fact that Paris and Parisian people had very much changed didn’t weigh on his investigations.  
Maybe it was the reason why Japanese people, whereas light years away for culture and mentality from Simenon, appreciated the Maigret novels and even produced a TV series with the Chief Inspector. Of course it was a character that went straight to men's heart, beyond time and space. And it was the same for Paris as Simenon described it.  
Also French people got used, with the two TV series, first that with Jean Richard from 1967 to 1990, and then the series with Bruno Crémer from 1991 to 2005, to see on screen a contemporaneous Paris, with traffic jams, modern phones, and Maigret without neither bowler hat nor heavy velvet collar overcoat. Yet some things remained immutable: his pipe, the Quai des Orfèvres, the Seine flowing under his windows, and Eiffel Tower…  

by Simenon-Simenon 

mercoledì 12 dicembre 2018

SIMENON SIMENON. LA STORIA DI UNA LETTERATURA CHE SEDUCE IL CINEMA

Circa sessanta film prodotti in vari paesi dai suoi romanzi, Anche questo quasi un record?

SIMENON SIMENON. L'HISTOIRE D'UNE LITTERATURE QUI SEDUIT LE CINEMA
Environ soixante films tirés de ses romans et produits dans divers pays. Ceci aussi est-il presque un record?
SIMENON SIMENON. THE STORY OF A LITERATURE THAT SEDUCED FILMMAKING
Around sixty films were drawn from his novels and produced in various countries. Is this almost a record as well?





La storia. Aldilà della sua ambientazione, quali che siano i protagonisti e i personaggi, che la vicenda sia drammatica, divertente, ironica, realistica o fantastica, indipendentemente dallo stile con cui viene scritto, un romanzo racconta essenzialmente una storia. Certo, la qualità degli elementi che abbiamo citato fanno poi la differenza tra un buon romanzo, uno mediocre ed uno illeggibile.
Ma la storia, quella vicenda che come un solco viene scavato dall'autore, sui cui s'incamminano i personaggi e dove poi s'incanalano finanche i lettori, è un elemento che, più o meno importante (quante volte abbiamo letto i critici scrivere "...non è la storia quel che conta, in questo romanzo vale invece...")... beh, comunque la storia caratterizza non certo secondariamente l'opera.

Ciò detto, sono proprio le storie che Simenon racconta a costituire la prima e più immediata seduzione per il mondo del cinematografo. Prima di innamorarsi di un personaggio, prima di restare ammirato dall'atmosfera, prima di bearsi tra le dinamiche psicologiche interpersonali, il produttore che decide di fare un film, vuole assolutamente che la storia gli piaccia. 

E visto che dai romanzi di Simenon sono stati tratti una sessantina di film (delle serie televisive ne parleremo un'altra volta), le storie simenoniane devono essere piaciute molto ai produttori cinematografici (parliamo di "produzione" ma ovviamente intendiamo anche registi e sceneggiatori) sin dai primi degli anni trenta fino a quelli dei giorni nostri.

Certo alcuni film sono stati un grande successo, altri meno, alcuni hanno conservato una fedeltà allo spirito o alla lettera dell'opera scritta, altri invece no, qualcuno è stato diretto o interpretato da "star" del mondo cinematografico, alcune produzione sono quasi dei B-movie, ma l'interesse generale per i Maigret come per i romans durs e il numero dei film prodotti, la dice lunga su quanto stretto sia il legame tra le pagine scritte dal romanziere e le produzioni delle case cinematografiche.
Talvolta, magari generalizzando, si sostiene che l'artista riproduce sempre la stessa opera... beh, forse qualche volta sarà vero, nel caso di Simenon alcune tematiche spesso ritornano nei suoi romanzi. Ma ci sembra proprio che l'opera intera presenti una varietà e una diversità di storie. E forse è proprio questa la caratteristica che ha reso possibile che registi assai diversi tra loro possano essere stati attratti ognuno da un tipo di storia che gli permetteva di realizzare il film che aveva in mente. 
E inoltre, il fatto che le nazionalità delle case di produzioni siano così diverse, è un'altro elemento che dovrebbe farci riflettere. Culture diversi e modi diversi di fare cinema, hanno trovato interesse e ispirazione dai romanzi simenoniani. Una conferma, sempre che ce ne fosse bisogno, dell'universalità delle sue opere, come già i suoi romanzi tradotti in oltre cinquanta paesi stavano già a dimostrare. (m.t.)

martedì 11 dicembre 2018

SIMENON SIMENON. IL Y A 96 ANS…

L'arrivée d'un jeune romancier ambitieux à Paris en 1922 

SIMENON SIMENON. 96 ANNI FA… 
L'arrivo di un giovane romanziere ambizioso a Parigi nel 1922 
SIMENON SIMENON. 96 YEARS AGO 
Arrival of a young ambitious novelist in Paris in 1922 


11 décembre 1922. «Un jeune homme maigre, portant un chapeau à large bord noir sur ses cheveux longs, une lavallière qui s'échappe d'un imperméable de mauvaise qualité, sort de la gare du Nord au milieu de la foule. Le jour n'est pas encore tout à fait levé. Il regarde autour de lui ce premier décor de Paris qu'il ne connaît pas. Il pleut. Les rues sont tristes. Il fait froid. La plupart des passants enfoncent leurs mains dans leurs poches et marchent vite, penchés en avant 
La première phrase d'un roman de Simenon ? Non, mais le début d'une vie de romancier. C'est dans sa dictée Un homme comme un autre que le mémorialiste raconte, plus de cinquante ans plus tard, son arrivée à Paris. Devant la renommée actuelle de Simenon, devant son succès littéraire, on pourrait avoir parfois tendance à l'oublier: c'est un jeune homme de 19 ans, sans beaucoup de ressources financières, qui a décidé, comme tant d'autres, de tenter sa chance dans la ville capitale. Avec pour tout bagage une valise et une ambition dévorante.  
Ce départ à Paris, il l'a voulu. Il a quitté sa place assez confortable dans un journal liégeois; il a quitté sa famille, sans doute sans trop de regrets: une année auparavant, il a perdu son père qu'il adorait, et il ne lui reste que sa mère, qui ne lui cache pas sa préférence pour son frère cadet, et son manque de confiance en son aîné Georges. Au fond de lui-même, il sent qu'il a des potentialités dans l'écriture. Il ne connaît peut-être pas encore très bien ce que sont ces potentialités, mais il sait déjà qu'il veut échapper à la médiocrité, coûte que coûte. Quitte à végéter un temps à Paris. Mais être à Paris est déjà une victoire.  
Débuts difficiles. Il doit assurer un minimum de vie matérielle et de confort, en attendant que Régine puisse le rejoindre. Car elle aussi veut «monter à Paris», seul endroit où elle pense pouvoir percer comme peintre. Mais ce n'est pas pour tout de suite. Ce n'est que trois mois plus tard, en mars 1923, après que Georges ait épousé Régine, que le couple s'installe dans leur premier logis parisien et rudimentaire. Une chambre et un réduit qui sert à la fois de cuisine et de cabinet de toilette. «C'est malpropre, malodorant et minable», raconte Tigy dans ses Souvenirs 
Et pourtant, en comparaison de ce que vit le petit Sim en ce mois de décembre 1922, cela paraît presque luxueux… Retrouvons notre mémorialiste dans sa dictée, lorsqu'il évoque le jeune homme de 19 ans qui sort de la gare du Nord: «Il se met en marche, sans regarder le nom du boulevard. Le premier hôtel devant lequel il s'arrête porte un écriteau: complet. Il en est de même d'un second, puis d'un troisième. […] De temps en temps, il change sa valise de main et il se remet en route vers le sommet du boulevard en pente. Un pont de chemin de fer ou de métro traverse celui-ci, tout au bout, et il tourne à gauche vers Montmartre. Toujours des hôtels, des écriteaux et toujours aussi l'avertissement: complet.» 
Le jeune homme continue sa recherche, et il finit par dénicher, rue Darcet, tout près de la place Clichy, un petit hôtel où on accepte de lui louer une mansarde: «Un lit de fer. Un lavabo en bambou avec une cuvette ébréchée. Deux chaises. Pas de tapis. C'est tout Le prix – 25 francs pour un mois – est dans ses moyens. Après avoir déposé sa valise, il se rend dans un bar et commande un café. «Sur le comptoir, il louche vers un panier plein de croissants croustillants. […] Il se sert, Il mange. Il trouve au croissant un goût merveilleux. C'est enfin un contact agréable avec Paris Selon ce que le mémorialiste raconte, il aura mangé douze croissants à la file.  
Mais ce premier aperçu de Paris, à la fois sordide et déjà savoureux grâce à ces croissants, n'est que le début d'une longue aventure, qui connaîtra bien des hauts et des bas. Surtout des bas au début. Si le petit Sim croit à son ambition, à un avenir plein de promesses, il va devoir lutter de toutes ses forces, se jeter à corps perdu dans une bataille qui était loin d'être gagnée d'avance. S'il réussit à se faire engager quasiment tout de suite comme garçon de courses (lui qui se voyait déjà secrétaire d'un écrivain connu !), il lui faudra d'abord traverser ce terrible Noël solitaire de 1922, dont il gardera toute sa vie un mauvais souvenir.  
Il lui faudra neuf ans de lutte, écrire des milliers de contes, des centaines de romans populaires, découvrir sa voie en inventant un personnage d'enquêteur hors normes, imposer celui-ci à un éditeur mal convaincu, organiser le lancement d'une nouvelle collection par une opération de marketing avant la lettre, pour se retrouver enfin, en décembre 1931, installé dans une villa de la Côte d'Azur, déjà riche grâce aux droits d'adaptation cinématographiques et de traduction de ses premiers romans.  
Le petit Sim, en ce mois de décembre 1922, avait-il assez foi en lui-même pour imaginer une telle réussite ? Osait-il seulement en rêver ?... 

Murielle Wenger