martedì 11 dicembre 2018

SIMENON SIMENON. IL Y A 96 ANS…

L'arrivée d'un jeune romancier ambitieux à Paris en 1922 

SIMENON SIMENON. 96 ANNI FA… 
L'arrivo di un giovane romanziere ambizioso a Parigi nel 1922 
SIMENON SIMENON. 96 YEARS AGO 
Arrival of a young ambitious novelist in Paris in 1922 


11 décembre 1922. «Un jeune homme maigre, portant un chapeau à large bord noir sur ses cheveux longs, une lavallière qui s'échappe d'un imperméable de mauvaise qualité, sort de la gare du Nord au milieu de la foule. Le jour n'est pas encore tout à fait levé. Il regarde autour de lui ce premier décor de Paris qu'il ne connaît pas. Il pleut. Les rues sont tristes. Il fait froid. La plupart des passants enfoncent leurs mains dans leurs poches et marchent vite, penchés en avant 
La première phrase d'un roman de Simenon ? Non, mais le début d'une vie de romancier. C'est dans sa dictée Un homme comme un autre que le mémorialiste raconte, plus de cinquante ans plus tard, son arrivée à Paris. Devant la renommée actuelle de Simenon, devant son succès littéraire, on pourrait avoir parfois tendance à l'oublier: c'est un jeune homme de 19 ans, sans beaucoup de ressources financières, qui a décidé, comme tant d'autres, de tenter sa chance dans la ville capitale. Avec pour tout bagage une valise et une ambition dévorante.  
Ce départ à Paris, il l'a voulu. Il a quitté sa place assez confortable dans un journal liégeois; il a quitté sa famille, sans doute sans trop de regrets: une année auparavant, il a perdu son père qu'il adorait, et il ne lui reste que sa mère, qui ne lui cache pas sa préférence pour son frère cadet, et son manque de confiance en son aîné Georges. Au fond de lui-même, il sent qu'il a des potentialités dans l'écriture. Il ne connaît peut-être pas encore très bien ce que sont ces potentialités, mais il sait déjà qu'il veut échapper à la médiocrité, coûte que coûte. Quitte à végéter un temps à Paris. Mais être à Paris est déjà une victoire.  
Débuts difficiles. Il doit assurer un minimum de vie matérielle et de confort, en attendant que Régine puisse le rejoindre. Car elle aussi veut «monter à Paris», seul endroit où elle pense pouvoir percer comme peintre. Mais ce n'est pas pour tout de suite. Ce n'est que trois mois plus tard, en mars 1923, après que Georges ait épousé Régine, que le couple s'installe dans leur premier logis parisien et rudimentaire. Une chambre et un réduit qui sert à la fois de cuisine et de cabinet de toilette. «C'est malpropre, malodorant et minable», raconte Tigy dans ses Souvenirs 
Et pourtant, en comparaison de ce que vit le petit Sim en ce mois de décembre 1922, cela paraît presque luxueux… Retrouvons notre mémorialiste dans sa dictée, lorsqu'il évoque le jeune homme de 19 ans qui sort de la gare du Nord: «Il se met en marche, sans regarder le nom du boulevard. Le premier hôtel devant lequel il s'arrête porte un écriteau: complet. Il en est de même d'un second, puis d'un troisième. […] De temps en temps, il change sa valise de main et il se remet en route vers le sommet du boulevard en pente. Un pont de chemin de fer ou de métro traverse celui-ci, tout au bout, et il tourne à gauche vers Montmartre. Toujours des hôtels, des écriteaux et toujours aussi l'avertissement: complet.» 
Le jeune homme continue sa recherche, et il finit par dénicher, rue Darcet, tout près de la place Clichy, un petit hôtel où on accepte de lui louer une mansarde: «Un lit de fer. Un lavabo en bambou avec une cuvette ébréchée. Deux chaises. Pas de tapis. C'est tout Le prix – 25 francs pour un mois – est dans ses moyens. Après avoir déposé sa valise, il se rend dans un bar et commande un café. «Sur le comptoir, il louche vers un panier plein de croissants croustillants. […] Il se sert, Il mange. Il trouve au croissant un goût merveilleux. C'est enfin un contact agréable avec Paris Selon ce que le mémorialiste raconte, il aura mangé douze croissants à la file.  
Mais ce premier aperçu de Paris, à la fois sordide et déjà savoureux grâce à ces croissants, n'est que le début d'une longue aventure, qui connaîtra bien des hauts et des bas. Surtout des bas au début. Si le petit Sim croit à son ambition, à un avenir plein de promesses, il va devoir lutter de toutes ses forces, se jeter à corps perdu dans une bataille qui était loin d'être gagnée d'avance. S'il réussit à se faire engager quasiment tout de suite comme garçon de courses (lui qui se voyait déjà secrétaire d'un écrivain connu !), il lui faudra d'abord traverser ce terrible Noël solitaire de 1922, dont il gardera toute sa vie un mauvais souvenir.  
Il lui faudra neuf ans de lutte, écrire des milliers de contes, des centaines de romans populaires, découvrir sa voie en inventant un personnage d'enquêteur hors normes, imposer celui-ci à un éditeur mal convaincu, organiser le lancement d'une nouvelle collection par une opération de marketing avant la lettre, pour se retrouver enfin, en décembre 1931, installé dans une villa de la Côte d'Azur, déjà riche grâce aux droits d'adaptation cinématographiques et de traduction de ses premiers romans.  
Le petit Sim, en ce mois de décembre 1922, avait-il assez foi en lui-même pour imaginer une telle réussite ? Osait-il seulement en rêver ?... 

Murielle Wenger 

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