sabato 17 giugno 2017

SIMENON SIMENON. TITRES, TRADUCTION ET "FAUX AMIS"…

Quelques considérations linguistiques à propos des titres des romans Maigret 

SIMENON SIMENON. TITOLI, TRADUZIONE E "FALSI AMICI"… 
Alcune considerazioni linguistiche sui titoli dei romanzi Maigret 
SIMENON SIMENON. TITLES, TRANSLATION AND "FALSE FRIENDS"... 
Some linguistic considerations about the titles of the Maigret novels 

"Je commence toujours par le titre parce j'y attache autant d'importance qu'aux noms des personnages, parce que le titre devrait donner l'ambiance du roman." C'est ce que Simenon disait dans une interview pour le journal suisse l'Illustré en octobre 1971.
Claudine Gothot-Mersch, dans son texte "Le travail de l'écrivain à la lumière des dossiers et manuscrits du Fonds Simenon", évoque cette problématique des titres. En consultant les enveloppes jaunes conservées au Fonds, elle a constaté que le romancier avait souvent noté plusieurs titres pour un même roman, hésitant entre plusieurs solutions, et on peut comprendre cela en nous référant à la phrase citée plus haut. En début de rédaction, lorsque Simenon se met en état d'écrire, il est à la recherche d'une ambiance, et celle-ci, comme il le déclare, doit se sentir dès le titre. Claudine Gothot-Mersch a pu relever que pour les manuscrits du Fonds Simenon, la moitié a changé de titre en cours de route, et c'est particulièrement vrai pour les romans Maigret.  
Le titre des romans publiés par les Presses de la Cité contient à chaque fois le mot "Maigret", accompagné soit d'un verbe (Maigret hésite), soit d'un substantif qui le suit (Maigret et la jeune morteou le précède (Un Noël de Maigret), et ce substantif peut être un personnage (Maigret chez le ministre), un lieu (Maigret à New York), un objet (Le revolver de Maigret), un sentiment (La colère de Maigret) ou une notion plus ou moins abstraite (Une confidence de Maigret). La moitié des titres des Presses de la Cité sont formés du mot "Maigret" accompagné d'un nom de personnage, l'autre moitié se répartit à parts plus ou moins égales entre les autres formes.  
Comme l'écrit Claudine Gothot-Mersch, "le contenu sémantique des titres (et particulièrement du modèle verbal) est souvent assez vague; chacun de ces titres s'appliquerait aisément à plusieurs récits de la série." Et elle note que cela a pour conséquence que Simenon, dans ses notes préparatoires, a souvent hésité entre plusieurs titres, par exemple Maigret voyage aurait pu s'intituler Maigret et la petite comtesse, tandis que Maigret s'obstine est finalement devenu Maigret et le client du samediLa chose n'est pas anodine, car elle va avoir des implications sur la traduction de ces titres, et nous allons prendrquelques exemples pour illustrer notre propos, en nous limitant, dans le cadre de ce billet, aux langues anglaise et italienne. 
Lorsqu'il s'agit de traduire le titre d'un roman, plusieurs facteurs peuvent entrer en jeu: la fidélité au titre d'origine, sur le plan grammatical (autrement dit une traduction plus ou moins littérale) et sur le plan sémantique (retrouver le sens du titre d'origine): Mais le fait que le roman en question doit être reconnu comme appartenant à la série des enquêtes du commissaire, implique que souvent, dans les traductions, les titres des romans Fayard et Gallimard, qui ne contenaient pas le mot "Maigret", voient celui-ci apparaître dans le titre traduit. Ainsi, Pietr le Letton devient Maigret e il Lettone, ou Les caves du Majestic est traduit par Maigret and the Hotel Majestic 
Les titres contenant un nom de personnage, un lieu ou un objet peuvent assez aisément être traduits en "mot à mot": Maigret et la vieille dame / Maigret and the Old Lady ou Le revolver de Maigret / La rivoltella di MaigretMais c'est plus difficile de faire une traduction littérale lorsque les mots désignent des sentiments, des notions abstraites, ainsi qu'avec les formes verbales. Pour ces dernières, le verbe peut se changer en substantif (Maigret se trompe / Maigret's Mistake), mais là, le mal est moindre, puisqu'on y retrouve le même sens.  
Lorsqu'il s'agit d'un sentiment ou d'une notion abstraite, la traduction doit tenir compte du sens, mais aussi des contraintes de la langue, et parfois le titre traduit diffère sensiblement du titre d'origine, et ne recouvre pas complètement le sens de celui-ci: Une confidence de Maigret Maigret has Doubtsnotons que ce dernier titre pourrait induire en erreur le lecteur italien, car il a peut-être en tête le titre Maigret a un dubbio, qui est une traduction – très libre – de Maigret à l'école. On a ici l'exemple de ce qu'on pourrait appeler, comme on le fait en grammaire, des "faux amis".  
Ces "faux amis", on va les retrouver dans un dernier exempleSimenon a écrit deux romans dont les titres ont un sens est très procheMaigret se fâche et La colère de MaigretMaigret se fâche a été traduit pour la première fois en italien sous le titre La collera di Maigret, un titre qui est évidemment devenu problématique lorsqu'il s'est agi de traduire La colère de Maigret. Celui-ci fut alors proposé sous le titre de Maigret e l'affare strip-teaseLorsque Adelphi reprit les droits de traductions de Mondadori, Maigret se fâche fut traduit par La furia di Maigret et La colère de Maigret par Maigret perde le staffe ("Maigret perd son sang-froid"). Il n'est peut-être pas inutile de mentionner que Maigret se fâche est traduit par Maigret Gets Angry dans la nouvelle édition Penguin, et La colère de Maigret par Maigret Loses His Temper dans les éditions qui existent jusqu'ici.  
Voilà qui, nous l'espérons, clarifiera les choses pour nos lecteurs qui essayent de naviguer d'une langue à l'autre sur notre blog… 

Murielle Wenger 

venerdì 16 giugno 2017

SIMENON SIMENON. LA VOGLIA DI GEORGES DI RACCONTARSI

A proposito degli scritti autobiografici del romanziere

SIMENON SIMENON. POUR GEORGES, UNE ENVIE DE SE RACONTER
A propos des écrits autobiographiques du romancier
SIMENON SIMENON. FOR GEORGES, A DESIRE TO TALK ABOUT HIMSELF
About the novelist’s autobiographical writings



Per i patiti delle classificazioni, potremmo definire una delle tipologie letterarie di Simenon, incasellandola come “autobiografica”.
Personalmente siamo contrari a certi compartimenti che spezzano l’opera di un autore, e in special modo di uno come Simenon. Crediamo infatti che la narrazione di uno scrittore, anche quando tocca quelli che vengono definiti “generi diversi”, presenti comunque una continuità di approccio alla scrittura, dal modo di trattare certi temi, allo stile con cui si esprime, dal tono della storia a quei quattro cinque poli di riferimento che fanno comprendere al lettore chi è che sta scrivendo.
Ciò detto, è chiaro che in alcuni scritti Simenon è più drammatico, in altri più ironico e in alcuni più nostalgico...
E se è vero che gli scrittori nelle loro opere mettono sempre qualcosa di sé (e talvolta anche più di qualcosa), ci sono quelli che non si sottraggono a raccontarsi,  a condividere i propri ricordi, le atmosfere di un tempo, romanzando di più o di meno, ma trascinando i lettori nei meandri della propria vita.
E Simenon si è raccontato più volte. Qualcuno di voi avrà letto i post in inglese che il nostro David P.Simmons sta dedicando alla famose intervista concessa ai dottori di Médecine et Hygiène in cui  il nostro appare senza difese e del tutto inerme. Ecco diciamo che questa intervista è un po’ emblematica della sua voglia (o forse addirittura della necessità?)  di raccontarsi.
E questo desiderio, oltre che nella cosiddetta letteratura autobiografica, si palesa in molte altre occasioni. Ad esempio la famosa intervista di Bernard Pivot ad Apostrophe sulla televisione francese (dove Simenon si commosse fino alle lacrime), oppure in tante di quelle corrispondenze in cui si apriva, per un verso o per un altro, al suo interlocutore, vedi Federico Fellini, André Gide, Max Jacob, Henry Miller, Jean Cocteau…  
Ma anche il suo atteggiamento suggerisce questa voglia di raccontarsi. Basta dare un’occhiata alle innumerevoli foto che lo ritraggono a tutte le età, con quasi tutti quelli che lo hanno conosciuto, nei luoghi più disparati, nelle situazioni più diverse. E’ un caso? No. Non crediamo che una tale narrazione fotografica, dove ogni foto potrebbe essere il fotogramma di un unico film, possa essere casuale. Diciamo che la collaborazione dello scrittore con il fotografo é totale e che, oltre a raccontare la sua vita, l’insieme di tutte quelle foto ci dicono un bel po’ sul Simenon uomo.
Ma veniamo alla  sua produzione autobiografica letteraria vera e propria che qui sintetizziamo in alcuni titoli, a nostro avviso, più significativi.
Je me souviens, é scritto nel '40, quando gli venne diagnosticata per errore una grave forma di angina pectoris e Simenon, temendo il peggio, voleva lasciare qualche ricordo di sé e della sua vita al figlio Marc, che allora non aveva nemmeno due anni.
La stesura di questo libro fu lunga (tanto che fu pubblicato solo nel ’45 da Presses de La Cité), ma fu anche il punto di partenza di un altro libro ben più ponderoso, e orientato dai consigli di André Gide, che prese il titolo di Pedigree pubblicato nel ’48. Anche qui la finalità rimane quella di far conoscere al figlio l’ambiente e le atmosfere della sua infanzia a Liegi. Si tratta di una versione romanzata di Je me souviens, ma sempre con un forte intento autobiografico.
Ota facciamo un bel salto nel tempo e arriviamo ai primi anni ’60, quando per un motivo, che Simenon stesso dichiarò di non saper spiegare, si sentiva invecchiato di colpo. Aveva raggiunto i sessant’anni, che oggi non sono considerati proprio l’età di un vecchio, ma va ricordato che allora l’aspettativa di vita era di circa dodici anni in meno, rispetto ai giorni nostri. Questo peso lo spinse di nuovo a raccontarsi, questa volta in Quand j'étais vieux, sotto forma di un diario, narrando le sue sensazioni rispetto a vicende che si succedevano attorno a lui.
E poi, come non ricordare Lettre à ma mère, che ripercorre, qualche anno dopo la morte della genitrice, il rapporto difficile, a volte ostile che aveva caratterizzato le loro vite sin da quando Georges era piccolo e la madre non gli nascondeva una spiccata preferenza per il fratello minore Christian. Una storia di ripicche e di scontri, fin quando alla fine Simenon va a trovarla al capezzale. E la madre morente, quando lo vide entrare nella stanza gli chiese gelida: “Cosa sei venuto a fare, Georges?”.
E concludiamo questa breve analisi del desiderio di raccontarsi, con la autobiografia delle autobiografie, Mémoires intimes, un migliaio di pagine scritte a quasi ottant'anni, la sua vita raccontata ancora una volta ai figli, e sopratutto una risposta ad uno dei più traumatici avvenimenti della sua vita, il suicidio dell'amata figlia Marie-Jo. 
In realtà sembra che le opere autobiografiche che abbiamo citato siano legate da un filo, quello delle circostanze drammatiche. Je me souviens arriva quando quell'angina pectoris fa credere a Simenon di avere le ore contate. Anche Quand j'étais vieux è legato alla sensazione di essere ormai vecchio e quindi vicino alla fine. Stesso discorso per Lettre à ma mère scritto dopo la morte della madre. E infine Mémoires intimes collegato ancora una volta ad una morte, quella della figlia. Forse queste opere autobiografiche avevano anche la funzione di esorcizzare l'atavica paura della morte, cercando di lasciare una traccia di sé, come per prolungare la sua presenza o conservare la memoria di sé nel mondo? (m.t.)

giovedì 15 giugno 2017

SIMENON SIMENON. GEORGES ON THE HOT SEAT: PART 2

Extracts from a unique daylong interview by a team of five doctors 

SIMENON SIMENON. GEORGES SUR LE GRIL : PARTIE 2 
Extraits d’une interview unique, d'une journée complète, par une équipe de cinq médecins 
SIMENON SIMENON. GEORGES SULLA GRIGLIA: PARTE 2
Estratti di un intervista unica di un'intera giornata, da parte di un'equipe di cinque medici

8) “When he [the reader] sees a character who resembles him and has the same symptoms as he does, […] the same internal struggles, he tells himself: I am not alone, I am not a monster. That can help him.”
9) “I don’t know how to create larger than life characters. That’s why I could not do theater. Because theater, like sculpture, is larger than life while novels and paintings are life-size.”
10) “I put myself in the shoes of a character I am not familiar with and will only become familiar with, bit by bit, in the evolution of my novel. The problem for me is not to know if I am going to be able to write my novel, but to know if I am going to really establish a relationship with my character.”
11) “When I begin a novel, I become the principal character and, from morning to night and from night to morning, my whole life is conditioned by that character: I am truly in the shoes of that character. If during 24 hours I become myself again, the result is I can no longer find the character or, if I do find him, he seems a little fabricated.”
12) “If I discipline myself to write so many novels a year, it’s also because a sort of alarm signal has gone off. When I’m not in good health, I tell my doctor I’m not feeling well, that I have such and such a thing. My doctor responds: ‘When are you going to start writing a novel?’ I tell him: ‘In eight days.’ He continues: ‘So, that’s good.’ It’s almost as though he was writing on a prescription blank: ‘Do a novel as soon as possible.’ It’s my therapy, the one that suits me best.” 
13) “My true ambition is to capture the truth, even camouflaged truths. Otherwise, I don’t exist. I am useless. Given that my novels are not stylish exercises or marvelous psychological constructions, my sole concern resides in approaching the truth.” 
14) “I discovered a physiological reason that would justify drinking alcohol: I suffer a lot from aerophagia, which is accompanied by a little vertigo. One or two glasses of alcohol stops or diminishes the air swallowing.” 
15) “In reality, I don’t tolerate four glasses of wine, it causes a particular kind of false lucidity in me. […] I don’t get a hangover, but I feel very humiliated, very diminished for having told tales in such a self-assured way, and that’s what gives me the courage to regularly put myself on the wagon.” 
16) “What revolted me during my youth was the lying. […] That masquerading outraged me. […] From the time I began to write, I tried to create true characters, that is to say, to lift off that façade I had witnessed throughout my entire childhood.” 
17) “I felt the need to be married to avoid doing too many stupid things. I married to protect myself from myself […] and that first marriage saved me for certain.” 
18) “I’ve had a physical horror of violence all my life. It’s painful for me to watch a boxing match on television even though I did practice the sport a little. I hate cruelty. I am unable to attend a bullfight.” 
(PART 3 presents numbers 19 to 32….) 

David P Simmons 

mercoledì 14 giugno 2017

SIMENON SIMENON. ESCE A GIORNI "IL SORCIO"

Un Maigret senza Maigret, dove il commissario è... Lucas

SIMENON SIMENON. "MONSIEUR LA SOURIS" SORT CES JOURS
Un "Maigret" sans Maigret, dans lequel le commissaire est… Lucas


SIMENON SIMENON. "IL SORCIO" ("THE MOUSE") COMES OUT WITHIN DAYS

A "Maigret" without Maigret where the Chief Inspector is… Lucas



Tra una settimana è prevista in Italia l'uscita del romanzo Monsieur La Souris, scritto da Simenon nel '37 a Porquerolles e quindi edito da Gallimard l'anno successivo.
"Il sorcio", così ha voluto tradurre il titolo Adelphi. 
E' un non Maigret, diciamolo subito per tutti, ma pur essendo classificato tra i romans durs, si tratta di un poliziesco vero e proprio. Sembra quasi un proto-Maigret dove il commissario è assente, ma il suo posto è preso da un personaggio delle serie che i lettori conoscono assai bene: il commissario questa volta è infatti Lucas ma c'è anche l'ispettore Lognon. 
Però il protagonista principale è un vecchio, ex professore di musica, ormai ridotto da anni a fare il clochard e che viene soprannominato le pére La Souris.
C'è un morto che  La Souris appunto ritrova in un automobile. Il cadavere cade a terra e un fornito portafoglio casca un po' più in là. Vorrebbe tenersi il contenuto (ben 150.000 franchi in dollari), ma poi decide di consegnarli alla polizia, sperando che nessuno li reclami e che dopo un certo tempo possano essergli riconsegnati.
E' bene ricordare che questo romanzo esce durante quel periodo di "vacazio-Maigret" che va grosso modo dal '34 al '39. Simenon qui scrive un giallo in piena regola anche se, come peri Maigret, qui l'attenzione gira intorno al personaggio e alla psicologia di questo particolare clochard, più che sulla trama di un omicidio per quanto quasi perfetto ed un intrigo intorno ad un rarissimo e preziosissimo francobollo. 
Ma c'è un ma. Perché Simenon ha utilizzato due personaggi classici della serie di Maigret?
Lucas nelle vesti di commissario... sappiamo che nella serie spesso indossa un pesante cappotto proprio come Maigret e proprio come lui ama fumare la pipa.
Insomma l'autore sceglie di mettere in scena come commissario proprio lui, forse perché un po' Maigret gli manca? Non poteva scegliere un'altro nome e un altro poliziotto in quell'immenso archivio di tipi umani e personaggi che era la sua testa?
No, la scelta cade su qualcosa di familiare, come se, anche se tenendo fede alla intenzione di non scrivere più Maigret, Simenon si prendesse la libertà di andare di nuovo ad annusare quell'aria... e a frequentare certi posti...
Beh, leggetelo, perché, se non andiamo errati, l'ultima edizione in Italia fu per Mondadori nel '66 (poco più di cinquant'anni fa'), e vorremo vedere come questo introvabile "roman dur poliziesco", dopo ottant'anni dalla sua stesura, verrà accolto dai lettori simenoniani. E visto la data di uscita crediamo proprio che sarà il Simenon dell'Estate 2017. Non perdetevelo. (m.t.) 

martedì 13 giugno 2017

SIMENON SIMENON. DEUX ANS EN ARIZONA

Vivre et écrire à Tucson et à Tumacacori 

SIMENON SIMENON. DUE ANNI IN ARIZONA 
Vivere e scrivere a Tucson e a Tumacacori 
SIMENON SIMENON. TWO YEARS IN ARIZONA 
Living and writing in Tucson and Tumacacori 


Septembre 1947. Après la Floride, l'Arizona. Simenon vient de traverser, en voiture, l'Amérique d'est en ouest. Le voici arrivé au pays des cow-boys, pour un séjour qui durera deux ans, en trois étapes: de septembre 1947 à mai 1948, il habite à Tucson; de juin 1948 à mai 1949, il s'installe à Tumacacori; et de juin 1949 à octobre 1949, il revient à Tucson. Il va écrire, au cours de ces deux années, onze romans (dont cinq Maigret) et une nouvelle.  
Cet Ouest mythique, Simenon va l'apprivoiser, se couler dans le monde du western comme il sait s'intégrer dans un nouveau milieu, se comporter en rancher comme ailleurs il s'est fait fermier, mais tout en gardant cette distance du regard du romancier, qui amasse dans sa mémoire des décors qui lui resserviront dans de futurs romans. Pleinement ancré dans le paysage, mais jamais définitivement, parce que soumis à cette fuite éternelle qui le fait quitter, à plus ou moins longue échéance, un endroit où il avait construit son nid… 
La première demeure, à Tucson, est une "hacienda", une vaste maison sans étage, aux murs blancs, où le romancier s'installe avec plaisiril loge avec Denyse et Marc, et vont bientôt les rejoindre Tigy et Boule. La cohabitation ne va pas sans heurts, et Simenon se réfugie dans l'écriture. Et, contrairement à ce qui est son habitude, le premier roman qu'il écrit, La Jument Perdue, voit son action se dérouler sur les lieux mêmes de la rédaction. Pour le roman suivant, il va retrouver son héros commissaire, à qui il offre des Vacances, dernière étape avant la remise en activité "officielle" dans Maigret et son mort, prochain roman rédigé à Tucson, après avoir écrit une nouvelle, Le petit restaurant des Ternes, un "conte de Noël pour grandes personnes", dans lequel on rencontre l'inspecteur Lognon.
En mars 1948, le dernier roman écrit à Tucson est l'un des plus importants dans l'œuvre simenonienne, La neige était saleAu mois de juin, c'est le départ pour Tumacacori, à deux pas du Mexique. Cette fois, on loue deux maisons, l'une pour Tigy, Marc et Boule, et l'autre pour Georges et Denyse. Entre deux virées à cheval, le romancier s'est remis à écrire. Son premier roman, Le fond de la bouteilledont l'intrigue se déroule à Tumacacori même, raconte l'histoire de deux frères, dont l'un se sacrifie pour l'autre. L'ombre de Christian, dont Simenon a appris la mort quelques mois plus tôt, plane sur le texte… 
Mais Tumacacori verra aussi l'écriture de romans moins noirs. A côté d'un roman dur, Les fantômes du chapelierdont l'action se déroule dans un lieu cher au romancier, La Rochelle, verront le jour La première enquête de Maigret et Mon ami Maigret. En effet, Simenon a compris qu'avec le retour de son commissaire sur la scène parisienne, il devait l'ancrer encore davantage dans une réalité biographique, et non seulement le doter de souvenirs d'enfance comme il l'avait fait dans L'affaire Saint-Fiacre, mais encore raconter ses premières armes dans la police. Puis, rien de tel que de lui offrir un séjour dans un autre endroit apprécié du romancier, à Porquerolles. On a un peu l'impression que le romancier, depuis sa lointaine Amérique, passe en revue tous les lieux du Vieux Continent où il a laissé des souvenirs…  
Le séjour à Tumacacori s'achève déjà. Simenon y a aimé le désert de sable et les cactus, les virées canailles à Nogalès; mais Tumacacori a aussi abrité des querelles entre Tigy et lui. L'harmonie dont il rêvait entre ses trois femmes est bien loin d'être une réalité… Et puis, comme l'écrit Michel Carly (dans son ouvrage Sur les routes américaines avec Simenon), "la donne a changé". En effet, Denyse est enceinte, et la situation se complique, en particulier pour Tigy. Le divorce est évoqué. Tigy part avec Boule pour la Californie. Georges et Denyse retournent à Tucson.  
En juillet, Simenon écrit deux romans, d'abord Les quatre jours du pauvre homme, roman qui se passe à Paris, puis, après avoir assisté à un procès à Tucson, l'idée lui vient d'y faire assister à son tour son commissaire: Maigret va donc se rendre chez le coroner. Le prétexte ? Le commissaire fait un "voyage d'études" aux USA. Derrière l'anecdote du procès, Simenon, comme l'écrit encore Carly, en profite pour "décaper le vernis de la société américaine".  
La fin du séjour à Tucson est marquée par deux événements; l'un malheureux: la condamnation du romancier, à Paris, par le Comité d'épuration des gens de lettres, suite à ses activités, pendant la guerre, avec la société cinématographique Continental; l'autre heureux: la naissance, le 29 septembre, de John, son deuxième fils; un mois plus tard, il signe un roman dont le sujet n'a rien à voir avec cette nouvelle paternité, mais dont le titre est bien symbolique: Un nouveau dans la ville…  
Entre temps, Tigy a trouvé un nouvel endroit pour s'installer: Carmel, en Californie. Simenon doit la rejoindre. Si ce n'est pas lui qui a choisi ce nouveau port, il le rejoint quand même sans trop de réticences: d'abord parce qu'il veut être auprès de son autre fils, Marc; mais aussi parce que la Californie, c'est la proximité de Hollywood: le mirage cinématographique est aussi une cible pour le romancier dans sa bataille américaine… 

Murielle Wenger