SIMENON SIMENON. MURIELLE WENGER. IL MIO SIMENON-SIMENON

C'est en 2012 que je suis entrée en contact pour la première fois avec Simenon-Simenon. Depuis quelques années, j'avais replongé dans l'univers de Maigret, que j'avais découvert à mon adolescence. Pendant tout un temps, j'avais un peu perdu de vue le commissaire à la pipe, et c'est à la faveur du développement de l'internet que j'avais retrouvé mon héros… Au tournant du millénaire, plusieurs passionnés avaient créé des sites consacrés à Maigret, à Simenon, aux séries télévisées. Parmi ces sites, le plus important, en ce qui concerne l'univers maigretien, était alors sans aucun doute celui de Steve Trussel, auquel je collaborais régulièrement depuis 2006. 

Un jour, en parcourant, un peu par hasard, la Toile à la recherche d'informations simenoniennes, je tombai sur un article, écrit par un blogueur italien. Maurizio Testa (car c'est de lui qu'il s'agissait), avait rédigé un commentaire à propos du site de Steve, et je m'empressai d'y répondre. Comme le blog Simenon-Simenon se révélait des plus intéressants, je l'ajoutai à ma liste de sites dédiés à Maigret et à son créateur, et je commençai à le visiter régulièrement (affinant par la même occasion mon mince bagage dans la langue de Dante !), et, tout naturellement, j'en vins à y apporter quelques-unes de mes contributions, au même titre que ce que je faisais pour d'autres sites. 

Tout alla pour le mieux jusqu'en 2015, lorsque Maurizio fut contraint, par la force des choses, de mettre fin au blog. Mettre fin ? Mais moi je ne l'entendais pas de cette oreille ! Comment, abandonner cette somme de travail que notre blogueur avait amassée sur Simenon et son œuvre ? Renoncer à un public de lecteurs que Maurizio avait réussi à fidéliser grâce à la bienfacture de ce blog original ? Rien à faire ! Il me fallut quelque temps de négociations pour le convaincre, mais finalement, Maurizio se rendit à mes raisons… Encore quelques mois pour procéder à une transformation du blog, qui permettait de mieux répartir le travail, et de soulager Maurizio d'une partie de la charge que Simenon-Simenon était devenue peu à peu, une charge trop lourde pour une seule personne. 

C'est ainsi que naquit un blog international, avec une équipe de contributeurs, occasionnels ou réguliers, et nous réussîmes à maintenir la barque, malgré bien des vents contraires, pendant cinq ans, jusqu'à aujourd'hui, où, bien que l'équipe se soit bien réduite, nous continuons à avoir l'envie de parler du romancier, de son œuvre et de son personnage le plus célèbre. De quoi le blog en 2021 sera-t-il fait ? L'avenir nous le dira… 

Mais pourquoi cette envie nous reste-t-elle, malgré l'investissement parfois lourd, en temps et en énergie, que représente la conduite de Simenon-Simenon ? En y réfléchissant ces derniers jours, je crois que j'ai trouvé, au moins en partie, la réponse à cette question. 

Dans une interview, John Simenon, interrogé à propos de ce qui le motive dans la gestion de l’œuvre de son père, a répondu qu'il se considère comme un ambassadeur, qui cherche à faire vivre cette œuvre. Et il a ajouté qu'il n'est pas le seul à être un ambassadeur. J'aime à croire qu'il pensait alors à tous ceux qui, comme nous avec Simenon-Simenon, essaient de partager une passion pour une œuvre, de la maintenir en vie en l'évoquant, ainsi que celui qui l'a créée, sous de multiples facettes, afin de provoquer la discussion avec tous ceux qui la lisent, leur apprendre des détails qu'ils ignorent peut-être, et les faire réfléchir sur le sens de cette œuvre et sa place dans la littérature. 

Il y aura bientôt cinquante ans que Simenon a terminé son dernier roman, et quarante années qu'il mit un point final à ses Mémoires intimes. Il reste immensément d'actualité, et c'est la fierté qui nous anime, nous les gestionnaires de Simenon-Simenon, de penser que par notre travail, fait sur un mode digital particulier, nous contribuons à notre manière à l'ambassade d'une œuvre impérissable… 

Murielle Wenger