SIMENON SIMENON. NON UN SOLO ANNO SENZA MAIGRET
Dove cerchiamo di dimostrare l'onnipresenza del commissario accanto al suo creatore...
SIMENON SIMENON. NOT A SINGLE YEAR WITHOUT MAIGRET
Where we try to demonstrate the Chief Inspector’s omnipresence alongside his creator…
« Je ne sais pas si c’est lui qui a fini par me ressembler ou moi qui ai fini par lui ressembler, mais en tout cas, il y a eu une sorte d’osmose entre nous. […] Si j’avais cinq ans de moins, et si j’avais encore à écrire mettons cinq romans, il est très possible, qu’alors que je donne plus d’importance à mes romans non-Maigret qu’à mes romans Maigret, j’écrirais cinq Maigret, pour me retrouver en familiarité »
Cette affirmation de Simenon à propos de Maigret, dans une interview qu’il donne au journaliste suisse Jean Dumur en 1975, illustre bien l’évolution de la relation entre le créateur et son personnage. Le romancier a tenté à plusieurs reprises de se débarrasser de son héros. Une première fois quand, après avoir écrit la série de dix-neuf romans pour Fayard, il se sentit assez fort pour se passer de Maigret et s’en tenir à l’écriture de ses romans durs. Une deuxième fois lorsque, avant de quitter l’Europe pour s’installer dans le Nouveau Monde, il voulut abandonner son commissaire en le mettant à la retraite, imaginant qu’il n’en aurait plus besoin pour gagner sa bataille américaine. On sait ce qu’il en advint : au contraire, le personnage de Maigret cristallisa en lui toute la nostalgie de Paris que petit à petit Simenon s’était mis à ressentir avec l’éloignement. Et son héros l’accompagna jusqu’à ses derniers jours de romancier, et même au-delà, puisque Simenon devenu mémorialiste continua d’évoquer Maigret dans ses dictées.
En réalité, le romancier n’a jamais abandonné réellement son héros, depuis 1929 où il a esquissé sa silhouette, jusqu’en 1972 où il écrivait les derniers mots de Maigret et Monsieur Charles. Certains commentateurs ont écrit que Simenon avait laissé Maigret de côté pendant plusieurs années après la période Fayard. Or, si on regarde bien les dates, le dernier roman de cette série, Maigret, a été rédigé en 1934. Et Simenon reprend Maigret en 1936 déjà, pour la première série de nouvelles écrites à la demande du journal Paris-Soir. En 1937-38, il écrit la deuxième série de nouvelles, et en 1939, il rédige Les Caves du Majestic, le premier des six romans de série pour Gallimard, les autres étant écrits entre 1940 et 1943. En 1945, le romancier rédige La Pipe de Maigret et Maigret se fâche, et dès 1946, il écrira régulièrement, chaque année, un ou plusieurs romans de la série pour les Presses de la Cité.
On pourrait donc dire que chaque année, Maigret se présentait sous la plume – ou plutôt sur les touches du clavier – de Simenon. Mais, en lecteurs attentifs, vous allez sûrement me faire remarquer qu’il y a deux années pendant lesquelles Simenon n’a écrit aucun roman ou nouvelle mettant en scène le commissaire. C’est exact. Ni en 1935, ni en 1944, le romancier ne raconta d’enquête de Maigret. Mais alors, me direz-vous, le titre de ce billet n’est pas tout à fait correct…
Eh bien, il l’est quand même, dans un certain sens. Parce qu’en fait, en 1944, Simenon se trouvait, en septembre, aux Sables-d’Olonne ; il y passa un certain temps à l’Hôtel des Roches-Noires, dans des circonstances que nous avons déjà racontées, et le lieu l’inspira pour écrire plus tard Les Vacances de Maigret. Malgré cette période difficile que Simenon vécut aux Sables, pas rancunier, il en fit plus tard un lieu de villégiature apprécié de Maigret (voir http://www.simenon-simenon.com/2016/09/simenon-simenon-prisonnier-des-sables.html). Donc on pourrait dire que l’ombre du commissaire rôdait avec Simenon aux Sables même en cette année 1944…
Admettons, me direz-vous encore, mais 1935 ? Vous allez m’objecter, à juste titre, que cette année 1935 est celle du tour du monde que Simenon accomplit jusqu’en mai, puis, une fois rentré, il couche sur le papier ses impressions de voyage, pour des reportages publiés dans Paris-Soir, et pour plusieurs romans « exotiques » inspirés de ses découvertes. Alors, où est la trace de Maigret là-dedans ? Car le commissaire n’a jamais été envoyé enquêter à Tahiti, au Pérou ou aux Galapagos…
Eh bien, justement, je vais vous donner une preuve que Simenon n’avait pas oublié si vite que ça son personnage fétiche. Dans la série d’articles parus dans Paris-Soir, intitulés « Le drame mystérieux des îles Galapagos », qui évoque l’affaire de Floréana dont le romancier s’inspira pour le roman Ceux de la soif,
Simenon tentait d’élucider les faits et posait un certain nombre d’hypothèses. Et, dans le septième article, comme pour s’excuser de se prendre pour un détective, il écrivait : « Je ne veux pas jouer les Sherlock Holmes, ni même les Maigret. »…
Alors, serez-vous cette fois d’accord avec moi pour dire que Simenon n’a pas vécu une seule année de sa vie de romancier sans au moins penser à Maigret ou écrire un mot à son propos…
Murielle Wenger
Nessun commento:
Posta un commento
LASCIATE QUI I VOSTRI COMMENTI, LE VOSTRE IMPRESSIONI LE PRECISAZIONI ANCHE LE CRITICHE E I VOSTRI CONTRIBUTI.