martedì 21 gennaio 2020

SIMENON SIMENON. UN BILAN AMERICAIN

A propos des dix ans de séjour de Simenon aux Etats-Unis

SIMENON SIMENON. UN BILANCIO AMERICANO
Sui dieci anni di soggiorno di Simenon negli Stati Uniti
SIMENON SIMENON. AMERICAN STOCKTAKING
About the ten years of Simenon's stay in the United States





Le 25 janvier 1955, Simenon termine le tapuscrit de Maigret et le corps sans tête. Le romancier y a évoqué un Paris nostalgique, un décor qui est bien loin de celui qu’il a sous les yeux depuis cinq ans, le Connecticut de Lakeville. Moins de deux mois plus tard, Simenon plie bagages pour emmener toute sa tribu dans un retour sur le Vieux Continent. Beaucoup de raisons ont été évoquées à ce départ : le mal du pays, une certaine déception face à une bataille américaine que le romancier n’a pas gagnée, un cycle de vie qui s’est clos et qui pousse l’éternel voyageur à trouver de nouvelles ambiances… Sans doute y a-t-il un peu de tout cela, et peut-être d’autres choses encore.
Quoi qu’il en soit, les dix ans d’Amérique ont constitué un tournant dans la vie et dans l’œuvre de Simenon. Sur le plan privé, il y a eu la rencontre de Denyse, la naissance de John et de Marie-Jo. Sur le plan professionnel, il y a eu une cinquantaine de romans rédigés, parmi lesquels une belle quantité de chefs-d’œuvre, dont La Neige était sale, pour n’en citer qu’un, et toute une série de romans Maigret, dont certains sont ceux où le romancier a évoqué avec le plus de puissance l’univers parisien du commissaire. La décantation des souvenirs, mêlée d’une certaine nostalgie, a sûrement joué son rôle.
Manifestement, la vie américaine a été vivifiante pour la création simenonienne, mais paradoxalement, et plusieurs biographes l’ont déjà relevé, l’Amérique, dans ses paysages et son mode de vie, n’ont été que rarement une source d’inspiration directe pour les romans. Michel Carly l’écrit très justement, dans son ouvrage Sur les routes américaines avec Simenon : « Presque tous les romans écrits à Lakeville sillonnent la France. […] Par nostalgie ou parce que la décantation américaine n’est pas encore réalisée ? […] les années qui ont suivi le séjour américain n’ont vu naître que deux rom ans situés sur ce continent. La « mine américaine » s’est, hélas, vite tarie. »
En effet, si on fait le compte des romans situés aux Etats-Unis, on s’aperçoit qu’ils ne représentent qu’une petite part dans l’œuvre (même si, évidemment, ce sont de grands romans). Deux romans Maigret : Maigret à New York et Maigret chez le coroner. Onze romans durs : Trois chambres à Manhattan, La Jument-Perdue, Le Fond de la bouteille, Un nouveau dans la ville, La Mort de Belle, Les Frères Rico, Feux rouges, Crime impuni, L’Horloger d’Everton, La Boule noire, La Main.
Dans ces romans, les paysages états-uniens sont présents, ils sont là comme une toile de fond, et l’American way of life y est plus d’une fois décortiqué. Ce sont donc des « romans américains » ; mais, en même temps, les thématiques qu’ils abordent sont de partout et, moyennant quelques modifications, l’intrigue pourrait tout aussi bien se dérouler ailleurs : la découverte de la passion amoureuse, la rivalité fraternelle, l’étranger qui débarque dans une communauté, les problèmes de couple, tout cela Simenon lui-même en a parlé dans d’autres romans situés ailleurs. Mais, bien sûr, l’Arizona a donné à certains de ces romans une couleur particulière, le puritanisme américain en a teinté d’autres d’une nuance spécifique. Et le fait d’avoir emmené à sa suite son héros commissaire, pour lui donner ses propres étonnements devant la découverte du Nouveau Monde, a peut-être contribué à ce que Simenon reprenne Maigret pour une longue nouvelle série de romans.
Si on devait faire le bilan de ce séjour de dix années en Amérique, sur le plan de la création simenonienne, on pourrait citer ce qu’en écrit Pierre Assouline : ces années américaines « n’auront pas modifié son style […] Mais en renouvelant son stock de couleurs et d’odeurs, de caractères et de paysages, elles lui auront permis d’offrir des prolongements inattendus à son imaginaire. »


Murielle Wenger

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