martedì 14 aprile 2020

SIMENON SIMENON. UNE ALLERGIE AUX HONNEURS

A propos des décorations reçues par Simenon et de la médaille de Maigret 

SIMENON SIMENON. UN'ALLERGIA AGLI ONORI 
Sulle decorazioni ricevute da Simenon e sulla medaglia di Maigret
SIMENON SIMENON. AN ALLERGY TO HONORS 
About the decorations received by Simenon and about Maigret’s medal 
 
« Je suis si insensible [aux honneurs] que je n’ai plus une seule de mes décorations. Ce sont mes enfants qui ont joué avec. Je ne les ai jamais portées et je serais en peine d’en donner une liste exacte. » Voilà ce que disait Simenon dans sa dictée Un homme comme un autre. 
Dans les cahiers de Quand j’étais vieux, il évoquait les quelques distinctions honorifiques qu’il avait reçues : « En 1952, on m’a forcé la main […] pour que j’entre à l’Académie [royale de langue et littérature] de Belgique. […] Profitant de ce voyage, on m’a remis la décoration d’officier de l’Ordre de la Couronne, à l’improviste, et je jure que je ne m’y attendais pas. […] A Bruxelles, lors de l’Exposition [universelle de 1958], et alors que j’avais accepté avec réluctance d’être président du Festival du film, on m’a remis une autre décoration, commandeur, je crois […] de l’Ordre de Léopold. […] J’avoue que j’aimerais […] renvoyer les deux décorations que je n’ai portées qu’une seule fois, et, par la même occasion, renvoyer à la France la Légion d’honneur qu’on m’a donnée alors que j’étais à New York. » Et dans sa dictée Tant que je suis vivant, il ajoutait : « On prétend volontiers, et je crois l’avoir prétendu moi-même, qu’aux approches de la sénilité les artistes, qu’ils soient écrivains, peintres ou sculpteurs, comme les politiciens, se préoccupent surtout des honneurs officiels et des médailles. Or, et je suis sincère, ce genre d’honneurs m’accablent plutôt que de me réjouir. Certains jours, ils me donnent le cafard, car j’ai l’impression qu’on m’enterre prématurément. » Il y revenait encore une fois dans ses Mémoires intimes : « Je suis allergique aux décorations et à tous les titres, quels qu’ils soient. » 
On veut bien croire à la sincérité de Simenon lorsqu’il clamait cette allergie aux honneurs. Cependant, il est permis de penser qu’il y eut une décoration qui lui fit particulièrement plaisir. Nous voulons parler de la médaille qui lui fut remise lors de sa visite au Quai des Orfèvres en 1952, « une plaque en argent de commissaire au nom de Maigret. » (Mémoires intimes). On est d’autant plus en droit de le penser que Simenon lui-même en a parlé. En effet, dans une interview de mai 1962 au journal suisse Pour Tous, le romancier montra cette médaille à la journaliste qui l’interrogeait, en lui disant qu’il en était « très fier ». La médaille portait le numéro 0000, et Simenon en fit un porte-clefs, dont il se servit, ainsi que le raconte Pierre Assouline, pour impressionner des gendarmes lorsqu’il fut pris en flagrant délit d’excès de vitesse. 
C’est l’occasion de rappeler ici que la médaille appartenant à Maigret est évoquée dans
plusieurs romans de la saga ; en effet, cette médaille permet au commissaire de faire la preuve de sa profession et de son habilité à enquêter. Ainsi, on le voit montrer sa médaille à plusieurs reprises au cours de ses investigations. On se souviendra aussi que c’est le vol de cette médaille qui déclenche l’enquête dans Le Voleur de Maigret, roman où en est donnée une description : « D'un côté, une Marianne au bonnet phrygien, les lettres RF et le mot Police encadré d'émail rouge. Au revers, les armes de Paris, un numéro et, gravé en petits caractères, le nom du titulaire. La médaille de Maigret portait le numéro 0004, le numéro 1 étant réservé au préfet, le 2 au directeur de la P.J. et le 3, pour une raison obscure, au chef des Renseignements généraux. »
Si pour Maigret, cette médaille était un simple outil de travail, la médaille donnée à Simenon était une manière d’honorer le fait qu’il avait rendu le travail des policiers sympathique aux lecteurs. Une marque d’honneur que le romancier accepta, malgré son aversion pour les décorations. Et pour terminer, on peut noter, dans Maigret chez le ministreque c’était « à son corps défendant » que le commissaire était nommé chaque année vice-président de la Mutuelle de la Police. Mais surtout, on se souviendra que Maigret, au soir de sa carrière, a nettement refusé de prendre le poste de directeur de la P.J. Outre le fait qu’il préférait continuer d’assurer un service actif, lui non plus n’était guère sensible aux honneurs… 

Murielle Wenger  

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