A propos du style évocateur de Simenon
SIMENON SIMENON. GLI ATMOSFERE DI MAIGRET
Sullo stile evocativo di Simenon
SIMENON SIMENON. MAIGRET’S ATMOSPHERES
About Simenon’s evocative style
Qu’est-ce qui fait la base du style unique et particulier de l’écriture simenonienne ? La simplicité des mots employés, agencés d’une manière dont il n’est pas si facile de percer le secret. L’utilisation des mots-matière, qui décrivent des objets concrets, et aussi, comme le note Bernard Alavoine (dans son ouvrage Georges Simenon et le monde sensible), « des mots liés encore plus au monde des sensations (vent, froid, chaud…). C’est dire que la perception dépasse largement le visuel pour englober des sens moins utilisés en littérature comme le gustatif, l’olfactif ou le tactile. »
L’écriture de Simenon a souvent été qualifiée d’impressionniste, en référence au mouvement pictural qui a privilégié les effets de lumière. Mais le romancier a aussi joué des autres sens dans ses descriptions. C’est une des clefs du succès des romans de la saga maigretienne, dans lesquels le lecteur savoure, aux côtés du héros, les goûts culinaires, mais aussi les sensations atmosphériques auxquelles Maigret est très sensible.
Simenon a une façon toute personnelle de décrire les ambiances météorologiques. Dans l’hommage qu’il rend au romancier au lendemain de sa disparition (journal Paris Match de septembre 1989), Bernard de Fallois écrit très justement : « Soyez simple, avait dit La Bruyère. "Voulez-vous dire qu'il pleut ? Dites : Il pleut." Simenon est d'accord sur la simplicité, mais il change un mot. "Voulez-vous dire qu'il pleut ? Dites : Je suis mouillé." » C’est en cela que l’écriture simenonienne a tellement d’effet. Le romancier décrit, avec une grande économie de moyens, les impressions ressenties par son personnage, il se met dans sa peau et il y met aussi le lecteur…
Au début du chapitre 5 de Pietr le Letton, Simenon raconte la planque du commissaire à Fécamp, sous une pluie diluvienne, de telle façon que le lecteur en arrive à se mettre à la place du policier, à subir les mêmes sensations de froid et de mouillé : « il était détrempé […] ses chaussures crachotaient de l’eau sale à chaque pas, son chapeau melon était informe, son pardessus et son veston transpercés. Le vent lui plaquait la pluie sur le corps comme des gifles. »
Dans L’Ombre chinoise, pour décrire le froid qui règne dans les rues, Simenon n'use pas de longues métaphores, mais il écrit : « Il faisait si froid que le commissaire releva le col de velours de son pardessus » ; non seulement les mots font image : on voit, littéralement, Maigret se calfeutrer dans son lourd pardessus, mais, de plus, on en arrive à éprouver la même sensation sur la température. Voici un matin de brouillard automnal à l’incipit de Cécile est morte : « Il faisait frais. Le bout des doigts, le bout du nez picotaient et les semelles claquaient sec sur le pavé. »
Mais il n’y a pas que des automnes humides dans les enquêtes du commissaire… Dans bien des romans, on le voit affronter la chaleur estivale, et Simenon fait ressentir au lecteur la touffeur et la moiteur. Rappelons le début de Signé Picpus, qui se déroule en plein mois d’août, où l’on voit Maigret, « debout dans le soleil et [qui] s’éponge. […] Il a chaud, Il donnerait gros pour un demi bien tiré. » Situation similaire au début de Maigret tend un piège : après avoir fini de parapher des dossiers, le commissaire s’éponge avant de choisir une pipe ; puis il appelle un inspecteur, s’éponge à nouveau « d’un mouchoir largement déployé », se lève de son bureau « comme si cela lui demandait un effort », bourre sa pipe, se rend dans le bureau des inspecteurs, et, en attendant l’événement qui va déclencher l’enquête, il tourne en rond, « fumant sa pipe, s’épongeant de temps en temps ».
On l’oublie parfois, mais Maigret apprécie énormément la saison printanière. Il en savoure le goût, les odeurs, les sensations sur sa peau. Comme par exemple dans Maigret à l’école : « Pour la première fois de l’année, il avait mis son pardessus de demi-saison mais l’air était encore frais, un air qu’on avait envie de boire comme un petit vin blanc et qui vous tendait la peau du visage. », ou dans Maigret et le clochard : « c’était la première vraie journée de printemps […] Maigret venait de laisser son pardessus dans le placard de son bureau et, de temps en temps, la brise gonflait son veston déboutonné. » Des images on ne peut plus évocatrices…
Murielle Wenger
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