martedì 7 luglio 2020

SIMENON SIMENON. « JE ME DÉLASSE AVEC MAIGRET... »

Le romancier évoque son personnage dans deux interviews 

SIMENON SIMENON. "MI RILASSO CON MAIGRET" 
Il romanziere parla del suo personaggio in due interviste
SIMENON SIMENONI RELAX WITH MAIGRET... 
The novelist talks about his character in two interviews


En décembre 1963, la famille Simenon s'installe à Epalinges. Les préparatifs du déménagement, les soucis familiaux (le déséquilibre de Denyse s'est accentué, et elle fait plusieurs séjours en clinique), tout s'est accumulé au point que le romancier n'a rien écrit entre septembre 1963 (L'Homme au petit chien) et juillet 1964 (Maigret se défend). Une longue pause de dix mois, ce qui est très inhabituel chez lui. Il trouve cependant le temps de donner quelques interviews, dont certaines pour des journaux suisses ; nous vous en proposons quelques extraits. 
La première interview a été publiée en novembre 1963 dans La Nouvelle Revue de Lausanne, à l'occasion de la parution d'un recueil de nouvelles, La Rue aux trois poussins. Simenon explique que certaines des nouvelles du recueil ont été écrites à la fin des années 1930, et que si son style a un peu changé, les thématiques sont encore actuelles. Le journaliste lui demande alors : « À l'époque où vous les avez conçues, vous passiez surtout pour un auteur de roman policier ? » Ce à quoi Simenon répond : « C'est un malentendu ! Je ne me suis jamais considéré comme auteur de romans policiers. Il se trouve que pour gagner ma vie, au lieu d'exercer un second métier, j'ai choisi au début d'écrire des romans populaires, puis des Maigret, et lorsque je suis passé au véritable roman j'ai cessé de faire des Maigret. Mais des lecteurs m'ont reproché d'avoir abandonné ce personnage, et je l'ai repris. Écrire des Maigret, maintenant, ça me délasse, et puis ça me refait la main... » Puis le journaliste lui demande s'il considère les Maigret comme inférieurs à ses autres romans. Réponse de Simenon : « Je ne considère rien comme inférieur ou supérieur. Je pourrais me passer de faire des Maigret si j'avais la force physique d'écrire six romans par an. […] Mais je ne peux pas rester sans écrire. » 
La seconde interview a paru en juillet 1964 dans la Gazette de Lausanne. Après l'avoir interrogé sur son processus créatif, le journaliste demande à Simenon d'expliquer comment il en est arrivé au roman policier : « Au début, après avoir décidé de gagner ma vie en écrivant, j'ai voulu commencer par apprendre mon métier : j'ai écrit des contes et des centaines de romans populaires, J'ai appris ainsi à agencer un livre et surtout à éviter tous les poncifs, pour les avoir rencontrés tant de fois ! Ensuite j'ai pensé que je pouvais passer à un genre semi-littéraire et j'ai commencé la série des Maigret. […] La forme du roman policier est une bonne rampe pour un débutant. Vous avez, en effet, un personnage central tout trouvé, qui peut aller partout, entrer dans toutes les maisons, toutes les familles ; d'autre part, si une partie du roman n'est pas très bien construite, le lecteur continue tout de même, car il veut aller jusqu'au bout pour connaître la fin de l'histoire. » 
Simenon poursuit en disant qu'après les Maigret, il a commencé « à écrire des romans non policiers, ce que j'appelle des romans-romans. Des lecteurs m'ont toutefois écrit pour me reprocher d'avoir laissé tomber Maigret. » Comme dans l'interview de novembre 1963, le romancier remet sur le tapis cette affirmation, selon laquelle c'est à cause des lecteurs déçus qu'il aurait continué à raconter les aventures de son héros. On aimerait pouvoir retrouver ces lettres, qui devraient dater du milieu des années 1930, mais rien ne prouve qu'elles existent encore. Si tant est qu'elles aient existé, et que Simenon n'ait pas donné ce prétexte pour conserver son commissaire, auquel il était attaché bien plus qu'il ne voulait le dire alors... 
Et le romancier de poursuivre dans cette interview : « C'est pourquoi j'ai pris l'habitude d'écrire un Maigret par an, en moyenne. Tenez, je vais bientôt me remettre à écrire, après une assez longue interruption. Avant d'entamer un roman dur, un roman-roman, je vais commencer par un Maigret, pour me faire la main, comme on fait des gammes. » Il fera des gammes avec Maigret se défend, avant d'écrire Le Petit Saint... 

Murielle Wenger 

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