Il y a 90 ans commençait la publication de "Pietr le Letton" dans l’hebdomadaire "Ric et Rac"
SIMENON SIMENON. GLI INIZI DEL COMMISSARIO IN UN GIORNALE
90 anni fa la pubblicazione di "Pietr le Letton" iniziava nel settimanale "Ric et Rac"
SIMENON SIMENON. THE CHIEF INSPECTOR’S BEGINNINGS IN A NEWSPAPER
Le 12 juillet 1930 paraissait, en page 2 du journal hebdomadaire Ric et Rac, un encart où étaient annoncés, pour le numéro suivant, un grand concours, ainsi que le début de la publication « d’un grand roman inédit, Pietr-le-Letton, par Georges Simenon ». C’était probablement la première fois que le patronyme complet du romancier apparaissait dans la presse. Jusque-là, il s’était fait connaître sous d’innombrables pseudonymes, réservant ceux de Christian Brulls et Georges Sim à ses meilleures productions. En 1930, il y avait plus de cinq ans que le Liégeois avait commencé à inonder Paris de ses contes et de ses romans populaires. À l’automne précédent, au cours d’un périple qui l’avait mené jusqu’aux rivages de la mer du Nord, il avait compris qu’il était arrivé au terme d’une première étape dans sa carrière littéraire ; il avait décidé de se lancer dans une nouvelle formule, à mi-chemin entre le roman populaire et la « grande littérature », une formule pour laquelle il allait créer un personnage du genre détective, un « meneur de jeu » qui lui permettrait de décrire maints milieux et de suivre le fil rouge d’une intrigue policière.
Là-bas, du côté de Delfzijl, il ébaucha la silhouette massive d’un commissaire dans quelques romans, qu’il alla présenter, à son retour à Paris, à l’éditeur Fayard. Celui-ci se montra peu enthousiaste, mais finit, sur l’insistance obstinée du « petit Sim », par accepter une parution en feuilleton d’un des romans, Pietr le Letton, dans son hebdomadaire créé une année auparavant, Ric et Rac. Convaincre Fayard n’avait pas été sans mal, mais l’éditeur avait tout de même accepté de jouer le jeu, puisqu’il publia aussi un encart le 17 juillet, dans un autre de ses hebdomadaires, Candide, où était annoncée la parution dans Ric et Rac d’un « grand roman d’action inédit, Pietr le Letton ».
Et c’est ainsi que le 19 juillet 1930 débuta la publication du roman dans l’hebdomadaire ; sans tambours ni trompettes, sans présentation préalable, le feuilleton succédant à un précédent, L’Escadrille de la mort, traduction d’un roman américain inédit, écrit par un certain Dick Grace. Chaque semaine allait voir défiler les épisodes de Pietr le Letton, jusqu’au 11 octobre 1930, sans que cela attire particulièrement l’attention sur ce personnage de Maigret, ni sur son créateur Georges Simenon, duquel était publiée, pendant la même période, une avalanche de romans, signés Georges Sim (La Femme 47, Le Chinois de San Francisco), Jean du Perry (Les Amants du malheur, La Femme ardente) ou Christian Brulls (L’Inconnue, Train de nuit).
Qui, à ce moment-là, fit le rapprochement entre ce Maigret, commissaire à la brigade mobile de Marseille, qui se faufilait dans quelques pages de Train de nuit, et le commissaire Maigret, de la première Brigade Mobile de la Sûreté, qui apparaissait à l’incipit de Pietr Le Letton ? Qui s’était rendu compte alors que Christian Brulls et Georges Simenon était le même homme ? Probablement personne parmi le public de lecteurs. Ce n’est que plus tard, après le Bal anthropométrique, que certains chroniqueurs s’avisèrent d’une parenté certaine entre Brulls et Simenon, entre le Maigret de quelques romans populaires et le commissaire du Pendu de Saint-Pholien.
Quand le romancier avait enfin obtenu de son éditeur de publier un premier écrit sous son véritable nom, il savait très bien que s’il avait peut-être gagné une bataille, il n’avait pas encore gagné la guerre ; le chemin était encore long jusqu’au moment où Fayard accepterait de créer une nouvelle collection policière inédite, avec un héros atypique, et un mode publicitaire bien éloigné de ce qui se faisait alors… Pendant cet été 1930, tandis que les lecteurs de Ric et Rac lisaient la première aventure du commissaire et ses démêlés avec un escroc international, Simenon, installé sur le pont de l’Ostrogoth amarré à Morsang, une bouteille de vin à portée de la main, la pipe aux dents, les doigts courant sur le clavier de sa machine à écrire, forgeait l’intrigue du Charretier de la Providence et de Monsieur Gallet, décédé, bien décidé à prouver à Fayard que c’est lui qui avait raison avec son Maigret… Et 90 ans plus tard, on ne peut pas lui donner tort…
Murielle Wenger
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