martedì 21 luglio 2020

SIMENON SIMENON. LE ROMAN DE L'ENQUETE

Le parallèle entre les étapes d'une enquête de Maigret et celles de la rédaction du roman 

SIMENON SIMENON. IL ROMANZO DELL'INCHIESTA
Il parallelo tra le fasi di un'indagine di Maigret e quelle della scrittura del romanzo
SIMENON SIMENON. THE NOVEL OF THE INVESTIGATION
The parallel between the stages of an investigation by Maigret and those of the writing of the novel 


Dans une interview de 1964, un journaliste faisait cette remarque à Simenon : « Une chose me frappe dans les romans où vous mettez en scène le commissaire Maigret : au début de ses enquêtes, Maigret se sent mal dans sa peau, il rassemble des sensations, il rumine, il incube en quelque sorte ; puis, tout à coup, les intuitions s'organisent, l'enquête approche dès lors de son point crucial. N'y a-t-il pas là un processus parallèle à ce qui se passe quand vous entrez en roman ? ». Simenon répondit : « C'est absolument certain. Savez-vous que les policiers travaillent souvent comme ça ? J'ai assisté à des enquêtes policières. Eh bien, il arrive toujours un moment précis où tout le monde sent que quelque chose de décisif va se passer, un coup de téléphone, ou une planque qui donne un résultat, bref, un événement qui va relancer l'enquête. » 
Aujourd'hui, nous allons nous intéresser à ce parallèle qu'on peut établir entre l'enquête menée par le commissaire et le travail du romancier. C'est un parallèle dont Simenon était conscient, ainsi qu'il le disait dans une autre interview : « Il faut que je passe par les mêmes angoisses que Maigret, et, comme lui, généralement au cinquième ou sixième chapitre, j'ai ce passage difficile ; je me trouve devant trois, quatre, cinq solutions différentes, et je me demande laquelle est la bonne. C'est généralement le jour le plus difficile à passer, celui où la décision va emporter le reste du roman. » ; et d'ajouter : « Au fond, il n'y a rien qui ressemble à un roman comme une enquête policière... » Prenons quelques exemples dans les romans de la saga. 
Dans La Tête d'un homme, aux deux tiers du roman, Maigret éprouve le besoin de faire le point, et il établit un récapitulatif des événements survenus jusque-là, afin de permettre à son enquête de progresser. On peut imaginer que ce récapitulatif est utile au romancier lui-même, qui ressent peut-être la même nécessité de faire avancer le récit et l'intrigue. 
Dans Au Rendez-Vous des Terre-Neuvas, le commissaire, se rendant sur les lieux où a eu lieu le drame, tente de « faire vivre le décor », fait « manœuvrer ses personnages », jusqu'à ce qu'ils soient tous « à leur place, avec leur mentalité particulière, leurs préoccupations » ; il « établit un plan » dans un « effort douloureux ». Ne dirait-on pas une description du romancier en train de créer son roman, d'accoucher de son texte ? 
Dans Le Fou de Bergerac, Maigret, qui a été blessé, doit mener son enquête tout en étant alité. Sa façon d'agir le rapproche du travail du romancier : Maigret « agite des personnages créés ou reconstitués par son imagination », il en fait des portraits « comme un peintre brosse une toile », « en reconstituant […] un Bergerac aussi vivant que possible », dont « à petites touches, il corrige l'image ». 
Dans Chez les Flamands, le titre du chapitre 7 est « Un trou de trois heures ». Ce titre s'applique, non, comme on pourrait le croire, au contrôle d'un alibi erroné, mais bien à la marche de l'enquête : le trou en question est constitué par la pause que prend Maigret dans son investigation pour s'occuper d'autres détails (un coup de téléphone à sa femme et à la P.J.). Mais c'est aussi une pause nécessaire à la relance du récit : c'est le moment où l'enquête piétine (illustré par la mauvaise humeur manifestée par le commissaire), et c'est aussi le moment où le romancier doit réfléchir à la suite du récit et comment faire progresser l'action ; c'est une mécanique qu'on retrouve dans nombre de romans. 
Au chapitre 7 du Fou de Bergerac, Maigret reçoit plusieurs renseignements, et il se fait alors cette réflexion que c'était « toute l'affaire, en somme, qui changeait de ton ». Cela s'applique à l'enquête, mais on peut l'étendre au roman : l'intrusion de nouveaux éléments constitue une relance de l'intrigue, et ce n'est pas un hasard si cela intervient à cet endroit du récit. Il est en effet fréquent qu'une nouvelle information ou une cogitation du commissaire surviennent aux deux tiers du roman, et permettent de faire progresser l'enquête jusqu'à son dénouement. On retrouve ainsi ce que disait Simenon à propos des enquêtes policières, mais cela illustre aussi ce parallèle entre le récit de l'enquête et la construction du roman. 

Murielle Wenger 

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