martedì 3 marzo 2020

SIMENON SIMENON. LE SUICIDE DU PETIT KLEIN

Comment un événement réel a été raconté dans deux romans de Simenon 

SIMENON SIMENON. IL SUICIDIO DEL PICCOLO KLEIN
Come un vero evento è stato raccontato in due romanzi da Simenon
SIMENON SIMENON. LITTLE KLEIN’S SUICIDE 
How a real event was told in two novels by Simenon


Le 2 mars 1922, vers cinq heures du matin, le sacristain de l’église Saint-Pholien, à Liège, découvre le corps d’un jeune homme pendu, au moyen de son écharpe, à la poignée du portail. Il s’agit d’un certain Joseph Kleine, artiste peintre, 24 ans, et connu comme cocaïnomane. Suicide ? Crime déguisé, suite à un règlement de comptes dans les milieux de la drogue ? On n’aura jamais la réponse. Ce fait divers serait probablement tombé dans les oubliettes de la petite histoire si le protagoniste n’avait été une connaissance de Simenon, et que celui-ci ne l’avait mis en scène dans deux romans. 
Un des tout premiers romans de la saga de Maigret, Le Pendu de Saint-Pholien, base son intrigue sur les souvenirs de la jeunesse liégeoise du romancier. Au début des années 1920, Simenon est introduit, par son ami journaliste Henri Moers, dans le groupe de « la Caque », une bande de jeunes artistes, peintres et poètes, qui se retrouvent au 13 de la rue des Ecoliers, dans l’impasse de Houpe, derrière l’église Saint-Pholien. On y discute de longues nuits durant, on y parle de philosophie, de religion, mais on y boit aussi beaucoup, on y fait venir des filles, et on s’y noie à l’occasion dans les vapeurs d’éther. Simenon, ce réfractaire à tout endoctrinement et à toute appartenance à un clan, fréquentera ce cercle plutôt en observateur. 
Parmi les membres de « la Caque », plusieurs noms qui deviendront connus, dont les peintres Luc Lafnet et Auguste Mambour, le romancier Fernand Crommelynck, l’éditeur Robert Denoël. Mais d’autres aussi, qui seront gardés dans la mémoire collective grâce aux écrits de Simenon : Joseph Kleine et celui que le romancier appelle le Fakir dans Les Trois Crimes de mes amis, l’autre roman qui évoque les péripéties relatées dans Le Pendu de Saint-Pholien. 
Dans Les Trois Crimes de mes amis, Simenon met en scène le Fakir, « un homme aux cheveux gras venu de Dieu sait quelle contrée du Levant » qui « éblouissait » les membres de « la Caque » par ses « expériences » de catalepsie, auxquelles se soumettait en particulier celui qu’il appelle « le petit K… ». Et le romancier d’évoquer, sept ans après Le Pendu de Saint-Pholien, l’endroit où se passaient ces expériences : « une pièce qui avait servi jadis d’atelier à un ébéniste », au « décor moyenâgeux à souhait », meublé d’un squelette, de vieux matelas, éclairé à la bougie, des « inscriptions mystérieuses puisées dans le Grand Albert et des nus érotiques dessinés sur les murs » ; le déroulement des soirées tel que Simenon l’évoque est un écho direct de leur narration dans Le Pendu de Saint-Pholien, à un détail – d’importance – près : dans le roman Maigret, il n’est pas parlé du Fakir, qui joue un rôle important dans Les Trois Crimes, puisqu’il finit par mettre le « petit K… » sous sa coupe. Simenon raconte alors le suicide de ce dernier, en le situant un soir de Noël, et le romancier s’y donne un rôle actif, affirmant que « quelques heures avant […], je le portais sur mon dos, inerte d’avoir trop bu », et que, avec l’aide de ses amis, il l’avait ramené dans sa chambre. Dans ce roman, parce que cela reste un roman, malgré une forte teinte autobiographique, Simenon attribue de façon évidente au Fakir la culpabilité du suicide du « petit K… ». 
Mais dans Le Pendu de Saint-Pholien, l’histoire est différente : à Noël a lieu le meurtre de Mortier, et c’est le 15 février quEmile Klein se suicide. Simenon invente un procès-verbal de la découverte, que Maigret lit aux archives de l’Hôtel de Ville : « L’agent Lagasse se rendait ce matin à six heures au pont des Arches pour y prendre sa faction quand, en passant devant le portail de l’église Saint-Pholien, il aperçut un corps qui était suspendu au marteau de la porte. Un médecin mandaté d’urgence ne put que constater la mort de l’individu, un nommé Emile Klein […], 20 ans […]. Klein s’est pendu, vraisemblablement vers le milieu de la nuit, à l’aide d’une corde de store. » Ici, le suicide est mis en rapport direct avec le meurtre de Mortier, tué par Klein alors que celui-ci était à moitié ivre et exalté. 
De ces deux versions, laquelle est la plus proche de la réalité ? Aucune des deux peut-être… 

Murielle Wenger 

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