A propos des connaissances culturelles du commissaire
SIMENON SIMENON. LE LETTURE DI MAIGRET
Sulla conoscenza culturale del commissario
SIMENON SIMENON. MAIGRET’S READINGS
Dans le numéro 27 des Cahiers Simenon, on trouve un intéressant article de Paul Mercier à propos des rapports de Maigret avec les livres. Il écrit : « Maigret lit-il pendant ses enquêtes ? Bien sûr, il consulte la presse, il lit les notes de ses inspecteurs », mais il « n’affich[e] jamais une posture de lecteur comme Gide se laissant complaisamment photographier avec un volume en main. Le commissaire a lu, il reconnaît les titres et le contenu de certains livres, mas le narrateur le montre assez rarement en train de lire. » Certes, on voit mal Simenon dépeignant Maigret dans une attitude d’intellectuel, le front dans la main, penché sur un ouvrage érudit…
Cependant, le commissaire est loin d’être un ignare en matière de lecture, et le taxer d’inculture serait aller trop vite en besogne. D’abord parce qu’il a fréquenté le lycée (à Moulins) et qu’il doit y avoir lu un certain nombre d’auteurs du programme. A plusieurs reprises au cours de ses enquêtes, on le voit prendre un ouvrage en main et son attitude montre qu’il en connaît, au moins de nom, l’auteur. Notons d’abord cette énumération dans Un crime en Hollande, lorsque Maigret repère, dans la bibliothèque de Beetje, « les derniers livres de Claudel, d’André Gide, de Valéry ». Dans Maigret et l’homme du banc, le commissaire se rend dans la chambre louée par Thouret et découvre que celui-ci « passait des heures à lire […] des éditions populaires, des romans de cape et d’épée, avec seulement deux ou trois romans policiers, qui n’avaient pas dû lui plaire, car il n’en avait pas racheté d’autres. » Lectures semblables dans la maison-refuge de Maurice Tremblet (On ne tue pas les pauvres types), où Maigret découvre « une collection de romans de cape et d’épée et de romans historiques ». Sans doute un point supplémentaire qui rapproche le commissaire et la victime, car Maigret est lui aussi un amateur de ce genre de lecture. En effet, dans La Maison du juge, le commissaire, lorsqu’il voit Marcel Airaud et Albert Forlacroix dans la cabane de ce dernier, évoque « des souvenirs d’enfance, des gravures que l’on trouve dans les livres de Fenimore Cooper ». On imagine bien le petit Jules se délecter à la lecture du Dernier des Mohicans, lui qui sera plus tard un fervent amateur de films western… Ces lectures de jeunesse rejoignent les romans de Dumas, dont Maigret a l’habitude, quand il est malade, de relire les « œuvres complètes dans une vieille édition populaire aux pages jaunies, aux gravures romantiques » (Maigret et son mort).
Dans un autre genre, on le voit ouvrir, dans Les Scrupules de Maigret, un ouvrage de psychiatrie, dont « il y avait des pages entières que, malgré ses courtes études de médecine, il était incapable de comprendre. » Maigret a suivi des cours en faculté de médecine pendant deux ans, et il a donc reçu une teinte de connaissances dans les domaines spécifiques à la branche… Témoin ce qu’il en dit dans Maigret hésite : à Parendon qui lui demande s’il connaît les œuvres d’Henri Hey, le commissaire répond qu’il a « parcouru son manuel de psychiatrie », puis l’avocat lui désignant d’autres ouvrages de sa bibliothèque, « Maigret reconnaissait d’autres noms au passage, […] dont il avait vraiment lu les ouvrages, Lagache, Ruyssen, Genil-Perrin… »
Dans La Colère de Maigret, lorsque le commissaire va passer son week-end à Morsang, dans une auberge nommée le Vieux-Garçon, le narrateur précise que Maigret « avait découvert, en bouquinant [c’est moi qui souligne], que l’endroit avait été fréquenté jadis par Balzac et Alexandre Dumas, puis que, plus tard, les déjeuners littéraires y réunissaient les Goncourt, Flaubert, Zola, Alphonse Daudet et quelques autres. »
Il est arrivé plusieurs fois à Maigret, au cours de ses enquêtes, de mettre le nez dans une bibliothèque privée. Ainsi, dans Maigret à Vichy, le commissaire furète chez la victime, et « il saisit machinalement un livre relié de toile noire […]. C’était Lucien Leuwen » ; découvrant que c’est un ouvrage pris sur abonnement dans une librairie, il va questionner le libraire sur les habitudes de lecture d’Hélène Lange. Renseignements pris, Maigret se fait cette réflexion, qui témoigne pour le moins d’une certaine culture littéraire de sa part : « Elle trouvait Balzac trop dur… Elle voulait sans doute dire trop réaliste… Elle se cantonnait dans la première moitié du XIXe siècle, ignorant superbement Flaubert, Hugo, Zola, Maupassant… »
Enfin, Mercier, dans son article, se demande si Maigret a emporté des livres dans sa maison de retraite de Meung-sur-Loire. On trouve une réponse dans la nouvelle Ceux du Grand Café, où l’on apprend que l’ex-commissaire a passé le printemps à lire les Mémoires de Fouché. Serait-ce cela qui lui a donné l’idée d’écrire ses propres mémoires ?...
Murielle Wenger
Leggo con calma...e google :-) Bellissima immagine! Elaborazione da Pinter, Maurizio? Ciao! Guido
RispondiEliminaCerto, Gideon. Sai che, per noi di Simenon-Simenon, Pinter è una sorta di marchio... anche se talvolta ci lasciamo prendere un po' la mano con elaborazioni, contaminazioni, variazioni.... Ma davvero a volte ci chiediamo: "...ma chi se non Pinter...eh?". Speriamo che da lassù ci perdoni!
RispondiEliminaCaro Maurizio, io l'ho messo come sfondo del mio PC!! Stammi bene!
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