Quelques faits à relever dans Les Mémoires de Maigret
SIMENON SIMENON. TRA LEGGENDA E REALTÀ
Alcuni fatti da notare nelle Memorie di Maigret
SIMENON SIMENON. BETWEEN LEGEND AND REALITY
Some facts to notice in Maigret’s Memoirs
Simenon ne s’est guère soucié de respecter la chronologie dans les enquêtes de Maigret, et c’est un des points sur lesquels il s’est attardé en écrivant les Mémoires de son commissaire, donnant une justification des incohérences, au nom d’une certaine vérité romanesque. C’est ainsi qu’il revient sur le fait que dans les premiers romans, il avait envoyé Maigret enquêter hors de Paris, alors qu’en principe le commissaire n’a aucun pouvoir en dehors de sa juridiction. Simenon donne comme argument que ces enquêtes menées hors de la capitale ont été possibles parce que Maigret travaillait alors pour la Sûreté et non pour la P.J. Dans un billet récent, nous avons vu que, pour s’en tenir aux faits historiques, les débuts de Maigret en tant qu’inspecteur, racontés dans La Première Enquête de Maigret, devaient s’être déroulés alors qu’il faisait partie, précisément, de la Sûreté. Pour des raisons de simplification, Simenon prétend que c’est volontairement qu’il a fait cet amalgame : « Pourquoi troubler les idées du lecteur avec ces subtilités administratives ? Faudra-t-il, pour chaque enquête, expliquer en commençant : Ceci se passait en telle année. Donc Maigret était attaché à tel service. » ; « La première qualité, la qualité essentielle d’une vérité est d’être simple. Et j’ai simplifié. »
On peut, bien entendu, suivre Simenon dans cette voie et comprendre son point de vue. Ce qui n’empêche pas de chercher des détails dans la biographie de Maigret, telle que Simenon l’a racontée, et de tenter de les accorder avec une certaine vérité historique. Et dans ces Mémoires de Maigret, on trouve plusieurs de ces détails qui, si on les met en regard soit des faits réels, soit de faits racontés dans d’autres romans, montrent des contradictions. Ce sont quelques-unes de ces contradictions que nous allons relever aujourd’hui, non pour blâmer une certaine légèreté du romancier, mais pour le pur plaisir de se promener encore une fois dans la saga maigretienne et dans la biographie de son créateur.
On peut, bien entendu, suivre Simenon dans cette voie et comprendre son point de vue. Ce qui n’empêche pas de chercher des détails dans la biographie de Maigret, telle que Simenon l’a racontée, et de tenter de les accorder avec une certaine vérité historique. Et dans ces Mémoires de Maigret, on trouve plusieurs de ces détails qui, si on les met en regard soit des faits réels, soit de faits racontés dans d’autres romans, montrent des contradictions. Ce sont quelques-unes de ces contradictions que nous allons relever aujourd’hui, non pour blâmer une certaine légèreté du romancier, mais pour le pur plaisir de se promener encore une fois dans la saga maigretienne et dans la biographie de son créateur.
A l’incipit de ses Mémoires, Maigret raconte que sa première rencontre avec Simenon remonte à 1927 ou 1928, au début de l’hiver. Faut-il imaginer que cette visite du romancier, qui, selon le roman, s’est présenté de lui-même au « patron » Xavier Guichard, a réellement pu avoir lieu à cette date ? Si l’on considère les éléments biographiques établis par les chercheurs, Simenon a passé l’été 1927 à l’île d’Aix, et il s’est embarqué sur le Ginette en avril 1928 ; rien de précis ne nous est donné pour l’hiver 1927-1928. On pourrait imaginer que cette visite de Simenon au Quai des Orfèvres s’est bien passée à la fin des années 1920, mais deux faits réels remettent cette hypothèse en question. D’abord, dans le roman, Maigret raconte que Guichard était déjà, à cette époque, le directeur de la P.J. Or, Guichard n’a accédé à ce poste qu’en 1930. D’autre part, Simenon a souvent raconté que c’est Guichard lui-même qui l’avait invité, pour lui faire découvrir le véritable travail des policiers, afin de corriger les erreurs commises dans les premiers romans Maigret. Mais ceux-ci n’ont été publiés qu’en 1931, et il est donc peu probable que Guichard en ait eu connaissance plus tôt. Il est donc plus plausible que la visite de Simenon se situe en 1931, voire en 1932.
Un dernier point mérite d’être relevé : dans ses Mémoires, Maigret raconte que c’est à l’âge de 30 ans qu’il entra à la « brigade spéciale », sous les ordres du commissaire Guillaume. Mais, dans La Première Enquête de Maigret, qui se passe en 1913, il est dit que Maigret avait alors 26 ans. Ce qui fait qu’il aurait eu 30 ans en 1917. Or, Guillaume n’était pas encore à la tête de la brigade criminelle, puisqu’il y fut nommé en 1930 par Guichard. Retenons surtout de cela l’hommage que le romancier a voulu rendre à Guillaume, l’un des modèles de Maigret…
Un dernier point mérite d’être relevé : dans ses Mémoires, Maigret raconte que c’est à l’âge de 30 ans qu’il entra à la « brigade spéciale », sous les ordres du commissaire Guillaume. Mais, dans La Première Enquête de Maigret, qui se passe en 1913, il est dit que Maigret avait alors 26 ans. Ce qui fait qu’il aurait eu 30 ans en 1917. Or, Guillaume n’était pas encore à la tête de la brigade criminelle, puisqu’il y fut nommé en 1930 par Guichard. Retenons surtout de cela l’hommage que le romancier a voulu rendre à Guillaume, l’un des modèles de Maigret…
Murielle Wenger
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