À propos d’une anecdote racontée par Simenon
SIMENON SIMENON. ALLA RICERCA DI UN ALTRO COMMISSARIO MAIGRET
A proposito di un aneddoto raccontato da Simenon
SIMENON SIMENON. SEEKING FOR ANOTHER CHIEF INSPECTOR MAIGRET
Lors d’une interview, donnée en 1962 par Simenon au journal suisse Pour Tous, le romancier raconta une anecdote : un historien anglais, Harold Nicholson, dans une étude sur Sainte-Beuve, avait écrit qu’en 1855, celui-ci avait été chahuté par ses étudiants et que le préfet avait donné l’ordre d’intervenir au commissaire Maigret, chef de la Sûreté de Paris. Simenon ajoutait : « Je viens donc d’apprendre, plus de trente ans après sa création, qu’un commissaire Maigret a vraiment existé ! » Pierre Assouline, dans sa biographie, évoque une lettre de Simenon à Nielsen, écrite en 1962, dans laquelle le romancier parle de ce même Maigret, qui aurait été directeur de la Sûreté générale.
Vous imaginez bien que la curiosité m’a piquée, et que j’ai cherché à en savoir davantage. Ce qui m’a intriguée d’abord, c’est l’idée qu’un certain Maigret aurait été chef de la Sûreté. Après consultation de plusieurs sites sur l’histoire de la police parisienne, j’ai découvert qu’un certain Collet-Meygret qui fut nommé directeur de la Sûreté générale en 1853. Ce n’est donc pas tout à fait un « commissaire Maigret », car, malgré que son nom soit parfois orthographié « Collet-Maigret », cet homme n’avait jamais été commissaire : après avoir été reçu docteur en médecine (on notera tout de même la coïncidence avec notre Maigret, qui avait commencé des études de médecine…), il entra dans l’administration et exerça dans diverses préfectures, avant d’être nommé à la Sûreté générale ; ce Collet-Meygret semble avoir été peu efficace dans son poste, et des spéculations financières mal gérées le firent condamner pour escroquerie.
La découverte est décevante pour les maigretphiles, d’une part parce que ce Collet-Meygret ne semble évidemment pas pouvoir être un digne ancêtre de notre commissaire, et d’autre part parce qu’il n’y a pas eu de directeur de la Sûreté nommé Maigret… Mais j’ai décidé de poursuivre mes recherches, espérant trouver une autre piste.
Et cela en valait la peine, car il a bel et bien existé un commissaire au patronyme de Maigret, qui a vécu au XIXe siècle ! Sur l’incontournable site d’archives de la Bibliothèque nationale de France (https://gallica.bnf.fr), on trouve, dans l’Almanach royal de 1821, la trace d’un commissaire Maigret, exerçant sa profession dans un commissariat du sixième arrondissement. Un Maigret apparaît déjà dans une liste de nouveaux commissaires nommés en 1816, et ce nom est aussi mentionné dans un compte-rendu de procès en 1820, lorsqu’un commissaire Maigret est cité comme témoin. Un article de journal de 1824 rapporte un incendie qui a eu lieu dans les boutiques du marché Saint-Jacques-la Boucherie, et on demande d’adresser les dons, pour les familles des victimes, « chez M. Maigret, commissaire du quartier des Lombards, rue des Écrivains numéro 22 ».
On trouve, quelques années plus tard, un commissaire Maigret affecté au commissariat de Belleville. S’agit-il du même homme ? Son nom apparaît dans un journal de mai 1831, à propos d’une affaire rocambolesque, dans laquelle un peintre en bâtiment se bagarre avec une dame qui lui a commandé la construction d’une maison ; les deux ne réussissent pas à s’entendre, et le « sieur Maigret, ingénieur arpenteur, et depuis la Révolution de Juillet commissaire de police à Belleville », prend la défense de la dame, dressant un procès-verbal où il mêle sa fonction actuelle de commissaire et son ancien métier d’arpenteur. Ce commissaire de Belleville a eu à traiter d’autres affaires. En juillet 1931, il doit mener une enquête à propos d’une sordide affaire : en creusant des fondations pour un mur, des ouvriers mettent au jour le squelette d’un enfant âgé d’environ 12 ans, enterré une dizaine d’années plus tôt ; le cadavre présente la trace d’une blessure à l’aide d’un instrument tranchant ; quelques recherches apprennent au commissaire que la propriétaire du terrain a eu un fils dont l’âge correspond à celui du mort, mais ce fils a disparu. On ne saura malheureusement pas la suite du feuilleton, car je n’ai pas retrouvé d’autre trace de cette affaire… En juillet-août 1832, le commissaire Maigret de Belleville intervient dans une histoire qui le met aux prises avec des disciples de la doctrine de Saint-Simon.
Ce commissaire Maigret a sans doute peu de points communs avec le héros de Simenon, mais qui sait, le romancier aurait peut-être été intéressé à découvrir ce que fut ce personnage, même s’il n’a jamais été chef de la Sûreté…
Murielle Wenger
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