martedì 15 ottobre 2019

SIMENON SIMENON. LA TRAHISON D’HENRIETTE

A propos du remariage de la mère de Simenon et de quelques échos dans ses romans


SIMENON SIMENON. IL TRADIMENTO DI HENRIETTE
A proposito del nuovo matrimonio della madre di Simenon e di alcuni echi nei suoi romanzi
SIMENON SIMENON. HENRIETTE’S BETRAYAL
About the remarriage of Simenon's mother and some echoes in his novels





Octobre 1929. Henriette, veuve depuis huit ans de Désiré Simenon, se remarie avec Joseph André, un employé des chemins de fer belges. Georges ressent ce remariage comme une sorte de trahison, de la part de sa mère, à la mémoire de son père. Il relate cette situation dans sa Lettre à ma mère, et, 45 ans après les faits, la blessure reste vive en lui. « J’ai reçu une lettre, de ton écriture pointue et nerveuse, par laquelle tu m’annonçais que tu te remariais. Je t’avoue que, sur le moment, cela m’a choqué. Je gardais un tel culte pour mon père que je n’imaginais même pas l’éventualité, pour toi, de le remplacer. »
Simenon a des mots très durs pour sa mère, convaincu qu’il est que ce remariage est, pour Henriette, avant tout un calcul d’intérêt. « J’ai compris lorsque j’ai lu les détails. Tu venais d’épouser un chef de train à la retraite […]. Enfin, tu recevrais une pension. Enfin, tes vieux jours étaient assurés, quoi qu’il arrive ! […] Curieusement, si tu avais remplacé mon père par un autre homme, tu avais continué à conserver son nom. […] sur tes lettres et même sur certains papiers officiels […] tu écrivais : Madame André Simenon. Cela m’a fait mal. C’était, à mes yeux, comme un abus de confiance. »
Ce ressenti douloureux, le romancier le retranscrira dans ses romans, en traçant quelques portraits de femmes avides au gain, comme Mme Martin dans L’Ombre chinoise, qui divorce pour épouser un fonctionnaire de l’administration, avec la perspective d’une pension à la clef. On en trouve un autre écho dans Maigret et l’homme du banc, où Mme Thouret, elle aussi, aurait bien voulu que son mari soit autre chose qu’un magasinier, alors que ses sœurs ont épousé des employés au chemin de fer (comme Joseph André…), et qu’une fois veuves, elles toucheront une pension.
Mais c’est surtout dans son roman Le Chat que Simenon va pouvoir exprimer sa rancune face à la trahison de sa mère. Ce roman, qui raconte une histoire de couple qui vit la haine au quotidien, est une transposition de la situation telle que Henriette et son second mari l’ont vécue, du moins comme le raconte Simenon dans sa lettre à sa mère : « Le père André et toi n’avez pas tardé à vous méfier l’un de l’autre. Il t’accusait d’avoir hâte qu’il meure pour toucher seule sa pension. […] vous restiez seuls, face à face, deux étrangers, sinon des ennemis. […] un jour, vous avez décidé de ne plus vous parler mais de vous servir de billets griffonnés […]. Quand je parle de haine, je n’exagère pas. Je n’étais pas là, certes. Mais quand un homme et une femme qui vivent ensemble, unis par le mariage, en viennent à chacun préparer leur cuisine, à avoir leur propre garde-manger fermé à clef, attendre que la cuisine soit vide pour manger à leur tour, comment expliquer ça ? »
On trouvera encore, dans un des derniers romans de la saga maigretienne, un écho lointain et comme affaibli de cette situation. En 1949, Joseph André était mort, et Henriette se retrouvait veuve (mais cette fois avec sa pension…). Toujours dans sa Lettre à ma mère, Simenon écrit : « les dernières fois que je suis allé te voir, je me suis senti dérouté. […]. Il y avait en effet, dans ta maison, le mobilier acheté par mon père et par toi lorsque vous vous êtes mariés […] mais il y avait aussi le mobilier du père André, presque pareil. Et tu te trompais. […] tu commençais à mélanger les idées, à mélanger les dates, y compris les époques, au point qu’il t’est arrivé de parler du père André comme de mon père. » Dans La Folle de Maigret, Léontine est elle aussi veuve par deux fois, et sur les murs de son salon s’alignent des photos de ses deux maris, « qui, aurait-on dit, avaient fini par se confondre dans l’esprit de la vieille dame. » Léontine se fait appeler « Mme Antoine de Caramé », mélangeant les patronymes de ses deux maris, comme Henriette le faisait… Dans sa lettre à sa mère, Simenon raconte combien il a été froissé lorsque sa mère lui a annoncé qu’elle préférerait être enterrée dans le caveau de son second mari plutôt que dans la tombe de Désiré. Cependant, comme une forme d’exorcisme, Simenon écrit, dans La Folle de Maigret, que Léontine avait demandé, elle, à être enterrée dans la même tombe que son premier mari…


Murielle Wenger

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