martedì 29 ottobre 2019

SIMENON SIMENON. PETITES CROIX SUR UN CALENDRIER

A propos de la durée d’écriture des romans

SIMENON SIMENON. PICCOLA CROCE SU UN CALENDARIO
Sulla durata di scrittura dei romanzi
SIMENON SIMENON. LITTLE CROSSES ON A CALENDAR
About the writing time of the novels





Les enveloppes jaunes, les calendriers de rédaction, le rituel d’écriture… Autant de sujets que nous avons abordés plus d’une fois sur ce blog. Ce qui n’empêche pas d’y revenir de temps en temps, pour apporter quelques compléments d’information.
Simenon s’est expliqué souvent sur sa manière de travailler, en particulier sur les aspects « techniques » (déclic, mise en train, mise en transe, rituels préparatoires, rédaction concentrée sur quelques heures dans la journée, et sur une courte durée). Il en a parlé dans ses interviews, et aussi dans ses écrits autobiographiques. « À chaud » dans Quand j’étais vieux, puis a posteriori dans les Dictées et dans les Mémoires intimes.
Dans l’interview Simenon sur le gril qu’il donne en 1968 pour la revue Médecine et Hygiène, il explique qu’il doit concentrer la rédaction d’un roman sur un nombre limité de jours : « je peux rester ainsi en roman pendant quatre ou cinq jours, mais je ne peux le retenir plus de quinze jours. Ce travail doit être constant, et je ne peux sauter un jour dans sa rédaction car le fil est alors coupé. […] pendant l’écriture du livre, il s’agit que j’écrive aussi rapidement que possible en y pensant le moins possible, de façon à laisser travailler au maximum l’inconscient. » Cette explication « psychologique » s’est souvent doublée d’une explication « physiologique » : Simenon racontait que la tension dans laquelle il écrivait son roman avait des répercussions physiques : il perdait du poids et terminait la rédaction dans un état d’épuisement. C’est pourquoi, disait-il, plus il avançait en âge, plus il avait de la difficulté à soutenir et supporter cette tension. Et donc il avait de plus en plus tendance à raccourcir le temps de la rédaction.
Dans ses Mémoires intimes, il ajoute encore une autre raison, liée cette fois plus directement à son mode d’écriture : « A mes débuts […] un roman me prenait douze jours, Maigret et non-Maigret. Comme je m’efforçais de condenser davantage, de débarrasser mon style de toute fioriture ou accessoire, je suis passé peu à peu de douze jours à onze, à dix, à neuf. Or, voilà que […] j’en arrivais au chiffre sept […], qui va devenir comme le moule définitif dans lequel seront coulés désormais mes romans. »
Cette réduction du nombre de jours d’écriture peut se vérifier, notamment grâce aux calendriers sur lesquels le romancier traçait des petites croix rouges et bleues pour chaque journée d’écriture puis de révision d’un roman. Simenon a fait don de beaucoup de son matériel d’écriture au Fonds Simenon : enveloppes jaunes, dossiers préparatoires, et une petite soixantaine des calendriers de rédaction. Les informations que je possède font état de calendriers dont les plus vieux datent du milieu des années 1950. On peut imaginer que c’est en Amérique que le romancier a pris cette habitude d’annoter ces calendriers édités par Pan American World Airways.
Avec l’aide de ces calendriers et d’autres documents, on peut constater qu’on passe progressivement, depuis le milieu des années 1945 jusqu’au début des années 1970, d’une durée de rédaction moyenne de 10-11 jours à une durée de 7 jours. Les romans Maigret prennent en général un peu moins de temps que les romans durs, les premiers ne dépassant jamais 10 jours, tandis que pour les seconds, on peut avoir une rédaction qui s’étend de 7 jours pour les plus courts jusqu’à 19 jours (La neige était sale) et 24 jours (Les Anneaux de Bicêtre) ; mais en général, les romans durs s’écrivent en une dizaine ou douzaine de jours, parfois un peu plus. Les romans Maigret oscillent toujours entre 7 et 10 jours, le nombre allant decrescendo au fil des années. Il faut encore noter que dès 1966, Simenon a écrit tous ses romans, Maigret et romans durs, en 7 jours. Ce qui renforce bien cette thèse que nous avons mise en avant plus d’une fois sur ce blog, à savoir que les romans Maigret et les romans durs se sont rapprochés de plus en plus au fil du temps, et qu’il y avait de moins en moins de différence dans leur approche thématique…


Murielle Wenger

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