martedì 1 ottobre 2019

SIMENON SIMENON. VINGT ANS D’EXPERIENCE

Comparons deux moments dans la bio-bibliographie de Simenon


SIMENON SIMENON. VENT'ANNI DI ESPERIENZA
Confrontiamo due momenti nella bio-bibliografia di Simenon
SIMENON SIMENON. TWENTY YEARS OF EXPERIENCE
Let’s compare two moments in Simenon’s bio-bibliography



Simenon a non seulement été un auteur prolifique, avec à son actif près de 200 romans (dont un gros tiers de romans Maigret) écrits sous patronyme, mais sa production littéraire s’est aussi étalée sur une cinquantaine d’années. C’est dire qu’il doit y avoir eu une évolution dans cette production. Certes, c’est toujours du même auteur qu’il s’agit, qu’on lise l’un de ses romans sous pseudonyme des années 1920, ou l’un de ses chefs-d’œuvre de la maturité. Cependant, comme le romancier, avec les années, accumule des expériences de vie, mais aussi de l’expérience créatrice, on doit pouvoir déceler des changements, même infimes, dans sa façon d’écrire et dans ses thèmes. Nous n’allons pas dans ce billet mener une analyse sophistiquée sur ce sujet, mais nous proposons de faire une petite comparaison entre deux romans de la saga maigretienne, écrits à vingt d’ans d’intervalle, pour voir comment Simenon a évolué dans son écriture.
Nous sommes en octobre 1931. Simenon a amarré son Ostrogoth à Ouistreham. Après la séance de dédicaces qu’il a faite à fin août à Deauville, lors de laquelle il a pu mesurer le début du succès pour sa série Maigret, il a continué d’écrire des romans avec le commissaire pour héros. Et ceci aussi bien parce que la réussite est au rendez-vous que parce qu’il doit respecter les termes du contrat passé avec Fayard : l’éditeur a accepté la publication de la série à la condition que Simenon lui fournisse des romans permettant une parution mensuelle.
A Ouistreham, le romancier rédige en octobre Le Port des brumes. Ce roman a d’abord ceci de particulier qu’il est l’un des rares que Simenon a écrit sur les lieux mêmes où l’action se déroule. Fidèle aussi à une habitude qu’il a prise pour ses premiers romans mettant en scène le commissaire, il envoie celui-ci enquêter hors de Paris, et le roman, en dehors de présenter une énigme bien policière (découvrir pourquoi on a tué le capitaine Joris et qui l’a fait), est une bonne démonstration des méthodes particulières que Maigret emploie : il cherche à se fondre dans un nouveau milieu pour en comprendre le fonctionnement. Il s’immerge dans l’atmosphère brumeuse du port, trinque avec les marins, et fait une incursion dans le milieu provincial de la haute bourgeoisie, dont il cherche à faire craquer le vernis de respectabilité. Un roman tout à fait typique des débuts de la saga Vingt ans plus tard, nous voici en octobre 1951. Nous retrouvons un romancier installé depuis plus de six ans en Amérique. Depuis juillet 1950, il s’est établi à Lakeville, où il va écrire des romans à l’ambiance typiquement américaine, comme Les Frères Rico ou L’Horloger d’Everton. Mais il n’a pas oublié son commissaire pour autant, pour lequel il rédige quelques-unes de ses meilleures enquêtes (Maigret au Picratt’s, Maigret et la Grande Perche) et avec qui il a fait une mise au point sur leurs relations (Les Mémoires de Maigret), à partir de laquelle il va se rapprocher de plus en plus de son personnage.
En octobre 1951, le romancier s’essaie à un roman de la saga qui s’éloigne des normes classiques du roman policier. En effet, Maigret, Lognon et les gangsters n’a quasiment plus rien d’un roman de détection : pas de cadavre ni de meurtre (juste une agression sur un inconnu dont il faut retrouver la trace), et l’intrigue consiste non à enquêter sur une série de suspects, mais il s’agit d’une sorte de confrontation entre les policiers à la française et les gangsters américains qui sont venus prendre Paris pour leur terrain de jeu. Le travail de Maigret dans cette histoire va être essentiellement de prouver sa supériorité sur les bandits, et il y parviendra naturellement, moyennant quelques entorses aux règlements… Dans ce roman, on sent que le romancier a pris un plaisir certain à placer son héros dans une situation inhabituelle, et il le fait avec beaucoup d’humour.
On voit bien là comment Simenon a évolué dans son écriture. Le jeune homme de 28 ans qui décrivait son héros de 45 ans aux prises avec les mystères brumeux d’un port normand, et qui s’acquittait de sa tâche de romancier en route vers l’écriture de la littérature telle qu’il désirait l’atteindre, est devenu un homme qui s’approche de la cinquantaine, qui a rejoint en âge son personnage, auquel il s’est attaché au cours de toutes ces années, et qu’il utilise parfois dans des romans plus légers, comme un délassement, comme un plaisir qu’on s’accorde entre deux rédactions de romans beaucoup plus durs. Le prochain roman, après Maigret, Lognon et les gangsters, sera La Mort de Belle…


Murielle Wenger

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