martedì 16 luglio 2019

SIMENON SIMENON. LA MÉMOIRE D’UN PÈRE

A propos de la rédaction du texte autobiographique "Je me souviens…" 

SIMENON SIMENON. LA MEMORIA DI UN PADRE 
A proposito della scrittura del testo autobiografico "Je me souviens..."
SIMENON SIMENON. A FATHER’S MEMORY 
About the writing of the autobiographical text "Je me souviens…" 


1940, fin de l’été. Alors que Simenon joue avec son fils dans la forêt, il se blesse à la poitrine. La douleur l’oblige à consulter un radiologue à Fontenay-le-Comte, qui diagnostique une grave maladie de cœur, et lui prescrit de limiter au maximum ses activités : ne plus boire, ne plus écrire, ne plus avoir d’activités sexuelles… Pour Simenon, cela équivaut quasi à une condamnation à mort…  
Dans l’urgence qu’il ressent, il éprouve le besoin de laisser à son fils, Marc, qui a à peine plus d’un an, un héritage sous forme de souvenirs, et il va lui raconter l’histoire de la famille Simenon. Il achète un cahier, et, sur la première page, il trace un arbre généalogique, écrit un titre, Je me souviens… et un sous titre, Pedigree de Marc Simenon avec le portrait de quelques oncles, tantes, cousins, cousines et amis de la famille, ainsi que des anecdotes, par son père. 
Il va remplir ce cahier de décembre 1940 à juin 1941. Simenon, par la suite, a affirmé qu’il avait vécu cette période dans la peur d’une mort annoncée, mais depuis, on sait que, comme souvent chez le romancier, il y a une part de légende qui recouvre les faits. En réalité, au bout de quinze jours, un autre médecin l’avait rassuré sur sa santé. Mais Simenon n’en continua pas moins la rédaction de ce « roman familial », écrit à la première personne, où alternent les souvenirs de son enfance et la narration des événements du quotidien de la guerre.  
Puis il envoya son manuscrit à Gide pour lui demander son avis. Celui-ci, pas complètement convaincu, lui conseilla de transformer le récit à la première personne en un roman à la troisième personne. Simenon suivit son conseil, et rédigea une nouvelle mouture, qui deviendrait Pedigree. 
Pour nombre de simenoniens, Pedigree est considéré comme la « matrice » de l’œuvre, parce qu’on y découvre l’essentiel des thèmes simenoniens. Ce qui, certes, est vrai, mais peut-être est-il dommage qu’en conséquence, Je me souviens… ait été quelque peu occulté. Parce que, après tout, cette première version est aussi intéressante. Dans son essai Simenon ou le roman gris, Jean-Baptiste Baronian fait une intéressante comparaison entre Je me souviens… et Pedigree, et il note combien la première version a son propre charme, parce que Simenon « ne rédige pas ses mémoires à la manière habituelle [...] il essaie de s’imaginer petit enfant au milieu du cercle familial, parmi les brouhaha et les odeurs de sa ville natale […]. Mais en même temps il n’oublie jamais de parler à Marc […], de le regarder vivre et grandir ».  
Et c’est sans doute en cela qu’il vaut la peine de relire Je me souviens… Pas seulement pour y chercher les différences et les analogies entre cette version et Pedigree, mais aussi pour y relever les confidences du romancier à son fils, parce que celles-ci annoncent déjà les Mémoires intimes où Simenon s’adressera à tous ses enfants, et à sa fille en particulier. 
Dans la première version, la volonté est affichée de raconter l’histoire d’une famille, la famille de Marc et de Georges : « A défaut d’arbre chronologique, j’essaierai de te faire connaître le petit milieu dont tu es sorti ». Dans Pedigree, l’ambition est plus générale et il s’agit d’écrire le « roman des petites gens ». On pourrait, si on avait le temps, s’amuser à repérer toutes les transformations qu’ont subi les souvenirs familiaux tels que Simenon les a racontés dans Je me souviens…, lorsqu’il les a retranscrits dans Pedigree. Mais évidemment, cela dépasserait le cadre de ce billet.  
Alors, on relèvera simplement que, comme cela a été dit plus haut, l’aspect intéressant de Je me souviens… est justement qu’y sont évoqués les événements traversés par le romancier au moment où il remplit son cahier de notes, et que transparaît le bonheur d’un père devant les émerveillements de son enfant qui découvre le monde, malgré le contexte historique. Ou peut-être justement à cause de ce contexte, qui fait que Simenon « se replie sur lui-même et sur son écriture », comme l’écrit Michel Carly, mais aussi qu’il tâche en quelque sorte de fuir une réalité difficile en se concentrant sur son petit monde familial… 

Murielle Wenger 

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