sabato 2 settembre 2017

SIMENON SIMENON. DES NOUVELLES POUR UN MAIGRET DIFFERENT

Quelques considérations sur les nouvelles écrites en 1938 

SIMENON SIMENON. RACCONTI PER UN MAIGRET DIVERSO 
Alcune riflessioni sui racconti scritti nel 1938 
SIMENON SIMENON. SHORT STORIES FOR A DIFFERENT MAIGRET 
Some thoughts about the short stories written in 1938 

Nous avons déjà évoqué à plusieurs reprises les deux séries de nouvelles maigretiennes écrites par Simenon à la fin des années '30. Mais nous pensons qu'elles le méritent, car ces nouvelles sont importantes, parce que d'une part elles permettent d'élargir la vision du héros tel qu'il apparaît dans les romans, et d'autre part elles marquent une étape nécessaire dans la relation que l'auteur entretient avec sa créature. En effet, c'est à travers ces nouvelles que Simenon reprend contact avec son commissaire, qu'il lui offre de revenir à la vie, après la pause forcée auquel il l'a condamné après le dernier roman écrit pour la série Fayard. 
Nous reviendrons aujourd'hui sur la deuxième série de ces nouvelles, celles écrites durant l'hiver 1937-1938. Comme pour la première série, il s'agissait d'une commande, cette fois pour le magazine Police-Film, devenu ensuite Police-RomanC'est la nouvelle Mademoiselle Berthe et son amant qui participait aux étrennes du magazine, dont le premier numéro sortit le 29 avril 1938. Jusqu'en septembre de la même année allait paraître chaque mois une nouvelle consacrée à Maigret, puis il y en eut encore une en novembre et une en décembre, et ensuite une en février 1939 et une en juillet de la même année. Ce qui, au total, représentait dix nouvelles pour cette série. Parmi celles-ci, on en retint huit pour le recueil publié en 1944 par Gallimard, sous le titre Les nouvelles enquêtes de Maigret. Pour une raison que nous ignorons, furent écartées L'improbable Monsieur Owen et Ceux du Grand Café 
Pour une raison tout aussi obscure, l'ordre dans lequel ces nouvelles furent publiées dans le magazine ne correspondait pas à leur ordre de rédaction, et même, pourrait-on dire, ces deux ordres étaient étonnamment inversés: en effet, les cinq premières nouvelles parues dans Police-Film/Police-Roman étaient en réalité les cinq dernières de la série écrites par le romancier. A moins de retenir l'hypothèse que c'est justement parce que Simenon venait de les écrire qu'il donna d'abord ces dernières au magazine, et qu'ensuite, pour faire bonne mesure, il céda aussi les premières écrites de la série.  
Quoiqu'il en soit, lors de la parution du recueil chez Gallimard, l'ordre de rédaction fut rétabli. Ce qui, d'ailleurs, respectait une certaine logique, puisque dans les quatre premières nouvelles, Simenon montrait son commissaire dans ses fonctions officielles, soit en exercice au Quai des Orfèvres (L'amoureux de Madame Maigret et Stan le tueur), soit en mission en province (La vieille dame de Bayeux et L'auberge aux noyés); puis, dans la cinquième nouvelle, Maigret était sur le point de partir en retraite (L'Etoile du Nord), et enfin il menait une vie paisible de retraité, mais bientôt dérangée par des solliciteurs, dans les nouvelles suivantes (Tempête sur la Manche, Mademoiselle Berthe et son amant, Le notaire de Châteauneuf, L'improbable Monsieur Owen et Ceux du Grand Café).  
Si Mademoiselle Berthe et son amant et Le notaire de Châteauneuf rappellent, dans leur thématique, des romans où l'on vient trouver Maigret dans sa retraite ligérienne pour solliciter son aide (voir Maigret se fâche, par exemple), les trois autres de ces nouvelles ont une tonalité un peu différente, ou, plus précisément, c'est surtout le personnage de Maigret lui-même qui est abordé un peu autrement, présentant des facettes auxquelles son créateur ne nous a pas habitués dans les romans. Ainsi, dans Tempête sur la Manche, où Maigret cherche à résoudre une énigme en dilettante, on le découvre en pleine ivresse, alors que d'habitude il supporte plutôt bien tout l'alcool qu'il ingurgite dans ses enquêtes. Dans Ceux du Grand Café, c'est un Maigret encore plus bougon que d'habitude, résolu à cacher ce qu'il a découvert, à tout le monde, et même à sa femme. On y assiste même à une scène de ménage entre Mme Maigret et son mari, ce qui est excessivement rare dans la saga!  
Mais la plus étonnante de ces nouvelles est sans aucun doute L'improbable Monsieur
Owen, dans laquelle Maigret se présente sous un jour des plus inattendu, s'amusant à endosser le rôle d'un maître chanteur, même si cela ne lui réussit qu'à moitié Et c'est surtout l'ouverture de cette nouvelle qui est insoliteoù l'on voit l'ex-commissaire jouir par tous les pores de sa sieste dans un palace de la Côte d'Azur, puis s'habiller d'une façon plutôt fantaisiste, loin du strict complet-veston de sa tenue habituelle parisienneet, surtout, le romancier emploie pour le décrire quelques phrases pleines d'humour, qui montrent combien il est plus attaché à ce personnage qu'il ne veut bien le dire, puisqu'il en présente des facettes diverses, comme s'il s'apprêtait à creuser encore plus en avant dans sa découverte de son héros. "Maigret était heureux ! Il avait mangé comme quatre, bu comme six, aspiré le soleil par tous les pores comme cinquante candidates à un concours de maillots de bain."; et plus loin, lorsque M. Louis lui a donné des détails sur l'énigme qu'il lui demande de résoudre: "Maigret avait presque envie, en guise de protestation contre toutes ces histoires et contre son déplorable instinct de chasseur, de revêtir son maillot de bain et son peignoir et d'aller s'étendre sur le sable de la plage, à regarder les baigneuses." 
Quant à la nouvelle Ceux du Grand Café, qui est, rappelons-le, la dernière que Simenon ait écrite dans cette série, elle se clôt par cette phrase que le romancier met dans la bouche de Maigret: "- Qu'est-ce qu'il y a à déjeuner ? J'ai rudement faim, moi !" Allons, il semble bien que Simenon ait envie de parler à nouveau de l'appétit de son commissaire, et il va être temps de le remettre en scène de façon plus conséquente. Moins d'une année plus tard, le romancier reprend la plume pour rédiger de nouvelles aventures pour son personnage, d'abord dans deux nouvelles L'homme dans la rue et Vente à la bougie, avant de lui octroyer une plus grande place dans un roman, Le caves du Majestic. Mais ceci est une autre histoire… 

Murielle Wenger

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