martedì 14 marzo 2017

SIMENON SIMENON. UN ROMANCIER AU TRAVAIL /1


A propos de la vélocité d'écriture de Simenon: déclarations de l'auteur 

SIMENON SIMENON. UN ROMANZIERE AL LAVORO /1 
A proposito della velocità di scrittura di Simenondichiarazioni dell'autore 
SIMENON SIMENON. A NOVELIST AT WORK /1 
About Simenon's writing velocity: statements by the author 

Dans un post récent, Maurizio posait la question de la vélocité d'écriture de Simenon, une vélocité, comme l'écrivait notre blogueur, qui fut en même temps un sujet d'étonnement pour les critiques littéraires, mais aussi parfois un prétexte pour dire que cette vélocité impliquait une moindre qualité des écrits du romancier… Maurizio a essayé de montrer que cette soi-disant vélocité était en fait toute relative. Mais il soulevait aussi quelques questions qui, me semble-t-il, méritent qu'on s'y attarde.  
Pour pouvoir établir que Simenon écrivait vite, on a tablé sur quelques faits plus ou moins connus, sur certaines déclarations du romancier lui-même, des faits et des déclarations que l'on peut examiner d'un peu plus près. Rares sont les études qui se sont penchées sur ces questions de rapidité et de durée de rédaction, et une des plus fouillées est celle menée par Claudine Gothot-Mersch, "Le travail de l'écrivain, à la lumière des dossiers et manuscrits du Fonds Simenon", parue dans l'ouvrage "Lire Simenon, Réalité/ Fiction/ Ecriture", aux éditions Labor. C'est cette étude que je vais prendre pour base de ma propre analyse, et comme le sujet me paraît assez intéressant pour qu'on le traite un peu plus en profondeur, je vais y consacrer deux billets, ce premier pour poser quelques bases, et le second dans lequel je reviendrai sur quelques calculs effectués par Maurizio, en proposant mes propres clés de lecture.  
Simenon a souvent explicité sa "méthode" de travail, surtout le rituel – indispensable pour lui – qu'il établissait pour pouvoir rester sur sa lancée. On se rappellera ici la "promenade préparatoire" qui va susciter la montée d'un souvenir (une odeur en particulier), provoquant le "déclic" qui fait jaillir un personnage et une situation; puis viennent les préparatifs, enveloppe jaune, taillage des crayons, etc. Et ensuite, le romancier s'installe à sa table de travail. 
Parmi toutes les déclarations que Simenon a faites sur ce sujet, une des plus complètes est celle de l'entretien qu'il a eu avec André Parinaud en 1955, et qui a été publié dans l'ouvrage "Connaissance de Georges Simenon". C'est là, entre autres, qu'il raconte comment se déroule sa journée de travail: "Je me lève vers 6 h 20 du matin. Je descends dans mon bureau […]. Je prépare mon café à la cuisine et je commence à travailler à 6 heures et demie jusqu'à peu près huit heures et demie, neuf heures." Puis il quitte son roman, et le reste de la journée se déroule en famillemais il se crée aussi une routine, des habitudes, des gestes qu'il répète tous les jours pendant lesquels il rédige son roman: par exemple, si le premier jour, il a lu les trois premières pages d'un journal, les jours suivants, il ne lira aussi que les trois premières pages de ce journal; ou, s'il bourre une pipe à onze heures et demieil en fera de même à la même heure les jours suivants. Simenon déclare aussi que cette durée de temps, entre 6 h 30 et 9h, correspond à la fabrication d'un chapitre: "J'écris toujours en une fois chacun de mes chapitres. La seule différence, c'est que le premier chapitre me prend souvent trois heures, les autres, jamais plus de deux heures et demie".  
Cette routine lui est devenue, au fil du temps, nécessaire, même s'il a parfois des velléités d'y échapper, une révolte, qu'il maîtrise rapidement, parce qu'il sait que ce n'est qu'à ces conditions qu'il peut se mettre en état de roman: "Toute cette routine à laquelle je m'astreins parce que je la crois indispensable pour obtenir le déclic, à telle point que cela devient une superstition…", écrit-il dans Quand j'étais vieux 
Dans son article, Claudine Gothot-Mersch nous apprend qu'on trouve au Fonds Simenon un peu plus d'une cinquantaine de dossiers de romans de Simenon, Maigret et romans durs à parts à peu près égales. Ces dossiers comportent des manuscrits, des enveloppes jaunes, des calendriers de rédaction, et parfois une chemise en carton, avec quelques informations supplémentaires. Comme il s'agit pour l'essentiel de romans des quinze dernières années de rédaction, c'est pour ceux-là qu'il est le plus facile d'établir des données précises sur leur écriture, en particulier la durée de celle-ci en jours.  
Dans le prochain billet, j'utiliserai ces données pour revenir sur quelques points plus précis à propos de la rédaction des romans, les Maigret en particulier. 

Murielle Wenger

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