sabato 20 ottobre 2018

SIMENON SIMENON. MAIGRET REVIENT… AVEC CECILE

A propos du contexte d'écriture des romans "Maigret" parus chez Gallimard 

SIMENON SIMENON. MAIGRET TORNA… CON CECILE 
Sul contesto di scrittura dei romanzi "Maigret" pubblicati da Gallimard 
SIMENON SIMENON. MAIGRET COMES BACK... WITH CECILE 
About the writing context of the "Maigret" novels published by Gallimard 


Le 14 octobre 1967 était inaugurée la première série télévisée française consacrée au commissaireLes Enquêtes du commissaire Maigret, avec Jean Richard dans le rôle titre. Pour étrenner cette série, le réalisateur, Claude Barma, choisit d'adapter un roman de la période Gallimard, Cécile est morte. Ce choix se justifiait amplement. En effet, ce roman est rempli de détails et d'éléments qui en font un texte caractéristique de l'univers maigretien: une enquête qui débute dans le brouillard de l'automne, une galerie de personnages hauts en couleurs, une bonne énigme, et de nombreuses notations sur la "méthode" particulière que le commissaire emploie dans ses enquêtes.  
D'ailleurs, non seulement ce roman avait aussi été choisi pour inaugurer la série avec Gino Cervi (l'épisode Un ombra su Maigret), mais encore, lorsque le roman fut publié pour la première fois par Gallimard dans le recueil Maigret revient…, il fut choisi pour figurer le premier dans le recueil, alors qu'en réalité, il n'était que le troisième dans l'ordre de rédaction. Cécile est morte avait été rédigé en décembre 1940, soit après Les Caves du Majestic (décembre 1939) et La Maison du juge (janvier 1940). Ce choix n'avait probablement rien d'un hasard. Les lignes qui ouvrent le roman et qui mentionnent aussi bien le pardessus à col de velours du commissaire, que la salle d'attente de la PJ, puis l'affaire de la bande des Polonais, et le rapport dans le bureau du directeur de la PJ, tout cela marquait bien le "retour" de Maigret après un relativement long intermède.  
On se rappelle en effet que le dernier roman de la série Fayard avait été publié en 1934. Depuis lors, n'étaient parues que des nouvelles mettant en scène le commissaire, et encore celles-ci n'avaient-elles été publiées que dans des journaux. La disette des lecteurs en fait de romans maigretiens se faisait sentir… Simenon, lui, avait voulu passer à d'autres exercices. Se sentant mûr pour aborder la littérature sans un meneur de jeu, sans la rampe sécurisante du roman policier, il avait quitté Fayard et publié déjà un bon nombre de romans durs chez Gallimard. Avec succès, certes, mais peut-être pas autant qu'il l'espérait… En effet, la vente des romans durs n'atteignait jamais les sommets obtenus avec les MaigretPeut-être est-ce aussi pour cela qu'il accepta d'écrire des nouvelles sur Maigret, non seulement pour répondre à l'attente des journaux qui l'avaient sollicité, mais aussi en vue de la publication d'un recueil de ces nouvelles chez Gallimard. L'éditeur, d'ailleurs, applaudissait des deux mains, heureux "de voir le commissaire Maigret à la NRF. Cette création qui a fait votre succès est aussi populaire que Sherlock Holmes et il est certain que beaucoup de lecteurs regrettaient sa disparition" (lettre de Gallimard citée par Michel Carly dans son excellent essai Les Secrets des «Maigret»). Cependant, bien que les nouvelles aient été écrites entre 1936 et 1938, le recueil en question ne vit pas immédiatement le jour (il ne fut publié qu'en 1944).  
Peut-être la donne avait-elle un peu changé avec l'arrivée de la guerre. L'année 1939, même si ce fut celle où Simenon connut pour la première fois les joies de la paternité, marqua le début d'une période de perturbation pour le romancier. L'entrée en guerre fit que Simenon se replia sur soi, sur sa famille et son écriture, grâce à laquelle il pouvait, plus que jamais, échapper à la réalité. Mais les contraintes étaient là, il fallait les subir tout de même, et en particulier il s'agissait de s'assurer d'une certaine sécurité financière, en prévision des restrictions qui s'annonçaient. C'est une des raisons qui fit que Simenon reprit son personnage de commissaire dans un roman, parce qu'il savait qu'un roman avec Maigret permettrait des rentrées supérieures à celles des autres romans. Ce n'était "pas de gaieté de cœur" qu'il dut admettre cette réalité, mais les faits étaient là… En novembre 1939, il annonça donc à Gallimard qu'il allait écrire un roman mettant en scène son héros policier. Ce fut d'abord Les Caves du Majestic, puis La Maison du juge, et enfin Cécile est morte. Tous les trois parurent d'abord en feuilleton dans les journaux de l'époque (une autre bonne source de revenus…), et, en 1942 fut publié le recueil Maigret revient…, qui regroupait les trois récits.  
L'aspect pécuniaire, avons-nous dit, fut une des raisons de la reprise de Maigret. Mais, comme nous l'avons déjà écrit à plusieurs reprises, à notre avis ce n'était pas la seule. Il suffit en effet d'ouvrir n'importe lequel des romans Maigret publiés dans la période Gallimard pour se rendre compte qu'il est évident que le romancier avait éprouvé du plaisir à retrouver son personnage et à le remettre en scène. Et puis, se plonger dans le petit monde rassurant de Maigret lui permettait d'échapper, au moins pour un temps, au contexte pénible de la guerre… 

Murielle Wenger 

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