Comment Simenon a découvert Porquerolles, et comment elle habite sa vie et son oeuvre
SIMENON-SIMENON: PORQUEROLLES, L'ISOLA DEI MIEI SOGNI…
Come Simenon ha scoperto Porquerolles, e come la ritroviamo nella sua vita e nella sua opera
SIMENON-SIMENON: PORQUEROLLES, ISLAND OF MY DREAMS…
How Simenon discovered Porquerolles, and how the island lives in his life and work
Mai
1926. Simenon et Tigy écument Montparnasse. C'est l'époque de la
Coupole, des Ballets nègres et de Joséphine Baker, et Simenon vit dans
un "tourbillon", comme l'écrit Assouline dans sa biographie. Mais comme
de faire la fête toutes les nuits ne l'empêche pas d'écrire comme un
forcené, alimentant les collections de romans populaires, arrive ce qui
devait arriver: il tombe malade. Consulté, le médecin prescrit un séjour
à la campagne, loin de l'agitation frénétique de Paris. Tigy cherche un
lieu propice au repos de son Georges, comme elle le raconte dans ses
Souvenirs: "Nous sommes en mai. Où aller ? J'ouvre l'atlas, cette petite
île en face d'Hyères. Porquerolles. Description alléchante dans le
Larousse." Elle en parle à son mari, celui-ci court placer un texte chez
un éditeur, et revient avec de quoi se payer des vacances au sud. Et la
vente de plusieurs toiles de Tigy va permettre de prolonger le séjour…
"nous débarquons émerveillés par tant de soleil et de lumière […]. Notre
île est idéalement belle. Pour nous tout est découverte. Le maquis, les
pinèdes, les criques, les plages de sable blanc, les plantes odorantes,
le village coloré, la grande place étourdissante de chaleur concentrée,
le petit port où on va flâner." Et il n'y a pas que Tigy à avoir le
coup de foudre: Simenon tombe définitivement sous le charme de cette
île, sur laquelle il va revenir périodiquement, et qu'il utilisera comme
décor dans plusieurs romans.
Les Simenon s'installent d'abord
au Grand Langoustier, dans deux pièces rustiques, mais les journées se
passent surtout dehors, à la plage, à bronzer, à nager, à jouer aux
boules, et à pêcher, car le romancier s'est découvert une passion pour
la pêche. L'île sera toujours pour lui comme un refuge, un endroit où
aller se ressourcer après les périodes de grande agitation, comme par
exemple en 1934 après les remous de l'affaire Stavisky, ou en 1936 après
une période très parisienne dans l'appartement du boulevard
Richard-Wallace. Cette fois-ci, il loue une maison, les Tamaris, à
laquelle est accolée une sorte de tour où il se réfugie pour écrire. Et
quand il n'écrit pas, il pêche, naturellement, puis, avec les produits
de sa pêche, confectionne de mémorables bouillabaisses… Rebelote en 1937
et 1938 ("Après quelques mois de Paris ou d'ailleurs, une simple
bouffée chaude, une odeur d'eucalyptus ou de romarin créent chez moi le
besoin
de me précipiter vers le sud" in Un homme comme un autre), puis
arrivera la guerre, et l'impossibilité de se rendre sur l'île… Il n'y
retournera jamais, sauf pour un très bref passage dans les années '50,
mais le charme était rompu.
Désormais, l'île ne sera plus qu'un
très beau souvenir, que l'éloignement transformera en "île de rêve", et
que le romancier évoquera non seulement dans ses romans, mais aussi très
souvent dans ses écrits autobiographiques. Ainsi dans Je me souviens,
où il parle d'"une des plus belles îles de la Méditerranée, une plage de
sable fin où l'on voit à dix mètres de profondeur à travers l'eau
limpide"; ou dans la dictée Un homme comme un autre: "l'île de
Porquerolles étendue au soleil, sa verdure sombre, quelques carrés
blancs surmontés de rouge qui sont des maisons. […] La place était
immense, en terre battue, en pente légère, entourée d'eucalyptus. Tout
en haut, une petite église […] ressemblait à un jeu de cubes. […] Les
maisons basses de la place sont roses ou bleu clair."
Outre le
dépaysement et la langueur méridionale, c'est bien les couleurs de l'île
qui ont fasciné Simenon, en vrai peintre impressionniste qu'il était à
sa façon… Et s'il utilise cette île pour cadre de plusieurs nouvelles et
romans, c'est probablement dans Mon ami Maigret que l'on retrouve le
mieux cet émerveillement, qu'il transmet à son héros, et il faut relire
le roman pour découvrir le feu d'artifice coloré et odorant qui en
jaillit à chaque page, dans un éblouissement magnifié par l'éloignement
(Simenon écrit
le roman alors qu'il est en Amérique), et la décantation des souvenirs…
Murielle Wenger
même cet article c'est magnifique...
RispondiEliminasalutations.
g.
Porquerolles descritta da Simenon è una sirena irresistibile e il fascino che ha saputo suscitare hanno spinto un viaggio in solitudine .
RispondiEliminaPerche chiunque insieme a me mi avrebbe spinto al fare qualcosa mentre io volevo solo annusare e bighellonare. Tambasiare direbbe Montalbano
Belle plume, Madame...et bel hommage au grand Georges et à sa Porquerolles.
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