martedì 31 maggio 2016

SIMENON SIMENON. LA FEMME ROUSSE SE TROUVE-T-ELLE A L'ECLUSE N°1?

L'abandon provisoire de Maigret par Simenon, et la parution simultanée d'un "proto-Maigret"

SIMENON SIMENON. LA DONNA ROSSA SI TROVA ALLA CHIUSA N°1?
L'abbandono provvisorio di Maigret da parte di Simenon, e l'uscita simultanea di un "proto-Maigret" 
SIMENON SIMENON. IS THE REDHEAD WOMAN TO BE FOUND AT LOCK N°1?
Simenon's temporary abandonment of Maigret and the simultaneous publication of a "proto-Maigret" 





Entre deux voyages pour une série de reportages qui seront publiés sous le titre de "Europe 33" et "Peuples qui ont faim", dans le mois d'avril 1933, Simenon a fait escale à Marsilly. Il prend le temps d'y écrire ce qu'il pense être son dernier roman de la série Maigret: L'écluse no 1. Il se sent mûr pour une nouvelle étape, et il est décidé à lâcher son encombrant commissaire (nous en avons parlé plus en détail dans notre billet du 2 décembre 2014). A ce moment-là, ont déjà paru 17 titres Maigret chez Fayard, 3 recueils de nouvelles policières (Les treize coupables, Les treize énigmes, Les treize mystères), et les premiers "romans durs": Le relais d'Alsace, Le passager du Polarlys, Les fiançailles de M. Hire et Le coup de lune. Il en est parmi les critiques littéraires de l'époque pour regretter qu'il abandonne la veine policière, comme un certain Marcel Fautrad, qui écrivait en février 1935, dans la revue littéraire Les Primaires, un article titré "Maigret contre Simenon": "Aujourd'hui il est un homme fini. Maigret a vidé le brillant Simenon. […]. Au lieu de se contenter d'une place honnête dans un genre honnête, Simenon à bout de course a voulu bluffer. Il a joué une nouvelle carte. Il a perdu.". Mais tout le monde n'était pas de cet avis, et d'autres critiques avaient salué la parution de ces premiers "non-Maigret". Ainsi, dans Comoedia du 23 mai 1933, l'un disait à propos de Les fiançailles de M. Hire: "Un roman puissant, fort, vrai. Il y a là […] une psychologie juste, rigoureuse, nuancée, et une ambiance qui vous prend. […] Simenon est un écrivain. Un vrai." C'est dire si Simenon se sentait conforté dans sa décision d'aborder la "littérature tout court", et il allait abandonner pendant près de deux ans son héros, écrire nombre d'autres romans, et surtout signer un contrat avec Gallimard, Fayard étant jugé trop "populaire"…
Au temps où Simenon se faisait la main avec ses romans sous pseudonymes, sa production surabondante ne pouvait s'écouler chez un seul éditeur. C'est pourquoi il fournissait de la copie non seulement à Fayard, mais aussi à Ferenczi et à Tallandier. Ce dernier proposait, entre autres, une collection de romans d'aventure, pour laquelle "Georges Sim" s'en donnait à cœur joie, ouvrant son dictionnaire Larousse pour y puiser les thèmes de grands voyages et d'exotisme, du Congo à la Chine en passant par l'Amérique du Sud… Une autre collection était celle des romans d'amour, et le romancier s'y fendit également de quelques "perles", dont En robe de mariée, qui fut le premier roman de Simenon édité en Italie sous le titre de Nicoletta e Dina, mais aussi L'homme à la cigarette, dans lequel il faisait le portrait d'un policier qui était comme le dernier avatar "prémaigretien"… Mais c'est aussi chez Tallandier, dans la collection "criminels et policiers", que parut en février 1932 La maison de l'inquiétude, le premier de ce qu'on appelle les "proto-Maigret", dont le manuscrit avait été refusé par Fayard… Dans la même collection furent publiés en 1933 deux autres romans signés Georges Sim: en juillet, Le château des sables rouges, une enquête de Sancette, un roman que Simenon considérait comme l'un de ses meilleurs populaires; auparavant, en avril, le même éditeur avait fait paraître La femme rousse, un autre "proto-Maigret" (vous pouvez lire une analyse de ce roman ici: http://www.trussel.com/maig/momrou.htm). Et nous pouvons nous poser la même question que nous avions déjà soulevée à la fin de notre billet du 26 février dernier, à propos de deux autres "proto-Maigret": ceux qui ont acheté en avril 33 La femme rousse ont-ils fait le rapprochement avec les romans de la collection Maigret chez Fayard ? Ce personnage de Maigret qu'ils voyaient dans ce roman était-il le même, pour eux, que celui dont ils lisaient les enquêtes dans L'ombre chinoise ou Liberty bar ?
Dans Les Primaires (la revue évoquée plus haut) de juin 1933, paraissait une recension de La femme rousse, dans laquelle on lisait: "Georges Sim a un nom qui ressemble beaucoup à celui de Georges Simenon, et un talent qui ressemble encore plus à celui de l'auteur du Chien jaune. Et de plus, coïncidence étrange, on retrouve dans La femme rousse l'inspecteur Maigret, qui avait disparu depuis un an des romans de Simenon. L'inspecteur Maigret n'a pas maigri. Il a toujours sa carrure, sa placidité bonhomme, sa pipe et son flair. Bref, en lisant La femme rousse, vous aurez l'impression de lire un roman de Simenon." L'auteur de ce texte était-il au courant que ce roman avait été écrit bien avant ceux de la collection Maigret… ? 

Murielle Wenger

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